L’utilisation de l’éthanol est considérée comme une solution afin de réduire la consommation du charbon de bois. Mais, le choix de la matière première s’avère capital pour ses producteurs.
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Une option. L’éthanol est un combustible propre qui peut remplacer le charbon de bois. Ainsi, plusieurs entreprises ont saisi l’opportunité d’exploiter le marché à Madagascar. Ainsi, Obio Hamy, une société récemment créée, produit de l’éthanol à partir du manioc.
« Nous cultivons du manioc et le transformons en éthanol. Nous avons construit notre propre distillerie », affirme Rivo Rakotondrasanjy, responsable au sein de la société Obio Hamy.
Cette entreprise produit de l’éthanol liquide et de l’éthanol gélifié, l’utilisation de ce dernier état étant plus fiable du point de vue sécurité.
« Par ailleurs, nous vendons des plaques à gel que nous importons, actuellement. Mais notre objectif est de produire ces réchauds », précise le responsable.
Obio Hamy effectue des recherches en laboratoire sur les plaques et collabore avec l’École supérieure polytechnique de Vontovorona pour une éventuelle fabrication.
Une autre entreprise, Funhol, se lance dans la production de l’éthanol à partir de la canne à sucre. Elle se trouve encore dans la phase de sensibilisation.
« Depuis septembre 2014, nous participons à des foires afin de faire connaître l’éthanol au public. Nous constatons que beaucoup de personnes s’y intéressent », explique Fenohasina Andriamalala, directeur de projet de développement durable de la société Funhol.
L’avantage est que ce combustible est plus propre que le charbon de bois.
« En termes de coût, il est un peu plus cher, par contre, il est avantageux en termes de gain de temps », mentionne-t-elle.
En fait, la société Funhol s’implique dans trois grands projets.
« Actuellement, nous ne faisons pas de production d’éthanol en grande quantité. Nous collectons et revendons les produits existants. En fait, le « toaka gasy » collecté est transformé en éthanol combustible, c’est-à-dire que nous revalorisons ce produit brut. Enfin, nous envisageons de planter 50 000 ha de canne à sucre, dans le but d’approvisionner 300 000 foyers en éthanol », explique Fenohasina Andriamalala.
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Distillation
Pour l’entreprise Obio Hamy, l’objectif consiste à cultiver du manioc afin d’augmenter la production. La société est, actuellement, en phase de culture en pépinière.
« Nous recueillons tous les types de boutures de manioc, et nous collaborons avec la Fofifa pour la conservation et la reconstitution des souches pertinentes à la production d’éthanol, ainsi que la technique culturale, à savoir la culture en régie », indique Rivo Rakotondrasanjy.
Obio Hamy collabore avec des personnes possédant des terres cultivables. La société leur fournit le tracteur, les boutures et l’assistance technique. La société effectue la collecte de manioc produit par les paysans.
« Les cours sur le marché s’élèvent respectivement à 400 ariary le kilo pour le manioc frais et à 500 ariary celui sec. Nous concluons des contrats annuels auprès de nos fournisseurs. Nous achetons actuellement du manioc à Mandoto », précise le responsable au sein d’Obio Hamy.
Les producteurs d’éthanol affirment que le choix de la matière première est très important dans la fabrication de ce combustible. Ainsi, Funhol choisit la canne à sucre du fait que sa production n’a pas de concurrence avec les autres produits alimentaires.
« L’éthanol respecte l’environnement. Si on plante de la canne à sucre, la terre ne reste pas du tout en friche. Il retient le carbone séquestré par la terre, en l’occurrence 60 tonnes à l’hectare », précise Fenohasina Andriamalala.
Par contre, la canne à sucre nécessite beaucoup d’eau contrairement au manioc qui pousse partout.
« Pour le coût, la canne à sucre est un peu plus chère que le manioc, mais le processus de production de celui-ci est un peu supérieur à celui de la canne à sucre », ajoute Rivo Rakotondrasanjy.
Le jus de canne à sucre est obtenu par broyage, il est fermenté puis distillé pour obtenir de l’éthanol. Pour le manioc, il faut le broyer, l’hydrolyser et puis fermenter le produit liquide obtenu.
« Le coût de l’hydrolyse est assez cher. Par contre, une tonne de canne produit, au maximum, 60 litres d’éthanol tandis qu’on peut avoir 300 litres avec une tonne de manioc. Les coûts d’exploitation restent toujours identiques », conclut Rivo Rakotondrasanjy.
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Un cadre légal incomplet
L’éthanol est classifié comme alcool de bouche. Il n’est pas encore inscrit dans la loi de finances. Les producteurs de ce combustible propre attendent ainsi une amélioration du texte réglementaire surtout en matière fiscale.
« Pour Funhol, nous avons obtenu l’agrément de l’Etat en 2014 et nous attendons la mesure fiscale sur l’éthanol avant de lancer sa commercialisation », indique Fenohasina Andriamalala.
A contrario, une loi 13 du janvier 2014 définit la production et la commercialisation de l’éthanol.
« Nous commencerons à vendre des réchauds à éthanol à partir de décembre prochain. Nous vendons de l’éthanol seulement aux clients ayant acheté ces plaques pour qu’il n’y ait pas de coupure d’approvisionnement », précise Rivo Rakotondrasanjy.
Actuellement, le prix d’éthanol sur le marché est d’environ 3 000 ariary. Pour la société Obio Hamy, la production tourne autour de 120 litres par jour.
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Vulgarisation des foyers améliorés
90% des foyers malgaches utilisent le charbon de bois comme énergie domestique. Pour réduire son utilisation, l’Association pour le développement de l’énergie solaire (ADES) fabrique des foyers améliorés. Ces produits réduisent de moitié la consommation de charbon de bois. D’où de l’économie pour leurs utilisateurs. Un foyer amélioré réduit l’émission de gaz carbonique de 2 à 4 tonnes par an et protège 0,309 ha de forêt, soit l’équivalent de 3,120 kilos de bois. Un foyer amélioré coûte environ 15 000 ariary.
« Notre objectif est de protéger l’environnement. Cette année, nous envisageons de vendre 30 000 foyers améliorés dans les huit points de vente ouverts un peu partout à Madagascar », a expliqué Marguerite Razafindramora, responsable au sein de l’ADES.
Selon ses explications, l’offre n’arrive pas à satisfaire la demande. L’année prochaine, l’ADES compte augmenter la production à 40 000 foyers améliorés.
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Fenohasina Andriamalala, de Funhol, mise sur l’éthanol produit à partir de la canne à sucre.
Valorisation des recherches
Les recherches à Madagascar ne sont pas encore valorisées. C’est ce qu’affirme Solofo Hery Rakotoniaina, chercheur à l’École supérieur polytechnique d’Antananarivo (ESPA). La plupart des produits des recherches restent théoriques ou des prototypes, faute de moyens financiers et matériels, entre autres. Il est possible d’effectuer de nombreuses recherches dans le domaine des énergies renouvelables, mais cette possibilité s’avère limitée du fait que le niveau des recherches internationales se trouve à un stade élevé. Ainsi, « nous collaborons avec des laboratoires à l’étranger pour qu’il y ait plus d’échanges. Le partenariat professionnel permet d’avancer les recherches par l’utilisation d’équipements de pointe », précise Solofo Hery Rakotoniaina.
L’ESPA collabore, actuellement, avec des entreprises locales et étrangères dans ces recherches sur les énergies renouvelables.
Tendry Rakotondranaivo