Deux passionnés de mécanique, du côté d’Androndra et de Mahazoarivo, se sont lancé un défi dernièrement, celui de transformer un roadster Honda CB 400 Twin en café racer. Trois semaines plus tard, le résultat est époustouflant.

Les motards sont passés par le marais Masay lors du tour d’Antananarivo.
Transformer une Honda CB 400 Twin, pour passer d’un roadster à un café racer. C’est le challenge que Haga Rabary-Ranovona, plus connu sous le sobriquet de Jamih Razebrabe, et Ivan Ramiandrasoa, ont entamé à la mi-novembre. Pendant environ trois semaines, ils ont été au four et au moulin.
Il s’agit d’une CB 400 de 1978. Même si elle n’a pas roulé depuis un certain temps, elle est toujours en état de marche. Son compteur affiche à peine 20 000 kilomètres parcourus.
« Après l’avoir récupérée, on a effectué un bain d’huile la première fois qu’on l’a démarrée, afin de la décrasser pendant quelques heures. On a changé les pipes d’admission et les bougies d’allumage, puis réglé les carburateurs. Pour améliorer l’ergonomie, il a fallu revoir le circuit électrique, pour dissimuler les faisceaux sous le réservoir et la selle », raconte Jamih.

Jamih et Ivan avaient déjà relooké une Yamaha SR 100 et une BMW R 80.
L’objectif de ces deux mordus de mécanique est de « promouvoir les motos anciennes », d’après Ivan. « Il ne s’agit en aucun cas d’un projet à but lucratif. Nous sommes juste motivés par la passion. Je pense que beaucoup de motards possèdent des machines anciennes dans leur garage à Madagascar. Mais ils ne les sortent plus parce qu’ils n’arrivent plus à les démarrer ou bien, ils ne trouvent pas d’autres motards avec qui rouler. Nous voulons relancer le style vintage pour changer cela », souligne-t-il.

Le guidon bracelet, élément indispensable sur un café racer.
Guidon bracelet
Les modifications les plus importantes se situent au niveau de la partie cycle. Le montage d’enveloppes plus large, Metzeler à l’avant et Pirelli à l’arrière, a permis d’obtenir un look plus agressif. Bien évidemment, l’installation d’un guidon bracelet est indispensable sur un café racer. Ce fut chose faite après que Jamih et Ivan en ont trouvé un sur une Yamaha XS 650. Ils ont également utilisé le réservoir de cette dernière.
« Le réservoir d’origine de la Honda ressemblait plutôt à celui d’un bobber. D’où la décision de le remplacer. Pour pouvoir installer le guidon, on a modifié les fixations du globe, qui a été rabaissé de quelques centimètres aussi, pour que la face avant soit plus homogène », précise Jamih.
Mais l’idée la plus atypique et remarquable concerne la selle, monoplace sur un café racer. En effet, celle-ci ressemble à une planche de skateboard, avec une extrémité arrondie et relevée. Et c’est tout naturellement que Jamih et Ivan ont décidé d’en utiliser une.
« J’avais déjà songé à une planche de skateboard auparavant, mais j’avais laissé de côté cette idée pendant un certain temps. Un soir, j’ai rejoint des amis de chez « Sk8 Brigade ». On a dévalé la pente d’Andohalo jusqu’à Mahamasina, assis sur des skates, en pleine nuit. Je m’étais senti bien à l’aise et c’est alors que j’ai décidé d’en mettre une sur la Honda. Je tiens à remercier un ami, Ricardo Elysée, qui nous a vendu deux planches de sa collection pour un prix symbolique ». poursuit Jamih.

Jamih et Ivan ont utilisé une planche de skateboard en guise de selle.
Cadre allégé
Bien entendu, d’autres éléments doivent prendre place par-dessus. Citons un capot de selle métallique, de la mousse et une éponge. Le revêtement en cuir a été confectionné chez l’atelier de l’association d’artisans Marö Antsakaviro. À terme, la version finale devrait être remarquable et bien en phase avec le design de la machine.
Afin d’accueillir cette fameuse selle, le cadre a été modifié et allégé également. Plus c’est léger, plus la moto est performante. Avec des amortisseurs arrière rehaussés, une selle monoplace et un guidon bracelet, la position de conduite est plus penchée en avant. Un plus, en termes d’aérodynamisme.
Après trois semaines de travail, le résultat est plus que satisfaisant. À sa sortie de la salle de peinture du garage « Deux Roa » d’Antohomadinika, la Honda resplendissait plus que jamais. Comme quoi, restaurer et modifier une machine ancienne est tout à fait réalisable. Il faut y mettre de la passion et un peu d’huile de coude. À propos des pièces détachées, en importer engage des coûts plutôt élevés. Heureusement, on peut en trouver chez des particuliers de la place en faisant jouer ses contacts, dans les brocantes ou en magasin. Il y a une part de hasard également. On peut tomber de manière tout à fait fortuite sur une moto chez une connaissance, sur laquelle on peut trouver les pièces qu’on recherche.

Le tour d’Antananarivo en motos vintage s’est terminé au By Pass.
Café racer, un style venu de Grande-Bretagne
Les café racers sont originaires de Grande-Bretagne. Il s’agit d’un genre de moto et d’un type de motard bien précis. Dans les années 60, les jeunes rockers britanniques étaient à la recherche de machines rapides et personnalisées, afin de voyager de café en café, le long des autoroutes anglaises. Le but de la plupart d’entre eux consistait à être capable d’atteindre la barre symbolique des 100 miles à l’heure, soit environ 160 kmh. Voilà pourquoi le compteur d’un café racer combine souvent ces deux unités de mesure, mph et kmh. À propos du mot « racer », les Britanniques avaient créé un petit jeu entre eux, certainement pour pimenter un peu plus leurs randonnées. Il fallait s’élancer d’un café, rouler jusqu’à un endroit prédéterminé puis revenir au point de départ, avant qu’une chanson ne soit complètement terminée sur un juke-box. Le gagnant est celui qui boucle ce parcours improvisé le plus rapidement possible, logiquement. Trois caractéristiques permettent de distinguer un café racer d’un autre type de deux-roues. À l’avant, l’on retrouve tout d’abord un phare tout rond, par-dessus lequel est installé le compteur kilométrique. Ensuite le guidon bracelet, à l’origine de la position de conduite plus penchée en avant. Et à l’arrière, il y a la selle monoplace, avec un bout arrondi et relevé.
Tour d’Antananarivo en motos anciennes
« Notre passion attire les regards ». Cette phrase revient fréquemment dans la bouche des motards. Et personne ne peut contester sa véracité. Le dimanche 20 novembre, une dizaine de passionnés de motos vintage s’étaient retrouvés sur l’avenue de l’Indépendance, à Analakely. Au programme, rassemblement puis un tour d’Antananarivo en passant par Soarano, Antanimena, Ankorondrano, Ambatobe puis Mahazo pour finir au By Pass. Ce qui a attiré l’attention de bon nombre d’automobilistes et piétons, admiratifs et envieux à la fois. Il faut l’avouer, ce n’est pas tous les jours qu’on voit de telles machines, en majorité des café racers mais aussi quelques choppers et scramblers : Yamaha XJ 650 de 1982, Yamaha Virago 1100 de 1997, Yamaha SR 400 de 1982, Honda CB 400 de 1978, Honda CG 125 de 1983, Suzuki Intruder 750 de 1991 et bien d’autres… Des deux-roues sortis une vingtaine ou une trentaine d’années auparavant, mais qui tiennent toujours très bien la route, grâce à des propriétaires très soigneux. Il s’agissait du tout premier rassemblement. À terme, l’objectif est de créer un club, bien entendu. Un projet désormais en marche, qui devrait voir le jour rapidement.

Jamih est un véritable mordu de motos anciennes.
Haga Rabary-Ranovona, alias Jamih – « J’aime la vitesse et le look vintage, depuis toujours »
D’où est venue l’idée de monter un café racer ?
On entend souvent dire « slow car driven fast ». Comme quoi on peut réaliser de bonnes performances avec une machine de petite ou de moyenne cylindrée, que ce soit une voiture ou une moto. Dans cette optique, suspension, aérodynamisme et pilotage tiennent un rôle crucial. Avant, j’avais une Yamaha SR 400. Je suis devenu membre de Gasy Motards Club, il y a quelques temps, et c’est avec cette SR 400 que je suivais le rythme des grosses cylindrées. Après çà, je me suis dit que j’allais rester dans le style motos anciennes. J’aime la vitesse et le look vintage depuis toujours.
Avez-vous déjà réalisé un projet similaire auparavant ?
Oui, j’ai effectivement réalisé deux autres projets du même genre dans le temps, sur une Yamaha SR 400 de 1984 et une BMW R 80 de 1979. Il s’agissait de café racers bratstyle. Le bratstyle évoque l’installation d’une selle plus longue, afin d’accueillir un passager à l’arrière. C’est plus pratique quand je roule avec mon épouse. Après la Honda CB 400, il y a déjà une autre moto en attente, une Yamaha XS 650.
Textes et photos : Haja Lucas Rakotondrazaka