En tant que destination préférée des entreprises multinationales, le marché mauricien est très attractif. Madagascar devrait profiter de cette situation pour accroître le volume des exportations de produits de rente.
Une opportunité à saisir. En tant qu’île, Maurice importe quasiment tout. L’économie mauricienne dépend du secteur tourisme. D’après les statistiques, Maurice accueille, chaque année, plus d’un million de touristes avec une croissance économique de 3.2%, en 2014.
« Le tourisme est la clé du marché mauricien. Les produits exotiques, artisanaux, gastronomiques et la vanille sont très demandés sur le marché », précise Faly Rasamimanana, président directeur général de Faly export.
Outre les touristes, les Hindous constituent la majorité des consommateurs. Il s’agit donc de savoir segmenter le marché en fonction des consommateurs.
« C’est un pays intéressant puisqu’il faut catégoriser les exportations par rapport à ce segment de population », explique Fidy Raharimanana, manager du cabinet Harson.
Depuis une vingtaine d’années, Maurice développe un réseau mondial d’échanges qui dépasse largement les relation bilatérales. Elle est réputée comme étant la destination financière favorite des grandes entreprises mondiales grâce à sa pratique du schéma off shore.
« L’île Maurice propose des schémas off shore pour l’installation d’une entreprise. Elle a mis en place le port franc qui permet de limiter le règlement des impôts et taxes. Il faut que nous profitions de ce réseau pour lancer Madagascar au niveau de certains grands marchés », préconise Fidy Raharimanana.
La plupart des exportations faites par la Grande île sont des produits de rente. Elle exporte de la vanille, estimée à cinq millions de dollars, suivie du girofle, du café et du poivre. Les grains secs font partie des produits très demandés sur le marché mauricien.
« Nous sommes spécialisés en grains secs. Nous avons déjà obtenu une commande de dix containers de pois du Cap et de haricot pour la prochaine foire « Madagascar au Caudan ». Malheureusement, le prix au niveau national est supérieur au prix international. Nous sollicitons une politique de filière afin que l’offre soit disponible sur le marché », constate Faly Rasamimanana.
Politique de filière
En termes de transformation, Madagascar mise sur d’autres produits tels que le textile et l’huile essentielle.
« On propose certaines huiles essentielles à Maurice parce que c’est une île touristique importante dont la consommation est non négligeable », affirme Fidy Raharimanana.
Ainsi les entreprises exportatrices collaborent avec les paysans producteurs. Cette collaboration ne se limite pas au plan commercial mais également au volet technique de production.
« C’est le cas du Fivondronan’ny Agribusinessman, ou Fivagri, qui fournit aux producteurs les semences, les produits phytosanitaires et l’assistance technique afin d’améliorer la production », déclare encore Fidy Raharimanana.
De nombreux paysans producteurs ont bénéficié du soutien des exportateurs. Selon Faly Rasamimanana, Faly export collabore avec neuf cents paysans dans la culture de ces produits d’exportation. Ainsi, il dénonce les intermédiaires qui, selon lui, tuent l’économie.
« Les intermédiaires ne paient pas de taxes. En plus, ils achètent les produits aux paysans à un prix dérisoire, mais les vendent sur le marché international à un prix défiant toute concurrence. Il y a donc de la concurrence déloyale », s’insurge Faly Rasamimanana.
En fait, les exportateurs veulent une politique de filière afin de connaître qui sont les acteurs légaux sur le marché.
« Nous voulons la mise en œuvre de la politique de filière pour identifier exactement qui est producteur et qui est exportateur. Nous pouvons initier un accord de production entre les acteurs concernés. L’État doit favoriser la mise en place de cette politique qui intéresse toutes les filières à Madagascar », conclut Faly Rasamimanana.
Une économie attractive
L’économie mauricienne est la plus compétitive de l’Afrique subsaharienne, avec une croissance de 3,2%, en 2014. Le secteur service contribue pour les deux-tiers de la richesse nationale. Le secteur tourisme, le plus important, est marqué par l’augmentation du nombre de touristes asiatiques, ces dernières années, avec 51 000 touristes chinois, au premier trimestre de 2015. L’économie mauricienne repose aussi sur l’activité financière off shore qui attire les investisseurs étrangers. Le taux d’inflation reste stable à Maurice, 4.3%, avec une balance commerciale déficitaire.
Le Fivagri promeut l’exportation
Le Fivagri regroupe cinq petites et moyennes entreprises (PME) dans l’agribusiness. Cette association travaille, de manière contractuelle, avec les petits producteurs. Elle leur fournit les semences, les produits phytosanitaires et l’assistance technique. Les opérateurs achètent ensuite les produits de ces agriculteurs. Le Fivagri collabore avec les partenariats financiers comme le projet Pic et Prosperer. L’association développe la filière pois du Cap pour la présenter pendant la conférence de la foire « Madagascar au Caudan ». Il propose les produits sur le marché international à des prix acceptables. L’association mise également sur la professionnalisation de la production en milieu rural par l’amélioration des semences, l’encadrement technique, la fidélisation entre producteurs et exportateurs.
Textes : Tendry Rakotondranaivo – Photos : fournies