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Climat – Ambovombe-Androy dans l’attente de la pluie

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La population d’Ambovombe-Androy sombre dans le désespoir. La sécheresse affecte fortement la vie quotidienne des gens. La culture en souffre et l’insuffisance alimentaire guette.

La détresse. « Nous remettons notre sort au Zanahary ! ». Une phrase pleine de désespoir qu’on entend maintes fois sortir de la bouche des habitants d’Ambovombe-Androy, en cette pleine période de soudure. Une situation sûrement cyclique, mais de plus en plus résistante pour la population de la partie Sud de l’île, avec les effets du phénomène El Ninö qui y provoque la sécheresse. Les précipitations y ont été défaillantes depuis trois années d’affilée.
« Même les figuiers de Barbarie sont desséchés, en ce moment. Ils ne produisent presque plus de fruits et comme il n’y a rien à manger, on doit se contenter de leurs feuilles pour survivre. On prend les jeunes pousses, on enlève les épines et les cuit sur le feu. C’est souvent ce que je prépare pour mes huit enfants, en ce moment », déplore Charline, une mère de famille habitant le village de Marolopoty, dans le district d’Ambovombe. C’était le 11 février
dernier, en marge des téléthons organisés par le ministère de l’Éducation nationale, et dont les transports des dons collectés ont été assurés par le Programme alimentaire mondial (PAM).
La ténacité de la sécheresse est fortement ressentie dans cette terre semi-aride. « Feuilles de tamarinier ou feuilles de figuier de Barbarie, tant que qu’elles ne sont pas toxiques, on les consomme ! », déplorent les gens.
Ces habitudes dans l’alimentation, on les rencontre, généralement, dans les zones littorales, où l’insécurité alimentaire affecte sérieusement la population. À savoir, à Ambondro, et à Ambazoa, dans le district d’Ambovombe, ou encore à Anjapaly, dans le district de Tsihombe. « Le calcaire caractérise le sol de ces zones littorales. Les paysans ont du mal à y faire de la culture. Ils ne possèdent pas non plus le savoir-faire en matière de pêche, donc, ils sont plongés dans une grande difficulté alimentaire », explique un responsable au niveau du PAM.
Dans d’autres villages où le sol est plus fertile, l’absence de précipitations depuis des mois plonge les agriculteurs dans la détresse.

Incertitudes
« Chaque fois qu’il y a assez de pluie pour imbiber la terre, on se met à semer. Mais il n’y a jamais assez d’eau pour que nos semences germent. Maintenant que les précipitations commencent à être fréquentes, notre réserve de semences est épuisé », se découragent les agriculteurs d’Ambovombe.
Les hectares de champs de culture sont, en ce moment, laissés à l’abandon à cause de l’absence de pluie. Seules quelques tiges de manioc fleurissent encore timidement sur les champs. Les principales récoltes de mai et juin seront alors affectées par le phénomène climatique El Ninö. Ce qui pourrait aggraver la situation d’insécurité alimentaire, pour la période de soudure 2016- 2017. Si des mesures adéquates ne sont pas prises face à ce fléau, le PAM prévoira l’augmentation du nombre de populations atteintes de la malnutrition sévère, d’ici l’année prochaine.
En mars, la situation s’est légèrement améliorée à Ambovombe-Androy. La pluie désespérément attendue par la population, était quatre fois au rendez-vous, tout le long du mois. Des précipitations qui ont valu tout l’or du monde.
« Les gens s’étaient empressés de remplir les bidons d’eau à chaque fois que la pluie tombait. D’autres s’étaient même mis à ramasser l’eau des flaques sur la route », raconte Mamoud Ali dit Naïta, maire de la commune urbaine d’Ambovombe-Androy.

Ces enfants sont ravis pour ce repas.

Ces enfants sont ravis pour ce repas.

La manne, une continuation incertaine

La cantine scolaire, la manne des enfants malnutris. 250 000 élèves, issus de 1 300 écoles dans les régions Androy, Anosy et Atsimo-Andrefana, bénéficient d’un repas enrichi en micronutriments, offert tous les jours ouvrables, grâce au PAM. La cantine scolaire est assurée pour ces enfants, pour cette année scolaire.
Pour la continuation de ce programme national durant l’année scolaire prochaine, Willem van Milink, représentant du PAM à Madagascar, a sollicité la participation de tous.
« Pour l`année scolaire 2016/2017, les besoins de financement s’élèvent à 3,4 millions de dollars pour pouvoir assister l’ensemble de ces 250 000 bénéficiaires dans les trois régions du Sud. Si ce financement n’est pas assuré, le programme risque d’être interrompu pour environ 100 000 élèves à la rentrée scolaire, avec les conséquences que cela engendrera, notamment les abandons scolaires », a-t-il laissé entendre, lors de son discours en marge de l’arrivée des dons collectés par le ministère de l’Éducation nationale, à Ambovombe, le 11 février dernier.

Le système vivre contre travail est utilisé pour la réhabilitation  de cette infrastructure.

Le système vivre contre travail est utilisé pour la réhabilitationde cette infrastructure.

Malnutrition – Un million de victimes recensées

D’après un rapport du Programme mondial de l’alimentation (PAM) en février, 1 138 006 personnes à être touchées par l’insécurité alimentaire ont été recensées. Ce qui représente 80% de la population rurale des districts d’Amboasary, Ambovombe, Tsihombe, Beloha, Bekily, Ampanihy, Betioky, dans les régions Androy, Anosy et Atsimo-Andrefana. 34% de cette partie de la population sont en Insécurité Alimentaire Modérée (IAM) tandis que 47% d’entre elle, c’est-à-dire 663 484 personnes sont en Insécurité Alimentaire Sévère (IAS).
En décembre 2015, l’Office régional de la nutrition (ORN) d’Androy avait  projeté l’existence de plus de 25 000 enfants touchés par la malnutrition aiguë, dans les sites communautaires de la région d’Androy, avec un besoin de traitement immédiat. L’Office national de la nutrition (ONN) a, quant à lui, estimé la détérioration de l’état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans entre 2014 et 2015. L’insuffisance pondérale aurait augmenté dans tous les districts de la région d’Androy, passée de 15-20% en décembre 2014 à 23-27%en décembre 2015.
Les services de santé du district d’Ambovombe ont également démontré la détérioration de l’état nutritionnel des enfants.
« On a constaté que la situation de l’insécurité alimentaire avait empiré, cette année. Dans les premières semaines de 2016, sur 70 enfants repérés dans la ville d’Ambovombe, 30 ont été dépistés atteints de la malnutrition sévère et ont été admis au CRENA de la ville, pour bénéficier des soins nécessaires. On attend encore les données des 23 centres de santé de base du district, pour obtenir une statistique complète de cette insécurité alimentaire », avoue discrètement un responsable déconcentré du ministère de la Santé publique dans la région d’Androy.
Trois cas de décès suspectés d’être provoqués par la malnutrition ont été également évoqués dans un communiqué du ministère de la Population, de la protection sociale et de la promotion de la femme, au mois de février.
Fin février, à travers différents ministères, l’Etat s’est mobilisé dans le chef-lieu de la région d’Androy pour un atelier de concertation en vue d’une solution pérenne aux problèmes cycliques du Grand Sud. Un mois plus tard, aucune action n’y a été opérée.
Lors du conseil du gouvernement du 22 mars, on a évoqué un besoin de 69,7 millions de dollars afin de subvenir au plan de relèvement de la situation du Sud. Le gouvernement prévoit de faire appel à l’aide internationale, pour trouver ce fonds.

 


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