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Bemiray –« Pour que la mer ne soit plus la limite de notre rizière »

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Bemiray de ce jour colle avec l’actualité : la CAN 2017 et l’investiture de Donald Trump dans moins d’une semaine. Les footeux seront scotchés devant le petit écran pendant trois semaines, tandis que les Américains inaugureront une nouvelle ère, en principe anti-establishment. Enfin, une île peut changer de visage selon son statut : Sainte-Marie et Nosy Lava !

Investiture de Donald Trump – Apocalypse now aux États-Unis ? 

Toute chose a une fin, et c’est Chicago, la ville où tout a commencé pour lui, que le Président-chanteur a choisi pour prononcer son discours d’adieu. On ne m’en voudra pas de garder de Barack Obama cette image de proximité d’un homme qui fut le plus puissant du monde, certes, mais qui était aussi un artiste et ne s’en cachait pas : il fallait l’entendre chanter What ‘d I say de Ray Charles ou Amazing grace en public, un vrai professionnel de la soul ! Vivement un duo avec Aretha Franklin… Il n’y a qu’à Madagascar qu’on dit de telle personnalité publique, qui a pourtant également réussi ailleurs, qu’elle « n’est qu’un ceci ou qu’un cela » mais passons, long is still the road, friends !
Une nouvelle ère commence donc le 20 janvier, vendredi prochain, date de l’investiture du 45e Président, après que l’Amérique ait plus dit non à Hillary Clinton que oui à Donald Trump. Un véritable cataclysme. Pour le Washington Post, le nouveau Président devra faire face à une série de défis dès le premier jour. Car dans le monde, la démocratie libérale est en déclin, et aux États-Unis même, Obama laisse une économie en bonne santé certes, mais confrontée à de multiples problèmes allant d’une croissance faible à des inégalités persistantes. S’il faut se fier à son slogan, Trump agira le plus rapidement possible dans le sens d’un retour aux intérêts nationaux, ce qu’il a d’ailleurs déjà fait avant même d’être intronisé, devant les projets mexicains de Ford et de Toyota. Pour The New Yorker, il contrôle, du moins théoriquement, le Sénat, la Chambre des Représentants, et la Cour Suprême. Valideront-ils toutes ses décisions   Rien n’est moins sûr. The New York Times avoue perdre ses repères : le pays est en territoire inconnu, un lieu sans aucune indication ni orientation, avec un Président qui n’a absolument aucune expérience du secteur public, et qui entretient des liens étroits avec un dictateur étranger puissant et ennemi de l’Amérique. Le site Vzgliad proche du Kremlin confirme, d’ailleurs, sans le dire ouvertement cette complicité, quand il parle de véritable miracle. Trump, dit-il, a vaincu envers et contre tous, contre l’establishment, contre un système bâti pour exclure les marginaux, et même contre son propre parti.

Jared Kushner, le mari de la fille de Donald Trump,  Ivanka (à g.), sera le principal conseiller à la Maison Blanche.

Jared Kushner, le mari de la fille de Donald Trump,Ivanka (à g.), sera le principal conseiller à la Maison Blanche.

Extrémisme
Pour The Guardian, l’Amérique est tombée dans l’abîme, et du mépris du changement climatique à la renaissance du nationalisme, les raisons d’avoir peur sont légion. Une bouffée de lucidité vient du Golfe où, selon Okaz, il était tout à fait prévisible que Trump gagne, puisque toute l’humanité est gagnée par l’extrémisme. Si la démocratie existait dans les pays arabes, même Daech aurait ses chances dans l’épreuve des urnes. Pour le quotidien d’Arlington Politico, malgré tout, il ne faut pas se laisser aller au pessimisme, puisque l’Amérique a les freins et les contrepoids nécessaires pour éviter les abus de pouvoir. Si Trump tentait de repousser les limites de son autorité, le système est là pour restreindre ses initiatives. Mais, reconnaît-il, on n’a jamais vu un candidat dédaignant à ce point les valeurs constitutionnelles. Et avant même l’investiture, Politico de (déjà) penser, au cas où, à la solution extrême : la destitution du Président pour sauver la démocratie, une procédure compliquée qui requiert une majorité simple à la Chambre des Représentants, et une majorité des deux-tiers au Sénat. Pas évident.
Retour à The New Yorker qui se lance dans l’anticipation en révélant l’existence d’un « First day project », une sorte de feuille de route à mettre en branle dès le lendemain de l’investiture. Pour le journal, la priorité des priorités de Trump sera d’effacer la présidence d’Obama en signant un maximum de décrets présidentiels destinés à détricoter l’œuvre de son prédécesseur. Mais tous les changements qu’il souhaiterait ne pourront pas se faire d’un claquement de doigts, d’autant plus qu’Obama a quand même pris toutes les précautions possibles pour protéger au mieux son legs, notamment sur le plan environnemental. La sagesse emprunte les colonnes du Washington Post,  pour qui il faut espérer que Donald Trump puisse être meilleur que ce que l’on pense de lui, et qu’il comprenne que la destinée d’une nation ne peut pas tourner autour d’une seule personne, la sienne. Une vérité universelle à méditer partout, et par tous …

Le Ballon d’Or africain 2016, Riyad Mahrez, est l’une des vedettes de la CAN 2017 qui débute ce soir.

Le Ballon d’Or africain 2016, Riyad Mahrez, est l’une des vedettes de la CAN 2017
qui débute ce soir.

Football – Ballon rond et vibrations africaines

Ce jour s’ouvre à Libreville la grand-messe du football africain qui tiendra en haleine tous les footeux de l’Île, malgré l’habituelle absence de Madagascar qui n’étonne plus personne. On est tellement loin du niveau, à voir la carte de visite des trois derniers prétendants au Ballon d’Or africain 2016, qui seront tous présents au Gabon, et s’y livreront un match dans le match : le Sénégalais Sadio Mané est le meneur de jeu attitré de Liverpool, le Gabonais Pierre-Émerick Aubameyang le cannonier du Borussia Dortmund, et le lauréat, l’Algérien Riyad Mahrez, la pièce maîtresse du champion d’Angleterre Leicester. Prière ne plus « se faire 500 francs au lit »…
En attendant le premier coup de sifflet, un petit cours d’histoire ne fera de mal à personne.  C’est en 1956 que trois pays à savoir l’Éthiopie, l’Égypte, et le Soudan  parviennent à mettre sur place la Confédération Africaine de Football avec son siège au Caire.  L’Afrique n’avait encore qu’une seule et unique place aux phases finales des Coupes du Monde de 1970 et de 1974, une anomalie que les instances mondiales se firent un plaisir de reconduire en 1978. Il fallut attendre le Mundial 1982 en Espagne pour que le quota  soit porté à deux équipes. Mais quelles équipes, et quelle gifle pour les « Grands » ! Le Cameroun ne connut aucune défaite pendant le premier tour, et ne fut arrêté aux portes du tour suivant qu’au décompte des points. L’Algérie, pour sa part, terrassa l’Allemagne en phase éliminatoire, et ne fut écarté qu’au prix d’une honteuse machination entre Aryens, pardon, entre Allemands et Autrichiens, au terme d’un simulacre de football dont les acteurs ne furent même pas sanctionnés.
Gabon 2017 sera-t-il l’année de l’Algérie   Difficile mais pas impossible. Si le Cameroun, la Côte d’Ivoire, ou le Nigeria occupent une place particulièrement stable dans le « Top » des préférences africaines, on peut s’étonner de celle en demi-teinte d’une Algérie qui figure pourtant parmi les plus grands pourvoyeurs de talents. Le Ballon d’Or africain Riyad Mahrez a, parallèlement et excusez du peu, réussi la performance d’également figurer dans le Top10 de « l’autre » Ballon d’Or plus prestigieux car mondial. Son trophée a déjà été brandi avant lui par ses compatriotes Lakhdar Belloumi en 1981, et Rabah Madjer en 1987. Quelles que puissent être les nationalités « taratasy » comme on dit en malgache, on n’oubliera pas non plus que Zinedine Zidane est un Algérien de souche, et qu’après la carrière de joueur d’exception qu’on lui a connue, il est en train de caracoler en tant qu’entraîneur en tête du championnat d’Espagne. Et que dire de Karim Benzema, le vilain petit « Benzie » qui gagne 700 000 euros par mois, mais ne parait pas si heureux que ça de devoir jouer à l’équilibriste entre ses conditions de Beur et de Céfrans   À l’extrême droite française, on a remarqué qu’il ne chantait jamais La Marseillaise avant les matches internationaux : une raison nécessaire et suffisante pour se réjouir de ses démêlées judiciaires et de sa mise à l’écart pouvant être définitive des Bleus. Mais ce fils d’un émigré kabyle, devenu le presque-égal de Messi et de Ronaldo, continue sans tapage un autre volet de sa vie : avec sa fondation Partage 9, Benzema agit discrètement hors des terrains en faveur des enfants défavorisés ou gravement malades, ce qui lui a valu le surnom de bad boy au cœur d’or.

Le bagne de Nosy Lava, fermé en 2010, possède une belle plage.

Le bagne de Nosy Lava, fermé en 2010, possède une belle plage.

Histoires d’îles – Le bagne, de Sainte-Marie à Nosy Lava

Nosy Lava, l’île maudite. Un nom qui, transposé en d’autres temps et lieux, aurait amené les femmes à se signer pendant les longues soirées d’hiver. Mais Nosy Lava n’est pas née avec une fée Carabosse auprès de son berceau, elle est aussi belle que ses sœurs de cette côte Nord-Ouest. Elle était même un petit paradis du bout du monde, quand l’enfer des bagnards s’appelait encore… Sainte-Marie après la promulgation, à cet effet, de deux lois par Gallieni, en 1902. Les déportés, condamnés à des peines d’emprisonnement ou de travaux forcés de plus de cinq ans, venaient pratiquement de toutes les ethnies de la Grande terre, mais il y figurait également quelques étrangers dont des Européens, des Réunionnais, des Yéménites, des Indiens, et des Chinois.

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Les Gadralava comme on les appelait étaient enfermés dans le vieux Fort de la Compagnie des Indes sur la colline d’Ambodifotatra. Des cellules exigües avec des murs épais en blocs de pierre superposés. Ils étaient affectés à tous les travaux d’intérêt public, depuis l’entretien des pelouses jusqu’aux digues d’accès à l’îlot Madame en passant par les routes, l’empierrement des quais de mouillage, le terrain d’aviation. Ils bénéficiaient quand même d’une certaine liberté de circulation, certains exerçant  des activités annexes de tailleur, de tisserand, de sculpteur, ou de bijoutier artisanal. Les morts étaient enterrés  pêle-mêle dans le caveau communal de Belle-vue surnommé « cimetière des Gadralava » par la population. Lors des évènements de 1947, l’île accueillit plus de 2 000 prisonniers politiques. Il fallut attendre 1957 pour que les autorités se rendent compte que Sainte-Marie, amarrée à une côte riche en potentialités, méritait une bien meilleure destinée. Les prisonniers furent transférés ailleurs pendant que Sainte-Marie se préparait à sa nouvelle vocation d’Ile-Jardin. Cet ailleurs s’appelait Nosy Lava.

Avant d’être une belle destination touristique,  Sainte-Marie était une île aux bagnards.

Avant d’être une belle destinationtouristique,Sainte-Marie était une île aux bagnards.

Mai 72
Nosy Lava se prêtait manifestement mieux que Sainte-Marie à l’implantation d’un bagne. Loin de la luxuriance de la Côte Est, l’austérité de la région lui faisant face sur la Grande terre garantissait l’impression d’exil, la solitude, l’oubli … À l’embouchure de la Loza, Analalava perdit, d’ailleurs, son rang au profit d’Antsohihy dans les années 60. Au large à huit miles nautiques, l’île-pénitencier compte trois ou quatre villages en plus de l’ancienne maison de force. Des bagnards ne sachant plus où aller sont restés, et survivent grâce à l’exploitation de quelques arpents de terre. Parmi les « personnalités » que Nosy Lava a hébergées sans pouvoir les retenir, on citera surtout les frères Bob et Carter, des internationaux de la balle au panier reconvertis dans le grand banditisme. Mais la réputation de Nosy Lava est indissociable de la révolte des étudiants de Mai 72, quand le pouvoir PSD à l’agonie décida de jouer sa dernière carte en y déportant les meneurs du mouvement, dont le charismatique Willy Olàlà, ainsi que des étudiants raflés de nuit à l’Université d’Ankatso. Oiô, voasambotr’izahay ! Des adultes les y rejoignirent, question pour le régime de faire croire que les jeunes étaient manipulés. Parmi eux, les docteurs Rasamoely Lala et Manan’Ignace Rakotomalala, l’éducateur Odon Rafenoarisoa, le père Rémi Ralibera.
En 2016, un navigateur solitaire du nom de Roland Viléla fit escale à Nosy Lava qu’il savait être un bagne fermé seulement en 2010. Il s’y lia d’amitié avec un « ancien » du nom d’Albert qui y passa trente ans de sa vie. Et Albert parla, parla… Des conditions de vie qui ont empiré sous la Deuxième République. Des gardiens qui avaient pratiquement droit de vie et de mort sur les détenus. D’un tortionnaire psychopathe rattrapé par sa conscience, et qui sombra dans la folie. Roland Viléla devint malgré lui comme le dépositaire de ses mémoires qu’il consigna dans un livre paru récemment chez Plon, sous le titre « La sentinelle de fer ». Il n’oubliera jamais que la première chose qu’Albert lui demanda lors de leur rencontre, c’était un journal. N’importe lequel.

Rétro pêle-mêle

Premier semestre 2009, rassurer d’abord les Saint Thomas. Pour se rendre compte de l’environnement calme régnant dans le pays, neuf tour-opérateurs sud-africains et quatre européens visitent Nosy Be. Leur voyage coïncide avec l’ouverture de deux lignes reliant l’Île aux Parfums à Johannesburg et Paris. Durant la même période, huit journalistes de différents titres comme Le Républicain Lorrain, Univers des voyages, ou Nice Matin sillonnent le Nord dans le but de rassurer les émetteurs et visiteurs particuliers. Impression générale, rien à signaler.
Le 5e Forum économique des îles de l’océan Indien est prévu du 6 au 9 octobre 2009 à Mayotte. Organisé sous l’égide des Chambres de Commerce et d’Industrie, il a pour but de raffermir les liens économiques inter-îles. La région du Boeny qui bénéficie de bonnes liaisons aériennes avec Mayotte figure en première ligne du côté malgache.

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Antsirabe s’affirme comme un haut-lieu de l’artisanat. Des circuits effectués comme il se doit en pousse-pousse permettent de découvrir une fabrique artisanale de bonbons gasy qui ne se consomment plus qu’en campagne, des ateliers de tissage de soie, de taillerie de pierres, ou de confection d’objets en corne de zébu. Il vient de s’y ajouter, en ce dernier trimestre, la trouvaille d’un atelier qui porte le nom bien approprié d’« Objet R’Art » : des sculptures réalisées sur des racines de mimosa, il fallait y penser…
Octobre 2009 voit l’organisation  des premières « Journées de l’Itasy », fruits d’une étroite collaboration entre cette région malgache et celle d’Aquitaine. Cette coopération décentralisée fournit un appui institutionnel tout en renforçant les secteurs de l’agriculture, de l’artisanat, et du tourisme. Il est à souligner que la majorité de la population locale vit d’activités agricoles très variées comme les fruits et légumes, et même le café dont la variété « Arabica Elita » de Soavinandriana est réputée être parmi les meilleures, et a obtenu la classification super high ground.

Textes : Tom Andriamanoro
Photos : Archives de L’Express de Madagascar – AFP


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