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DIANA – La région Nord au chevet de ses forêts

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L’approvisionnement en énergie des ménages malgaches dépend à plus de 85%, de la forêt. De l’avis unanime des experts, le bois demeurera, pendant des décennies, la principale source d’énergie domestique dans l’ile.

Environ 50 000 ha de forêts naturelles disparaissent chaque année, à cause, en grande partie, de l’exploitation incontrôlée du bois-énergie. Certes, Madagascar fait partie des pays disposant d’une biodiversité exceptionnelle à l’échelle mondiale, mais il est classé « hot spot », ses ressources faunistiques et floristiques à caractère endémique étant très menacées par des actions anthropiques.
Dans la région Diana ((Diego, Ambilobe, Nosy Be, Ambanja), le patrimoine forestier paie un lourd tribut du fait d’une exploitation anarchique, notamment dans le Parc national de la Montagne d’Ambre, la Réserve spéciale d’Analamera et la nouvelle aire protégée d’Ambohitratsingy  (Montagne des Français) pour la production de charbon à destination d’Antsiranana  et dans les mangroves d’Ambanja pour la production de charbon à destination de Nosy Be. À l’heure actuelle, l’utilisation des autres biocombustibles par les ménages, reste encore très faible. La consommation de biogaz, de résidus végétaux, de bouse de vache ou de sous-produits d’origine municipale comme combustibles domestiques en milieu urbain, est inférieure à 3 % et se concentre surtout sur les copeaux. Seuls 5 % des ménages urbains, plus aisés, utilisent le gaz comme source d’énergie complémentaire.
« Outre la cherté de ces produits, la culture antsiranaise, comme celle de la plupart des Malgaches, n’est  pas encore prête à  accepter la cuisson du  repas avec des déchets organiques», explique Mac Gordon Ranaivoarivelo, consultant  en environnement. Il ajoute « que même les données exactes sur la situation des ordures dans la région n’existent  pas. Et quand  on parle de la  biomasse  d’origine animale, le système de notre élevage actuel, qui est encore extensif, ne nous permettrait pas de produire du biogaz fiable et suffisant ». Il est donc incontestable que l’énergie tirée des combustibles ligneux joue un rôle stratégique dans la région Diana, à l’instar de la tendance générale à Madagascar.
En 2015, la population de la région Diana est évaluée à 719 000 âmes dont 54 % en milieu urbain et 56 % en milieu rural. La consommation totale actuelle en bois-énergie dans la région s’élève à 67 600 tonnes de charbon de bois et à 143 500 tonnes de bois de feu, ce qui correspond à 1 009 900 m3 de bois. D’après les statistiques fournies la même année par la coopération allemande GIZ, la production potentielle de bois-énergie permet un approvisionnement de 26 % de la demande régionale.
Actuellement, l’offre légale et la demande en bois-énergie sont loin d’être équilibrées. L’offre légale est assurée par la mosaïque forestière, les plantations forestières, notamment celles menées avec l’approche RVI et les cinq forêts naturelles aménagées qui laissent espérer une production durable et légale d’environ 106 449 m3 par an. Ainsi, la plus grande partie des combustibles ligneux, 936 711 m3 (90 % de la consommation régionale) est exploitée d’une manière informelle et non durable dans les espaces forestiers.
À l’horizon 2030, si rien n’est fait, le déficit entre l’offre et la demande en bois-énergie sera davantage prononcé. La production potentielle s’élèvera à 190 653m³/an pour une consommation de 1,57 million m3 de bois, soit un déficit annuel de 1,38 million m3.

Les membres de la Plateforme régionale d’échanges sur les énergies issues  de la biomasse en pleine réunion.

Les membres de la Plateforme régionale d’échanges sur les énergies issues de la biomasse en pleine réunion.

La nouvelle philosophie
Face à cette situation, l’ensemble des acteurs environnementaux de Diana reconnaissent de manière unanime les impacts néfastes de la production de bois-énergie sur les différents écosystèmes existants dans la région. Ce phénomène est dû à plusieurs facteurs, à savoir la dépendance excessive des ménages à ce type de combustible, la croissance démographique et l’insuffisance des énergies de biomasse susceptibles de concurrencer le bois-énergie aussi bien en qualité qu’en quantité.
Le développement d’une filière énergie de biomasse durable et moderne permettrait de valoriser au mieux les ressources en biomasse afin de répondre aux enjeux de conservation des ressources naturelles, d’autonomie énergétique et de développement local. À la suite de ce constat, sous l’impulsion de la direction du Développement régional, le secteur privé, la société civile, les collectivités territoriales décentralisées, les services techniques déconcentrés et les partenaires au développement se sont mobilisés afin de répondre aux problématiques de sécurisation de l’approvisionnement énergétique de la population et de gestion durable des ressources naturelles. Une Plateforme régionale d’échanges sur les énergies issues de la biomasse a été créée, pilotée par la direction du Développement régional  de Diana. Cette organisation pour la promotion du bois-énergie moderne est  composée d’acteurs clés de la filière pour garantir un échange régulier de vues et d’informations entre les acteurs dans les différentes régions.
L’initiative, soutenue par des partenaires techniques et financiers, a permis d’animer le processus participatif et itératif d’élaboration d’un plan régional en énergie de biomasse (PREB). Celui-ci vise la modernisation de tous les maillons de la filière des biocombustibles, à savoir la production forestière et agricole, la transformation, la commercialisation et la consommation des combustibles domestiques ainsi que les conditions pour une gestion et une exploitation durable des ressources forestières et agricoles.

Le gargotier comme la marchande  de brochettes sont de grands utilisateurs de charbon de bois.

Le gargotier comme la marchande de brochettes sont de grands utilisateurs de charbon de bois.

Six axes d’intervention
La conception des six axes d’intervention pour sa mise en œuvre est basée sur l’approche filière. Les actions sont présentées par ordre d’importance et en cohérence avec la chronologie souhaitée de mise en œuvre. En général, la modernisation de la filière bois-énergie est prioritaire car elle représente la véritable solution à la problématique de l’approvisionnement de la population en énergie de cuisson
Le plan d’actions proposé pour la période 2016 à 2020 (première phase du PREB) prend en considération les capacités humaines disponibles dans la région ainsi que la planification faite par les projets/programmes en cours. À partir de 2018, une montée en puissance des activités est programmée grâce à la mobilisation de moyens financiers additionnels obtenus en s’appuyant sur le présent PREB. Les coûts totaux associés à la mise en œuvre du plan d’actions pour une durée de cinq ans atteignent 32,5 milliards MGA, équivalent à 9,3 millions euros. Les coûts associés aux réalisations techniques s’élèvent à 20 milliards MGA (62 %, 5,8 millions euros) et les coûts des formations à 4,5 milliards MGA (14 %, 1,3 million euros). Pour le financement des infrastructures et des petits équipements, le plan d’actions prévoit des investissements de l’ordre de 5,05 milliards MGA (17 %, 1,6 million euros). Les frais de fonctionnement, y compris le suivi-évaluation de la mise en œuvre du plan d’action, s’élèvent à 2,3 milliards MGA (7 %, 0,7 million euros).
Le bois-énergie mérite une plus grande importance politique et donc un encouragement, en raison de son grand potentiel de développement.


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