Les liaisons maritimes par vedettes rapides, hors-bord et pirogues à voile entre Mahajanga et Katsepy, sont suspendues. Seuls les bacs assurent, jusqu’à nouvel ordre, le transport de passagers et de marchandises.
Aucune petite et moyenne embarcation n’a pu quitter le quai du port de Mahajanga, hier. Seuls les grands bacs Boeny et Madaba sont autorisés à transporter passagers et marchandises jusqu’à nouvel ordre.
C’est l’une des décisions prises à la suite de la réunion d’urgence qui a regroupé les autorités locales, les forces de l’ordre et les propriétaires des bacs, vedettes rapides, hors-bords et pirogues à voile entre Mahajanga et Katsepy, dimanche. Le ministre de la Pêche, Ahmad, présent à l’occasion, en expliquant cette décision, a pointé du doigt la négligence et la gabegie qui règnent dans le secteur du transport maritime, surtout vers Katsepy, et dont font preuve ces petites coques.
La réunion a fait suite au naufrage de la coque baptisée « Mavitrika II », survenu, dimanche vers 8h15. L’embarcation avait à son bord vingt passagers dont cinq personnes ont péri dans l’accident. D’après les rescapés, une panne en pleine mer s’est produite au niveau du moteur et une grosse vague a alors happé l’embarcation qui a été entraînée vers le fond.
Des mesures rigoureuses ont été prises par l’Agence portuaire maritime et fluviale. Désormais, l’acte de naturalisation de ces embarcations sera nécessaire ainsi que le permis de navigation. La souscription auprès d’une assurance, le port du gilet de sauvetage et le respect du cahier des charges seront exigés. De même, les surcharges de passagers et ne seront plus tolérées.
En outre, un guichet mis en place par la région Boeny et la commune urbaine de Mahajanga sera bientôt ouvert pour la délivrance des bons de partance de ces vedettes rapides. Et cela, après les contrôles et vérification réalisées par les gendarmes de la brigade du port. Les embarcations qui auront obtenu l’autorisation, pourront continuer à exercer leurs activités de transport maritime.
«Les vedettes se déplaceront par deux à chaque voyage pour prévenir une éventuelle panne ou accident. Ils pourront ainsi s’entraider et se dépanner en cas de difficulté », a expliqué le chef de la brigade du port de Mahajanga.
Ce n’est pas la première fois que les autorités prennent ce genre de décision concernant le transport de passagers vers Katsepy. Au début, les contrôles ont été stricts, puis la surveillance s’est relâchée et la gabegie et la négligence reprennent le dessus.
Il est à espérer qu’après ce nouveau drame, tout le monde aura compris la leçon, une bonne fois pour toutes.
Des rescapés témoignent
Le conducteur de la coque qui a coulé en pleine mer dimanche, juste à l’embouchure de la Betsiboka, est toujours en cavale. Hier en début d’après-midi, le corps d’un passager reste introuvable.
Sept passagers ont été évacués à l’hôpital dimanche. Une jeune rescapée est encore en surveillance au service traumatologique du centre hospitalier universitaire d’Androva. Une partie de son corps, du ventre jusqu’aux membres inférieurs, est éraflée et sa blessure la brûle. Elle ne peut supporter aucun vêtement.
«Elle ne se souvient même pas comment elle s’est blessée. Toutefois, elle avance que c’est probablement au moment du sauvetage, quand qu’elle a été trainée sur le sol », explique le médecin.
Une autre survivante témoigne que la panne du hors-bord a duré une heure de temps en pleine mer. « En raison de la surcharge, l’eau a commencé à pénétrer dans la coque juste après qu’une grosse vague a retourné l’embarcation. C’est ainsi que la mer nous a avalés. J’avais mon gilet de sauvetage puis soudain, j’en ai vu flotter trois autres et j’en ai encore enfilé un », raconte la mère de famille.
Un troisième rescapé raconte qu’il s’est accroché à une valise en plastique pour pouvoir tenir avant l’arrivée des secours.