Francine, jeune mère – « Je vais habiter en ville pour assurer la survie de mon enfant »
Les femmes qui allaitent et les femmes enceintes sont toutes aussi victimes de l’insécurité alimentaire. Francine, une femme qui vient d’accoucher, s’apprête à déménager en ville pour sauver la vie de son nouveau-né, la semaine dernière.
« J’ai décidé d’aller habiter à Ambovombe avec mes trois enfants, car si je m’obstine à vivre dans notre village, je risquerai de perdre mon dernier né, âgé d’à peine dix jours. Ici, je ne bois pas d’eau car elle coûte trop cher pour moi. Vingt litres d’eau sont vendus 4 000 ariary. Je ne mange pas à ma faim non plus. Je n’ai pas de mari pour me soutenir à faire face à cette cherté de la vie. Du coup, je ne produis pas assez de lait pour nourrir mon dernier. Dans la ville, l’alimentation et la consommation d’eau sont plus faciles. Ainsi, sa nourriture y sera assurée».
Tsimiambane, père de famille – « La malnutrition et la méthode contraceptive ne vont pas de pair »
La procréation est un phénomène incontrôlable pour les ménages du district d’Ambovombe. Le nombre d’enfants varie de huit à quatorze par ménage.
« J’ai douze enfants. Le plus âgé est ce jeune homme (un garçon proche de la vingtaine d’années, que Tsimiambane nous montre fièrement). Le benjamin a un an et cinq mois. Ma femme, celle qui a enfanté toute cette progéniture, a 35 ans. Elle se porte très bien, bien qu’elle ait accouché presque tous les ans. Je sais qu’on peut limiter le nombre de naissances, mais la malnutrition et la méthode contraceptive ne vont pas de pair. On prend à peine deux repas par jour avec des rations très limitées. Je ne laisserai pas ma femme suivre une méthode contraceptive. Cela pourrait affecter sa santé. Si Dieu veut qu’on ait encore d’autres enfants, on les aura !».
Mariette, mère de famille – « Nos biens familiaux assurent notre survie»
Les aliments comme le maïs, et le manioc sont presque introuvables sur les marchés et laissent place aux ustensiles de cuisine, aux habillements ou à des biens de valeur comme la chèvre, les volailles et les bœufs. Des familles les vendent pour subvenir à leurs besoins.
« Ces assiettes sont les derniers de nos biens. J’ai déjà vendu nos vêtements, une petite valise que mon fils travaillant à Ilakaka m’a envoyée récemment. Quand ces assiettes seront vendues, on n’aura plus qu’une marmite, un bidon et quelques cuillères comme ustensiles de cuisine. Je procéderai après à la vente de nos volailles et chèvres, si le problème de sécheresse persiste encore, car il nous faut de l’argent pour acheter de l’eau et du riz, quotidiennement. Autrement, ma petite famille mourra de faim ».