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Channel: Magazine – L'Express de Madagascar
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Bemiray –« Pour que la mer ne soit plus la limite de notre rizière »

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À la veille du choix d’Air Madagascar entre Ethiopian Airlines et Air Austral comme partenaire, en entrant dans le capital de la compagnie aérienne nationale, il est intéressant de connaître le secret de la réussite économique de l’Éthiopie. La renaissance de l’ariary, en 2003, est évoquée après le retour de Madagascar dans le giron des institutions de Bretton Woods.

Développement – L’Éthiopie, ou la politique de la main de fer

Il fut un temps où l’Afrique subsaharienne était fière d’un transport aérien qui a grandi trop vite, et où l’on égrenait des noms aussi prestigieux les uns que les autres : Camair, Air Gabon, East African, Air Madagascar, Air Afrique… Des compagnies dont la totalité ou presque n’a pu résister aux turbulences, à une exception près : Ethiopian Airlines. Pas tout à fait une étrangère pour Air Madagascar qui, dans les années 70, disposait d’un Centre de maintenance certifié par le Bureau Veritas, mais où tout était à faire en matière de malgachisation de l’encadrement. Comme Addis-Abeba avait un excellent Centre de formation de pilotes et de mécaniciens, Malgaches et Éthiopiens parvinrent à un accord Sud-Sud modèle : la formation d’une dizaine de jeunes diplômés malgaches par an, contre la révision d’équipements et de matériels aéronautiques à Ivato. Un demi-siècle plus tard, la compagnie éthiopienne, solide comme un roc, est sur les rangs pour sauver son ancienne partenaire à l’agonie. Il se dit que ses conditions draconiennes pourraient difficilement convenir à la sinistrée, qui serait mieux à son aise dans la bonne vieille tradition française. Car l’Éthiopie contemporaine, notamment sous l’ancien Premier ministre Meles Zenawi, architecte d’un modèle dit développemental de croissance économique, n’a jamais connu que la méthode du gant de fer et de l’absence d’état d’âme, efficace dans les chiffres et les courbes, quand bien même les résultats clamés ne concerneraient qu’une partie de la population.
L’économie éthiopienne affiche un des plus forts taux de croissance de la planète avec une moyenne de 10% par an. Pour bien étaler à la face du monde ses succès, Addis-Abeba s’est doté du tout premier réseau de tramway en Afrique, et s’appuie sur la coopération chinoise pour activer les projets hydroélectriques et industriels destinés à réduire la dépendance vis-à-vis de l’agriculture, et asseoir la préférence donnée à la croissance manufacturière. Et c’est là que le bât blesse car aucun compte n’est tenu des réalités notamment démographiques et socioculturelles, du pays. Le fameux modèle développemental rigoureux s’inspire des tigres asiatiques, comme la Malaisie, la Thaïlande, ou l’Indonésie. Il se traduit par un interventionnisme d’État, seul à même d’effacer « les terribles échecs sur les marchés et les inadéquations institutionnelles qui engendrent des cercles vicieux et la misère ». Ce qui n’a pas été prévu par les théoriciens, c’est que l’État omniprésent et interventionniste est, de fil en aiguille, devenu synonyme d’État répressif, suscitant le mécontentement chronique de la population, notamment en Oromia qui est la plus grande des neuf régions ethnolinguistiques du pays. De leur côté, les bailleurs de fonds ignorent, ou font semblant d’ignorer la situation réelle créée par un développement inégal et une répartition inique des bénéfices. Comme dans d’autres pays, ils veulent prouver l’adéquation et l’efficacité de leur « aide ». CQFD.

Révolte oromo
Les manifestations des Oromos laissés en rade du développement alors qu’ils constituent 40% de la population, sont presque devenues une routine, tout comme les violentes représailles du gouvernement. En mai 2014, les forces de sécurité ont tiré à balles réelles pour écraser un soulèvement paysan provoqué par la saisie de leurs terres. Il y a quelques mois de cela, une bousculade de manifestants fuyant la répression a tourné à l’hécatombe, ils s’étaient précipités sans le savoir dans un grand trou de chantier. On recenserait aujourd’hui 20 000 prisonniers politiques de cette ethnie, soit un Oromo sur 1 400. Pendant ce temps, le Front de libération du peuple du Tigré (FLPT) entouré d’un pseudo-front composé de partis-croupions, contrôle le gouvernement central, les institutions, l’armée, et une grande partie de l’économie. Les lois sur la sécurité nationale font partie de la panoplie destinée à museler les citoyens. Et malgré un bilan catastrophique en matière de Droits de l’Homme, l’Éthiopie continue à bénéficier du soutien d’une Communauté internationale qui excelle dans l’art de ne rien voir et ne rien entendre.
Barack Obama a été le premier Président américain en exercice à visiter l’Éthiopie, géopolitique oblige, puisque ce pays est le rempart le plus sûr contre le terrorisme islamique très actif dans la Corne de l’Afrique. Il a, quand même, assorti sa visite d’une ironie mordante en qualifiant le front dominé par le FLPT de « parti unique démocratiquement élu ». Ce dernier avait raflé la totalité des 547 sièges du Parlement, difficile de faire mieux. Des voix commencent à se faire entendre, comme quoi la seule solution pour sauvegarder la stabilité de l’Éthiopie et lui assurer un vrai développement partagé a un nom : le fédéralisme, qui élargirait l’espace politique et impliquerait toutes les parties. Mais comme tous les régimes impopulaires maintenus par une force répressive, les Tigréens ont une autre lecture de l’intérêt supérieur de la nation.

Le Boeing 777 freighter consomme 18% moins de kérosène que le Jumbo-cargo Boeing 747.

Le Boeing 777 freighter consomme 18% moins de kérosène que le Jumbo-cargo Boeing 747.

Avion – Les enjeux environnementaux de l’aérien

C’est peut-être le benjamin  des soucis du passager lambda en montant dans son avion mais, plus grave, c’est peut-être aussi celui de décideurs irresponsables qui choisissent un nouvel appareil en fonction uniquement de la commission escomptée. Certaines informations sont à connaître, qui rassureront les uns, et culpabiliseront les autres.
-Pour choisir une année repère, pourquoi pas 2005, les émissions de CO2 de l’aviation commerciale s’élevaient à 706 millions de tonnes, soit juste 2% de ce qui est émis par toutes les sources confondues. Un bon point. Néanmoins les moteurs d’avion émettent aussi des oxydes d’azote, de la vapeur d’eau, et des particules qui affectent l’atmosphère.
-Un problème de l’aviation à moyen terme, c’est qu’elle ne dispose pas d’énergie de substitution au kérosène, contrairement à d’autres industries. Dans le présent, la modernisation menée à bon escient entre 2002 et 2007 par Air France par exemple a permis de diminuer de 12% la consommation de kérosène par passager.
-Le choix d’un nouvel appareil ne se fait pas au petit bonheur. À titre d’exemple, le Boeing 777 Freighter consomme 18% en moins de kérosène par rapport au 747 Cargo, la différence entre l’Airbus A318 et le B737-500 étant pour sa part de -13%.
-L’image du pilote portant un gros cartable se perd. Aujourd’hui on allège au mieux possible la masse de base de l’avion (nouveaux sièges, nouveaux matériels de service aux passagers, documentation électronique…)
-À l’atterrissage, les moteurs tournent au ralenti sur une descente continue, alors que si le pilote procède par palier, ils consomment davantage.
-Certaines grandes compagnies proposent à leurs clients de calculer le volume de CO2 émis au cours de leurs voyages, et de les compenser de manière à rendre leurs déplacements « neutres » en carbone. Les fonds ainsi recueillis contribuent à la lutte contre le changement climatique.
-Une tonne de carburant consommé génère 3,15 tonnes de CO2. Le meilleur moyen de diminuer ce chiffre est de mettre en ligne des appareils toujours plus performants et…moins gourmands.
-Côté nuisance sonore enfin, chaque nouvelle génération de moteurs permet de baisser le niveau de bruit de 10 décibels.

Le petit Livre rouge de Didier Ratsiraka avait défini la « Révolution socialiste malgache ».

Le petit Livre rouge de Didier Ratsiraka avait défini la « Révolution socialiste malgache ».

Histoire – Et l’Ile Rouge sortit du rouge

Les nuits étaient longues, mais pas le temps de sommeil. Il fallait se lever à trois heures du matin pour aligner des pierres devant le bureau (c’est un bien grand mot !) du fokontany, question de s’assurer d’avoir ses quelques kapoaka de riz. Et quand, en rentrant, on se faisait un bon cahvé noir (merci Monsieur Thévenot !), il fallait l’avaler en se pinçant les narines, et sucer un bonbon gasy juste après : du pur jus de quinine, car le sucre n’était plus qu’un doux souvenir. Et ce Premier ministre « la voix de son maître » qui s’évertuait pathétiquement à démontrer que tout cela était dû à la crise internationale ! J’ai relu dernièrement quelques passages du Boky Mena, une belle production de littérature politicienne qui m’a conforté dans mon credo pour 2018 et ses après : tsangan’olona amin’izay fa tsy tsanga-kevitra e ! Juger l’homme sur ce qu’il est, et non sur ce qu’il dit, et ce n’est pas François Fillon qui me persuadera du contraire…
Toujours est-il qu’arriva le jour où l’Ile Rouge sortit du rouge (pas celui des caisses mais du socialisme, ou plutôt de celui qui l’a personnifié et qui, reconnaissons-le quand même, a déjà mis beaucoup d’eau dans son rouge pour en faire un rosé). Les médias européens, hexagonaux en particulier, se remirent à s’intéresser à la brebis égarée comme si les vieux démons étaient définitivement exorcisés. France 2, par exemple, programme « l’Instit » où Gérard Klein, alias l’instituteur Nowak, supplée temporairement une jolie maitresse d’école quelque part dans l’enfer soft des Pangalanes. M6, dans son émission économique Capital, braque ses caméras pendant trois semaines sur les pierres d’Ilakaka et l’or vert de la Sava.
Les milieux écologistes révèlent qu’une ONG italienne du nom de Nature sauvage a obtenu la gestion d’une île dont personne n’a jamais
entendu parler, Ankazoberavina dans les parages de Nosy Be, pour en faire un sanctuaire de la biodiversité. Pas plus de 14 hectares intégralement couverts de forêt vierge et entourés de madrépores, pour parler autrement des coraux.

La Banque Centrale a mis en circulation les billets en ariary à partir du 1er août 2003.

La Banque Centrale a mis en circulation les billets en ariary à partir du 1er août 2003.

Renaissance de l’ariary
Le trésor écologique d’Ankazoberavina va des tortues géantes aux aigles et aux caméléons, en passant par les lémuriens et une lagune de mangroves intacte comme au premier jour. Les Italiens ont-ils réussi leur pari d’en faire un laboratoire à ciel ouvert, accessible aux scientifiques et chercheurs de tous horizons ?
Les Échos, le plus ancien quotidien éconotmique français, reste patiemment à l’affût jusqu’à ce qu’il trouve la meilleure chaussure possible à son pied : la renaissance de l’ariary, « cette unité monétaire qui avait cours avant le début de la colonisation et qui entérine la fin de la devise d’origine française adoptée il y a plus de 50 ans ». Le journal souligne le caractère infalsifiable de la nouvelle monnaie dont les billets ont été commandés auprès de la Société allemande Giesele und Devrient qui fabrique déjà 70% des billets en euros. L’avenir lui donnera piteusement tort, mais il ne pouvait pas savoir qu’il existe des cas où le génie malgache est cent fois supérieur au génie allemand avec cent fois moins de moyens ! Madagascar étant (déjà) classé 99è sur 102 pays au regard de l’indice de perception de la corruption par Transparency International, le changement de monnaie peut remettre dans le circuit d’importantes sommes discrètement thésaurisées. Et Les Échos d’invoquer la possibilité d’un effet inflationniste, avant de conclure que les banques et les entreprises rencontreront quelques problèmes d’adaptation comptable, contrairement aux 85% de Malgaches ruraux qui n’ont, en fait, jamais abandonné l’ariary. Quant à la Banque Centrale, elle estime que le franc n’ayant plus cours en France depuis l’avènement de l’euro, « la référence à cette monnaie n’a plus sa raison d’être ». Une logique que ne suivront pas les pays africains utilisateurs du franc CFA, puisqu’il faudra attendre 2017 pour que le Tchadien Idriss Debi Itno en touche un mot. Il peut se le permettre, de par sa situation d’allié stratégique incontournable de la France dans le Sahel.

Rétro pêle-mêle

Son nom ne dit peut-être plus rien dans un pays où le cinéma, le vrai, n’est même plus un souvenir. Il s’appelle Charles Gassot, est un des plus grands producteurs de films français, et a signé des titres comme « La vie est un long fleuve tranquille » ou encore « Le bonheur est dans le pré ». Il est tombé amoureux de Madagascar dans les années 90, lors du tournage, pour Canal Plus, du film « Michael Kael contre la World Company ». Ce fut l’occasion pour Gassot de mettre le doigt sur les conditions de vie aux fins fonds de la brousse. Ainsi est née l’ONG Écoles du Monde implantée dans la région de Mahajanga, et soutenue de Paris par des bénévoles. On lui doit des réalisations basiques telles la mise en place d’éoliennes, le forage de puits, le reboisement, et surtout la construction d’écoles comme à Maromiandra, Manarenja, ou Ambondro-Ampasy.

BE5
En cette année 2003, la prolifération des cybercafés pourrait laisser penser que Madagascar a fait le grand saut dans l’univers des NTIC. Oui et non. En matière de liaisons satellitaires, le réseau privé VSat  (Very small aperture terminal) est en plein boom avec des licences d’exploitation octroyées à Datacom, DTS, Gulsat Madagascar, et Blueline. Le libéralisme joue à fond alors qu’un pays comme l’Afrique du Sud en est toujours au monopole d’État. Le marché malgache de l’informatique est estimé à 16,6 ordinateurs pour 10 000 habitants. Concernant Internet, une dizaine de fournisseurs d’accès se partagent le marché, avec une concentration dans la capitale très marquée. Dans le portefeuille-clients de DTS par exemple, plus de 80% sont localisés à Antananarivo. Tout est encore à faire pour démocratiser la toile.

Textes : Tom Andriamanoro
Photos :  AFP – Archives de L’Express de Madagascar


Histoire – L’indépendance mauricienne acquise après deux batailles

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Tout commence avec un premier débarquement, le tâtonnement de terrain se poursuit par l’importation de la civilisation, les batailles et se termine par l’indépendance. L’île Maurice a expérimenté cette succession d’événements.

Le Morne Brabant du haut duquel les esclaves marrons se sont jetés dans le vide.

Le Morne Brabant du haut duquel les esclaves marrons se sont jetés dans le vide.

Quand le passé douloureux de métamorphose est en expansion. La découverte de l’île Maurice remonte en 1500, après le passage des Arabes en quête de la route des épices et des Portugais. Un siècle plus tard, les Hollandais ont débarqué et apporté la canne à sucre. Ils s’y sont installés, ont chassé les dodos – des oiseaux ne pouvant pas voler (faciles à attraper) et exploité le bois d’ébène pendant près de cent ans. Ils ont fini par quitter l’île quand les dodos sont épuisés. Ensuite, les Français et les Anglais ont envahi le territoire. La première bataille a éclaté en 1710. Les Français l’ont gagnée. Ils ont gouverné  l’île, commencé à développer le pays en prenant en main la culture de canne à sucre, l’aménagement d’un jardin botanique. Mahé de La Bourdonnais a créé la capitale et construit Port-Louis,
« facile d’y entrer mais difficile d’en sortir », raconte Juliette Géraldine, guide touristique.
En 1810, une deuxième bataille a eu lieu, toujours opposant les Français et les Anglais. Cette fois, les Anglais l’ont remportée à Cap Malheureux à l’Ouest de l’île. Ils ont par la suite édifié la citadelle du Fort Adélaide, construite en 1810, pour se protéger de l’attaque de leurs ennemis. Diplomates, ils ont laissé leurs adversaires travailler dans la partie Nord-Est de l’île.

Attristant
Les Français ont importé des esclaves en provenance du Sénégal et du Mozambique pour travailler comme gens de maison et dans les champs.
« Les maîtres les enchaînaient et les maltraitaient. Ne supportant pas les châtiments corporels, certains ont préféré fuir pour rejoindre la montagne Le Morne Brabant qui se trouve au Sud-Est de l’île. On les appelait les esclaves marrons », poursuit la guide.
Les fugitifs ont vécu tranquillement sur Le Morne mais la tragédie est survenue en 1835 au moment où l’administration a décrété l’abolition de l’esclavage. Des soldats anglais ont grimpé sur Le Morne Brabant pour aller à la rencontre des esclaves marrons pour leur annoncer qu’ils étaient désormais libres. Contre toute attente, ces derniers, ne voulant plus revenir en arrière et ne désirant plus servir leurs anciens maitres, ont cru que les soldats étaient venus les capturer de nouveau. Au lieu d’entendre la bonne nouvelle, ils ont préféré se donner la mort et se sont jetés du haut de la falaise. Fin tragique! L’Unesco classera, plus tard, cette montagne dans la liste du Patrimoine mondial en mémoire des esclaves suicidaires.

La vie de pacha sur un catamaran pour le touriste.

La vie de pacha sur un catamaran pour le touriste.

La croissance dans le tourisme

À partir des années 80, la culture de la canne à sucre, la production de sucre et le textile ont développé l’économie du pays. Quelques années plus tard, le secteur touristique a redonné un nouveau souffle à l’économie. Tous les coins de l’île abritent des endroits et sites idéaux pour les visites. Au Sud, il y a Curepipe ou ville de lumière, le volcan dormant depuis mille ans, le lac sacré, la rhumerie et la cascade de Chamarelle, la terre des sept couleurs. À l’Ouest, les touristes profitent d’une ballade en catamaran à Rivière Noire pour partir à la rencontre des dauphins, visiter la Roche cristal, l’île au Bénitier et avoir une vue du mont Le Morne Brabant. La partie Est propose une virée vers les belles plages de l’Île aux cerfs. Sur le plateau central, les visiteurs trouveront la route du thé (usine et chalet de dégustation, culture de vanille et d’anthurium), la rhumerie de Saint-Benoît, l’église catholique en plein air Marie Reine de la Paix et il ne faut jamais rater la Place Caudan et un tour au Mall de Bagatelle.

Les agents ayant bénéficié de l’eductour se prennent en photo sur la citadelle du Fort Adélaïde.

Les agents ayant bénéficié de l’eductour se prennent en photo sur la citadelle du Fort Adélaïde.

Vendre une destination par l’eductour

La compagnie aérienne Air Mauritius a organisé, durant la deuxième semaine de février, un eductour pour récompenser des agents ayant vendu le plus de billets auprès des clients empruntant cette compagnie.
Eductour est dérivé des mots anglais educational tour. Auparavant, ce sont les chefs d’agence qui partaient alors qu’ils ne vendaient pas de billets. Cette fois, nous avons décidé de récompenser les meilleurs vendeurs. Lors de leur visite, ils découvrent et s’enquièrent des informations nécessaires aux clients , signale Lilia Mika, directeur Pays de la compagnie.

Dans le système éducatif, l’anglais prédomine par rapport au français, en particulier au Collège Royal

Dans le système éducatif, l’anglais prédomine par rapport au français, en particulier au Collège Royal

La force de l’anglais

Les enfants mauriciens jouissent de l’utilisation du franglais dans le système éducatif. Dès le primaire jusqu’à leur graduation, ils maîtrisent ces deux langues. Le cycle primaire commence à trois ans jusqu’à l’âge de cinq ans. Le pré-primaire débute à six ans et il dure six ans contre sept années en secondaire. C’est l’université de Cambridge qui prépare le système d’examen final. Ceux qui ne réussissent pas leur examen d’« anglais », même s’ils obtiennent de bonnes notes dans les autres matières, ne sont pas classés parmi les élites. Une troisième langue s’ajoute au programme éducatif : le créole fait actuellement ses premiers pas dans le parcours académique.

Le bureau du Premier ministre.

Le bureau du Premier ministre.

Focus – La naissance d’un État

Les Indiens, les Pakistanais et les Chinois ont immigré vers Maurice pour y travailler. En 1936, les intellectuels créoles et hindous créent le Parti Travailliste qui s’aligne au côté du mouvement syndical et s’oppose au pouvoir politique de la Grande-Bretagne et à l’aristocratie sucrière blanche. Depuis de nombreuses années, les Mauriciens pensent à l’indépendance de leur pays. Ce qui les a poussés à se séparer en deux camps,  pour et contre. En 1948, les adultes qui peuvent prouver qu’ils sont éduqués après avoir passé un examen d’alphabétisation, ont obtenu le droit de vote. Le suffrage universel ainsi que l’institution du système ministériel ne sont acquis qu’en 1956. Les premières élections au suffrage universel se tiennent en 1959 avec la victoire du Parti Travailliste qui commence alors à prendre les rênes de l’Exécutif avec six ministres au sein du Cabinet.
En avril 1965, le secrétaire d’État britannique, Anthony Greenwood, est en mission à Maurice pour prendre, auprès des Mauriciens, la mesure du vœu d’indépendance. Malgré l’opposition  du Parti Mauricien Social-démocrate de Sir Gaëtan Duval, Anthony Greenwood est convaincu que les Mauriciens désirent l’indépendance du pays. La même année à la conférence constitutionnelle au Lancaster House de Londres, Greenwood conclut que « l’Ile Maurice est en droit de réclamer l’indépendance et de prendre sa place parmi les nations souveraines de la planète » sous deux conditions imposées par les Britanniques, dont  la soumission d’un rapport de la Commission électorale qui délimite les nouvelles frontières électorales à Maurice et la majorité des votes en faveur de l’indépendance lors des prochaines élections prévues pour 1967 explique Juliette Géraldine.
Le 22 août 1967, Ramgoolam dépose à la table de l’Assemblée une motion. « C’est le désir du peuple de Maurice d’accéder à l’indépendance au sein du Commonwealth. C’est la fin d’un voyage et le début d’un autre ». L’indépendance n’est toutefois proclamée que le 12 mars 1968, Le drapeau quadricolore est, pour la première fois, hissé dans le ciel mauricien au Champ de Mars, en remplacement de l’Union Jack. Maurice reste donc une monarchie jusqu’à l’accession du pays au statut de République le 12 mars 1992, 24 ans après. Comme contrat, Maurice envoie jusqu’à ce jour 40% de sa production de sucre en Grande-Bretagne

La fameuse Place Caudan

La fameuse Place Caudan

 

Textes et Photos : Farah Raharijaona

Discussion en ligne – Les chatbots ou le nouvel Eldorado du contenu marketing

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À l’ère de la digitalisation, l’utilisation des robots informatiques devient incontournable. Ce sont, actuellement, l’outil futé des stratèges de la communication.

Avez-vous déjà entendu le mot chatbot   Ce mot né de la contraction de
« chat » comme discussion et « robot » devrait attirer l’attention des décideurs d’une entreprise. Ce programme informatique qui automatise les conversations, transmet les valeurs de la marque auprès des clients. « Grâce à l’intelligence artificielle, les chefs de projets ont réussi à mettre en place un robot informatique à la place de l’être humain, pour répondre aux différents messages des fans dans les pages facebook », explique un spécialiste de nouvelles technologies.
Dans son article publié sur le site du magazine « Challenge », Robin Coulet, directeur associé de Conversationnel, fondateur d’une plateforme de chatbots, explique l’utilisation de ces robots. « Ces logiciels robots qui permettent de toucher individuellement une multitude de consommateurs, avec le bon message, au bon moment, offrent aux entreprises une dimension inédite pour ancrer des histoires émotionnelles et créatives. Seraient-ils le nouvel outil à placer au centre des stratégies de communication ?  », se demande-t-il.
À l’heure de la digitalisation de l’entreprise, les chatbots semblent être un outil incontournable pour les social media managers, les stratégistes de contenu, ou encore les community managers et, pourquoi pas, l’ensemble du département marketing d’une entreprise. La gestion de la relation client est facilitée grâce à ces outils modernes. Plus la marque est populaire sur les réseaux sociaux, plus les communications via les messageries instantanées sur Facebook ou Twitter affluent. Les robots prennent ainsi place au community manager dans les engagements avec les clients.

Messenger compte plus d’un milliard d’utilisateurs dans le monde.

Messenger compte plus d’un milliard d’utilisateurs dans le monde.

« Offrir une expérience personnalisée à chaque client, potentiellement au même moment et avec autant de précision, demandera de déployer des moyens considérables. Le chatbot est capable de supporter ces charges de travail, sans pour autant décliner dans la qualité du service. Que vous ayez un ou mille contacts au même moment, ne change rien pour un chatbot », continue d’expliquer Robin Coulet dans son article.
Au Sénégal, la Présidence de la République vient d’étoffer son arsenal de communication début février, avec la mise en place d’un robot de discussion sur Facebook Messenger. Cet outil permet au service de communication de Macky Sall, de renforcer ses outils de communication. Le chatbot sera utilisé pour communiquer avec les internautes lors d’événements phares et sur des thèmes particulièrement importants au Sénégal.
À Madagascar, le contexte est tout autre. La digitalisation ne touche qu’une partie des entreprises. Mais l’anticipation est indispensable pour ne pas rater le décollage. D’autant plus que les talents ne manquent pas dans le pays pour la création de ce bot. C’est pourquoi, Facebook met les développeurs malgaches et du continent africain dans un challenge. Le plus grand réseau social mondial vient de lancer le concours « Bots for Messenger Developer Challenge». Pour ceux qui l’ignorent, il s’agit d’un concours mis en place par Facebook et destiné aux jeunes développeurs du continent africain et du Moyen- Orient. Le concours s’aligne avec l’engagement du plus grand réseau social mondial envers l’innovation au Moyen-Orient et en Afrique, et fournit les outils dont les développeurs et les jeunes entreprises ont besoin pour développer, monétiser et évaluer les produits et services.
« La société Facebook est née d’une culture de hacker et prospère grâce à la promotion de l’innovation sur les nouvelles plateformes. C’est pourquoi Facebook lance le concours Bots for Messenger Challenge qui vise à reconnaître et à récompenser les développeurs capables de créer des robots plus innovants pour Messenger », indique la société dans un communiqué.
Les développeurs, réunis en équipes de trois personnes au maximum, sont invités à créer des robots répartis dans trois catégories : les jeux et divertissements, la productivité et les utilitaires, et le bien social.
Les soixante équipes finalistes, soit dix par catégorie dans chaque région, remporteront un équipement Gear VR et un téléphone mobile, une heure de mentorat dispensé par Facebook, et les outils et services de FbStart, un programme de Facebook destiné à aider les jeunes entreprises naissantes dans leurs premières phases de développement.

Texte : Lova Rafidiarisoa
Photos : AFP

Témoignage – Une Malgacho-burkinabé heureuse de visiter la terre de ses ancêtres

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Quand on veut connaître ses racines, aucun obstacle ne peut arrêter celui qui possède une volonté inébranlable. Et quand la chance vous sourit, il faut profiter de l’aubaine.

Ouédraogo Bernadette Rasoarimalala est une métisse malgacho-burkinabé. Jusqu’ici, elle a vécu une cinquantaine d’années à Madagascar. Maintenant, elle est heureuse de pouvoir enfin visiter la terre de ses ancêtres, grâce au Sommet des chefs d’État des pays membres de la Francophonie en novembre 2016. En effet, elle a pu y rencontrer le Président Roch Marc Christian Kaboré Sem pour lui demander la permission d’aller au Burkina Faso.
« Mon père, Ouédraogo Tidimbanda Souléman, est arrivé à Madagascar en 1943, faisant partie d’un contingent de l’Armée française, en pleine Deuxième guerre mondiale. À la fin de ce cataclysme, il a décidé de rester au pays, et il s’est marié avec une Malgache des Hauts-Plateaux, ma future mère, une Merina ayant de lointaines ascendances betsileo. De cette union naquirent un garçon et une fille, en l’occurrence mon frère et moi », raconte-t-elle.
Durant leur vie commune, leurs parents les ont élevés et éduqués la façon des Malgaches ordinaires. Ils ont fréquenté l’École primaire publique d’Ambatomaro. Leur père conversait avec eux en français, du moins au début, car plus tard, il apprit le malgache.
Du fait de son origine burkinabé, les gens affublaient Bernadette, et l’affublent encore, du sobriquet de « Burkinabé very », c’est-à-dire la « Burkinabé égarée ». Son drame a commencé en 1966, alors qu’elle n’avait que sept ans, et son frère treize. Cette année-là, une maladie grave survint au père de famille qui fut  évacué d’urgence vers un hôpital militaire du Burkina Faso. Les deux enfants voulurent accompagner leur papa, mais les membres de leur famille maternelle et les voisins s’y opposèrent vivement.
« Les personnes autour de nous ne cessaient de nous ressasser que là-bas,  les gens sont cannibales, et qu’ils vont nous manger si nous y allions. Elles prétendaient aussi que le mode de vie des gens de là-bas n’était pas comme la nôtre. Mais malgré ces vives oppositions, le garçon de treize ans persista à accompagner notre père. De la Haute-Volta, le Burkina Faso d’alors, il nous écrivait lettre après lettre, racontant en détail leur traintrain quotidien et le mode de vie burkinabé », poursuit-elle.

L’aîné, Bruno Rolland Razafindraibe, accompagne sa mère au « Pays des hommes intègres ».

L’aîné, Bruno Rolland Razafindraibe, accompagne sa mère au « Pays des hommes intègres ».

 

Rencontre avec une « compatriote »
L’absence du père, qui n’est plus revenu à Madagascar, fut durement ressentie par Bernadette et cela s’est traduit par des changements de caractère au cours de son adolescence. Elle devint quelque peu volontaire, n’en faisant parfois qu’à sa tête. En 1986, son père mourut, ne lui laissant plus aucune chance de le revoir.
« En 2005, je fus invitée par une petite nièce à assister à sa sortie de promotion en tant que sage-femme. Dans l’assistance se trouvaient deux bonnes sœurs catholiques, dont l’une était Burkinabé. Celle-ci s’est présentée à moi, et je lui ai exhibé ma carte d’identité nationale où mon nom burkinabé apparait clairement. Je me savais être une Burkinabé depuis longtemps mais je n’avais pas les moyens d’aller au pays de mes ancêtres malgré le vif désir, ancré en moi, de faire le voyage », se rappelle-t-elle.
Bernadette a maintenant 57 ans et habite à Ambohimangakely, Antananarivo. Elle est mariée à un Malgache, Rolland Razafindraibe, et mère de deux garçons et d’une fille adoptive; elle a des petits-enfants. L’aîné de ses enfants travaille à la Société Sherrit International d’Ambatov  à Moramanga. Il ne cesse d’adresser des demandes d’emploi au Burkina Faso, car lui aussi désire vivement  connaître ses racines maternelles.

Le cadet de la famille Razafindraibe, Jimmy, endure quelquefois les quolibets des autres.

Le cadet de la famille Razafindraibe, Jimmy, endure quelquefois les quolibets des autres.

Puis la chance commença à leur sourire à l’occasion de la réunion au Sommet des Chefs d’État des pays membres de la Francophonie qui s’était tenue à Madagascar en novembre 2016. Le Président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré Sem, présent à Antananarivo pour l’occasion, avec Malik Sarr, Burkinabé lui-même, représentant régional de l’OIF pour l’Afrique, a rencontré la communauté burkinabé de Madagascar, qui comprend une trentaine de membres. Durant cette rencontre, Bernadette Rasoarimalala Ouédraogo  a exprimé son désir d’aller visiter la terre de ses ancêtres, pour prendre contact avec tous les membres de sa famille paternelle, une sorte de pèlerinage également. Malik Sarr a transmis ce souhait au Président. À sa grande surprise, son  vœu fut exaucé à l’instant même. Car il lui fut répondu que non seulement elle, mais son fils aîné également, pourront partir  pour Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, et le tout … aux frais du gouvernement burkinabé ! Elle et son fils crurent rêver, n’en croyant pas leurs oreilles, car le voyage a bel et bien lieu : ils vont se rendre au Burkina Faso, pour un séjour d’un mois, du 27 février au 28 mars prochain! Selon Bernadette, certains membres de leur communauté sont déjà partis pour assister au Festival panafricain du cinéma Ouagadougou (Fespaco), ouvert le samedi 25 février dernier.
Elle ne cesse de répéter que « c’est une énorme surprise pour elle de partir pour le Burkina Faso, car c’est depuis très longtemps que j’éprouve le grand désir de découvrir ma famille ». Elle explique qu’elle va profiter de leur séjour en terre ancestrale pour demander la nationalité burkinabé et croit de tout son cœur qu’ « on » ne la lui refusera pas.

Texte : Fanomezana Rasolomahery
Photos : Mamy Maël – fournies 

Tanjona Andrandraina Andriamahaly – L’homme qui fait tourner le Trap malgache

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Mélomane et passionné aguerri de musique urbaine, il montre sans cesse son amour pour le rap malgache sous toutes ses formes. Il fédère avec lui une jeune génération d’artistes.

Vous ne le connaissez probablement pas, mais lui, il connaît tout le monde. Organisateur d’événements et fondateur du « Rap Gasy en Images » en 2013, Tanjona Andrandraina Andriamahaly, 27 ans, figure parmi les plus grands fans de la culture hip hop. Il travaille comme designer graphique dans la vie quotidienne et comme photographe. Si vous avez pu assister à « Trap Gasy show 1 » en 2015, « Sekoly taloha clan » ou « Live Doublenn » l’année dernière, au Centre malagasy pour le développement de la culture publique et de l’animation culturelle (Cmdelac) ou au Cercle germano-malgache, c’est en partie grâce à ce jeune homme. Promoteur de la culture Hip Hop à Madagascar, défricheur de talents, il garde une oreille attentive pour détecter les rappeurs de la Grande île.

x« Rap gasy en images » promeut l'unité et la fraternité entre les rappeurs.

« Rap gasy en images » promeut l’unité et la fraternité entre les rappeurs.

Tanjona est aujourd’hui l’organisateur d’événement hip hop phare à Antananarivo et fait monter sur scène, depuis quelques années, des dizaines d’artistes. Ses concerts cartonnent et occupent toutes les salles de la capitale.
Grand fan de rap, Tanjona baigne dans l’univers hip hop depuis son plus jeune âge.
« J’ai été présent à presque chaque live de rap de la capitale, les grands événements comme Afondasy 2 à Antsahamanitra, Psykopasy à l’Arena, Urban show, Tangala au gymnase d’Ankorondrano, Fiesta Bac, La Fouine à Madagascar, jusqu’au live le plus underground dans les quartiers 102 et autres », énumère-t-il. Cette raison le pousse aujourd’hui a organiser des concerts pour encore et toujours promouvoir le hip hop dans l’île.

Le vrai rap  est toujours vivant.

Le vrai rap est toujours vivant.

Non lucratif
Il précise : « Nous sommes ouverts et prêts à collaborer avec tous ceux qui font quelque chose de bon et que le public acclame. Nous respectons nos aînés du rap gasy, mais ils ont commis des erreurs par le passé en tablant sur le favoritisme et le copinage, et ceux qui participaient à des évènements, n’étaient que les amis des organisateurs. Ils  ne balançaient que le song de leurs amis. On ne doit plus le refaire car d’autres jeunes artistes méritent  d’être poussés. »
Tout cela par amour du rap. L’important pour lui n’est pas de faire fortune ni d’acquérir la célébrité, mais juste pour prouver que le Rap existe bel et bien à Madagascar.
« Des mecs comme Tanjona, il devrait y en avoir beaucoup », estime Kemyrah, l’un des participants à l’événement Trap gasy.
Son objectif est, avant tout, de donner un autre souffle au rap, surtout musicalement, de changer cette image très néfaste dont la société étiquette les rappeurs, de mettre de côté la concurrence entre rappeurs et organisateurs, de faire bouger le mouvement du hip hop malgache, mais également de permettre à tous les rappeurs d’exposer leur talent. « Nous ne gagnons pas dans les concerts que nous organisons. Cela ne nous décourage pas pour autant, car aujourd’hui nous sommes en phase de lancement dans le domaine du rap. Personnellement, j’ai un bon travail qui me permet de payer mes factures», explique-t-il.
Le jeune homme vise loin et croit en son rêve  de faire connaître le Rap gasy à l’international. Pour le moment, sa plus grande satisfaction est de voir les artistes et le public en symbiose et heureux en même temps dans les concerts. Dans ce contexte, « Rap gasy en images » donne rendez-vous aux férus du rap, surtout du genre trap, le 11 mars au Cercle franco-malgache ଠAnosy. Ce sera la deuxième édition du « Trap gasy show » avec tous les artistes qui véhiculent le style trap.

Ngiah Tax et Lion Hill en tête d'affiche du Trap gasy show 2.

Ngiah Tax et Lion Hill en tête d’affiche du Trap gasy show 2.

Le Trap

Pour les moins branchés, le trap est une discipline du genre hip hop. Le style a vu le jour au début des années 2000 après le « Dirty south dans le sud des États-Unis. C’est un genre musical qui se caractérise par son contenu lyrique et un son particulier intégrant les sub-bass des impacts de grosse caisse issus du fameux 808, des doubles croches, triolets et autres divisions temporelles plus rapides.

Textes : Sitraka Rakotobe
Photos : Fournies

Bemiray –« Pour que la mer ne soit plus la limite de notre rizière »

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Comme à son habitude, Tom Andriamanoro aborde, dans sa chronique hebdomadaire, divers sujets rattachés directement ou indirectement à l’actualité.

Horizon 2018 – À chaque jour ne suffit plus sa peine

Comment peut-on se préoccuper d’un futur pas encore si proche, quand on n’arrive même plus à assurer le présent   C’est tout à fait possible quand on est les seuls vrais Gondwanais, attestés par les débris de la dérive des continents, lesquels ont laissé, dans leur débâcle, la trace d’un pied fuyard. Toute la classe politique ne jure plus que par 2018, que l’on soit pour ou contre. On pousse ses pions, qui en trichant sur la ligne en raison du silence inquiétant du starter homologué, qui en jouant à l’impavide peu soucieux de l’avance prise par la concurrence. « Tombon-dàlana ny an’ny sarety », laissez passer les charrettes, elles n’iront pas bien loin…
Chez les anti-élections, du moins ceux qui ne sont pas convaincus de leur opportunité, un mot revient à la boucle dans les médias, les cercles de réflexion, les entrevues, les conférences publiques, sans que tous soient conscients de la difficulté d’une tâche quasi titanesque : celui de « refondation » préalable. La définition la plus rapide ramène le concept au retour à une malgachéité aussi bien des raisonnements que des systèmes, tout en restant encore flou sur certains points, excepté la revalorisation du Fokonolona. La référence à Richard Ratsimandrava est bien facile, puisque le temps ne lui a pas été laissé de confronter ses idées à la pesanteur des réalités. La tentation aussi est grande de mettre ce besoin identitaire au moule du courant nationaliste qui revient au tout premier plan dans de nombreux pays. Certes, les slogans du genre « America first » de Trump, ou « La France aux Français » de Marine Le Pen, sans oublier les coups de massue de Frauke Petry l’anti-Merkel, ou les envolées de Milorad Dodik lors de la Journée de la souveraineté de la République serbe de Bosnie ne détonneraient pas dans la bouche d’Otrikafo ou d’un James Ratsima. Mais la réalité gondwanaise est autrement plus compliquée, et la définition la plus complète, du moins au jour d’aujourd’hui, est celle donnée par Mgr Odon Razanakolona quand il parle de « revoir la fondation de notre maison commune (…) de manière inclusive, en partant de la base sociale pour favoriser l’appropriation du processus par la population, et permettre la mise en place d’une Nation forte avec des institutions reconnues par tous ». Question à autant d’ariary que l’on voudra : qui en sera le maître d’œuvre pour donner au processus un caractère officiel imposable à tous, et faire en sorte que les résolutions ne restent pas lettres mortes, comme tant d’autres « fihaonambem-pirenena » du temps passé ?
Il est inutile de compter, pour ce faire, sur les gouvernants actuels, dont les préoccupations et priorités connues de tous sont (déjà) ailleurs. On ne les voit pas non plus céder tout ou partie de la place à une structure transitionnelle chargée de cette refondation, et qui équivaudrait ni plus ni moins à un aveu d’échec de leur part. N’en déplaise donc aux anti-2018, et à moins qu’un bouleversement ait lieu entretemps, la seule voie possible serait qu’un vrai réformateur arrive au pouvoir par la voie des urnes, avec pour programme de base un mot qui veut tout dire : Re-fon-da-tion. Une fois élu, il initiera une approche sectorielle, en commençant par révolutionner la fonction ministérielle dont le titulaire sera le catalyseur d’une concertation inclusive dans son domaine respectif, associant aux réflexions les compétences et représentations nationales jugées indispensables. Loin des « tora-po » arbres à palabre, on aboutira à une refondation du système d’éducation, une refondation de la santé, une refondation de la culture, une refondation des problèmes fonciers, une refondation de la justice, ainsi de suite. Le tout sera rassemblé dans un document-projet à soumettre à référendum, car le dernier mot doit rester au peuple délégataire du pouvoir.
On ne m’en voudra pas de partager la conviction d’un homme politique français de la nouvelle génération, pour qui toute grande refondation doit partir d’une offre politique. « Il faut clarifier les choix et, en même temps, dénoncer les impostures sur beaucoup de sujets, économiques, sociaux, géopolitiques. Il faut surtout continuer à expliquer, à donner du sens, à proposer, de manière bienveillante et ouverte. » Et si cela ne passe toujours pas, car les habitudes,  la démagogie, l’esprit de clocher et, au passage, les espèces sonnantes ont la vie dure   Eh bien, tout simplement tant pis, on ne fera pas le lit des Gondwanais ronfleurs à leur place.

Yahya Jammeh est tombé de son piedestal.

Yahya Jammeh est tombé de son piedestal.

Leçons de l’histoire – La guerre de Troie n’aura pas lieu…

Cette œuvre de Jean Giraudoux fait revivre l’insouciance de la ville de Troie assiégée par les Grecs après l’enlèvement de la belle Hélène. Sûrs d’eux, les Troyens l’étaient derrière la puissance économique de leur cité, la qualité de leurs troupes, l’épaisseur de leurs murailles. La grande distraction était, d’ailleurs, d’aller sur ces fortifications en fin d’après-midi comme les Majungais sur leur corniche, pour voir si ces fous de Grecs étaient encore là. Et jusqu’à la toute dernière ligne du livre, ils étaient sereins, plaisantant même sur cet étrange cheval géant en bois que l’ennemi était en train de construire. Seul le lecteur, connaissant la suite de l’histoire, savait que la guerre de Troie aurait bien lieu…
En Gambie, au contraire, tout le monde s’attendait à une guerre de Banjul, la capitale après les résultats des présidentielles, mais il n’y eut pas la moindre escarmouche. Un drôle de micro-pays que cette Gambie épousant les méandres de son unique fleuve, avec, pour voisin le Sénégal au Nord, le Sénégal à l’Est, le Sénégal au Sud, et l’Atlantique à l’Ouest ! Sur une carte on aurait dit un serpent, ou plutôt un intestin, ou plutôt un ver dans le fruit. Quant au dictateur Jiahia Jammeh tombé de son piédestal, il n’a jamais fait que se préparer à une guerre hypothétique depuis que, jeune lieutenant, il a renversé le président Dawda Jawara en 1994. Il surarmait son pays auprès de fournisseurs comme l’Iran, le Nigeria, la Russie, la Mauritanie, ou la Turquie.

Dama Barrow a battu le président en exercice, mais la guerre de Banjul n’a pas eu lieu cependant.

Dama Barrow a battu le président en exercice, mais la guerre de Banjul n’a pas eu lieu cependant.

Et après sa défaite électorale face à Adama Barrow, il multiplia ses préparatifs avec l’enrôlement de combattants du Mouvement dissident casamançais MFDC, ainsi que de mercenaires venus du Liberia. Ses propres troupes, il les galvanisait à grand renfort de rodomontades et de libations. Quant à lui-même, il était un fervent adepte des bains mystiques et du recours aux amulettes. Mais la guerre de  Banjul n’eut pas lieu, Jahia Jammeh ayant dû se plier aux injonctions de la CEDEAO, et partir en exil non sans avoir fait main basse sur les caisses de l’État. Comme l’écrivait le journaliste sénégalais Madiambal Diagne, « l’Histoire enseigne que les autocrates et les despotes sanguinaires finissent toujours en lâches ».

 Cette eau de pluie, véritable don du ciel, finit dans les courettes des bidonvilles où elle charrie des saletés.

Cette eau de pluie, véritable don du ciel, finit dans les courettes des bidonvilles où elle charrie des saletés.

Climat – Un peu d’eau, beaucoup d’idées

Jacques Hannebique, un zanatany déjà parti retrouver les ancêtres, se souvenait, en ces termes, des légendaires orages de fin d’après-midi à Antanana-rivo : « Après un prélude wagnérien de roulements de tonnerre et d’éclairs aveuglants, les vannes du ciel s’ouvrent et tombent les premières gouttes, énormes et largement espacées. Chacune marque le sol d’un petit cratère, en une mini-explosion de poussière assoiffée et d’eau bénéfique. Quelques instants après, le déluge s’installe dans toute sa puissance.
Le réseau d’évacuation n’a pas été conçu pour négocier les énormes débits qui surviennent dans les quelques instants d’un violent orage. Toute cette eau du ciel s’accumule, engorge tout le système hydraulique et le très large supplément provoque des inondations locales, éphémères certes, mais qui paralysent pendant quelques heures tel ou tel quartier. Les effets peuvent être très divers : gênants, désagréables, amusants, ou inattendus comme quand les flots envahissent un bar de dernière catégorie. Dans l’eau jusqu’à mi-jambe, les clients, habitués des lieux, relèvent le pantalon et continuent de boire tranquillement. Ils sont philosophes. Tout à l’heure, demain, toute cette eau sera partie, alors pourquoi se faire du souci   Buvons ! »
Le pittoresque n’a aujourd’hui plus lieu d’être. Un peu partout dans le pays et quelles que soient les pluviométries, le constat est à un énorme gâchis, faute d’une réelle politique de maîtrise et de bonne utilisation de l’eau, dont celle de pluie. Cette eau de pluie, véritable don du ciel qui finit dans les égouts quand ils existent ou ne sont pas bouchés, dans les courettes des bidonvilles où elle charrie des excréments quand ils n’existent pas. Cette eau de pluie qui, aussi rare soit-elle, a permis à d’anciennes civilisations du désert d’accomplir de véritables miracles. C’est le cas de la ville de Pétra en Jordanie, qui date du Ier siècle av. J.C et fut redécouverte par les archéologues en 1812.
Halte caravanière réputée, Pétra dans le désert du Sud-Ouest de la Jordanie, possédait un bassin plus grand qu’une piscine olympique, alimenté par un système ingénieux d’irrigation artificielle. L’eau ainsi domptée permettait, non seulement, de pourvoir aux besoins fondamentaux de la cité en multipliant les fontaines, mais aussi de s’accorder des extras comme arroser de somptueux jardins publics. Les archéologues ont remis au jour des conduits souterrains destinés à réguler les débordements en saison des pluies, tandis qu’un réseau complexe de canalisations en céramique, de citernes, de réservoirs souterrains filtrait l’eau et autorisait la culture de fruits et de céréales, ainsi que la production de vin et d’huile d’olive en plein désert.  Les caravanes venues du Golfe avec leurs précieuses cargaisons avaient hâte d’arriver à Pétra, synonyme de nourriture, de gîte, et surtout d’eau fraîche. Mais rien de tout cela n’était gratuit, et les caisses de la ville n’en finissaient pas de se remplir. Et pourtant…
Et pourtant Pétra ne recevait que 10 à 15 centimètres de pluie par an, moins que notre Sud. Mais la moindre goutte était récoltée et orientée vers les canalisations qui déversaient l’eau dans des centaines de citernes en sous-sol garantissant tous les bienfaits depuis l’alimentation jusqu’aux bains, en passant par l’arrosage des jardins, en toutes saisons. Pétra dont le nom signifie « rocher » sut cultiver sa prospérité jusqu’au jour où Rome en prit possession en 106 de notre ère. Elle ne parvint alors plus à soutenir la concurrence de la voie maritime de plus en plus commode pour le négoce, et dépérit inexorablement sous l’assaut de ce qui était en fait son élément naturel : les sables du désert…

Patrick Sabatier et son épouse.

Patrick Sabatier et son épouse.

Rétro pêle-mêle

-Patrick Sabatier, l’animateur le plus novateur en concept de production télé du dernier quart du vingtième siècle, est surtout resté dans les mémoires françaises grâce à son émission « Atout cœur ». Elle lui a donné l’opportunité  de séjourner à Madagascar,
« un voyage extraordinaire, en Premiér classe, avec une réception à l’arrivée, et un programme incluant Nosy Be et Toliara, en plus de la capitale ». À Nosy Be, il se souvient de l’herbe verte s’étendant vers le sable et le bleu de la mer, d’un bassin de crocodiles dans le jardin, et d’une escapade vers les Mitsio. Interrogé sur la misère dans les rues d’Antananarivo, il a été franc : « À Cuba où il y a aussi beaucoup de pauvreté, j’ai trouvé que les gens étaient foncièrement optimistes. À Madagascar, ce n’est pas le cas, il y a une sorte d’agressivité, comme une révolte latente. »
-Plus connu sous l’appellation vulgarisatrice de Langues’O, l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO) est la seule Institution en Europe dispensant l’enseignement de la langue, de la littérature, et de la civilisation malgache. Enseigné depuis 1898, le malgache y a connu un développement notable depuis 1980 avec néanmoins une certaine baisse dans les années 90. Les études y sont basées sur la connaissance du malgache officiel classique, la littérature écrite et orale, ainsi que l’arabico-malgache. Depuis 1993, le prestigieux établissement est habilité à délivrer les diplômes nationaux de licence et de maîtrise en malgache. Faut-il rappeler que notre langue se rattache à la famille linguistique austronésienne, mais avec des emprunts au sanscrit et un apport lexical important de la famille bantu et des langues européennes.

Textes : Toma Andriamanoro
Photos : Archives Express de Madagascar – AFP

Vie de motards – Action caritative de Gasy Motards Club

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Le club GMC est à sa deuxième année d’existence. Pour marquer cet anniversaire, les membres ont effectué une action caritative au centre pénitencier d’Antanimora.

Gasy Motards Club a fêté dernièrement ses deux ans d’existence. Pour marquer le coup, une grande fête a été organisée samedi après-midi, à Ilafy. Mais auparavant, dans la matinée, les membres du club ont effectué une action caritative au centre pénitencier d’Antanimora. Comme quoi, avant d’être motards, ils sont avant tout des êtres humains soucieux de leurs congénères.

 Les deux énormes gâteaux pour fêter le deuxième anniversaire du club.

Les deux énormes gâteaux pour fêter le deuxième anniversaire du club.

« C’est la deuxième fois qu’on organise ce genre d’action sociale. L’an dernier, nous somme venus en aide aux victimes des inondations à Sabotsy Namehana. Cette fois-ci, nous avons apporté des sacs de riz et des vêtements pour les femmes incarcérées à Antanimora. On a choisi de les aider à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme, cette semaine», explique Hiary Lala, président du club.
Par la suite, les motards ont pris la direction d’Ilafy pour célébrer l’anniversaire de leur association. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Gasy Motards Club a fait les choses en grand, avec un orchestre et un DJ, de la bouffe et des la boissons à gogo. Sans oublier deux énormes gâteaux, l’un avec l’inscription GMC, l’autre avec deux motos miniatures dressées dessus.
Pour en revenir à ses débuts, GMC a été créé en 2015, sous l’appellation d’Angels Riders.
« Au départ, nous étions trois, deux amis, Narindra et Ndriva, et moi. Je roulais sur une Aprilia SL1000 et une Suzuki Hayabusa 1300. Narindra aussi avait une Hayabusa et Ndriva une Kawasaki Z 750. Quatre autres motards nous ont rejoints, dans la foulée. Aujourd’hui, nous comptons 49 membres actifs », précise Hiary Lala.
Le nom de l’association a également changé en cours de route. « Au début, le club s’appelait Angels Riders. Mais ça sonnait plutôt comme un club de customs, alors qu’on roule sur des sportives et des roadsters, dans la plupart des cas. On a cherché un autre nom et c’est là qu’est apparu Gasy Motards Club», poursuit le président.

Après Foulpointe, GMC programme une randonnée à Mahajanga, en mai.

Après Foulpointe, GMC programme une randonnée à Mahajanga, en mai.

Randonnée à Mahajanga
La principale activité d’un club de motards consiste, bien évidemment, à organiser des randonnées. La plus marquante réalisée par GMC, jusqu’à ce jour, demeure le trip à Foulpointe, l’année dernière. Vingt-deux motards y avaient pris part. Et le plaisir était logiquement au rendez-vous avec l’enchaînement des virages de la RN2. Malheureusement, la pluie a quelque peu gâché le voyage au retour. Quant à la prochaine randonnée, elle est prévue pour le jeudi 11 mai, direction Mahajanga. Il n’y aura certainement pas de précipitations sur la RN4. De plus, cette route est mieux adaptée aux deux-roues, alternant portions sinueuses et lignes droites, avec des virages ouverts pour la plupart.
Habituellement, l’allure moyenne se situe aux environs des 100 kmh pour ce genre de sortie. On ne roule ni trop vite, ni trop lentement. Évidemment, il est impératif d’observer une pause environ tous les cent bornes pour se rafraichir. Après ce trip à Mahajanga, il se pourrait que les membres de GMC en fixent un autre, cette fois-ci pour rallier Nosy Be.

Une heureuse diversité

Gasy Motards Club regroupe essentiellement des inconditionnels de sportifs et de roadsters, même si quelques-uns d’entre eux roulent en trail ou en custom. Il s’agit d’un club très diversifié, et toutes les marques de moto existantes y sont représentées. L’on y retrouve des Yamaha Fazer 1000 et R1, des Kawasaki ZX-10 et Z 1000, des Suzuki GSX-R 750, des Hayabusa 1300, des KTM Superduke 990, des BMW 1200 GS et on en passe… Aujourd’hui, GMC compte 49 membres actifs.

Textes et photos :
Haja Lucas Rakotondrazaka

Karting – Un nouveau circuit à Imerikasinina

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L’aménagement de la nouvelle piste d’Imerikasinina est bouclé et les karts y roulent depuis maintenant quelques semaines. L’ouverture officielle est prévue prochainement.

Un circuit à proximité du centre-ville. La nouvelle piste d’Imerikasinina répond à plusieurs impératifs. En premier lieu, il suffit de prendre le by-pass pour y accéder en quinze à vingt minutes, en sortant par Ambohimahitsy, Mandroseza, Ankadimbahoaka ou Iavoloha. En second lieu, le tracé est bien complet et propose quatre configurations possibles. En troisième lieu, les karts performants permettent d’avoir de superbes sensations.
Après plusieurs mois de travaux, le circuit est fin prêt, aujourd’hui.
« Nous l’ouvrons à titre d’essai pour l’instant. Le public peut y accéder les weekends. Pour l’ouverture officielle, ce sera pour bientôt », explique Teddy Rahamefy, premier responsable.
La piste de 600 mètres est en dévers et très technique. Elle comprend une dizaine de virages, longs et ouverts pour certains, serrés et qui se referment pour d’autres, ainsi que deux épingles et des chicanes. Tout est réuni pour offrir aux apprentis pilotes le maximum de sensations. Elle peut être utilisée en quatre configurations différentes dans les deux sens.
Quant aux karts, ceux utilisés lors de notre passage, dimanche dernier, sont équipés de moteurs de 270 cc.

Le parc propose des karts de 270 cc pour les néophytes en particulier.

Le parc propose des karts de 270 cc pour les néophytes en particulier.

« On a opté pour la marque Sodikart, le meilleur constructeur sur le marché en matière de kart de loisir. Ces machines sont spécialement destinées à la location pour le grand public, avec notamment les dispositifs de sécurité qui vont avec. Nous proposons également des casques aux normes, de marque HJC », ajoute Teddy Rahamefy.
Pour les néophytes, rouler sur un kart de 270 cc sera amplement suffisant. Pour les plus avancés, il est possible de choisir les karts de 390 cc, encore plus puissants. De quoi atteindre des vitesses encore plus élevées.
Vu le caractère sinueux du circuit, couplé à la puissance des karts, rouler à Imerikasinina exige une bonne condition physique.

Pour l'instant, le public peut accéder au circuit tous les weekends.

Pour l’instant, le public peut accéder au circuit tous les weekends.

Éprouvant physiquement
« C’est plutôt éprouvant physiquement, avec l’enchaînement des courbes à des vitesses élevées. On a beaucoup de  grip . Franchement, j’ai vraiment apprécié la configuration avec toutes ces courbes », nous a confié Beels, un de ceux qui ont roulé dimanche, à propos de son ressenti sur le tracé.
Il faut monter à bord d’un kart pour s’en rendre compte. Effectivement, cette discipline requiert un engagement physique considérable. On évolue à quelques centimètres du sol, sans suspension. Le pilote doit encaisser les ballotages dans les courbes. Et bien évidemment, la direction n’est pas du tout assistée. Mais c’est ce qui en fait le charme, en plus des sensations obtenues en se bagarrant avec ses proches, puisqu’on y vient, dans la plupart des cas, en famille ou avec des amis.

Le bâtiment attenant à terminer

L’aménagement de la piste de karting est fini. Par contre, les travaux sur le bâtiment y attenant est en cours. Il reste notamment à installer le vitrage, le mobilier ainsi que les toilettes. Les travaux se poursuivent tous les jours à Imerikasinina, et le site devrait être prêt d’ici quelques mois. En attendant, les apprentis pilotes peuvent uniquement accéder au circuit le samedi et le dimanche.

Des terrains de tennis et de pétanque

Le site d’Imerikasinina proposera plusieurs autres activités. Citons, entre autres, de la tyrolienne, de l’escalade ainsi que du paint ball. Des terrains de tennis et de pétanque ainsi qu’une piscine figurent également parmi les plans de travaux. Les grands pourront rouler sur la piste de karting, pendant que les petits s’amuseront ailleurs, une fois que tout sera en place, si on y vient en famille, par exemple.

Textes et photos: Haja Lucas Rakotondrazaka


Cyclone Enawo – L’alerte rouge pour de la pluie abondante

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Que d’eau ! Finalement, le vent et les fortes précipitations ont été absents, suite au passage du météore dans la capitale. Néanmoins, la pluviométrie a été élevée, faisant déborder le canal Andriantany et inondant de nombreux quartiers et rues de la ville basse. Par ailleurs, les autorités ont voulu montrer qu’elles s’étaient bien préparées pour parer à toute éventualité, toutefois avec une certaine hésitation dans les prises de décision. En fait, la vie a tourné au ralenti.

Le canal Andriantany a débordé entraînant l’évacuation des habitants de « La Réunion kely ».

Le canal Andriantany a débordé entraînant l’évacuation des habitants de « La Réunion kely ».

Dans la capitale – Des séries d’évacuation dans le centre-ville

Précautions. Des habitants du centre-ville ont été contraints de quitter leurs maisons, hier. Il s’agit, entre autres, de quelques locataires du fokontany de Manjakamiadana, d’Ankoron-drano-Andranomahery ou encore de Manarintsoa-Est. Dans le fokontany de Manjaka- miadana, il a fallu l’intervention des éléments de la police du deuxième arrondissement pour déplacer quelques dizaines de familles vers un bâtiment de l’EPP Ankadinandriana.
« Ils ne nous ont même pas laissé manger, alors que c’était l’heure du déjeuner. Ils nous ont attendu devant la porte et nous ont demandé de nous dépêcher et nous abriter dans cette école, le temps que le vent et la pluie s’atténuent », confie Perline Ralalarisoa, une des personnes déplacées.
Cette dame, ainsi que les autres déplacés, logent dans des cases qui risquent de s’effondrer à tout moment, comme ce qui s’est passé en 2015, où des dizaines de personnes habitant les collines d’Antananarivo ont trouvé la mort, suite à des averses permanentes.
Dans les bas quartiers, la montée des eaux n’a pas encore inondé les habitations, sauf à Manarintsoa-Est, et ducôté de « La Réunion kely ». Plus de sept cents personnes de ce quartier se trouvent, actuellement, dans le site d’hébergement de l’Académie nationale des sports (ANS) Ampefiloha. À Ankorondrano-Andranomahery, soixante-quinze personnes ont été accueillies dans le site d’hébergement du quartier.

Seul moyen de transport sur la rue de Besarety :  la charrette à bras.

Seul moyen de transport sur la rue de Besarety :la charrette à bras.

 

« Une ville morte »
« Ces mesures ont été prises pour éviter des déplacements nocturnes, mais l’eau n’a pas encore monté dans ce quartier », précise un responsable au sein du Bureau national de la gestion des risques et catastrophes (BNGRC).
Par ailleurs, des rues de la capitale se sont transformées en lits de rivière, comme à Besarety, à Andrefan’ Ambohijanahary, à Antanimena, à Tsaralalàna, du côté du marché de la Petite-Vitesse. À Besarety, des charretiers transportent, pour 500 ariary par personne, des piétons qui souhaitent traverser la rue.
Antananarivo a été presque une ville morte, hier. Rares sont les transports en commun qui ont travaillé. Il n’y avait pas d’embouteillage. La plupart des magasins du centre-ville ont fermé. Il a été, également, difficile de trouver des pharmacies et des restaurants ouverts. Des enterrements ont été, également, faits à la va vite, avec les averses non-stop de la journée. Vers la fin de la soirée, les précipitations se sont atténuées.

Bureaux et écoles – La reprise des activités en stand-by

Pas de décision ferme. Le Premier ministre Olivier Mahafaly Solonandrasana n’a pas encore confirmé la reprise des activités, pour les employés à Antananarivo pour ce jour.
« Cela dépendra de l’évolution du temps », a-t-il annoncé, hier. Ainsi, si le danger cyclonique est toujours imminent, c’est-à-dire, dans le cas d’alerte rouge, il est fortement déconseillé de sortir de chez soi, et donc, les employés auront encore le droit de rester chez eux. Un danger d’intensité exceptionnelle pourrait être émis dans les heures à venir.
Des chefs d’entreprise ou de société avaient sous-estimé la vigilance d’alerte rouge pour passage de cyclone, lancée par la direction générale de la Météorologie, hier. Des employés ont été obligés de rejoindre leurs lieux de travail, malgré le mauvais temps. D’autant plus que le Premier ministre a pris du retard pour annoncer, officiellement, cette suspension d’activités.
Le ministère de l’Éducation nationale a été, pour sa part, ferme, dans sa décision de suspension des cours, aujourd’hui 9 mars. Elle est effective pour les directions régionales de l’Éducation nationale (DREN) d’Analamanga, Itasy, Vakinankaratra, Bongolava, Haute-Matsiatra, Sofia, Analanjirofo, Sava, Alaotra-Mangoro, Betsiboka, Boeny, Atsimo-Atsinanana, et Amoron’i Mania.

De rares taxis-be pris d’assaut par des passagers stoïques.

De rares taxis-be pris d’assaut par des passagers stoïques.

 

Trajectoire – Antananarivo presque épargnée

Antananarivo pourra passer à la vigilance post-aléa, dès ce jour, selon la prévision de la direction générale de la Météorologie à Ampandrianomby, hier. Localisée dans la région d’Itasy et district de Miarinarivo, hier, à 19 heures, la tempête Enawo continue sa trajectoire vers le sud-sud, avec une vitesse de déplacement de 15 km/h, et ne traversera pas la ville d’Antananarivo.
« Cette nuit (hier), elle passera par la région Itasy, pour atterrir dans le district de Betafo, région Vakinankaratra, très tôt dans la matinée. Elle touchera, ensuite, la région Amoron’i Mania et Fianarantsoa. Il faudra, toutefois, attendre les données de demain (ce jour), pour confirmer cette vigilance post-aléa pour Antananarivo, car la vitesse de trajectoire d’Enawo est très variable», explique Anzela Ramarosandra-tana, chef de service inter-régional de la météorologie à Antananarivo, hier.
Les prévisions d’avant-hier avaient, pourtant, indiqué qu’Enawo allait traverser la ville d’Antananarivo. « Les prévisions changent toutes les heures. Quand un cyclone rejoint la terre ferme, il s’affaiblit et les nuages qui l’accompagnent se dissipent, la vitesse du vent change également », renchérit le technicien.
Officiellement, un avis de danger imminent, pour le passage du cyclone est toujours en vigueur pour l’ex-province d’Antananarivo, les régions Atsinanana, Amoron’i Mania, Haute-Matsiatra et Vatovavy Fitovinany. Un avis de menace est lancé pour les régions d’Ihorombe, Anosy, Androy, Anosy, Androy, Atsimo-Atsinanana, le district de Benenitra, de Betioky et d’Ampanihy.
La vigilance post-aléa a été annoncée pour les régions Diana, Sofia, Sava, Analanjirofo, Boeny, Betsiboka, les districts d’Andilamena, Amparafara-vola et Ambatondrazaka. Une vigilance pour cause de fortes précipitations reste en vigueur pour les régions du Nord-Est, de l’Est et des Hautes terres centrales.
Par ailleurs, Enawo continue à perdre d’intensité. Hier à 19 h, elle est devenue une tempête tropicale modérée, avec des vents de 65 km/h et des rafales de 90 km/h. elle est prévue sortir en mer, du côté de la région d’Anosy, ce vendredi.

Texte : Miangaly Ralitera
Photos : Claude Rakotobe – Ihandry Randriamaro

Élevage – Les retombées locales d’un projet tout miel

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La redynamisation de l’apiculture dépend de l’évolution des techniques ainsi que de l’importance de l’investissement. Des paysans de la région Anosy s’empressent de donner une nouvelle impulsion à la filière miel.

Une alternative de développement. C’est ce que l’on peut espérer de la filière apicole s’il retrouve son rythme des années 40. À cette époque, la filière constituait un maillon essentiel de l’économie malgache. Elle était la troisième source de devises du pays. Aujourd’hui, elle n’apporte quasi plus rien à celle-ci.
La quantité de miel exportée diminue progressivement,  passant de cent vingt tonnes à dix sept tonnes entre 2012 et 2014. Soit une diminution de plus de 85%. Cependant, dans les années 90, l’exportation dépassait la barre des trente cinq mille tonnes de miel. La perte de parts de marché est surtout due à la non-conformité en termes de qualité et de normes sanitaires des produits malgaches.
Aussi, la production de miel n’est-elle plus que de trois mille tonnes – avec plus de dix mille producteurs dans tout le pays – contre plusieurs milliers dans les années 30. Pour ce qui est de la consommation, elle était autrefois de l’ordre de quatre kilos par habitant par an. En ce moment, elle oscille autour de cinq cents grammes, soit une demande annuelle de soixante quinze mille tonnes. Bref, l’offre ne satisfait même pas la demande locale.
Dans l’ensemble du pays, la majorité de la production provient de la cueillette (50%) et du système d’exploitation traditionnel (35%), le reste (15%) étant issu de l’exploitation améliorée et de l’exploitation moderne, selon les chiffres du ministère de l’Élevage.
En dépit de ce déclin, les acteurs du secteur n’ont pas baissé le bras. Et les résultats de leurs actions se font sentir peu ou prou. L’année passée, quelques signes d’un léger rebond ont été constatés. Entre 2014 et 2015, le volume d’exportation a triplé, soit cinquante quatre tonnes, ce qui représente près de 186 000 dollars en valeur.
« Encore faut-il organiser la filière et présenter l’abeille comme une nouvelle filière animale pour qu’elle redevienne significative dans l’économie. Sans professionnalisation, le miel est condamné à occuper une place périphérique dans l’économie globale », explique un économiste.

La fabrication de produits à base de miel augmente les bénéfices.

La fabrication de produits à base de miel augmente les bénéfices.

Des impacts négatifs sur la production

Au lieu de se contenter de vendre le produit brut, le GIZ aide les paysans à trouver les moyens d’ajouter de la valeur aux produits apicoles. D’ailleurs, il est facile de réaliser des bénéfices en fabriquant des cosmétiques, des bougies, etc. Ce qui importe c’est d’avoir une bonne connaissance des composants et des produits ainsi que l’accès à des contenants de petite taille pour l’emballage et la commercialisation.
C’est dans cette optique qu’« en 2015, non seulement nous avons formé cent vingt six femmes en art culinaire, en cosmétique ainsi que dans la fabrication de bougies, mais nous les avons aidées également à avoir plus de visibilité sur le marché, en facilitant l’accès aux contenants et aux étiquetages », indique Volaniaina Harisoa Robsona.
Si, avec l’appui du projet, les paysans concentrent leurs forces dans la lutte contre la pauvreté et ses manifestations les plus criantes, comme la malnutrition et l’accès aux soins, d’autres facteurs risquent de réduire à néant et rendre amers leurs efforts. Outre l’état de la route nationale qui rend difficiles et plus coûteux les contenants, l’unité ministérielle, pour délivrer les divers certificats pour la commercialisation des produits demeure inexistante. Ainsi, le
« kere » pour la région Androy et la maladie Varroa impactent négativement sur la production.
« L’existence de cette maladie engage des coûts supplémentaires et cette situation  démotive les paysans », déplore-t-elle.
Enfin, la lenteur de la prise de conscience par les paysans de la rentabilité dans les méthodes d’
apiculture améliorées, la difficulté à réaliser les investissements nécessaires tant pour des raisons psychologiques que par manque de moyens financiers, restent des facteurs de blocage. L’obstacle est, évidemment, plus facile à surmonter pour les amateurs qui n’ont guère de pression économique sur les épaules.

Les apiculteurs ne doivent plus se contenter de vendre leurs produits sous forme de cire artisanale ou de miel liquide.

Les apiculteurs ne doivent plus se contenter de vendre leurs produits sous forme de cire artisanale ou de miel liquide.

Régions du Sud – Trois raisons pour épauler la filière

Résilience face à l’insécurité alimentaire. C’est le rôle de la filière miel dans le Sud de Madagascar. Le projet du GIZ (Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit), « Résilience par chaîne de valeur », tend à remettre sur les rails le train du développement du miel dans les régions Androy, Anosy et Atsimo-Atsinanana.
En effet, la vente de miel constitue, pour les paysans un revenu supplémentaire surtout en période de soudure. Ce revenu va permettre à chaque ménage d’accéder à une éducation et à des soins de qualité dans un cadre et des conditions de vie qui donnent envie d’y vivre. Ces trois régions recèlent, à ce jour, trois mille apiculteurs, dont mille quatre cents à Anosy.
« Nous avons choisi d’appuyer cette filière pour diverses raisons. Premièrement, la région a  des potentiels énormes mais inexploités. Deuxièmement, dans l’objectif d’éradiquer la pauvreté, l’apiculture se présente comme génératrice de revenus considérables si l’éleveur possède entre trois à cinq ruches. Enfin, son développement rime avec protection de l’environnement », explique Volaniaina Harisoa Robsona, cadre de la chaîne de valeur au sein du GIZ.
Toutefois, la filière n’apporte pas encore le miracle espéré, puisque le revenu généré dépend entièrement du mode de production ainsi que de l’importance de l’investissement. Une ruche vide vaut, par exemple, entre 90 000 et 120 000 ariary alors que la colonie des abeilles a un autre prix. De ce fait, face à la vulnérabilité des paysans, le GIZ a décidé d’épauler matériellement les éleveurs vulnérables.
Sans compter les enfumoirs et les masques distribués aux paysans, « nous avons mis à leur disposition deux mille huit cents ruches, soit deux ruches par apiculteur dans la région Anosy. Mais sous condition : les éleveurs fabriquent deux ruches en contrepartie de celles qui leur sont données», conclut notre interlocutrice.

Les apiculteurs doivent utliser à des contenants de petite taille.

Les apiculteurs doivent utliser à des contenants de petite taille.

Bonne opportunité mais goulot d’étranglement

Comme les paysans en sont encore au stade d’élevage des reines d’abeilles et pour la fidélisation des colonies, la production est estimée à cinq tonnes. « Or, la production optimale de ces ruches se chiffre à soixante sept tonnes. Mais il est toujours question de professionnalisation », déclare Volaniaina Harisoa Robsona, cadre de la chaîne de valeur au sein du GIZ.
Pour rappel, une ruche peut produire en moyenne six kilos par saison. Et si les abeilles sont en pleine forme, il pourrait y avoir quatre floraisons en une année, donc une production annuelle de vingt quatre kilos par ruche. Afin d’atteindre cet objectif, le projet a mis aux côtés des paysans des techniciens pour les accompagner. « Nous les appelons apiculteurs leaders. Il y en a vingt six répartis dans toutes les communes », continue-t-elle. Des entrepreneurs ont su exploiter l’opportunité et vendent maintenant du miel de caféier en pot de quatre cent quarante grammes au prix de 8 000 ariary. Et, la production peut aller jusqu’à deux mille cinq cents pots en quatre mois.

De jolis pots pour obtenir une valeur ajoutée non négligeable.

De jolis pots pour obtenir une valeur ajoutée non négligeable.

Cependant, un goulot d’étranglement se situe au niveau de la commercialisation. Les produits sont amenés sur les marchés des villages par les producteurs pour être vendus, soit directement aux consommateurs soit à des collecteurs. Malgré la proximité du grand port Ehoala, les apiculteurs ont du mal à pénétrer le marché international vu que leurs produits ne répondent pas encore aux normes exigées.
En terme de qualité, le miel est mesuré pour sa teneur en eau et le pourcentage recherché est de moins de 21%. La pureté et la bonne filtration du produit sont aussi recherchées. La difficulté de répondre à la qualité réside surtout dans le fait que l’analphabétisme persiste.

Textes et photos : Moïse Fanomezantsoa

Bemiray –« Pour que la mer ne soit plus la limite de notre rizière »

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« Ma cabane au Canada » : ce pays nord-américain est bien une terre d’accueil pour tous, son peuple étant multiracial et multiculturel. Transition pour affirmer que le football français est jusqu’ici tributaire de joueurs de génie fils d’immigrés respectivement polonais, kabyle et italien (Kopa, Zidane, et Platini). Enfin, en plus de son encyclique Populorum Progressio, le Pape Paul VI a développé le dialogue interreligieux.

Destination – Qu’il fait bon vivre au Canada

Même les lémuriens gardent un bon souvenir du Canada. C’était en 2008, et le musée de l’Écologie et des sciences de l’environnement de Montréal, plus connu sous son appellation de Biodôme, programmait d’exposer l’écosystème de Madagascar. Ont ainsi été retenues six espèces de poissons endémiques, quatre d’amphibiens dont la toujours spectaculaire grenouille- tomate et les variétés  de Mantella, cinq de reptiles parmi lesquels le Gecko diurne et le caméléon-panthère ou Furcifer pardalis. Les Lemur Catta, trois femelles et trois mâles, ont été prêtés par différents zoos nord-américains. En toile de fond étaient exposées des photos sur Madagascar de Julien Passerini et Marcel Muller, ainsi que des objets d’artisanat fournis par l’École malgache de Montréal. Eh oui, cette école existe, et les parents malgaches y envoient chaque samedi leurs enfants pour garder le contact avec le pays et sa langue. De quoi faire rougir nos compatriotes de France et de Navarre…
Malgré le climat, les Malgaches se sentent bien au Canada, et y forment une colonie de plus en plus consistante. S’il me fallait désigner le compatriote le plus représentatif et le plus sympathique aussi, je choisirais sans hésiter Rocky Rabaraona, quand bien même il se soit fait tout petit – aucune allusion à la morphologie de la  célèbre fratrie – ces derniers temps. Avec Monikya aujourd’hui disparue, il est le seul du groupe à avoir gardé une indélébile nostalgie des Surfs et de Madagascar. C’est pourquoi il a longtemps continué à se produire surtout en Ontario, avec pour choristes ses filles Bakoly et Voahangy. Il portait le nom de scène de Rocky des Surfs car « je ne pouvais faire autrement, le nom du groupe étant presque écrit sur mon front !». Le journal Montréal Matin parlait de lui en ces termes : « On le revit dans les cabarets et, petit à petit, il commença à faire très régulièrement la tournée de toute la province. Petit à petit, Rocky fait son nid ».

Le Premier ministre Justin Trudeau considère que la défense  des droits individuels des minorités est l'une des forces du Canada.

Le Premier ministre Justin Trudeau considère que la défensedes droits individuels des minorités est l’une des forces du Canada.

« Avantage concurrentiel »
Mais d’où vient donc cette excellente presse dont jouit le Canada alors que son puissant voisin du Sud s’empêtre dans ses propres « trumpitudes »    Le Canada est avant tout une terre d’accueil où n’existe ni grand parti, ni grand média anti-immigrés. Quand Justin Trudeau a été élu, il a accueilli personnellement des réfugiés à l’aéroport, ce qu’aucun de ses pairs de par le monde n’a osé faire. Depuis son entrée en fonction, 32 000 Syriens ont été réinstallés contre un plafond de 10 000 fixé par Obama pour l’année fiscale 2016. En remontant encore plus dans le temps, 275 000 réfugiés vietnamiens ont été parrainés depuis 1970  en vertu d’un programme élaboré par le père de l’actuel Premier ministre.
Le Canada n’a pas de récit fondateur à chanter, ni de héros guerrier à glorifier. Les arrivants ne voient de ce fait pas leur « nouveau pays » comme une entité étrangère et distante à laquelle il leur faudra tant bien que mal se faire. Chacun peut garder son identité propre, à l’image de ce club de moto sikh de Vancouver dont les membres arborent tous leurs turbans traditionnels. L’ancien Premier ministre conservateur Stephen Harper tenait ce langage : « Catastrophe dans le Pacifique, chaos au Moyen-Orient, problèmes de dettes en Europe… le Canada est dans le monde ce qui se rapproche le plus d’une île de stabilité, et nous devons faire en sorte qu’il le reste ». Son pays étant en éternelle mutation avec le concours de tous, y compris des migrants qui représentent « un avantage concurrentiel », le Canadien n’a pas honte à définir le Canada comme un « unknown country », et lui-même comme un « unfinished Canadian ». Un projet humain inachevé et peut-être inachevable, comme l’écrit  Charlotte Gray dans son livre « The Promise of Canada ». Pendant ce temps, Toronto avec ses six millions d’habitants est fière d’être « la ville la plus diverse du monde », dont 51% des habitants sont nés à l’étranger et viennent de plus de 230 pays.
Bien qu’ayant laissé une impression mitigée lors du Sommet de la Francophonie d’Antananarivo en prenant fait et cause pour la communauté homosexuelle, Justin Trudeau est un jeune dirigeant cool, très proche de son peuple. En un an de pouvoir, il a déjà planché sur 106 de ses 220 promesses électorales. Mon pays est bien loin, chantaient jadis Rocky et les Surfs. Honni soit qui mal y pense …

Le Pape Paul VI lors de sa visite en Terre Sainte  (Jordanie, Israël, Territoires palestiniens) en janvier 1964.

Le Pape Paul VI lors de sa visite en Terre Sainte(Jordanie, Israël, Territoires palestiniens) en janvier 1964.

Paul VI – Il y a cinquante ans, le Populorum Progressio

Un Pape peut en cacher un autre et, le temps aidant, les fortes personnalités d’un François ou d’un Jean-Paul II peuvent mettre un voile sur celle de leurs prédécesseurs. Des fidèles se souviennent néanmoins encore de Paul VI comme d’un grand Pape, et son encyclique Populorum Progressio, dont on célèbre cette année les cinquante ans de la publication, était révolutionnaire pour son époque. 1967, c’était celle où des programmes de développement naissaient de-ci de-là, sans qu’ils répondent réellement aux besoins des pays tout récemment émancipés. Le Populorum Progressio parle quant à lui de développement intégral incluant non seulement l’économie, mais aussi les dimensions culturelle, sociale, ou encore morale.  Et les politiques qui, dix ans plus tard, parlèrent de « développement de tout homme et de tout l’homme », ont tout simplement réinventé le fil à couper le beurre…
Paul VI étend l’égard dû aux travailleurs à l’ensemble des pays pauvres, et le postulat de base de son encyclique est qu’il ne peut y avoir de paix sans développement. Certains gouvernements actuels intervertissent les rôles en prétendant qu’aucun développement n’est possible sans paix sociale (ne suivez surtout pas mon regard), mais les faits sont têtus : si l’insécurité règne dans un pays, cela est principalement dû à la pauvreté, laquelle est générée par l’absence de réelle politique de développement. Ce genre de pays est condamné à tourner en rond, et à se rabattre sur de fausses solutions ressemblant plus à des excuses. Le développement est le nouveau nom de la paix.
Le Populorum Progressio est devenu le credo de la Délégation catholique pour la coopération (DCC) qui, depuis sa création, a envoyé plus de 20 000 coopérants dans les pays du Sud. Les partants ne sont pas tous des catholiques pratiquants, loin s’en faut, mais l’expérience leur  permet de découvrir un aspect de l’Église catholique qu’ils ignoraient totalement. Le volontariat s’étend aussi de plus en plus à toutes les tranches d’âge. Alors qu’au début il concernait principalement les jeunes célibataires, on assiste aujourd’hui à des départs en couple, à d’autres se situant en milieu de carrière, et même à l’engagement de retraités. C’est le cas de cet ancien salarié français de l’automobile de soixante-dix ans, qui a choisi de se rendre utile pendant un an à Madagascar…

À l’occasion du 50è anniversaire de la finale Stade de Reims-Real Madrid (3-4) de la Champions league en 1956, Raymond Kopa (à dr.) pose avec son adversaire madrilène d’alors, Francisco Gento, devant la coupe « aux grandes oreilles ».

À l’occasion du 50è anniversaire de la finale Stade de Reims-Real Madrid (3-4) de la Champions league en 1956, Raymond Kopa (à dr.) pose avec son adversaire madrilène d’alors, Francisco Gento, devant la coupe « aux grandes oreilles ».

Football – Kopa, petite taille et grand génie

Avec son mètre soixante-huit, très exactement la taille de Lionel Messi, on le surnommait le Napoléon des stades. Juste retour des choses, c’est sur l’Île natale de l’empereur que Raymond Kopaszewski de son vrai nom salua pour la dernière fois les gradins de l’Histoire du foot. Il avait 85 ans, et le monde se souvint qu’il avait été le premier grand génie du football, bien avant un certain Pelé. La France, si souvent cocorico, se rappela aussi qu’il était un fils d’immigré polonais, comme après lui Platini l’était d’un ouvrier italien, et Zidane d’un kabyle ayant fui la guerre d’Algérie. Pour égaler son palmarès, il faut se lever tôt et d’autres l’ont fait, mais cela n’enlève en rien la dimension de ce joueur d’exception qui faisait parler le cœur et non le portefeuille : deux titres de champion de France avec le Stade de Reims, trois Coupes d’Europe avec le Real Madrid du mythique président Santiago Bernabeu, un Ballon d’Or en 1958 dont il n’a jamais revendiqué la garde du trophée, on ne sait trop pourquoi (un grand journaliste sportif a joué au commis, et le lui a enfin restitué quelques mois avant sa mort), et surtout cette fameuse demi-finale de Coupe du Monde en Suède où il forma avec Just Fontaine et Roger Piantoni un trio infernal tenant tête au Brésil avant de capituler 5-2. Hors terrain, Kopa était aussi un syndicaliste qui a osé dévoiler la « condition d’esclave » (sic) du joueur de foot de son temps, ce qui lui a valu une suspension de six mois.
J’aurais aimé entendre quelques réactions du monde sportif malgache à l’occasion de sa disparition, une phrase, un mot, mais rien … Et pourtant  Kopa a été l’inspirateur du football malgache de toute une époque, même si ses exploits ne parvenaient en image sur la Grande île qu’à travers des extraits de films en noir et blanc de mauvaise qualité, souvent rayés. Du joueur malgache il avait la morphologie, ce qui lui a fermé les portes de clubs comme Lens, Lille, ou Valenciennes : trop petit ! Comme le joueur malgache, on raconte qu’il ne savait que faire du ballon au moment ou il le recevait, mais venait alors l’inspiration se traduisant par des dribbles déroutants et une vista spontanée née d’on ne sait où.

Les trois meneurs de jeu de l’équipe de France : Raymond Kopa, Zinedine Zidane et Michel Platini.

Les trois meneurs de jeu de l’équipe de France : Raymond Kopa, Zinedine Zidane et Michel Platini.

Tout en finesse
Le « football-champagne» de Kopa et du Stade de Reims a surtout modelé le grand AS Saint Michel des années soixante, dont le joueur-type à la reimoise s’appelait Théo Dolorès Randrianja, disparu trop tôt dans un accident de voiture. Tout en finesse, il s’amusait parfois balle au pied à des figures circulaires qui déroutaient l’adversaire.  En face, l’équipe rivale dans le cœur des Tananariviens s’appelait l’Olympic Club qui, elle, s’inspirait plutôt de Monaco sous la houlette de son coach Todeschini, un ressortissant de la Principauté. Et va pour des « Classico » hauts en passion et en talent, que perturbait avec un malin plaisir l’UAS Cheminots adepte d’un football dépouillé mais terriblement efficace à l’italienne. Souvenirs d’un temps qui fut meilleur…

Raymond Kopa, du Real Madrid, tire au but lors du match contre Manchester United (3-1), le 11 avril 1957 au stade Santiago Bernabeu  à Madrid, comptant pour la 1/2 finale aller  de la Coupe d'Europe.

Raymond Kopa, du Real Madrid, tire au but lors du match contre Manchester United (3-1), le 11 avril 1957 au stade Santiago Bernabeuà Madrid, comptant pour la 1/2 finale aller
de la Coupe d’Europe.

Quand on lui ramena son vieux trophée de 1958, celui qui fut un des plus grands footballeurs de tous les temps a juste lancé à sa femme occupée dans la cuisine : « Devine ce qu’on me rapporte ! Mon Ballon d’Or ! » La modestie des gens simples, inconnue sur la planète des Christiano et des Zlatan. Mais peut-être bien que les plus grands ne sont pas toujours ceux que l’on croit.

BE7Rétro pêle-mêle

1998, une intéressante « radioscopie » de Madagascar. La radio est encore un luxe, le pays ne comptant que trois millions de récepteurs pour quatorze millions d’habitants. À part de rares appareils à manivelle qui n’ont qu’une demi-heure d’autonomie, le marché est dominé par les « transistors » alimentés par des piles de fabrication chinoise. Un prototype de récepteur sud-africain fonctionnant à l’énergie solaire est étudié sans conviction pour tenter d’améliorer la situation. Pratiquement seuls les habitants des centres urbains peuvent capter la bande FM, foisonnante depuis la libéralisation des ondes en 1993. On ne compte pas moins de cent-vingt stations, dont vingt-deux dans la seule région d’Antananarivo. Radios musicales, commerciales, et le plus souvent évangéliques. Les radios internationales comme RFI, BBC, La Voix de l’Amérique, la Deustche Welle conservent par contre une place de choix.
C’est dans ce contexte que Jean-Paul Cluzel, président-directeur général de RFI vient inaugurer officiellement l’installation de trois nouveaux émetteurs à Toamasina, Fianarantsoa, et Antsiranana, au cours d’une tournée-marathon effectuée en compagnie du ministre de l’Information Fredo Betsimifira et de l’ambassadeur de France Camille Rohou. Pour l’occasion, la radio mondiale programme une semaine malgache avec notamment l’émission « Votre magazine » diffusée à partir du Centre culturel Albert Camus et animée par des rappeurs locaux, tandis que le « Club des auditeurs » prend ses quartiers à l’Alliance française. Le Club ne compte encore que 250 membres. À tout seigneur tout honneur, la causerie avec le Président est confiée à Henri Perilhou, directeur de la rédaction, et l’incontournable « monument » de la presse des îles, Philippe Leymarie.
Prenant garde de ne pas prêter le flanc aux accusations de néocolonialisme, Jean-Paul Cluzel n’a de cesse de présenter sa chaîne comme une radio de complémentarité, et non une concurrente de qui que ce soit.

Textes : Tom Andriamanoro
Photos : Archives Express de Madagascar – AFP

Tradition –À la redécouverte du « Taom-baovao malagasy »

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Un événement exceptionnel de la scène culturelle et cultuelle de la Grande île. Les nouvelles générations sont initiées aux rites de la célébration du Nouvel an malgache.

Le « Afo tsy maty » est allumé la veille  du Jour de l’An malgache.

Le « Afo tsy maty » est allumé la veilledu Jour de l’An malgache.

Fêté en fanfare depuis plus d’une décennie maintenant par les aînés et les hauts dignitaires traditionnalistes, à travers tout le pays et principalement dans les Hauts-plateaux de Madagascar. Le « Taom-baovao malagasy», ou le Nouvel an malgache, est un rendez-vous unique et festif, marqué à chaque fois d’une pierre blanche. Enjoué et magnifié d’un folklore qui lui est propre, valorisant aussi bien les us et coutumes de la Grande île que ses traditions les plus respectées ainsi que sa culture propre.
La célébration du Nouvel an malgache est principalement portée à bout de bras, comme à l’accoutumée par des historiens, des astrologues, des enseignants-chercheurs, des personnalités représentatives des traditions dont les « Tangalamena », « Olombe», les « Ampanjaka », et autres « Zanak’ampielezana » originaires des autres régions, ainsi que divers acteurs culturels. Elle fédère actuellement de plus en plus de jeunes également. C’est donc l’occasion de revenir sur les grands points importants qui font que cette célébration s’affirme comme rassembleur du peuple malgache et qui égayera entre autres la région Imerina les 27 et 28 mars prochains.

À chacun est offerte une gerbe de riz, en guise d'offrande et d'échange  de cadeau, le « Zara hasina ».

À chacun est offerte une gerbe de riz, en guise d’offrande et d’échange
de cadeau, le « Zara hasina ».

La première d’une série d’événements

Dans la culture malgache, chaque région célèbre à son rythme les diverses festivités marquant les saisons qui se succèdent. Ainsi, il est important de relever d’ores et déjà le fait, que la célébration du Nouvel an malgache au sein de l’Imerina, soit dans les Haut-plateaux donc, n’est que les prémices d’une longue série d’événements tout aussi folkloriques que traditionnels. Le but des anciens était principalement de pérenniser et de veiller à cette solidarité et cette unité du peuple malgache. Ces différentes fêtes ont ainsi été instaurées au fil des décennies pour que le peuple s’y retrouve et y fraternise. La célébration du Nouvel an malgache, qui se tient ainsi entre fin mars et début avril, se différencie pleinement de la fête du printemps ou « Asaramasina », célébrée en septembre, malgré les similitudes dans les rites qui y sont respectivement pratiqués. Ces deux événements sont toutefois complémentaires, car affichant les valeurs fraternelles et fédératrices qui font des Malgaches ce peuple uni et intarissable. Le « Taom-baovao malagasy » ouvre ainsi le bal des festivités en ce début d’année. S’ensuivent par la suite les différents rendez-vous dans les régions. Tels que le « Tsanga-tsaina » ou le « Fitampoha », entre autres, en attendant les retrouvailles au mois de septembre pour le « Asaramasina ».

Le port de costumes traditionnels est de mise pour marquer le caractère national de la célébration  du Nouvel an malgache.

Le port de costumes traditionnels est de mise pour marquer le caractère national de la célébrationdu Nouvel an malgache.

Us et coutumes – Les rituels de la veille et du Jour de l’an

La veille du Nouvel An malgache, pour cette année le 27 mars, correspond au fameux « Réveillon » qui est de coutume chaque fin d’année. À l’occasion, les festivités débutent toujours par la cérémonie du « Fidiovana » ou « Purification», durant laquelle ont lieu divers rites qui consistent généralement à renforcer les liens unisant le peuple malgache en général, pour qu’il ne se désolidarise pas tout au long de l’année.
Notamment, le fameux pardon mutuel ou « Fifamelana faobe », la réconciliation ou « Famitranam-pihavanana », et le renforcement du « Fihavanana». Tout un chacun, au sein du foyer, de la famille, des voisins, des dirigeants et du peuple, se retrouve ainsi pour se pardonner mutuellement avant de festoyer. C’est une cérémonie qui symbolise également celle du « Fandroana » ou le bain royal.
Suit, toujours la veille mais dans l’après-midi, l’allumage du « Afo tsy maty », la flamme éternelle, à Ambohidrabiby, en premier lieu pour symboliser que ce fut le roi Ralambo qui l’instaura en premier, puis au niveau des divers sites de célébration et foyers, dont notamment au Stade de Mahamasina, à Andohalo vers la fin de l’après-midi, à Imerimanjaka, à Ikianja – Ambohimangakely et dans divers endroits de l’Île. Le soir, la retraite aux flambeaux suivie d’une veillée est organisée, et chaque foyer est sollicité à tenir les lumières allumées, jusqu’à l’aube du 28 Mars.
Le jour du Nouvel an, les rituels se poursuivent de plus belle, à travers le « Fafy rano», ou bénédiction, dans la matinée, l’équivalent de la présentation des vœux. Le « Tatao», ou partage du riz de l’année précédente, cuit au lait et arrosé de miel, mets de circonstance que l’on mange avec ses proches et amis. Le « Zara hasina », ou partage de la gerbe de riz, sera l’occasion de formulation de vœux, du partage du premier repas et d’échange de cadeaux entre les aînés et la jeune génération.

Fêté partout

Cette célébration en ode aux traditions malgaches, selon le cycle lunaire, s’affirme comme étant bien différente de celle instaurée par le calendrier grégorien. Tout en étant festif, le Nouvel an malgache, principalement organisé entre autres par le « Trano Koltoraly Malagasy » et l’association « Taranak’Ambohitrabiby » qui se tient ponctuellement sur la colline sacrée d’Ambohitrabiby reste le plus remarquable. Les retrouvailles entre tous les férus de festivités culturelles et cultuelles y sont d’ailleurs déjà confirmées les 27 et 28 mars. En outre, d’autres manifestations en d’autres lieux sont également à découvrir pendant ces deux jours à travers les mêmes rituels. Notamment, en ce qui concerne la Ville des Mille, à Andohalo, au Tahala Rarihasina Analakely, au Kianjan’ny Kanto Mahamasina, à Ambohimangakely, et même outre-mer, à l’île de La Réunion et dans l’Hexagone. À l’occasion, les anciens invitent chacun à allumer une bougie ou un lampion chez lui tout en l’ornant de guirlandes pour illustrer cette ambiance festive et solidaire, et susciter l’engouement de tous à participer à la célébration.

Andry Patrick Rakotondrazaka
Photos : Archives de L’Express de Madagascar

Piratage – Les applications tierces, brèches potentielles des comptes Twitter

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Plusieurs centaines de compte Twitter ont été victimes de piratage, mercredi. Parmi elles, figurent celui d’Alain Juppé, d’Amnesty International et de BBC Amérique du Nord.

Tout à fait vulnérables. Le piratage mercredi de plusieurs centaines de comptes Twitter, vraisemblablement via une application tierce de statistiques, souligne les vulnérabilités qu’offrent ces « compagnons » qui gravitent autour des stars de l’internet en facilitant leur usage pour les utilisateurs.

Que s’est-il passé ?
Vers 7h 20, heure de Paris (6h20 GMT), plusieurs centaines de comptes Twitter ont commencé à publier des messages qui reprennent une partie des déclarations du président turc Recep Tayyip Erdogan. Dans ses propos, ce dernier a fait un parallèle entre le nazisme et le refus des Pays-Bas et de l’Allemagne d’accepter la venue d’officiels turcs à l’occasion de meetings en faveur du référendum du 16 avril, qui doit accorder plus de pouvoir au président turc.
Parmi les victimes, on retrouve l’ex-Premier ministre français Alain Juppé, l’Académie de Rennes (Ouest), mais également un compte d’Amnesty International, celui du ministère français de l’Économie, celui du Parlement européen, ou encore celui de la BBC Amérique du Nord.

Alain Juppé figure parmi les victimes de ce piratage massif.

Alain Juppé figure parmi les victimes de ce piratage massif.

Pourquoi Twitter a-t-il été visé ?
« L’avantage de Twitter est que son usage est très répandu, il s’agit d’un excellent vecteur de communication », rappelle Michaël Bittan, associé responsable des activités de gestion des risques cyber dans l’entreprise Deloitte.
« Cette attaque a été inspirée par les différentes attaques de ces deux dernières années sur le front de la guerre de l’information », ajoute Loïc Guézo, stratégiste cybersécurité Europe du Sud dans la société Trend Micro. Tels les piratages de comptes Twitter de médias internationaux par des cybercriminels qui se présentent comme des Syriens pro-Assad. « Mais à ma connaissance, c’est la première fois qu’une attaque est liée à la Turquie», fait-il remarquer.

Comment ce piratage massif a-t-il été réalisé ?
Difficile d’avoir une réponse précise sur le mode opératoire des pirates, car l’enquête n’en est encore qu’aux prémices. Il semble cependant que l’accès aux comptes se soit fait via Twitter Counter, une application proposant des statistiques aux utilisateurs de Twitter sur leur compte.
« Ces applications doivent avoir un accès direct à votre compte Twitter afin de disposer des données dont elles ont besoin. Certaines peuvent même poster sur votre compte. Si cette application est compromise, votre ou vos comptes le sont également», détaille Tanguy de Coatpont, directeur général France de l’entreprise Kaspersky Lab.
« Il y a un effet de levier énorme. En piratant un compagnon de Twitter, on peut inonder potentiellement l’ensemble des comptes qui avaient autorisé ces applications », ajoute de son côté Loïc Guézo. Or il existe des milliers d’applications en tout genre qui peuvent aider l’internaute ou une entreprise dans son usage de Twitter.
Difficile également, pour l’heure, de savoir qui est derrière cette attaque, mais les auteurs « ont peut-être laissé des traces informatiques qu’on va pouvoir étudier pour établir une responsabilité et donc une attribution claire », pense M. Guézo. « Le niveau de technicité de cette attaque ne semble pas très élevé», estime Tanguy de Coatpont.

Peut-on se prémunir contre ce type d’attaques ?
De l’avis de l’ensemble des experts, la multiplication des usages numériques ne fera qu’augmenter le nombre de vulnérabilités et le risques d’attaques. « Ce qui peut faire la différence aujourd’hui, c’est la capacité et la vitesse de réaction des entreprises attaquées. Ici, la réaction a été rapide », selon M. Bittan.
Et les applications représentent autant de portes d’entrée potentielles vers des comptes, même bien protégés. Car si la protection des comptes sur les réseaux sociaux est désormais assez bien intégrée par la majorité des utilisateurs, ils se montrent souvent moins regardant quant aux applications, qui ont pourtant bien souvent accès à d’importantes données personnelles. « Ce genre d’attaque souligne qu’il existe énormément d’applications tierces avec un accès direct, et si elles sont moins bien protégées elles servent de porte dérobée », rappelle M. de Coatpont.
Twitter rappelle de son côté à ses utilisateurs de ne pas donner leurs identifiants et mots de passe à des applications tierces fonctionnant autour du réseau social.

Texte  et Photos : AFP

Confédération Africaine de Footaball – Ahmad nouveau patron de la CAF

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Avec 34 voix favorables à l’issue du scrutin présidentiel, hier en Ethiopie, Ahmad devient le nouveau président de la CAF. C’est la fin de l’ère Hayatou qui règne depuis 1988.

Ahmad, président de la Fédération malgache de football (FMF) a été élu jeudi, à la surprise générale, président de la Confédération africaine de football (CAF) lors de l’élection qui l’opposait au Camerounais Issa Hayatou, à la tête de l’organisation depuis 1988.
A l’annonce des résultats officiels, les poings victorieux se sont levés et une clameur a éclaté dans la salle rassemblant les représentants des fédérations africaines votantes: 34 voix pour Ahmad, contre 20 pour Issa Hayatou.

C’est désormais une affirmation: Ahmad est président de la CAF.

C’est désormais une affirmation: Ahmad est président de la CAF.

Relativement méconnu par rapport à son adversaire, Ahmad a déjoué la plupart des pronostics en obtenant un mandat de quatre ans à la tête de la CAF. Hayatou, 70 ans, dernier dignitaire du foot mondial épargné par les affaires qui ont emporté Sepp Blatter et Michel Platini, en était le favori.
«Si je pensais que je ne pouvais pas y arriver, je ne me serais pas présenté », a déclaré à la presse Ahmad, dès après le vote, alors que son rival était escorté en dehors de l’auditorium, refusant de s’adresser aux journalistes.
Le vice-président de la puissante fédération ghanéenne, George Afriyie, a lui commenté auprès de l’AFP que « son excellence Issa Hayatou a fait beaucoup pour le football africain », mais « il était temps pour lui de se retirer ».

La date du jeudi 16 mars marque la fin de 39 années de règne de Issa Hayatou.

La date du jeudi 16 mars marque la fin de 39 années de règne de Issa Hayatou.

« Scandales »
Issa Hayatou avait évoqué jeudi matin « une expérience et une sagesse inégalées », tandis que Ahmad avait mené campagne en promettant « une transparence dans la gestion » de la CAF et la fin des « pratiques obsolètes ».
Pourtant, aucun des deux hommes ne peut se targuer d’une réputation sans failles. Le nom de Ahmad a ainsi été cité par le Sunday Times dans l’affaire de corruption qui a entouré l’attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Selon le journal britannique, il aurait perçu 30.000 à 100.000 dollars en échange de son vote pour le Qatar, ce que l’intéressé dément formellement.
Personnage controversé, soupçonné notamment d’avoir accepté de l’argent en échange d’un soutien au Qatar pour l’obtention du Mondial-2022, Issa Hayatou a toujours rejeté ces accusations. Il n’a jamais été suspendu par la Fifa, dont il avait assuré la présidence par intérim quand Sepp Blatter a été emporté par les affaires et les scandales.
Le président de la Fifa, Gianni Infantino, était présent à Addis Abeba pour assister au vote, et des rumeurs ont fait état de son soutien – non déclaré publiquement – à Ahmad. Le patron du foot mondial, dont l’éventuelle influence dans l’élection reste à établir, y aurait vu un moyen de prendre sa revanche sur Issa Hayatou, qui avait soutenu Sheikh Salman bin Ebrahim Al Khalifa lors de l’élection à la présidence de la Fifa en février 2016.

Sportif et homme politique

Beaucoup ne le croiraient pas : Ahmad a déjà démissionné. C’était en mai 1995. Le Leader Fanilo, le parti sous les couleurs duquel il a été nommé commissaire général au Sport en 1994 dans le gouvernement Ravony, avait alors décidé de claquer la porte du gouvernement. Mais l’ancien enseignant d’éducation physique et sportive (EPS) n’en a pas pour autant laissé ses ambitions politiques au placard. Au lendemain de sa démission, il devient conseiller technique à l’Assemblée nationale, puis devient directeur de cabinet du ministre de la Pêche et des ressources halieutiques. Un ministère qu’il retrouve près de vingt ans plus tard lorsqu’il est nommé lui-même ministre par Hery Rajaonarimampianina.
Sur le plan sportif, Ahmad a été joueur puis entraineur au club de la Sotema. Mais il a aussi été enseignant en Education physique et sportive (EPS) à Tambohorano et à Mahajanga. Avant d’intégrer le service régional des Sports à Mahajanga où il a été pendant plusieurs années chef de service, et conseiller technique régional. En 2003, il devient président de la Fédération malgache de football, poste qu’il doit quitter aujourd’hui.

Ahmad, chaleureusement félicité par ses pairs.

Ahmad, chaleureusement félicité par ses pairs.

Un nouveau souffle

Durant sa campagne, Ahmad a donné l’image de celui qui incarne le changement dont semble avoir besoin le monde du football africain. C’était donc la ligne directrice de sa campagne et de son programme. Un programme contenu dans les 13 pages de l’ouvrage intitulé « Ensemble pour le Changement », où il évoque notamment « la refondation des structures de la confédération pour une nouvelle CAF», ainsi que la transparence en « rendant publics les contrats et les montants ». On y remarque également « la protection des jeunes talents » et « la révision du système de libération des jeunes talents vers les autres continents » ainsi que
« l’implication des joueurs professionnels dans certaines activités en faveur des jeunes comme des camps de perfectionnement mobiles ».
Ce programme comprend également la mise en place d’une « convention Etat-Association nationale », en guise de garantie de l’engagement de chaque État à développer le football, « le renforcement de capacité périodique des directeurs techniques nationaux » ou encore « la formation des entraineurs » et « le recyclage sur les méthodes d’entrainement modernes pour la licence d’entraineur ».

Intérim

Elu président de la CAF, Ahmad quitte bien évidemment la présidence de la FMF, à un an de la fin de son troisième et dernier mandat. Poste qu’il a tenu à conserver malgré sa nomination au gouvernement en 2014, puis son élection au Sénat. « Un poste politique et la présidence d’une fédération nationale sont compatibles », avait-il déclaré le 10 octobre 2013 alors qu’il était l’invité de l’émission Salangalanga. « Cela se fait en Afrique », avait-il poursuivi. En attendant l’élection de son successeur, Doda Andriamiasasoa, premier vice-président, assurera l’intérim à la tête de la FMF

Textes : AFP – Haja Lucas Rakotondrazaka – Bodo Voahangy Photos : AFP

Culture et tourisme – Malagasy Road Show, le voyage commence à Nosy Be

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Une aventure musicale inédite entame son périple dans le Nord. Elle conjugue la musique moderne et les coutumes traditionnelles.

Place aux échanges et aux découvertes. Outre les plages et les rhums, à Nosy Be, le tourisme est aussi culturel. Sur l’île abondent ces sites regorgeant d’histoires, à l’image du village de Marodoka. C’est une localité qui mérite vraiment le déplacement du touriste désireux d’être au plus près des us et coutumes de l’ile. D’autant que le site est situé à une petite demi-douzaine de kilomètres du centre de Hellville. Un petit déplacement en vélo sera l’idéal.
C’est là que l’on retrouve les femmes adeptes du « Wadra » de l’Association Ravinala. Une danse traditionnelle enjouée et rythmée qui forge leur personnalité  reflétant brillamment l’identité culturelle de l’île aux Parfums. Tout simplement historique, Marodoka est donc un village d’irréductibles et s’affirme comme le premier et le plus important village de l’île avant même Hellville. C’est sur les sables de ce petit village portuaire que l’on a découvert les plus vieilles traces d’époque, celles des premiers humains à fouler le sol de l’île.
Les premiers migrants, aux environs des années 800 de notre ère, étaient des commerçants arabes ou indiens. Une identité qui se reflète encore dans l’architecture de l’ancien village, teintée d’une grosse pincée de style du Moyen-Orient. À Marodoko se sont ainsi rencontrés pour la première fois, la créativité des deux jazzmen, Joro Rakotozafiarison à la guitare et Tahiana « T-Vibe » Ramahefason au saxophone, et celle des danseuses de « Wadra ».

À travers ses habitants, Nosy Be regorge d'un folklore et d'une culture musicale qui le distinguent parfaitement des autres régions.

À travers ses habitants, Nosy Be regorge d’un folklore et d’une culture musicale qui le distinguent parfaitement des autres régions.

Le jazz à la rencontre des traditions

Joro Rakotozafiarison à la guitare et Tahiana Ramahefason au saxophone se plaisent à partager aussi bien qu’ils reçoivent des artistes locaux, le temps de leur passage sur l’île aux Parfums. L’idée de cette recherche de symbiose entre genre traditionnel et jazz est tout simplement le moteur qui les a vivement motivés à participer à ce projet. Tout au long de ce road trip qu’est le Malagasy Road Show, le jazz ira ainsi à la rencontre du salegy, du mangaliba, ou encore du kilalaka. Autant dire que l’album Malagasy Road Show qui résultera de l’aventure, réserve déjà de mélodieuses surprises dignes de ce nom. L’aventure continuera sur Sainte-Marie, Tolagnaro et Morondava pour se conclure mélodieusement  dans la capitale. « Les échanges culturels et surtout musicaux qui entrent dans les principaux objectifs du Malagasy Road Show, l’idée de faire appel à des musiciens émérites et créatifs sont venus tout naturellement », explique Anjaramalala Rasoanaivo.

Danse traditionnelle très appréciée et surtout très respectée dans l’île de Nosy Be, le Wadra transcende tout en distrayant les femmes de l'île aux Parfums.

Danse traditionnelle très appréciée et surtout très respectée dans l’île de Nosy Be, le Wadra transcende tout en distrayant les femmes de l’île aux Parfums.

L’arbre sacré de Mahatsinjo

Un détour à ne manquer sous aucun prétexte, selon le bon voyageur qui se respecte. Le site de l’arbre sacré selon l’histoire, aurait été créé en l’honneur de la reine sakalava Tsiomeko. À son arrivée sur l’île, les habitants y ont planté un figuier banian, âgé à présent de près de 200 ans et qui fait plus de 500m² d’envergure. Un ficus qui a la particularité de pousser non pas par les racines, mais par les branches qui s’enfoncent dans la terre. Situé dans une petite forêt entre Hellville et le port du Cratère, ce haut lieu culturel laisse régner le blanc et le rouge, les couleurs de la royauté sakalava. L’on y vient aussi prier les ancêtres.

Texte et Photos  Harilalaina Rakotobe


Bemiray –« Pour que la mer ne soit plus la limite de notre rizière »

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Le mois de mars étant celui d’une importante commémoration nationale, Tom Andriamanoro se souvient des Micheline qui ont sillonné nos montagnes et nos plaines. Il revient aussi sur le Prix Nobel de Bob Dylan et sur deux groupes d’artistes malgaches.

Histoire du rail – Il était une fois la Micheline 

Ce n’était pas une évolution, mais une vraie révolution dans l’histoire des transports ! On est en 1931, plus exactement le 10 septembre, et la presse parisienne est unanime après la démonstration  effectuée entre Paris et Deauville par Marcel Michelin. Le brevet ayant pour objet « l’application aux véhicules sur rail d’un bandage pneumatique destiné à améliorer le confort des voyageurs » a préalablement été déposé dès 1929, suivi de toute une série d’essais concluants. Le Tout-Paris des grandes occasions est donc là, pour ne citer que les officiels de tous horizons, le directeur du réseau d’État, le constructeur automobile André Citroën et sa femme, les journalistes. Parti à 10h30, le prototype parcourt les 219,2km du trajet-retour en deux heures et trois minutes, ce qui représente une vitesse de 107km/h avec des pointes frôlant les 130.
En quoi consiste exactement cette invention d’André Michelin, le père de Marcel   Il s’agit d’un pneumatique creux, capable de rouler sur la surface réduite du rail, de franchir les aiguillages, et de résister à la charge des véhicules ferroviaires. Le guidage de la roue sur le rail est assuré par un boudin métallique solidaire de la jante. Il fallut par la suite construire des véhicules assez légers en utilisant des techniques empruntées à l’aviation. Certaines mauvaises langues parleront d’un autobus, ou même d’une ambulance sur rail. Ce qui est sûr, c’est qu’au stade de leur révolution, l’esthétique était le dernier souci des Michelin père et fils.
Plusieurs types de Micheline dotés du fameux pneu-rail furent construits à partir de 1932 : le type 11 de 24 places, encore très semblable à un véhicule routier, était composé d’un tracteur et d’une caisse à ossature en aluminium revêtue de contreplaqué. Le type 16 de 36 places était équipé d’un poste de conduite surélevé au-dessus du toit. Lancé à 90km/h, il pouvait s’arrêter en 40 mètres. Les types 20 à 22 de 56 places furent mis en service en 52 exemplaires entre 1934 et 1937. En 1935, le concurrent Dunlop essaya d’entrer dans la compétition en produisant son autorail « Fouga-Dunlop », mais la tentative n’eut pas de suite. Le type 23, produit en 1936, était constitué d’une caisse unique équipée de 96 places, et motorisé par Panhard. Les types 51 et 52, pour leur part, sont des Micheline adaptées aux voies étroites comme celles d’Afrique, d’Indochine, et de Madagascar. Il en reste deux exemplaires à peu près en état dans la Grande île : « Tsikirity » sur le Fianarantsoa-côte Est, ou plus précisément jusqu’à la plantation de thé de Sahambavy, qui a troqué son nom pour celui de Fandrasa, et « Viko Viko ». Une troisième est  en « attente… illimitée », et une quatrième a été rapatriée en France  en 1995 où elle est exposée au musée  « L’aventure Michelin » de Clermont-Ferrand. En 1953, la Régie des chemins de fer de Madagascar (RCFM) disposait encore d’un parc de sept Micheline. L’une d’elle a effectué son dernier voyage en 1989 avec, à son bord, un hôte de marque en la personne du président de la Banque Mondiale.
Mais reparlons en passant de « Viko Viko », le célèbre nom de baptême de la Micheline immatriculée ZM 517 ! Quelles ont été les raisons de ce choix   On peut en trouver quelques unes: le Vikoviko est un oiseau endémique de Madagascar, un pays qui pouvait en ce temps-là s’enorgueillir d’être le seul au monde à encore avoir des Micheline en service. Il est réputé pour avoir un vol rapide, une qualité dont se prévalait la Micheline par rapport aux autres trains des chemins de fer malgaches. Viko Viko était un authentique bijou d’exotisme avec ses 19 fauteuils en osier, son parquet en bambou, et son coin bar à l’arrière. Utilisée en location privative, elle mettait Manjakandriana à une heure et trente minutes de la capitale, Andasibe à quatre heures, Ambatolampy à deux heures, compte non tenu des crevaisons toujours possibles, mais qui étaient généralement accueillies dans la bonne humeur. Ce sont là des vitesses très loin des performances affichées durant son histoire par la Micheline dans ses différentes versions, et même des 107 km/h du prototype de Marcel Michelin, mais chaque réseau a ses contraintes. Que souhaiter à Viko Viko sinon qu’elle reprenne un jour du service, c’est tout à fait possible, et l’offre touristique originale du pays ne pourra qu’y gagner…

Le grand Bob Dylan, le 22 juillet 2012 au festival de musique Vieilles Charrues à Carhaix-Plouguer, dans l’Ouest de la France.

Le grand Bob Dylan, le 22 juillet 2012 au festival de musique Vieilles Charrues à Carhaix-Plouguer, dans l’Ouest de la France.

Littérature – Le chanteur et son Nobel

Il nous a été donné de saluer le choix de l’Académie suédoise en attribuant le Nobel de littérature à Bob Dylan, lequel ne s’est guère précipité dans le premier avion pour Stockholm à l’annonce de la nouvelle. Mais la polémique est réelle sur le bien-fondé dudit choix qualifié par certains d’indigne de l’auguste Institution. D’autres se demandent si celui de Brel ou de Brassens, malheureusement décédés, aurait déchainé la même tempête
Pour les anti-Dylan, sans remettre en question ni son talent ni son message, son œuvre, en termes de littérature, est quand même très loin de celle de lauréats antérieurs comme Yeats, Gide, ou  Soljenitsyne. À des années-lumière, disent-ils, Dylan n’étant qu’une pâle étoile « qui gratouille une guitare », comparé à ces soleils. Pour les pro-Dylan au contraire, ce « pape de la folk »  que l’on voit trop souvent sous sa seule casquette de chanteur, a montré de manière presque unique comment les paroles peuvent s’affranchir du rythme et de la mélodie. Mieux, il a transformé la musique populaire en découvrant de nouvelles façons de créer des narrations indépendantes. C’est l’argument premier de l’Académie suédoise quand elle reconnait à Dylan « la capacité d’avoir su créer de nouvelles expressions poétiques dans la grande tradition américaine de la chanson ». Cette définition sous-entend que sa contribution à la littérature intervient dans un tout autre registre, dont il serait l’éminent représentant. Et quel que soit le mode d’expression qu’il utilise au fil de ses créations ( blues, country, folk, gospel, ou même rock), Dylan reste un immense auteur passé maître dans l’art de retranscrire l’oralité de la langue américaine.
En panne d’argument, les «anti » ironisent en prédisant pour 2025 un Nobel du tweet lyrique attribué à Donald Trump. Peu importe, ceux qui le suivent de près savourent au contraire son art de détourner de leur routine les mots les plus ordinaires. Chaque phrase, chaque couplet écrit par Bob Bylan méritent amplement la consécration qu’il a reçue au pays de la « fille du Nord ».

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s’énerve contre les Pays-Bas le 12 mars dernier.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s’énerve contre les Pays-Bas le 12 mars dernier.

International – Les idéologies ne meurent jamais 

L’opinion est toujours dans l’attente du sort réservé au Collège La Lumière International, catalogué être dans le réseau mondial du prédicateur Fethullah Güllen. Pour faire pression, M. Erdogan s’est déplacé en personne à Madagascar avec une pseudo-armée d’hommes d’affaires, juste pour le décorum. Fermera, fermera point   La partie malgache se serait bien passée de cet imbroglio turco-ottoman dans lequel elle n’a strictement rien à voir, comme si Antsakabary n’était déjà pas l’énième boulet de trop.  L’UEFA pour sa part peut rendre grâce aux dieux du football de n’avoir pas à programmer ces temps-ci un quelconque Fenerbhaçe-Ajax d’Amsterdam, les couteaux étant tirés entre les deux pays. En vérité, non seulement les Pays-Bas, mais l’Europe n’a aucune estime pour la Turquie. Elle la supporte en tant que rempart et la considère comme un mal nécessaire, immigration et conflit syrien obligent.  De l’autre côté, interrogé si les chances de la Turquie d’intégrer l’Union Européenne ne sont aujourd’hui pas réduites à néant, Can Dündar, ancien rédacteur en chef du journal Cumhuriyet, a été on ne peut plus clair : « Nous le disons depuis le début : Erdogan se contrefiche de l’UE. Il n’a jamais voulu faire partie de cette famille. Ce qu’il veut, c’est être le chef d’un futur État totalitaire dans lequel ne pourra plus s’élever la moindre critique. »
Un proverbe malgache dit qu’une personne n’est jamais tout à fait morte tant que les autres se souviennent d’elle. Il en est sûrement de même des idéologies puisque, sans même s’être regardé dans une glace, ne voilà-t-il pas que le président turc accuse les Pays-Bas de… pratiques nazies pour avoir fermé la porte à deux de ses ministres. Si peu ! S’il prenait la peine, et le temps, de compulser la presse libre- mais en ce cas-là il se mettrait en contradiction avec lui-même-, il saurait que bien avant le clash hollandais, Can Dündar aujourd’hui réfugié en Allemagne comparait la situation de la Turquie à celle de l’Allemagne nazie. « Je dirais, de manière à ce que tous les Allemands comprennent, que la Turquie est en passe de devenir un régime de Gestapo. Demain, le gouvernement pourra perquisitionner les maisons de personnalités politiques, d’intellectuels et de penseurs sans avoir à consulter le Parlement. Les chercheurs seront exclus des universités, les artistes emprisonnés. Il se pourrait même qu’il y ait des arrestations au sein de l’AKP si quelqu’un décidait de se désolidariser du gouvernement.  Le peuple allemand n’a qu’à feuilleter les pages de son histoire récente pour comprendre où va la Turquie ». Mais Recep Tayyip le bien prénommé risque de n’en avoir cure, lui qui disait tantôt : « Ne vous préoccupez pas de ce que dit l’Occident, occupez-vous plutôt de ce que dit Allah. ». Un propos qui pourrait bien venir de Daech qu’il prétend combattre.
Rien n’est plus dangereux que les idéologies prises à la lettre, et appliquées à l’aveuglette. Quand l’Armée Rouge a atteint les frontières allemandes et que les soldats à l’étoile de la même couleur attendaient fiévreusement le moment du grand assaut final, l’écrivain Ylia Ehrenbourg  diffusa ce pamphlet : « Tuez, massacrez ! Qu’ils soient vivants ou sur le point de naître, il n’y a pas d’Allemands innocents ! Suivez les instructions du camarade Staline et refoulez une fois pour toutes la bête fasciste dans sa tanière ! Conduisez-vous en justiciers, tuez, massacrez, vaillants soldats de l’Armée Rouge ! » Ainsi va l’Histoire, et tant pis pour les dégâts, directs ou collatéraux. Il y aura toujours des idéologues pour les faire oublier, jusqu’à la prochaine fournée.

BE4Rétro pêle-mêle

Extrait d’un article de J-L Perrier du 03/06/98, paru dans Le Monde. L’idée tient en un trait d’union tracé entre deux villes éloignées de quelque 9 000 kilomètres : Antananarivo, capitale de Madagascar, et Cergy-Pontoise, préfecture du Val d’Oise, pour un spectacle dont le titre, « Tana-Cergy », doit, selon son initiateur, Vincent Colin, claquer comme une rencontre de foot. Et parler le langage commun des cultures urbaines, empruntant à Cergy le hip-hop du groupe Trafic de styles et à Tana les chansons engagées de Samoela, le rap de The Specialists, et les saxos de Seta. « Pas de simples musiciens, mais des gens qui ont une vision du monde », précise Elie Rajaonarison, tête de pont malgache du projet. Après repérages, les groupes ont commencé les répétitions à Antsirabe, à 120 km de la capitale malgache (…)
À la sortie de l’unique salle de spectacle de la cité, celle de l’Alliance française, des jeunes gens guettent Samoëla. Ses chansons dénoncent la crédulité, l’intolérance, les sectes, le pouvoir de l’argent. « Personne n’ose évoquer les problèmes que tout le monde vit. Pendant les années de la deuxième République, nous n’avions pas le droit de parler. Et quand la démocratie est arrivée, les gens ont continué à avoir peur. Moi je veux aller jusqu’aux limites. Ne pas les dépasser, mais les toucher. » Sa cible, les jeunes, a accepté d’emblée ses flèches et les renvoie tous azimuts. Il est l’élu des taxis-brousse.
BE5Les six garçons des Specialists (on note le recours nouveau à l’anglais) vivent depuis l’enfance dans le même quartier. Ils rappent ce qu’ils vivent, de chômage et d’absence de cinéma, d’ennui et de besoin de créer. Ils ont donné un nom à leur musique : celui de rasôva, qui associe rap et sôva, chanson traditionnelle des plateaux dont les a capella font remonter les cœurs et l’histoire malgache dans les gorges. Ils ont choisi l’interpellation directe : « Comment se faire à la démocratie   Où trouver de quoi bouffer   » Et ce refrain : « On ne sait plus ! On ne sait plus ! »

Une heure pour la Terre – Les écogestes dans la consommation d’énergie

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Neuf cent mille MT d’hydrocarbures sont importés chaque année pour Madagascar. Le secteur de l’énergie est l’un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre dans la Grande île.

Pour une planète en meilleure santé ! L’augmentation du taux des gaz à effet de serre dans l’atmosphère est la première source du dérèglement climatique. Les déterminants sociaux et environnementaux de la santé humaine sont perturbés: air pur, eau potable, nourriture, sécurité en logement. Ce qui n’est pas sans conséquences avec l’augmentation des maladies respiratoires, désertification, inondation…
Chaque dernier samedi du mois de mars, le monde entier célèbre l’Earth hour, «une heure pour la Terre ». Une heure pendant laquelle des activités symboliques sont organisées pour réveiller la conscience collective et initier un changement de comportement.
Pour cette année, l’Earth Hour sera célébrée le 25 mars sur le thème « Namako ny Tany ». La population est invitée à traduire en actes la prise de conscience que la lutte contre le changement climatique est un combat quotidien qui concerne tout le monde.
Pour contribuer à cette célébration, le Groupe de réflexion  sur l’énergie invite chaque individu à adopter des gestes simples de la vie, mais qui apportent beaucoup à la santé de notre planète. Ne nous disons plus « C’est l’affaire des autres, je ne suis pas concerné ! », mais agissons chacun, adoptons les bons gestes !

Il vaut mieux utiliser des piles rechargeables.

Il vaut mieux utiliser des piles rechargeables.

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Fermer le frigo permet d’éviter les changements  de température qui gaspillent l’énergie.

Fermer le frigo permet d’éviter les changementsde température qui gaspillent l’énergie.

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Le train est un moyen  de transport plus écologique que l’avion.

Le train est un moyen de transport plus écologique que l’avion.

 

Ces éco-gestes ne sont que des exemples parmi une infinité de comportements qu’on peut adopter, selon notre propre contexte ! Alors, soyons des citoyens responsables ! Chez nous, à Madagascar, l’énergie sous toutes ses formes reste un luxe, ne la gaspillons pas et utilisons-la à bon escient !

Page réalisée en collaboration avec le GRE.
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Salon de Genève – L’Alpine A110 s’offre une nouvelle jeunesse

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La majorité des visiteurs du Salon de Genève a choisi l’Alpine A110 meilleure voiture du Salon. La petite sportive a été revue au goût du jour, sans pour autant perdre ses gènes.

Parmi les voitures les plus célèbres de tous les temps figure certainement l’Alpine A110. Cette année, elle s’est offerte une nouvelle jeunesse. Le Salon de Genève de ce mois de mars, en Suisse, a été choisi pour la dévoiler au grand public. Alpine a joué la carte du néo-rétro.
La comparaison avec l’ancienne version ressort indéniablement pour ce qui aura été le coup de cœur du Salon. À l’avant, l’on retrouve les quatre mêmes optiques, ainsi que la double nervure centrale sur le capot. Sans oublier les flancs creusés et la lunette arrière de type bulle. Alpine a gardé les gènes de l’A110 et les a remodelées pour être en phase avec notre époque.
Au niveau gabarit, elle est plutôt raccourcie, avec 4,18 m de longueur seulement. On peut la placer dans la catégorie des petites sportives pétillantes. Elle est équipée d’un moteur quatre cylindres de 1,8 L turbocompressé. Associé à une boîte de vitesses automatique à sept rapports, il délivre une puissance de 252 chevaux pour un couple maximal de 320 Nm.

La sortie centrale d'échappement accentue sa sportivité.

La sortie centrale d’échappement accentue sa sportivité.

 

0 à 100 km/h en 4,5 secondes
L’A110 bénéficie également d’un autre atout, à savoir son poids, 1 080 kg seulement. Grâce à ce bon rapport poids/puissance, elle peut atteindre une vitesse de pointe de 250 km/h, après avoir abattu celle de 0 à 100 km/h en 4,5 secondes.
À l’intérieur, l’A110 est habillée de noir. L’habitacle offre un confort digne des attentes de tout un chacun pour ce genre de machine, avec, notamment, une console centrale très complète. Toutefois, il faut l’avouer, c’est bien pour son design et ses performances que l’on achète cette Alpine. Elle garde la superbe robe bleue qui a fait sa renommée. Ses courbes respirent la sportivité à tous les recoins. Et les belles jantes à cinq branches y sont aussi pour quelque chose, en laissant grandement paraître les disques et les étriers.
Un détail a aussi retenu l’attention de bon nombre de visiteurs à Genève. Il se trouve à l’arrière. Il s’agit de la sortie d’échappement en position centrale. Un choix très bien accueilli dans le monde de l’automobile, puisqu’il accentue encore un peu plus la sportivité de l’A110, de par sa position mais aussi sa grande taille. Et on imagine facilement la sonorité qu’il dégage.

L'intérieur bénéficie d'une bonne finition.

L’intérieur bénéficie d’une bonne finition.

 

Succès immédiat pour la nouvelle

Rares sont les voitures qui peuvent se vanter d’un succès immédiat dès leur sortie. Mais l’Alpine A110 fait partie de ce cercle restreint. D’après les chiffres communiqués lors du Salon de Genève, les 1 955 exemplaires de la série de lancement ont tous déjà été réservés. Et encore, les commandes se comptent déjà par dizaines dans la foulée. Comme quoi, la Berlinette a encore de beaux jours devant elle, et ses fans lui resteront encore et toujours fidèles.

La différence entre la nouvelle A110 et la première version des années 1960 est manifeste.

La différence entre la nouvelle A110 et la première version des années 1960 est manifeste.

La première version sortie en 1962

À l’origine, l’Alpine A110 a été conçue et développée par Jean Rédélé. Elle a été fabriquée par Alpine entre 1962 et 1977, à partir de mécaniques Renault. Elle a, notamment, écrit ses lettres de noblesse en triomphant à plusieurs reprises en rallye, dans les années 70. L’A110 a été la première voiture à remporter la nouvelle version du Mondial en 1973, dénommée « Championnat du monde des rallyes pour constructeurs », en remplacement du « Championnat international ». Outre ses performances, son design unique a également contribué à sa réputation. Cette année, l’A110 a fait peau neuve, mais elle garde toujours ses gènes originaux, pour le plus grand bonheur de ses nombreux fans.

Textes : Haja Lucas Rakotondrazaka
Photos : fournies

Loisirs – MBike lance le VTT à assistance électrique

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Le VTT à assistance électrique de marque Trek dispose d’un moteur, permettant d’assister le pédalage. Il est possible de choisir entre plusieurs modes : Eco, Tour, Sport ou Turbo.

Beaucoup aimerait certainement se mettre au vélo tout-terrain. Mais la longueur des circuits d’une randonnée peut constituer un frein. Boucler trente kilomètres ou plus, ce n’est pas donné, il faut l’avouer. Comme toute chose, il faut débuter par des distances plus courtes. Mais une autre alternative est également envisageable. Il s’agit du vélo tout-terrain à assistance électrique. MBike, sis au Bypass Iavoloha, en propose désormais, en location ou en vente. Il s’agit d’un VTT de marque Trek, que nous avons eu le plaisir d’essayer, dernièrement.
De prime abord, le Trek ressemble à n’importe quel autre vélo. À un détail près, puisqu’un moteur Bosch est monté sur son cadre. Comment ça fonctionne exactement   Le moteur assiste et facilite le pédalage du vététiste. En clair, ça fonctionne comme une direction assistée sur une voiture.

Le moteur est monté sur le cadre.

Le moteur est monté sur le cadre.

« La motorisation est très importante, notamment au niveau fiabilité. Le Bosch est le plus performanti dans ce domaine », explique-t-on chez MBike.
Entre vélo et motocyclette
La puissance délivrée dépend du mode choisi par le vététiste, selon le terrain sur lequel il roule : Eco, Tour, Sport, ou encore Turbo. Un calculateur placé dans le moteur permet de varier cette puissance selon la fréquence de pédalage, pour qu’elle soit optimale.
« Ça permet à un vététiste débutant ou moyen de rouler sur de plus longues distances et d’améliorer petit à petit son endurance. Nous assurons le service-après-vente, notamment au niveau du diagnostic sur laptop. Prochainement, nous prévoyons de créer une catégorie VTTAE lors de nos compétitions », ajoute-t-on auprès de MBike.
En somme, le VTT à assistance électronique se situe entre un vélo normal et une motocyclette. Son autonomie est évaluée entre 70 et 110 kilomètres en usage tout-terrain. Par la suite, pour recharger le moteur, il suffit de le brancher sur une prise du secteur électrique domestique.
Comme cité précédemment, le moteur adapte automatiquement la puissance délivrée grâce à un calculateur. Il génère la puissance nécessaire pour assister le vététiste, selon le mode choisi et la fréquence de pédalage. Précisons, toutefois, qu’il se coupe automatiquement au-delà de 25 km/h.

Le Trek est équipé de suspensions à l'avant et à l'arrière.

Le Trek est équipé de suspensions à l’avant et à l’arrière.

Un cadre en alu avec des suspensions

Le VTT à assistance électrique Trek propose un cadre en aluminium. Il est également équipé d’une fourche télescopique à l’avant et d’une suspension Rock Shox à l’arrière. Autre équipement de dernière génération, le système de freinage hydraulique à disques. Concernant les jantes, il s’agit d’Alexrims, sur lesquelles sont montées des enveloppes Bontrager.

Le tableau de bord affiche et communique toutes  les informations utiles.

Le tableau de bord affiche et communique toutesles informations utiles.

Un tableau de bord complet

Le Trek est livré avec un tableau de bord électronique. Celui-ci communique toutes les informations utiles au vététiste. Citons, entre autres, le mode choisi, la vitesse à laquelle on roule, l’autonomie, ou encore le nombre de tours par minute du moteur. De quoi gérer au mieux sa randonnée.

Textes et photos : Haja Lucas Rakotondrazaka

Bekily – Des filles se marient contre leur volonté

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Le mariage est une alternative de survie pour des familles vulnérables dans la région Androy. Les adolescentes en sont les malheureuses victimes.

Marier leurs filles mineures. C’est l’alternative qu’ont trouvée Bezara Velojaona et sa femme, Kazy, un couple paysan en situation de précarité, pour alléger leurs charges. Ils habitent dans une commune rurale du district de Bekily, dans la région Androy. La famille a huit enfants, six filles et deux garçons. Seule la toute dernière n’est pas mariée, ses grandes sœurs ayant déjà convolé en « justes » noces. Il s’agit d’une adolescente de 16 ans, au moment où nous les avons rencontrés, en décembre 2016.
C’était au cours d’un voyage de presse organisé conjointement par le Bureau national de la gestion des risques et catastrophes et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) et axé sur l’ampleur de l’insécurité alimentaire dans le Sud, dans les régions Androy, Anosy et Atsimo-Andrefana. « La vie est vraiment difficile, ici. Nous dépendons de l’agriculture, mais faute de précipitations, il n’y a pas de récolte. Nous n’avons rien à manger », se plaint le chef de famille.
La benjamine de la famille, que nous appellerons « Sidonie », a été retirée de l’école, contre sa volonté, alors qu’elle est en classe de sixième. « Nous l’avons déscolarisée car nous n’avons pas les moyens de lui acheter des stylos, des cahiers, bref des fournitures scolaires. Elle doit se marier. C’est triste à dire, mais si elle trouve un mari, nos charges seront allégées. Pourtant, elle ne veut ni se marier ni abandonner l’école et moi-même, je ne le souhaite pas pour elle, mais notre situation actuelle nous y oblige», se justifie Kazy.
Trouver un mari pour leur fille n’est pas chose difficile pour Kazy et Bezara Velojaona. Il suffit qu’un homme soit prêt à la prendre pour épouse. « Si un homme vient se présenter chez nous pour demander sa main, nous lui demanderons d’abord s’il peut subvenir à ses besoins. S’il en a les moyens, nous lui accorderons sa main», ajoute la mère de famille.

Lydia aurait pu devenir sage-femme, si on l'avait poussée dans ses études.

Lydia aurait pu devenir sage-femme, si on l’avait poussée dans ses études.

Un mariage raté
Le père, Bezara Velojaona, reconnait toutefois qu’à plusieurs reprises, ils se sont trompés de calcul. « C’est difficile. Certains de mes gendres n’arrivent même pas à subvenir aux besoins de leur famille. Ils reviennent chez nous avec leurs enfants et deviennent un fardeau qui alourdit nos charges », confie-t-il.
Lydia, la fille aînée, a été la première à être mariée. Ses parents l’ont forcée à accepter un homme de 40 ans, alors qu’elle n’avait que 15 ans. « J’ai tellement pleuré à l’époque. Je ne voulais pas me marier. Ce que je voulais, c’est finir mes études et exercer le métier de sage-femme. On m’avait frappée, on m’avait dit qu’on allait me renvoyer de la maison si je refusais l’homme qui voudrait me prendre pour femme », se souvient-elle avec amertume. Elle a fini par épouser le quadragénaire. Elle a actuellement 30 ans et son mari, la soixantaine. Mais leur vie ne s’est pas améliorée. Pire, ils ont sombré dans une pauvreté profonde. « Nous nous sommes installés à Maevatanàna, dans la région Betsiboka. Là-bas, nous n’avions rien à manger. Quelques années plus tard, mon mari m’a dit de rentrer à Bekily, chez mes parents, avec nos enfants. En revanche, lui n’est jamais revenu et depuis, je dépends de mes parents», raconte-t-elle.
Les enfants de Lydia sont les victimes malheureuses de cette union forcée et ratée dans la région Androy. « Ils ne vont pas à l’école et j’ai du mal à leur trouver à manger », déplore Lydia. Ironie du sort, déjà victime d’une telle pratique, Lydia envisage elle aussi de faire endurer à ses filles le même calvaire. « Je les marierai quand elles seront un peu plus âgées », projette-t-elle.

La précarité pousse des familles à marier leurs enfants.

La précarité pousse des familles à marier leurs enfants.

Abandon scolaire

Selon le chef de la circonscription scolaire (Cisco) de Bekily, Christian Mahatsara, le mariage précoce est une tradition dans l’Androy. « La précarité de la situation des parents les oblige à marier leurs filles dès qu’elles atteignent l’âge pubère », dit-il.
Cette tradition favorise l’abandon scolaire dans la région Androy. « Les adolescentes quittent les bancs de l’école dès que leurs seins apparaissent. Elles sont destinées à des hommes plus âgés qu’elles. On les voit souvent partir quand elles arrivent en classe de septième », explique la directrice de l’école primaire publique (EPP) de Bekily.
Toutefois, ce phénomène irait aujourd’hui dans un sens décroissant. « Il y a de moins en moins de filles mineures à quitter l’école pour se marier. Depuis le début de l’année scolaire, notre effectif est encore complet alors qu’auparavant, au moins trois adolescentes abandonnent l’école au bras d’hommes qui ont le double, voire le triple de leur âge », indique-t-elle.
Ainsi, le taux de scolarisation a tendance à augmenter. Il frôle actuellement les 90%, surtout dans les écoles primaires, selon le chef de la Cisco de Bekily. « Le problème réside au niveau des classes secondaires. Il n’y a que huit collèges d’enseignement général pour les vingt communes, et ces établissements sont très éloignés pour de nombreux collégiens. Ils sont contraints d’abandonner les cours. »
L’abandon scolaire est aussi élevé dans les villages où il n’y a pas de cantine scolaire. Et une fois que les adolescentes ne vont pas à l’école, elles sont fortement exposées aux mariages précoces. Dans le district de Bekily, sur les 293 EPP, plusieurs dizaines ne sont pas dotées de cantine. Le Programme alimentaire mondial en entretient 190, dont 10 dans le programme Alimentation scolaire basé sur les achats locaux (Asbal).

Kazy, la mère de Sidonie et de Lydia, cherche un mari pour sa dernière née.

Kazy, la mère de Sidonie et de Lydia, cherche un mari pour sa dernière née.

Des droits bafoués

Le mariage des mineures est interdit par la loi malgache. L’âge marital légal est fixé à 18 ans, selon la loi votée en 2007. Cependant, cela n’empêche pas des familles de marier leurs filles. « Elles n’ont pas recours à nos services. C’est au cours d’une cérémonie traditionnelle que l’union est célébrée», précise Henri Remandefitra, maire de la commune rurale de Bekito dans le district de Bekily.
Mariage légal ou union légitime, les droits des enfants sont bafoués. Les filles mariées trop tôt n’ont plus le droit d’aller à l’école. À leur jeune âge, elles assument déjà le rôle d’une mère et n’ont plus le droit de jouer et d’avoir des loisirs. Et personne ne respecte leurs opinions. Elles sont aussi exposées à des complications au moment de l’accouchement car leur corps n’est pas encore prêt à enfanter.
Selon quelques autorités locales, il est difficile d’intervenir car cela va à l’encontre des traditions. Elles informent par ailleurs que le réseau de protection de l’enfant n’est pas installé à Bekily.

MAG4Paubert Tsimanova, anthropologue – «  La tradition est la clé de la sagesse, le développement a besoin de ses codes moraux » 

Le mariage traditionnel a-t-il toujours sa place dans la société actuelle
En effet, oui. La société Ntandroy étant conservatrice des bonnes mœurs, très traditionnaliste, c’est un honneur pour les parents de marier leur fille, même à un homme pauvre, plutôt que d’avoir une vieille fille chez eux. Marier leur fille leur permet de consolider leurs relations avec le voisinage et d’étendre leur notoriété. Ainsi, par exemple, le fait qu’une fille soit accordée à un « dahalo », épargnerait sa famille.

N’est-il pas en fait un autre facteur de précarité chez la population ?
En général, le mariage précoce est source d’ennuis car les filles n’ont pas encore la pleine maturité pour gérer leurs relations. Comme la société Ntandroy est souvent patriarcale, par  le mariage, les jeunes filles doivent se plier à des règles plutôt normatives qu’instructives. Allant d’une dispute conjugale à une répudiation définitive, elles se retrouvent « filles-mères » chez leurs parents et alourdissent gravement les charges familiales. Actuellement, seuls 35% des mariages précoces réussissent.

Pour vous, comment concilier tradition et développement  ?
Il est vrai que la « tradition » ne rime pas assez souvent avec le « développement ». Sans vouloir exagérer, la réalité dans l’Androy reflète une économie fragile, précaire. Mais la tendance montre qu’à l’ère moderne, à l’ère du numérique, on assiste à une société de plus en plus vulnérable et les jeunes filles deviennent des proies faciles. Alors que la tradition est la clé de la sagesse, le développement a besoin de ses codes et valeurs moraux pour être initié. En Chine par exemple, les mariages traditionnels sont encore sollicités pour les jeunes mariés super diplômés et qui vont œuvrer plus tard pour le développement de leur pays.

Son mari a quitté cette adolescente de 17 ans et leurs deux enfants.

Son mari a quitté cette adolescente de 17 ans et leurs deux enfants.

Trois sortes d’union coutumière

Le mariage précoce chez les Ntandroy fait partie de la tradition. L’anthropologue Paubert Tsimanova déclare que, dans l’Androy, l’union coutumière est issue d’un consensus entre deux ou plusieurs familles (s’il s’agit d’une polygamie). Selon l’anthropologue, il y a au moins trois cas distincts.
Il y a d’abord le « valifofo » quand la fille n’atteint même pas l’âge de la puberté. Celui qui s’engage pour la prendre comme épouse est souvent, par intérêt clanique, son futur beau-père et ce, pour préserver sa lignée et ses statuts sociaux. La fille n’a d’autre choix que d’accepter la dot. Elle restera chez ses parents qui la préparent et l’éduquent pour qu’elle puisse assumer le rôle d’une femme au foyer. Son père l’initie aux traditions et sa mère à l’éducation « au féminin » (hygiène, intimité,…)
Il y a ensuite le mariage arrangé quand l’adolescente est âgée de 14 à 16 ans, souvent scolarisée, mais elle est contrainte de quitter l’école pour éviter de mettre sa famille dans une situation honteuse par une grossesse juvénile. Dans ce cas, elle a au moins fréquenté un garçon, mais au final, elle connaîtra des hommes beaucoup plus âgés qu’elle. Ses parents sont prêts à l’offrir au premier venu car si jamais elle tombe enceinte, elle aura moins de chance de trouver un mari. Ce choix n’est pas qualitatif, mais « honneur oblige ».
Enfin, le troisième cas n’est pas du tout enviable. Faute de pouvoir subvenir aux besoins de la famille, les parents obligent leur(s) fille(s) à s’occuper des tâches ménagères sans se soucier de la (les) scolariser. Elles pensent vite qu’il est préférable de se marier très tôt afin d’alléger les charges familiales. C’est souvent le cas dans une famille nombreuse.

 

Le mariage précoce est propre aux familles rurales.

Le mariage précoce est propre aux familles rurales.

 

Les enfants de Lydia seront, elles aussi, mariées dès leur adolescence.

Les enfants de Lydia seront, elles aussi, mariées dès leur adolescence.

Textes : Miangaly Ralitera – Photos – Miangaly Ralitera – Fournies

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