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Channel: Magazine – L'Express de Madagascar
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Folklore – Le groupe Randria Ernest fils, valeur et tradition avant tout

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Les véritables danses et chants folkloriques ne disparaitront pas, il existe encore les dignes héritiers des Odéam Rakoto et autres Dada Gaby. La troupe Randria Ernest Zanany émerveille toujours le public.

Originaire d’Antananarivo, plus précisément du côté d’Antamboholava Itaosy, la troupe utilise presque essentiellement les vécus du quotidien malgache comme source d’inspiration. Cela ne se limite pas seulement à la vie à Antananarivo, mais ses membres s’inspirent aussi de celle de tout Madagascar.
C’est grâce à cette source inépuisable d’inspiration que la troupe arrive à harmoniser toutes les formes de chants, danses et musique traditionnelle. En effet, toutes les régions de l’Île ont leurs spécificités en matière de forme d’expression artistique. Il a donc fallu à la troupe Randria Ernest, effectuer de longs travaux de recherche, un peu partout dans le pays, afin d’arriver à une parfaite symbiose de tous ces styles musicaux et chorégraphie qui sont englobés dans le terme générique « Vako-drazana »
C’est surtout en combinant les expériences de chaque membre du groupe, acquises un peu partout et dans d’autres troupes, que les enfants de Randria Ernest ont gagné cette formidable capacité de préservation du folklore malgache. Toute la troupe, des danseurs aux musiciens, évolue toujours parfaitement de manière synchrone à chacune de ses représentations. Qu’importe le contexte, l’objectif principal consiste à transmettre la joie au public tout en partageant avec celui-ci certaines valeurs et messages qui prônent l’importance de la danse et de la musique traditionnelle. C’est en se consacrant entièrement à ses efforts pour la préservation de la culture et du folklore malgaches que cette troupe trouve un soutien inconditionnel de la part de certains concitoyens mécènes.
Avec un leader expérimenté, Randria Ernest zanany a maintes fois porté haut le flambeau de la culture malgache : à l’occasion de « l’anniversaire de l’Abolition de l’esclavage » à l’île Maurice, au Tempo Festival de La Réunion, au festival Zegn ‘zo à Antsiranana, aux deux festivals emblématiques que sont I’trotra et Angaredona, ainsi que dans « Vakok’iarivo mifampitaha », et même à la foire comtoise de Besançon en France. En plus des impacts culturels, la troupe œuvre aussi en faveur de l’humanitaire tel l’évènement « Ny Zon’ny ankizy » pour le trentième anniversaire de l’UNICEF.

Son histoire
L’appellation Randria Ernest Fils bien évidemment découle du nom de Séraphin Ernest Randrianasolo. Celui-ci a créé sa première troupe de « vako-drazana », en 1958, et l’a appelé à l’époque « Troupe Masoandro ». Deux ans après, en 1960, cette même troupe prit alors son nom actuel. C’est à partir de ce moment-là que les autres membres du groupe se sont tournés vers d’autres horizons, sans pour autant délaisser complètement leur appartenance originelle.
Il y a près d’une décennie, Dieu Donné Randriamanantena a pris l’initiative de reconstituer la fameuse troupe Randria Ernest en y accolant tout simplement le mot « Zanany ». Fort de ces expériences et compétences acquises durant ses voyages musicaux à l’extérieur, Donné a su remotiver la troupe et redonner vie à ses représentations de danse et de musique traditionnelle qui faisaient la renommée du patriarche.

Son leader
C’est au début des années 70 que Dieu Donné Randriamanantena s’initie à la danse traditionnelle. C’est au sein même de l’ancienne version de la troupe qu’il a commencé ses premiers pas dans la chorégraphie et joué ses premières notes de musique traditionnelle. À la mort de Randria Ernest, en 1982, Dieu Donné a rejoint la troupe Voninavoko. Il y est resté de 1983 à 1994. Ce fut l’occasion pour l’artiste de parfaire son art en participant à de nombreux festivals un peu partout dans le monde, pour ne citer que certains pays comme la France, la Tunisie, La Réunion, l’Algérie, et l’Inde. De superbes opportunités pour ce fervent défenseur de la tradition malgache pour découvrir de nouvelles formes de culture et d’en tirer des leçons pour promouvoir la sienne.
À partir de 1993, il passe chez le groupe Kalaza, en compagnie de grands noms de la musique malgache comme Rakoto Frah, Dama de Mahaleo, Kolibera, ou encore Pana. Mais c’est avec le célèbre Tarika Tarika qu’il a vraiment marqué la musique de son empreinte, en compagnie d’un autre fils de Randria Ernest en la personne de Malala Randrianasolo.

Chorégraphie dynamique
Dieu Donné s’est mis à la comédie musicale avec « Si Mada m’était conté ». Elle comporte une ouverture et huit tableaux représentant chacun les provinces de la Grande île. Cette comédie vous transportera dans tout le pays.
L’histoire commence à Toliara où un guerrier et sa femme quittent leur village pour fuir la sècheresse. Une fois qu’ils ont trouvé l’objet de leur quête (l’eau), ils se retrouvent confrontés à un autre couple avec qui ils se disputent pour cette eau.
La même histoire est ensuite transportée vers la région Nord de l’Île en mettant l’accent sur le « Tromba », afin de guérir les blessures du guerrier après cette guerre pour l’eau. Les manipulateurs du « Tromba », à l’image du guérisseur, n’ayant pas trouvé le bon remède, les autres tableaux de la comédie musicale nous amènent à Toamasina, Mahajanga et Fianarantsoa. Une très belle histoire qui nous fait voyager à travers l’Île d’une manière divertissante et éducative.


Clément Warner –« La conception et la réalisation ont pris quatre ans »

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Le chef de projet de la Mazana 2 évoque son enthousiasme pour la dernière-née de Karenjy.

Qu’est-ce qui vous a attiré dans le projet de Karenjy ?
C’était un grand défi pour moi de fabriquer une voiture, ici à Madagascar, et contribuer au développement de Karenjy. Les études et la conception ont pris quatre ans avec notre équipe, composée de jeunes ingénieurs et de techniciens malgaches, avec le soutien de Peugeot Citroën Moteurs et Automobiles Dangel. Mieux vaut travailler en douceur pour réaliser quelque chose de bien aboutie.

Karenjy garde toujours ses formes ?
rectangulaires, rustiques pour certains, et la Mazana 2 dégage un faux air de Hummer. Quel est votre à ce sujet
Notre objectif n’est pas de construire une voiture au design très tendance. Avant tout, on s’est posé la question « à quoi va-t-elle servir   ». On est parti de la Mazana 1 dans le but de créer un véhicule polyvalent. J’aime bien la comparaison avec le Hummer car c’est une voiture fonctionnelle pour l’armée américaine, solide et polyvalente avec des lignes simples, tout comme la Mazana 2.

Quand la commercialisation débutera-t-elle ?
Pour l’instant, nous nous occupons de la finition, afin d’offrir une qualité optimale. On prévoit d’en produire une vingtaine en 2016. Plusieurs clients attendent déjà de pied ferme la Mazana 2.

Essai – La Karenjy Mazana 2, un « tout-chemin » polyvalent

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Dévoilée en première à son usine, Le Relais à Fianarantsoa, il y a une semaine, la Mazana 2 se positionne comme un « tout-chemin ». Elle est capable de rouler sur et en-dehors des sentiers battus.

De l’originalité. « Ce n’est ni un tout-terrain ni une citadine ni même une berline. On a voulu produire une voiture polyvalente, un tout-chemin », explique-t-on chez Le Relais Fianarantsoa, l’usine construisant les Karenjy dont la Mazana 2.
Dévoilée en première il y a deux semaines, la dernière-née de la marque malgache se distingue par ses lignes toujours angulaires et abruptes. Elle dégage un faux air de Hummer. Il s’agit d’un pick-up double-cabine spacieux, capable d’accueillir cinq passagers dont deux à l’avant, doté d’une garde au sol élevée et d’une benne plus ou moins volumineuse. A l’avant, l’on retrouve encore et toujours le nez très en pente, « qui répond à un souci de visibilité, vu les routes étroites à Madagascar », précise-t-on chez Karenjy.
Un changement se démarque au niveau des passages de roues, désormais plus arrondis et accueillant des 15 pouces montées avec quatre freins à disque très précis. La carrosserie est entièrement en fibre de verre.
« Au départ, on a taillé une carrosserie en bois, puis des moules, avec lesquelles sont modelés les éléments externes », mentionne Clément Warnier, le chef de projet.
L’habitacle propose des éléments d’ornement en bois, une autoradio, branchée à quatre haut-parleurs intégrés sur le plafonnier, et un climatiseur. L’intérieur se distingue aussi par les logos de Karenjy sur le volant et le tableau de bord.

Un bouton permet de sélectionner les modes 4X4, 4X2 et le blocage de différentiel

En mode 4×4 ou 4×2
La Mazana 2 est équipée d’un bloc moteur 1,6L HDI de PSA (Peugeot Citroën). Il développe une puissance de 112 CV. Pas très nerveux au départ, le moteur turbo diesel délivre sa pleine mesure à mi-régime. Au fur et à mesure que l’on monte dans les tours, il se sent de plus en plus à l’aise et dévoile une puissance agréablement surprenante.
D’autres composantes proviennent également du constructeur français, notamment la boîte de vitesses manuelle à cinq rapports. Une transmission sur laquelle est intervenu « Automobiles Dangel » pour en faire une intégrale. La nouvelle Karenjy revendique aussi un certain potentiel 4×4. Les suspensions rigides lui permettent de bien se comporter sur les terrains escarpés des périphéries de Fianarantsoa.
Pour le moment, deux prototypes de la Mazana 2 sont disponibles à Madagascar, le troisième produit se trouvant en France. Roulant en mode 4×2, le mode 4×4 se déclenche automatiquement sur l’un des deux véhicules, quand c’est nécessaire. Tandis que sur l’autre, un bouton sert à sélectionner l’un des deux modes ainsi que le blocage du différentiel.
Par ailleurs, le châssis est entièrement fabriqué à Madagascar. Il offre une bonne tenue de route.
Verdict : la partie mécanique convainc sur la nouvelle Karenjy. Certes, le design demeure perfectible, mais la Mazana 2 propose beaucoup d’autres atouts. Elle est spacieuse, robuste et fait preuve de polyvalence.   

La Mazana 2 bénéficie de suspensions bien rigides

Le pick-up répond à une forte demande du marché

« On a observé le marché et analysé ses demandes. Le pick-up est l’un des best-sellers. D’où notre choix d’en produire un », révèle-t-on chez Karenjy. C’est ainsi qu’est née l’idée de fabriquer une double-cabine avec la Mazana 2. « Cependant, celle-ci se distingue des autres véhicules du segment par un plus grand espace à l’arrière. Souvent, sur les double-cabines, c’est un peu étroit derrière. On a voulu changé cela », rajoute-t-on.

Des éléments en bois ornent l'intérieur.

L’usine Le Relais assure le service après-vente

En ce qui concerne les pièces détachées, l’usine dispose d’un large stock. Pour l’instant, il n’y a pas encore d’agence à Antananarivo et il faut se déplacer à Fianarantsoa en cas de besoin. « Mais prochainement, l’on s’implantera certainement dans plusieurs villes stratégiques, notamment Antananarivo », prévoit un des responsables de l’usine Le Relais.

La nouvelle Karenjy dégage un faux air de Hummer

Fiche technique

Motorisation PSA    1,6L HDI
Puissance    112 chevaux
Moteur 4×4 Dangel    Crabotage manuel/Blocage de différentiel arrière
Poids    1 366 kg
Charge utile    850 kg
Garde au sol    225 mm
Jantes    Tôles 15 pouces
Pneumatiques    215/75
Carrosserie    Fibres de verre
Suspensions    Ressorts hélicoïdaux avant/arrière
Freins    A disques avant/arrière
Accessoires    Barres de toit/Bâche

Education globale – Des acteurs locaux non indifférents aux problèmes mondiaux

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Le concept de l’Éducation globale est né du constat que les problé­matiques du développement sont mondiales, et que les solutions doivent aussi être globales. Les actions peuvent être locales, mais les réflexions doivent être plus globales. Les impacts seront alors mondiaux.

L’éducation globale, comme une approche d’apprentissage et une façon de penser, encourage les gens à identifier les liens entre le local, le régional et le niveau mondial, et à réduire les inégalités. L’Éducation globale est un processus d’apprentissage actif basé sur les valeurs universelles de tolérance, de solidarité, d’égalité, de justice, d’inclusion, de coopération et de non-violence.
L’éducation globale commence par la sensibilisation des défis mondiaux tels que la pauvreté ou les inégalités causées par la répartition inégale des ressources, la dégradation de l’environnement, les conflits violents ou des droits humains, créant ainsi une meilleure compréhension de la complexité des causes sous-jacentes.
Il vise à changer les attitudes des gens en les aidant dans  leur réflexion sur leurs propres rôles dans le monde. Le monde a besoin de citoyens actifs pour apporter des solutions locales, mais surtout de citoyens du monde responsables pour vaincre la large différence entre les plus riches et les plus pauvres.
Ne soyons pas indifférents aux opportunités et au défi de la mondialisation.  Apprenons à nos jeunes à « penser localement mais agir globalement ». Cela leurs permettra de montrer leur potentiel pour répondre effica­cement aux problèmes tels que la citoyenneté, le dialogue interculturel, les droits humains et le problème du réchauffement climatique.
L’application de la nouvelle loi sur les sachets en plastique est un cas récent de débats sur le sujet à Madagascar. Il y a eu des mauvaises compréhensions, de la désinformation, du manque d’explication entrainant à des
frustrations.
L’éducation a besoin d’une dimension mondiale qui encouragerait la pensée critique de chaque citoyen, la capacité de réfléchir et de percevoir la réalité autour de nous. Ceci impliquerait un engagement politique de processus de discussion entre les citoyens et toutes les parties prenantes du développement.
La question qui revient toujours est « que devons-nous faire alors   ». Incitons-nous continuellement à prendre des actions car le peu qu’on puisse faire avec le maximum d’efforts pour nous-mêmes et pour nos compa­triotes peuvent apporter un grand changement localement, mais aussi sur le plan international. Soyons des acteurs locaux non-indifférents aux problèmes mondiaux.

Ny Hindra Andrianarimahefa – « Pour faire participer les jeunes, il faut être influent »

Ny Hindra Andrianari­mahefa, membre actif de Liberty 32, a été sélectionnée par le Centre Nord-Sud du Conseil de l’Europe pour suivre, en septembre en Espagne, une formation de formateur des formateurs sur l’éducation glo­bale. Le thème choisi a été « Take action ». Ce qu’elle en dit: «Lors de cette formation, j’ai  surtout approfondi le concept de l’Éducation Globale et des réalisations des ODD pour l’agenda 2030. Ce fut une expérience enrichissante et nouvelle car elle m’a surtout appris à développer les capacités personnelles pour devenir formateur. J’ai souhaité participer à cette formation car si on veut faire participer les jeunes activement à l’engagement civique et à prendre des responsabilités à Madagascar, il faut être influente. Je pense qu’être formateur me permettrait de partager l’envie de bâtir un meilleur futur pour notre pays et de ranimer l’espoir des jeunes malagasy que tout n’est pas encore perdu, nous sommes le présent et le futur de ce pays alors pourquoi attendre   L’avenir c’est maintenant, allons-y, il est temps maintenant d’agir et de réaliser des actions concrètes ensemble, le développement commence par chacun de nous !»

Des OMD aux ODD

Les États membres de l’Organisation des Nations Unies, se sont fixé les fameux objectifs du millénaire pour le développement en 2000 dans le but de les atteindre en 2015. Ces objectifs n’ont pas été atteints dans la plupart des cas, surtout à Madagascar. Une autre liste de 17 objectifs a été adoptée  le 25 septembre, pour un nouveau programme de développement durable, « les objectifs de développement durable (ODD) ». Chaque objectif a des indicateurs appropriés, mais les dénominateurs communs sont de mettre fin à la pauvreté, lutter contre les inégalités et l’injustice, et faire face au changement climatique.
En décortiquant ces objectifs un par un, le chemin de Madagascar est, non seulement, très loin mais aussi parsemé d’embûches. Il y tellement de cas non isolés qui entravent le développement du pays. Vivement 2030 pour voir les résultats finaux.

Page réalisée avec Liberty 32

Architecture – Les habitarbres de Luc Schuiten

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Enfant d’architecte, Luc Schuiten dessinait des arbres vengeurs. Ce précurseur a bâti sa première maison dans les bois, à l’orée de Bruxelles : une simple charpente, une verrière ouverte sur le ciel et des capteurs solaires sur le toit pour habiter en symbiose avec la Terre. Adepte du lâcher de papillons, le jeune pionnier de la bio-architecture va grandir avec l’idée que la planète est en danger et que l’homme doit trouver des solutions à ce malaise. Pour y parvenir, il rêve de pouvoir construire sans détruire l’environnement, d’épouser les contraintes de la nature. « Quelle que soit la beauté d’un édifice, c’est un acte vain s’il n’est pas en accord avec la Terre », affirme ce visionnaire. « Le réchauffement climatique est une grande douleur. On fonce à toute vitesse vers un mur. Je propose d’accélérer moins vite. Je veux redonner de la force à l’imagination. »
Dans le souci de préserver l’écosystème, Luc Schuiten imagine de nouvelles formes d’habitat humain. Son idée est simple : pourquoi ne pas utiliser les organismes naturels comme matériau de base   C’est le concept de l’archiborescence. Il voyage aux frontières de la pensée écologique à travers un travail poétique visant à préserver l’environnement. Son crayon trace les perspectives nouvelles d’un monde futur épanouissant, libéré des énergies fossiles et de la pollution.
Sur sa table à dessin bourgeonnent de plans de rues et de cités végétales ou de véhicules propres. De son atelier est sortie une voiture à énergie renouvelable fuselée à l’image d’une feuille d’arbre emportée par le vent. Son imaginaire anticipe l’avenir de l’humanité à partir d’une esthétique radicalement nouvelle, en rupture avec les règles classiques de l’aménagement du territoire. Luc Schuiten explore, invente l’avenir en s’inspirant des processus biologiques : des coquillages produisent du bio-ciment et des insectes du bio-verre. Dans sa ville mutante, l’architecture épouse les caractéristiques des organismes vivants.

Bâtir un futur différent
Son archiborescence est aussi une métamorphose de nos modes de pensée. Elle postule d’autres interactions entre l’homme et la nature que ceux que nous connaissons aujourd’hui. Sa ville n’est pas linéaire. Elle ne célèbre ni le béton ni le fer. Inscrits dans la philosophie du développement durable, ses « habitarbres » poétisent l’espace pour répondre au souci du mieux vivre ensemble.
Luc Schuiten ne s’impose qu’une seule règle, celle de l’équilibre entre l’homme et la planète, aux antipodes du brutalisme des villes modernistes édifiées sur le pillage des ressources naturelles. « Imiter la nature et les arbres pour créer une nouvelle forme d’habitat. C’est ça, le principe de la cité archiborescente et des habitarbres : des maisons qui poussent comme des arbres et dont les murs sont en biotextiles. La structure d’un habitarbre est un figuier étrangleur, dont la croissance est orientée par des tuteurs pour former une maison durable. L’arbre est la plus belle chose que la nature ait produite. Quel dommage de le tuer, de le couper et de le torturer chimiquement pour construire ! De là, l’idée de ces habitarbres vivants pour bâtir un futur réellement différent de celui qu’on nous propose aujourd’hui. »

 

À l’intérieur d’un habitarbre, on se détend dans un fauteuiol-balançoire.

Dans la lignée de Leonard de Vinci
L’architecte belge admet que son travail revêt une dimension profondément utopiste. Les responsables politiques se montrent plutôt frileux face à ses projets. Un ministre bruxellois avait approuvé son plan de végétalisation des façades du quartier européen, que son successeur s’est empressé d’enterrer. Des enchevêtrements de feuilles et de branches aux fenêtres du Conseil européen, ça ne faisait pas très sérieux. Et puis comment accorder du crédit à un architecte circulant en voiture électrique à pédales   Luc Schuiten appartient à cette race des génies incompris. Un de ses prototypes destiné à résoudre les problèmes de mobilité, l’ornithoplane à ailes battantes, établit une filiation directe avec les drôles de machines de Leonard de Vinci.
Au XXIe siècle, les pouvoirs politiques semblent avoir perdu la capacité de voir au-delà d’une échéance électorale. Le regard de Luc Schuiten va, au contraire, là où le regard ne porte pas. Il remet le temps biologique au centre de la société et propose un avenir libéré de l’immédiateté. Sa pensée lit dans l’avenir du monde, à mille ou dix mille ans. Il s’intéresse aux vrais enjeux du futur et s’attache à redéfinir notre hiérarchie des valeurs pour réinventer nos lieux de vie. A l’entendre, on se sent l’envie de commencer demain. Selon l’inventeur de l’archiborescence, le paradis sur terre ne serait pas bien difficile à imaginer : prenez un arbre, regardez-le avec les yeux d’un architecte et vous sentirez immédiatement l’élévation vers la sérénité.

Daniel Couvreur (Le Soir – Belgique)

Environnement – Planter des arbres et construire en harmonie avec la nature

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Et si on se mettait à planter des arbres, et à s’en occuper, sans attendre les « cérémonies officielles » de reboisement   Faire comme Kartik Paramanik, un Indien de 75 ans qui, depuis l’âge de 10 ans, n’a cessé de planter des arbres partout où il peut. Et cela dure depuis  soixante-cinq ans. Avec une moyenne de plus de 300 arbres par an. Pour sauver la Planète et en préserver la Nature, Luc Schuitten, un architecte belge, lui, rêve de construire sans toucher à l’architecture de l’environnement naturel. Son idée est de faire épouser aux bâtiments la forme et les contraintes de la Nature.

Quand il était enfant, Kartik Paramanik écoutait son père lui raconter des histoires.
« À quoi bon faire un pèlerinage   Ce n’est pas en te rendant dans un lieu sacré que tu deviendras propre et pur. Si tu plantes simplement un arbre, cela t’apportera bien plus de bénédictions que n’importe quel pèlerinage. » Les paroles de son père trouvèrent une profonde résonnance chez le jeune garçon. À 10 ans, il commença à semer des arbres. Il planta le premier à l’embranchement de trois routes. Aujourd’hui, à 75 ans, il continue inlassablement ses plantations.
Kartik vit dans le village de Tarapur Thutapara, sur la frontière de l’Inde, à une quarantaine de kilomètres de la ville de Nawabganj, dans le district de Chapai Nawabaganj [le plus oriental du Bengladesh]. Avant la partition de l’Inde, sa famille habitait un autre village. La plupart de ses proches parents ont fini par passer la frontière pour s’installer en Inde. Mais son père, lui, est resté et a simplement déménagé dans un autre village.
À une certaine époque, les gens avaient des ampoules aux pieds à force de marcher dans la chaleur torride de cette région dénuée d’arbres. Ils ôtaient le gamucha qui leur protégeait la tête pour s’en envelopper les pieds, meurtris par la terre brûlante. C’est là que le petit Kartik a planté ses premiers arbres. Peu à peu, cette étendue de terre pelée et aride a commencé à se peupler d’arbres.
Avec l’âge, la passion de Kartik pour les arbres n’a cessé de croître. Kartik était coiffeur. Dès qu’il gagnait quelques sous, il mettait systématiquement une petite somme de côté. Avec ses économies, il achetait des plants et les mettait en terre à différents endroits, puis entourait les jeunes arbres de clôture de bambou. À ses moments perdus, il allait s’occuper de ses protégés, les arrosant et sarclant tout autour. Certains le prenaient pour un fou, mais, sourd à tous les sarcasmes, il garnit peu à peu les villages avoisinants d’arbres. Le désert devint une oasis de verdure. À ce jour, ce sont près de 20 000 arbres qu’il a mis en terre.

Bénédiction
Ses premiers semis sont aujourd’hui d’immenses arbres qui étirent au sol leur ombrage généreux. Chacun est le résultat de son travail opiniâtre, de ses soins, de sa sueur et de sa persévérance. Il y en a partout et de toutes variétés : des banyans, des bombax, des margousiers et divers fruitiers. Ils ont surgi sur les bords de route, aux coins de rue, sur les places de marché, dans les cours d’école, autour des lieux de prière, le long des camps frontaliers, partout. La main verte de Kartik a laissé sa trace sur toute la région.
Les arbres ont été une bénédiction pour son village. Aux abords de l’école et de la médersa, certains ont été vendus et l’argent a servi à construire un mur autour du terrain de prière. Des parents nécessiteux ont également pu vendre les arbres devant chez eux pour payer le mariage de leur fille. Chaque semaine, les marchands installent leurs étals sous l’ombre fraîche des arbres de Kartik. Mais Kartik, lui, n’a jamais demandé un sou pour son travail. Son œuvre est un acte d’amour.
Vers la fin 1984, Tariqul Islam était auxiliaire médical lorsque son métier le conduisit dans cette région. Il devait parcourir de longues distances à pied, interrompant souvent son voyage pour se reposer et s’abriter de la chaleur au pied d’un arbre. Un jour, il a appris que les innombrables arbres qui traçaient sur sa route un chemin de verdure de dix ou douze kilomètres, étaient le fruit du travail et du dévouement de Kartik. Stupéfait et admiratif, il demanda à rencontrer le coiffeur. Tariqul est aujourd’hui professeur associé d’économie dans un lycée de la région.

« Une bonne route asphaltée »
Le 2 décembre 2003, un article publié dans journal bengali Prothom Alo sous le titre
« Chacun de ces arbres majestueux est un hommage à Karti », attira l’attention du maire de la municipalité de Rajshahi. Celui-ci reçut Kartik Paramanik pour le féliciter. En 2007, la chaîne de télévision Channel I offrit à Kartik une distinction agricole. Lors de la cérémonie de remise du prix, le général de division (à la retraite) Anwarul Iqbal, qui était à l’époque conseiller par intérim du gouvernement, interrogea le vieil homme sur ses ambitions. « Je ne désire rien pour moi-même, mais il faudrait une bonne route asphaltée pour relier mon village aux zones voisines, répondit le vieil homme. Tout ce que je veux, c’est cette route. » Le service local des Ponts et chaussées a construit une route de sept kilomètres, qui arrive jusqu’au seuil de la maison de Kartik.
En 2013, le récit de l’initiative de Kartik a été intégré au manuel d’anglais de 5e du programme scolaire national sous le titre
« Un homme qui aime les arbres ». Il y a quarante ans, Kartik Paramanik a semé un banyan en bordure de route à Sahapara. C’est aujourd’hui un géant, et le lieu a pris nom de Sahapara Bottola (l’ombre du banyan de Sahapara). Des boutiques sont apparues sous l’immense ombrage du banyan qui abrite désormais un bazar grouillant d’activités. « Ce bazar s’est développé et s’est étendu grâce au banyan qu’a planté Kartik, souligne l’un des commerçants, Serajul Islam. C’est aussi grâce à lui que la route a été construite. Nous lui devons beaucoup. »
Dans la région, tout le monde doit beaucoup à Kartik Paramanik. Mais lui n’a que faire de cette gratitude. Il se passionne davantage pour les jeunes plants et les arbres. Il continue de sillonner la région avec sa bêche et ses semis, plantant un arbre ici, un autre là. Il n’aura aucun répit tant que chaque centimètre carré de la région ne sera pas recouvert d’une canopée de verdure.

Anwar Hossain (Prothom Alo – Bangladesh)

Ahmed –« Mes enfants sont apatrides alors que ma femme et moi sommes malgaches »

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C’est dans la langue malgache, sans aucune hésitation, qu’Ahmed raconte son combat au quotidien à cause de son apatridie. « Mon problème a commencé quand j’avais voulu effectuer mon service militaire. Mon chef hiérarchique m’a demandé si j’étais malgache. Il m’a demandé de montrer mon certificat de nationalité », commence Ahmed. Cette requête serait due à son faciès. « Mon père est d’origine comorienne, tandis que ma mère une Malgache. Ils se sont mariés légalement. C’est pour cela que je n’ai pas la nationalité malgache. Je ne souhaite pourtant pas aller aux Comores pour obtenir la nationalité comorienne car je suis né à Antananarivo et j’ai grandi ici. Ma femme est aussi malgache et nous nous sommes mariés légalement. C’est pour cela que mes enfants sont apatrides », poursuit le père de famille.
Quand on lui demande comment il a pu se marier à la mairie, il explique : « J’ai offert de l’argent aux responsables administratifs pour obtenir un certificat d’identité nationale et les autres papiers administratifs. » Cette corruption ne s’est pas limitée au niveau de la municipalité. « Les autorités m’ont demandé de l’argent avant de m’offrir un passeport. C’est un véritable casse-tête pour moi car je veux aller à La Mecque pour accomplir mon pèlerinage », se plaint-il. Ce « système » de corruption risque de frapper mes enfants. « J’ai pu m’en sortir en me débrouillant et j’ai aujourd’hui une entreprise. Mes enfants devront poursuivre leurs études à l’étranger, mais ils n’ont pas de certificat de nationalité pour obtenir un passeport et un visa… Je ne sais comment faire pour résoudre ce problème », confie Ahmed.
Lassé de toujours chercher une solution, Ahmed a décidé d’inscrire les biens de la famille au nom de sa femme, malgache. Cette discrimination, à l’entendre, n’est constatée qu’au niveau de l’administration. « Les chefs de fokontany, chefs de quartier, les présidents d’associations de jeunes n’ont aucun problème avec mon faciès. Ils me considèrent tous comme un Malgache », conclut-il.

Maika Mahazaka-Fandresena –« Les apatrides sont les principales sources de corruption»

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La responsable média au sein de Focus Development explique la situation des apatrides à Madagascar. Elle ne manque pas d’avancer quelques pistes de réflexion pour résoudre leurs problèmes.

Quel est l’objectif de Focus Development en militant en faveur du droit à la nationalité des apatrides ?
Certaines personnes pensent que nous militons en faveur des riches Karana, Pakistanais et Indiens. Mais à Madagascar, il y a cinq communautés différentes de Karana et il n’y a pas forcément de relations entre elles. D’ailleurs, les Karana richissimes ont déjà une nationalité étrangère ou malgache. Ceux qui n’ont pas les moyens, financiers, cela s’entend, demeurent pour leur part des apatrides. La plupart d’entre eux, sinon tous, sont issus de la troisième génération. Notre but est à la fois de régler la situation de tous les apatrides quels qu’ils soient, et de lutter contre la discrimination.

• Justement, outre les apatrides d’origine pakistanaise et indienne, existe-t-il d’autres communautés qui en sont victimes ?
Ce sont les Karana qui sont les principales victimes d’apatridie car ils seraient les plus nombreux. Leur principal problème est que les gouvernements indien et pakistanais refuseraient de leur accorder leur nationalité tant qu’ils ne reviennent sur la terre de leurs ancêtres. La plupart de ces Karana seraient originaires de l’État indien de Gujarat. La majorité n’a pourtant pas les moyens d’y aller et, en fait, ils ne veulent pas tout simplement avoir une nationalité autre que malgache. Leurs ancêtres sont enterrés à Madagascar. Les personnes d’origine comorienne constituent le second groupe de victimes d’apatridie à Madagascar. L’archipel des Comores et Madagascar ne constituaient qu’une seule province à l’époque coloniale. Et quand l’Indépendance est instaurée en 1960, les deux pays ont été séparés sur le plan administratif. Certains Comoriens n’ont pas voulu retourner aux Comores et ont fait souche dans la Grande île. La plupart de leurs descendants sont ainsi devenus des  apatrides. Ils ne veulent pas retourner aux Comores et ne connaissent même plus les membres de leurs familles qui résident sur l’archipel. On recense aussi des apatrides d’origine arabe, plus précisément issus du Moyen-Orient, mais en général, on les confond avec les Karana. Enfin, il y a certains enfants métis et descendants de Chinois apatrides.

• Leurs lieux de résidence sont-ils localisés de manière spécifique ?
Il semble que des apatrides vivent aux quatre coins de l’île. Mais nous travaillons essentiellement dans les ex-provinces de Mahajanga et de Toliara où il y aurait beaucoup d’apatrides, même si nous n’avons aucune statistique aujourd’hui. Dans la capitale, leur nombre serait moins important.

 

Une réunion de la représentante d’Equal Rights Trust avec les membres de la société civile et des représentants d’apatrides.

• De prime abord, ils ne semblent avoir aucun problème au sein de la société, pouvez-vous évoquer les principales difficultés qu’ils rencontrent au quotidien ?
C’est normal s’ils ne sont pas sous les feux des projecteurs des médias ou le centre d’intérêt de la société. Ils sont transparents car ils n’existent pas sur le plan administratif. La plupart des apatrides exercent dans le secteur informel, faute de papiers administratifs. Et comme les activités informelles sont les plus nombreuses à Madagascar, ils ont pu s’intégrer facilement. En revanche, les enfants apatrides ne pourront pas aller bien loin dans leurs études, par exemple à l’université, ni voyager.

• Quelles est la position adoptée par les autorités vis-à-vis des apatrides ?
Nous pensons que certaines autorités profitent d’eux. Ces derniers sont, en quelque sorte, les principales sources de corruption à tous les niveaux et parfois légalement. Est-il normal de les obliger à avoir une carte de résident destinée aux étrangers, alors que leurs familles sont à Madagascar depuis près d’un siècle puisque leurs ancêtres sont arrivés au début de la colonisation  Afin d’obtenir également une carte d’identité nationale, ils sont obligés de payer une somme d’argent importante aux autorités. Certains ont épousé légalement une ou un Malgache. Comment cela a-t-il pu se faire alors qu’il ou elle est apatride et n’existe pas sur le plan administratif  Et pour avoir un document de voyage, ils sont astreints à payer une forte somme d’argent.

• Leur accorder la naturalisation constitue-t-il un avantage  ou une menace pour le pays d’accueil ?
Je ne veux pas me hasarder à avancer une réponse à cette question. Tout ce que je peux vous dire est que certains pays « vendent » leur nationalité aux étrangers, à l’instar l’île Maurice, des États-Unis ou de la Croatie, et voyez où en sont ces pays aujourd’hui en termes de développement. On leur accorde, en effet, la nationalité à condition qu’ils fassent des investissements économiques et contribuent au développement du pays. A Madagascar, les apatrides passent leur temps à corrompre les autorités.

 

Mina Rakotoarindrasata, une responsable de Focus Development, pointe du doigt le Code de la nationalité.

Un code de nationalité qualifié de  discriminatoire

Focus Development pointe du doigt l’ordonnance n°60-064 du 22 juillet 1960 portant Code de la nationalité malgache. Plusieurs points y sont qualifiés de discriminatoires en plaçant des centaines de personnes dans un état d’apatridie. Les femmes malgaches mariées légalement à un étranger, ne peuvent pas, dans plusieurs cas, transmettre leur nationalité à leurs enfants, selon cette ordonnance », précise Mina Rakotoarindrasata. Le délit de faciès et de patronyme y est également mis en exergue.
Selon l’article 9 de ce texte, est malgache l’enfant légitime né d’un père malgache, l’enfant légitime né d’une mère malgache et d’un père qui n’a pas de nationalité, ou dont la nationalité est inconnue. Dans l’article 10, un enfant est aussi malgache quand il est né hors mariage d’une mère malgache. L’article 11 est l’un des points qui indigne Focus Development. « Est malgache l’enfant né à Madagascar de parents inconnus dont on peut présumer que l’un au moins est malgache. Pourront notamment être pris en considération le nom de l’enfant, ses caractères physiques… », stipule le Code de nationalité. Mais le gouvernement peut aussi, par décret, s’opposer à l’acquisition de la nationalité, indique l’article 17 de la même loi, soit pour indignité, défaut ou insuffisance d’assimilation, soit pour grave incapacité physique ou mentale.
La naturalisation suscite aussi un débat. Selon l’article 27, elle ne pourra être accordée qu’aux étrangers remplissant les conditions suivantes, à savoir avoir 18 ans révolus, être sains d’esprit, ne présenter aucun danger pour la collectivité en raison de son état de santé physique…
Afin de remédier à ces situations qualifiées de discriminatoires, Focus Development a mené un travail de sensibilisation à la Chambre basse, mardi, pour que soit réactualisé le Code de la nationalité malgache. « Il y a eut une cinquantaine de députés durant la séance et ils étaient d’accord pour mettre le texte à jour. Mais c’est encore un travail de longue haleine », conclut Maika Mahazaka-Fandresena, responsable média de Focus Development.

Le Monde au chevet des apatrides

Des représentants du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés et d’Equal Rights Trust se trouvent à Madagascar, cette semaine, afin de mener des travaux de lobbying pour mettre fin à l’apatridie. « L’apatride désigne une personne qu’aucun État ne considère comme son ressortissant par application de sa législation », explique Joanna Whiteman, représentante d’Equal Rights Trust. C’était mercredi, lors d’une rencontre avec les membres de la société civile et les communautés apatrides à Antaninarenina. Afin de mettre un terme à l’apatridie, le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés, en partenariat avec des organisations non gouvernementales internationales et locales, a élaboré un plan d’action 2014-2024.
Dix actions sont identifiées. La première est de résoudre les situations majeures existantes d’apatridie. Dans ce cadre, des plaidoiries sont à mener auprès de la population et du gouvernement, notamment, pour la réforme des lois, des politiques et des procédures relatives à la nationalité, afin de permettre l’acquisition de la nationalité par les apatrides. Des appuis au gouvernement, Parlement et société civile ainsi qu’aux apatrides seront également apportés, à savoir une assistance juridique et un soutien aux campagnes sur la nationalité afin d’aider les apatrides à déposer une demande de nationalité et à obtenir des documents qui confirment leur naturalisation.
La deuxième action est de faire en sorte qu’aucun enfant ne naisse plus apatride. La fin de la discrimination, basée sur le genre, de la législation sur la nationalité entre également dans le plan d’action. La prévention de l’apatridie dans les cas de succession d’États est également inscrite dans ce plan d’actions du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Un point saillant consiste aussi à accorder le statut de protection aux migrants apatrides et à faciliter leur naturalisation. Parmi les objectifs de ce plan décennal, citons également la délivrance d’un certificat de nationalité et autres documents qui attestent leur nationalité aux personnes qui sont aptes à la naturalisation. Les États seront, par la suite, invités à adhérer aux conventions des Nations unies relatives à l’apatridie, car cette adhésion constitue une opportunité de résoudre en partie le problème de l’apatridie. Selon l’article 137 de la Constitution de 2010, les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois…


Le Rova, vingt ans en vingt lignes

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Cela fait vingt ans qu’on lève les yeux sur la haute ville en n’apercevant que ce squelette de pierre de Manjakamiadana, vingt ans qu’on se demande toujours pour quelle raison on a détruit un tel patrimoine, vingt ans qu’on espère revoir ce palais renaître de ses cendres. Un peu d’histoire pour se rendre compte à quel point ce monument est d’une importance capitale pour l’identité culturelle du pays et tout particulièrement pour la Ville des Mille.

L’histoire du Rova d’Antananarivo s’étale sur quelques siècles. Quatre cents ans plus précisément. L’origine de ce Rova vient de la conquête de l’actuelle capitale de Madagascar par le Roi Andrianjaka au cours d’un règne de deux décennies seulement, entre 1610 et 1630. À cette époque, le monarque a investi la plus haute colline de l’Imerina. La Ville des Mille s’est ainsi développée autour de ce Rova, en commençant par de petites maisons construites en bois et en joncs et recouvertes de toits de chaume. L’enceinte du Rova était alors le lieu d’installation des cases royales avec les mêmes structures que les habitations du petit peuple, à la seule différence que les premières étaient beaucoup plus spacieuses et étaient d’une hauteur un peu plus conséquente, à l’image du palais « Besakana » construit en 1796.

Les travaux intérieurs de restauration restent basiques.

Les travaux intérieurs de restauration restent basiques.

La structure architecturale du Rova d’Antananarivo se verra ainsi transformée au fil du temps et des successions des rois et reines. Chaque monarque imposa sa signature propre, par des transformations simples sur les anciens bâtiments et allant même jusqu’à la construction de nouveaux édifices au détriment des anciens. On notera tout particulièrement la contribution de Radama Ier, en 1810, avec l’application des réformes politiques, mais aussi et surtout la construction du « Tranovola », ou palais d’argent, dont il a laissé le soin de la conception et de la réalisation à un Français du nom de Louis Gros. Après Radama,
succéda une reine en la personne de Ranavalona Ière qui procéda à l’agrandissement du Rova tout en expulsant tous les Européens sauf l’ingénieur Jean Laborde. Ce dernier eut ainsi le privilège de rester sur le territoire malgache pour une seule et unique raison : la construction de la première version de Manjakamiadana. Ce palais se démarque de toutes les autres constructions dans l’enceinte du Rova par sa taille imposante et sa somptuosité. Par la même occasion, la Reine ordonna la destruction et le remplacement du premier « Tranovola » par une bâtisse un peu plus importante en termes de taille et de confort. Enfin, la dernière reine de Madagascar, Ranavalona III, demanda à l’architecte Rigaud de lui construire le palais « Masoandro ». Une construction qu’elle ne verra jamais achevée et dont les fondations sont toujours visibles dans la partie sud-ouest du Rova actuel.

La salle du trône du temps de sa splendeur.

La salle du trône du temps de sa splendeur.

Après le règne de l’intraitable (selon l’histoire) de la première Ranavalona, sa nièce lui succéda sur le trône. Cette dernière, s’étant convertie au christianisme, a pris la décision de procéder à la construction du temple de pierre visible encore actuellement. Pour ce faire, il lui a fallu lever l’interdit sur l’habitat. Afin d’illustrer le travail colossal qu’il a fallu pour ce palais en pierre, un peu plus de 65 000 pierres de taille ont été commandées auprès du peuple par la Reine.
Modernité
Le règne de Ranavalona II était donc le symbole d’une grande transformation sur les constructions, les traditions ainsi que les manières de penser. Cette transformation se voyait, tant sur le plan technique que sur le plan culturel. Le passage du bois à la pierre commença sur les hauteurs d’Iarivo. Ce fut ainsi une transition significative entre tradition et modernité, à l’époque.
Étant une grande monarque qui se respecte, Ranavalona II a voulu également se construire un palais à son image. Mais suivant les conseils de ses proches ainsi qu’après le constat de la détérioration de la première version de Manjakamiadana, la Reine opta pour un nouveau projet. C’est ainsi que ce palais majestueux en bois fut recouvert de blocs de pierre. Le projet était sous la direction de l’architecte James Cameron qui respecta scrupuleusement les traditions en commençant les travaux de renforcement du côté nord-est. Malgré un gros effort pour garder la même structure que le palais en bois de la part de l’architecte, l’entreprise s’avère impossible. Ainsi, seul le toit en double pente du nouveau palais rappelle l’ancien Manjakamiadana.

L’intérieur du temple entièrement restauré.

L’intérieur du temple entièrement restauré.

L’année fatidique de 1895 fut marquée par le bombardement du Rova d’Antananarivo par les canonniers français. Une fois qu’un des obus a atteint Manjakamiadana, le royaume malgache rendit les armes. Dès lors, la dernière reine de Madagascar fut envoyée en exil et deux ans après. Le Général Gallieni fit de ce palais un musée public. Par la même occasion, Manjakamiadana accueillit en son sein, l’école Le Myre de Vilers, justement dans le hall du rez-de-chaussée qui fut autrefois la salle du trône. Dès lors, le palais de Manjakamiadana devint salle d’exposition d’œuvres d’art et d’objets scientifiques. On y exposa, entre autres, des collections de l’Académie malgache comme des spécimens de reptiles rares, de poissons, de fossiles, etc. Le conservateur du musée de l’époque, Jully Anthony, a tout de même réussi à regrouper certains mobiliers, costumes, lamba, étendards ou autres filanjana dans la salle du premier étage. Tandis que le deuxième étage du bâtiment était dédié à la salle des beaux-arts et se concentrait plutôt sur une thématique coloniale, telles que des toiles d’artistes
français.
Harilalaina Rakotobe

Coopération – Des œuvres sauvées et restaurées

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Erika Rothgangel, experte allemande et restauratrice d’œu­vres d’art en général, s’est appliquée dans la restauration d’une quarantaine d’œuvres et de fresques de peintures se trouvant dans le Palais de la Reine autrefois, depuis près d’une trentaine d’années maintenant. Passionnée d’art, elle a eu un véritable coup de foudre pour la peinture malgache depuis sa première venue dans la Grande île, qu’elle a découvert par accident après un voyage à Nairobi. Grâce à sa réputation, elle a été conviée par l’État malgache, en 1987, à Madagascar pour la restauration d’une douzaine d’œuvres ayant appartenu à la monarchie malgache.
« C’était une tache qui me tenait à cœur dès le début, même si ce n’était pas une mince affaire. Pour ce faire, je me suis fait un point d’honneur à collaborer exclusivement avec des artistes nationaux, des peintres, dont Randrianimanana, ou Dada Samy, et Ramanantsoa aux côtés des feux Jean Marie et Patrice », confie Erika Rothgangel.

Erika Rothgangel a donné le meilleur d’elle-même  pour restaurer des œuvres d’art sauvées de l’incendie de 1995.

Erika Rothgangel a donné le meilleur d’elle-même
pour restaurer des œuvres d’art sauvées de l’incendie de 1995.

Un travail tellement apprécié par les institutions étatiques d’antan et les acteurs culturels nationaux en voyant le respect qu’Erika Rothgangel et ses camarades ont eu pour  ces œuvres, si bien qu’on leur a attribué une prolongation pour continuer leurs actions. Si au début une douzaine d’œuvres leur ont été confiées, le nombre de fresques qui leur ont été attribué s’est élevé à une quarantaine, voire plus. Elle rajoute « Je trouve que l’art malgache en général est stupéfiant, notamment la peinture qui occupe une place importante ici ».
À noter que les œuvres restaurées par Erika Rothgangel ont été majoritairement travaillées à partir de photographies que l’experte Allemande a réalisées au cours de ses passages dans la Grande île, en particulier de 1987 à 1994. Des travaux qui ont été mandatés par les gouvernements allemand et malgache de l’époque et qu’elle a entamés principalement, afin de restituer ces œuvres en tant que patrimoines culturels malgaches après l’incendie du Palais de la Reine, le 6 novembre 1995.
Erika Rothgangel s’est vu attribuer, hier, au Palais d’Andafiavaratra la distinction de Chevalier de l’Ordre national par le Président de la République.

 

Incendie du Rova – Des questions sans réponses

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Après vingt années depuis l’incendie criminel du Palais de Manjakamiadana, diverses questions restent en suspens auprès de l’opinion publique. Notamment sur le déroulement actuel de l’enquête autour de cet acte d’infamie qui a coûté aux Malgaches l’un de ses plus prestigieux patrimoines architecturaux.
Interrogés justement sur le sujet dans le cadre de la commémoration du vingtième anniversaire de l’incendie du Rova Manjakamiadana, le Président de la République, Hery Rajaonarimampianina et la ministre de la Culture et de l’artisanat, Brigitte Rasamoelina, affirment avant tout, l’importance de respecter ces patrimoines culturels et architecturaux.
Cette dernière souligne : « On n’aura de cesse de condamner ces actes de destruction de nos patrimoines, tout en veillant constamment à leur préservation ainsi qu’à leur valorisation. Actuellement la Présidence et le ministère de la Culture et de l’artisanat travaillent encore ensemble et en concertation, dans le suivi de l’enquête sur cet incendie ».
Une affirmation qui semble assez redondante depuis deux décennies maintenant chez un public lambda qui a soif de vérité concernant les raisons de cet acte. Surtout qu’interrogée sur le même sujet, la Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Noëline Ramanantenasoa, affirme « Actuellement, on peut dire que le dossier concernant l’incendie du Palais de la Reine est prescrit ».
La page serait-elle donc définitivement tournée quant à l’enquête sur l’incendie du Rova Manjakamiadana   Connaîtra-t-on un jour la vérité sur les raisons de cet acte, ainsi que ses auteurs   De même sur le respect des patrimoines matériels et culturels se trouvant au sein de ces palais royaux. Où en est également l’enquête sur le vol de la couronne de la Reine Ranavalona Ière   Bref, autant de questions qui restent encore et toujours sans réponses.

LES RESTAURATIONS APRÈS L’INCENDIE

Il y a vingt ans, jour pour jour, un incendie a ravagé le magnifique palais. Un peu moins de 1 500 éléments constituant le palais furent cependant sauvés. Des objets de valeur et anciens qui imposent des conditions de conservation plus que difficiles. Ces restes de collection ont été reclassés dans le hall d’exposition du palais d’Andafiavaratra tout en bénéficiant d’entretiens périodiques afin de ne pas tomber dans un total délabrement. De nombreuses associations, institutions, ainsi que des personnes ayant la fibre patriotique, ont agi de leur propre chef, pour arriver à une restauration ou à une reconstruction du Rova. On notera, entre autres, la contribution du Japon avec un peu plus d’un milliard d’ariary en vue de restaurer tous les objets de collection du palais, et l’association Mamelomaso qui, depuis vingt ans, s’efforce, à partir de ses moyens, de restaurer certains monuments un peu partout sur les collines sacrées de l’Imerina. Sans oublier la contribution de tout le peuple malgache avec les levées de fonds qui ont été effectuées, le lendemain de cet incendie. On se souviendra de ce « un petit sou pour le Rova » clamé à tout-va à cette époque.

TIMIDE RENAISSANCE

La réouverture du Rova au public, le 22 septembre 2012, a été un point important dans la revalorisation de ce patrimoine. Certains diront que 17 ans d’études et de chantier ont été trop longs pour une simple réhabilitation partielle. Cependant, l’on doit admettre qu’une restauration parfaite et fidèle à
l’original, ne sera jamais réalisable. Malgré d’énormes sommes injectées dans ce projet de réhabili­tation à hauteur de quatorze milliards d’ariary, en 2006, on ne constate pas vraiment les changements au niveau des réalisations. En effet, depuis ce
6 novembre 1995, beaucoup d’entités se sont succédé dans la gestion du Rova d’Antananarivo. Entre autres, la Direction nationale des opérations du Rova (DNOR) le Comité national du patrimoine (CNP). Malgré autant d’institutions mises en place, aucun réel résultat palpable n’est constaté.

Environnement – Moins de plastique pour une vie plus saine

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Ils se retrouvent par centaines de millions dans la nature, nuisant à la biodiversité. Les sachets en plastique sont une source de pollution considérable, aussi assiste-t-on actuellement à la propulsion du business des sacs en tissu.

Le sac en plastique, un emblème de notre société de consommation. Pour conditionner, présenter et regrouper des produits, ce genre d’emballage figure parmi les contenants les plus utilisés. Dans le monde, 4 à 5 000 milliards de sacs en plastique étaient produits en 2002 dont 80 % aux États-Unis et en Europe, indique le rapport
« State of the World 2004 » du Worldwatch Institute.
En 2008, la production mondiale de matières plastiques est passée à 245 millions de tonnes contre 1,5 en 1950. Pourtant, de leur production jusqu’à leur dégradation, ces emballages en plastique affectent dangereusement l’environnement. « La fabrication de sacs en plastique nécessite des produits pétroliers, de l’eau, de l’énergie, et émet ainsi des gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique », accuse Irène Harivololona, ingénieur en environnement.
En outre, «  les sacs en plastique font partie des déchets les plus collectés à travers le monde. En mer, ils étouffent  la biodiversité marine; sur terre comme à Antananarivo, ils sont les premières causes de pollution et d’inondation car ils obstruent les canaux d’évacuation dans les bas quartiers de la ville », déplore-t-elle.  Et surtout, «  les sachets mettent un à quatre siècles pour se dégrader dans la nature. La nocivité d’un produit pour l’environnement dépend largement de sa durée de vie. Or, la durée de dégradation d’un sac en plastique est estimée entre 100 et 400 ans. C’est pourquoi, il fait partie des polluants les plus persistants », poursuit-elle.

 

Ce qu’il reste du canal Andriantany submergé par les sachets en plastique et les jacinthes d’eau.

Ce qu’il reste du canal Andriantany submergé par les sachets en plastique et les jacinthes d’eau.

Changements
La production, l’importation, la commercialisation et l’utilisation des sachets en matière plastique sur le territoire malgache sont désormais interdites depuis le 1er octobre. Le projet de décret y afférent  a été adopté par le conseil de gouvernement le mardi 7 octobre. Il stipule notamment : « La production pour le marché local, la commercialisation, la distribution et l’utilisation des sachets et des sacs plastiques visés par le présent projet de décret, sont interdites sur le territoire de la République de Madagascar, à partir du 1er  mai 2015, et l’importation des sachets et sacs plastiques est interdite à partir du 1er  février 2015. »
Certains commerçants ne cachent pas leur désarroi à cause des stocks qu’ils ont encore en magasin. D’autres ont prévu des alternatives plusieurs semaines auparavant. Ainsi, des boulangers ou des bouchers reviennent au bon vieil emballage en papier, tandis que les grandes surfaces optent pour des contenants biodégradables…
Ce changement offre de nombreuses opportunités aux artisans malgaches très créatifs. Des sacs fabriqués en tissu vendus à Analakely, pour la plupart venant de Chine, sont des modèles pour eux. Une vendeuse de sacs en plastique a dû  chercher  autre chose  pour poursuivre son activité.
« Notre fournisseur est à Behoririka. Nous achetons ces sacs à  800 ariary et nous les revendons à 1000 ariary ou à 2 000 et nous nous en procurons à 1 800 ariary », explique-t-elle. Elle précise que les clients choisissent les sacs en tissu car c’est plus pratique. « De surcroît, ils peuvent les réutiliser après les avoir  nettoyés. »

 

L’entreprise Gasyplast a déjà cherché des alternatives aux sacs en plastique depuis le mois de mai.

L’entreprise Gasyplast a déjà cherché des alternatives aux sacs en plastique depuis le mois de mai.

Recyclage

Il faut souligner que 80% des sacs en plastique ne sont pas recyclables. « Ils seraient trop légers pour être recyclés, et leur recyclage consommerait plus de ressources qu’il n’en restituerait.
80 % d’entre eux ne sont ni triés ni recyclés : entre 100 et 400 années sont nécessaires pour qu’ils puissent se dégrader. Comme ils sont légers, ils ont tendance à s’envoler, et on les retrouve partout dans les milieux naturels : champs, rivières, montagne et mer, où ils contribuent à la dégradation des paysages », explique Irène Harivololona, spécialiste en environnement.

À partir du manioc

Narson Rafidimanana, ministre de l’Industrie et du développement du secteur privé, indique que deux industries locales se lancent aujourd’hui dans la fabrication des sacs à base de fécule de manioc. Un responsable de la société Gasyplast  qui en assure la production, explique que «  l’amidon naturel en est la matière première. Le sac est soluble dans l’eau à 80° et se ramollit dans l’eau froide.  Le sac ne contient  aucun composant dangereux à la croissance des plantes ». Le ministère de l’Industrie et celui du Commerce et de la consommation encouragent les entreprises mal­gaches à produire des sacs à base de manioc. C’est une alternative qui favorise le marché local, et le ministre Narson Rafidimanana avance même que « Madagascar pourrait en exporter ». Pourtant la production de manioc n’est pas encore suffisante, selon une source proche du ministère du Commerce.

 

Les sacs d’importation gagnent du terrain et concurrencent ceux en papier.

La chasse continue

Le ministère du Commerce et de la consommation poursuit le contrôle des marchés pour découvrir ceux qui commercialisent encore les sacs à bretelles ou à poignée, inférieurs à 50 microns. Mirana Rivo Raharison, directeur  général de la Concurrence et de la consommation a signalé vendredi que « le ministère constate toujours des infractions car certaines entreprises produisent des sacs en plastique et les distribuent dans la matinée ». Il a souligné que le ministère allait prendre les mesures qui s’imposent  pour sanctionner ces industries. Les responsables ministériels ont, toutefois, indiqué que les industries productrices et les moyennes entreprises qui en assuraient la commercialisation seraient  les premières cibles du contrôle et « des sanctions sévères ».

 

Le ministère du Commerce et de la consommation conseille l’utilisation des sacs en papier.

Les produits locaux occupent la place

Le  ministère du Commerce et de la consommation estime une hausse de consommation des paniers artisanaux à base de raphia, « penjy » ou « bozaka ». Une vendeuse de paniers en « penjy » à Analakely souligne cette augmentation. Nous avons enregistré une évolution de la vente des paniers artisanaux. Après l’interdiction des sachets en plastique, certains usagers ont choisi de les utiliser. C’est plus économique, d’après eux, car il peut les réutiliser. Ces paniers  sont vendus à  4 000 ariary. Toutefois, le secteur est confronté  à un problème d’approvisionnement en matière première qui a un impact sur le prix ce qui permet aux importations de gagner du terrain dans le marché local.

Convention de Bâle

La Convention de Bâle, est un accord qui se rapporte au contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination. C’est un traité international qui a été conçu afin de réduire la circulation des déchets dangereux entre les pays. Plus particulièrement, le but est d’éviter le transfert de déchets dangereux des pays développés vers les pays en développement. Madagascar l’a signée d’où l’interdiction d’y importer de déchets dangereux, comme les sachets en plastique.

 

Les  usagers reprennent goût aux produits artisanaux comme les paniers en penjy.

À savoir

70 à 80% des déchets retrouvés dans la mer et sur le littoral sont d’origine terrestre et 60 à 75 % des débris trouvés au fond des mers sont des sacs en plastique.
Les sachets et les sacs en plastique utilisés pour emballer des produits médicaux ne sont pas concernés par la mesure d’interdiction.

Textes : Soa-mihanta Andriamanantena et Sandra Miora Hafalianavalona
Photos : Mamy Maël- Fournie- Archives

Transport maritime – Des mesures rigoureuses sont prises

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Les liaisons maritimes par  vedettes rapides, hors-bord et pirogues à voile entre Mahajanga et Katsepy, sont suspendues. Seuls les bacs assurent, jusqu’à nouvel ordre, le transport de passagers et de marchandises.

Ce quai sert en principe aux grands bacs seuls autorisés depuis dimanche à assurer le transport des passagers et des marchandises.

Aucune petite et moyenne embarcation n’a pu quitter le quai du port de Mahajanga, hier. Seuls les grands bacs Boeny et Madaba sont autorisés à transporter passagers et marchandises jusqu’à nouvel ordre.
C’est l’une des décisions prises à la suite de la réunion d’urgence qui a regroupé les autorités locales, les forces de l’ordre et les propriétaires des bacs, vedettes rapides, hors-bords et pirogues à voile entre Mahajanga et Katsepy, dimanche. Le ministre de la Pêche, Ahmad, présent à l’occasion, en expliquant cette décision, a pointé du doigt la négligence et la gabegie qui règnent dans le secteur du transport maritime, surtout vers Katsepy, et dont font preuve ces petites coques.
La réunion a  fait suite au naufrage  de la coque baptisée « Mavitrika II »,  survenu, dimanche vers 8h15. L’embarcation avait à son bord vingt passagers dont cinq personnes ont péri dans l’accident. D’après les rescapés, une panne en pleine mer s’est produite au niveau du moteur et une grosse vague a alors happé l’embarcation qui a été entraînée vers le fond.
Des mesures rigoureuses ont été prises par l’Agence portuaire maritime et fluviale. Désormais, l’acte de naturalisation de ces embarcations sera nécessaire ainsi que le permis de navigation. La souscription auprès d’une assurance, le port du gilet de sauvetage et le respect du cahier des charges seront exigés. De même, les surcharges de passagers et ne seront plus tolérées.
En outre, un guichet mis en place par la région Boeny et la commune urbaine de Mahajanga sera bientôt ouvert pour la délivrance des bons de partance de ces vedettes rapides. Et cela, après les contrôles et vérification réalisées par les gendarmes de la brigade du port. Les embarcations qui auront obtenu l’autorisation, pourront continuer à exercer leurs activités de transport maritime.
«Les vedettes se déplaceront par deux à chaque voyage pour prévenir une éventuelle panne ou accident. Ils pourront ainsi s’entraider et se dépanner en cas de difficulté », a expliqué le chef de la brigade du port de Mahajanga.
Ce n’est pas la première fois que les autorités prennent ce genre de décision concernant le transport de passagers vers Katsepy. Au début, les contrôles ont été stricts, puis la surveillance s’est relâchée et la gabegie et la négligence reprennent le dessus.
Il est à espérer qu’après ce nouveau drame, tout le monde aura compris la leçon, une bonne fois pour toutes.

 

La surcharge est l’une des causes des accidents des petites embarcations.

Des rescapés témoignent

Le conducteur de la coque qui a coulé en pleine mer dimanche, juste à l’embouchure de la Betsiboka, est toujours en cavale. Hier en début d’après-midi, le corps d’un passager reste introuvable.
Sept passagers ont été évacués à l’hôpital dimanche. Une jeune rescapée est encore en surveillance au service traumatologique du centre hospitalier universitaire d’Androva. Une partie de son corps, du ventre jusqu’aux membres inférieurs, est éraflée et sa blessure la brûle. Elle ne peut supporter aucun vêtement.
«Elle ne se souvient même pas comment elle s’est blessée. Toutefois, elle avance que c’est probablement  au moment du sauvetage, quand qu’elle a été trainée sur le sol »,  explique le médecin.
Une autre survivante témoigne que la panne du hors-bord a duré une heure de temps en pleine mer. « En raison de la surcharge, l’eau a commencé à pénétrer dans la coque juste après qu’une grosse vague a retourné l’embarcation. C’est ainsi que la mer nous a avalés. J’avais mon gilet de sauvetage puis soudain, j’en ai vu flotter trois  autres et j’en ai encore enfilé un »,  raconte la mère de famille.
Un troisième rescapé raconte qu’il s’est accroché à une valise en plastique pour pouvoir tenir avant l’arrivée des secours.
Le naufrage de «Mavitrika II» nous rappelle la tragédie qui a eu pour cadre la mer de Nosy Be, il y a quelques mois. Un boutre qui assurait le transport illicite d’émigrés clandestins malgaches à destination de Mayotte, a sombré, faisant plusieurs morts. Là encore, le mauvais entretien technique de l’embarcation et la surcharge ont été évoqués. Cette photo, soulignons-le, n’est qu’une simple illustration de notre article.

 

Combustible – L’éthanol, une alternative au charbon de bois

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L’utilisation de l’éthanol est considérée comme une solution afin de réduire la consommation du charbon de bois. Mais, le choix de la matière première s’avère capital pour ses producteurs.

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Une option. L’éthanol est un combustible propre qui peut remplacer le charbon de bois. Ainsi, plusieurs entreprises ont saisi l’opportunité d’exploiter le marché à Madagascar. Ainsi, Obio Hamy, une société récemment créée, produit de l’éthanol à partir du manioc.
« Nous cultivons du manioc et le transformons en éthanol. Nous avons construit notre propre distillerie », affirme Rivo Rakotondrasanjy, responsable au sein de la société Obio Hamy.
Cette entreprise produit de l’éthanol liquide et de l’éthanol gélifié, l’utilisation de ce dernier état étant plus fiable du point de vue sécurité.
« Par ailleurs, nous vendons des plaques à gel que nous importons, actuellement. Mais notre objectif est de produire ces réchauds », précise le responsable.
Obio Hamy effectue des recherches en laboratoire sur les plaques et collabore avec l’École supérieure polytechnique de Vontovorona pour une éventuelle fabrication.
Une autre entreprise, Funhol, se lance dans la production de l’éthanol à partir de la canne à sucre. Elle se trouve encore dans la phase de sensibilisation.
« Depuis septembre 2014, nous participons à des foires afin de faire connaître l’éthanol au public. Nous constatons que beaucoup de personnes s’y intéressent », explique Fenohasina Andriamalala, directeur de projet de développement durable de la société Funhol.
L’avantage est que ce combustible est plus propre que le charbon de bois.
« En termes de coût, il est un peu plus cher, par contre, il est avantageux en termes de gain de temps », mentionne-t-elle.
En fait, la société Funhol s’implique dans trois grands projets.
« Actuellement, nous ne faisons pas de production d’éthanol en grande quantité. Nous collectons et revendons les produits existants. En fait, le « toaka gasy » collecté est transformé en éthanol combustible, c’est-à-dire que nous revalorisons ce produit brut. Enfin, nous envisageons de planter 50 000 ha de canne à sucre, dans le but d’approvisionner 300 000 foyers en éthanol  », explique Fenohasina Andriamalala.

 

Funhol envisage de planter 50 000 ha de canne à sucre.

Funhol

Distillation
Pour l’entreprise Obio Hamy, l’objectif consiste à cultiver du manioc afin d’augmenter la production. La société est, actuellement, en phase de culture en pépinière.
« Nous recueillons tous les types de boutures de manioc, et nous collaborons avec la Fofifa pour la conservation et la reconstitution des souches pertinentes à la production d’éthanol, ainsi que la technique culturale, à savoir la culture en régie », indique Rivo Rakotondrasanjy.
Obio Hamy collabore avec des personnes possédant des terres cultivables. La société leur fournit le tracteur, les boutures et l’assistance technique. La société effectue la collecte de manioc produit par les paysans.
« Les cours sur le marché s’élèvent respectivement à 400 ariary le kilo pour le manioc frais et à 500 ariary  celui sec. Nous concluons des contrats annuels auprès de nos fournisseurs. Nous achetons actuellement du manioc à Mandoto », précise le responsable au sein d’Obio Hamy.
Les producteurs d’éthanol affirment que le choix de la matière première est très important dans la fabrication de ce combustible. Ainsi, Funhol choisit la canne à sucre du fait que sa production n’a pas de concurrence avec les autres produits alimentaires.
« L’éthanol respecte l’environnement. Si on plante de la canne à sucre, la terre ne reste pas du tout en friche. Il retient le carbone séquestré par la terre, en l’occurrence 60 tonnes à l’hectare », précise Fenohasina Andriamalala.
Par contre, la canne à sucre nécessite beaucoup d’eau contrairement au manioc qui pousse partout.
« Pour le coût, la canne à sucre est un peu plus chère que le manioc, mais le processus de production de celui-ci est un peu supérieur à celui de la canne à sucre », ajoute Rivo Rakoton­drasanjy.
Le jus de canne à sucre est obtenu par broyage, il est fermenté puis distillé pour obtenir de l’éthanol. Pour le manioc, il faut le broyer, l’hydrolyser et puis fermenter le produit liquide obtenu.
« Le coût de l’hydrolyse est assez cher. Par contre, une tonne de canne produit, au maximum, 60 litres d’éthanol tandis qu’on peut avoir 300 litres avec une tonne de manioc. Les coûts d’exploitation restent toujours identiques », conclut Rivo Rakotondrasanjy.

 

Préparation des boutures de manioc destinées aux producteurs de cette tubercule, fournisseurs d’Obio Hamy.

Un cadre légal incomplet

L’éthanol est classifié comme alcool de bouche. Il n’est pas encore inscrit dans la loi de finances. Les producteurs de ce combustible propre attendent ainsi une amélioration du texte réglementaire surtout en matière fiscale.
« Pour Funhol, nous avons obtenu l’agrément de l’Etat en 2014 et nous attendons la mesure fiscale sur l’éthanol avant de lancer sa commercialisation », indique Fenohasina Andriamalala.
A contrario, une loi 13 du janvier 2014 définit la production et la commercialisation de l’éthanol.
« Nous commencerons à vendre des réchauds à éthanol à partir de décembre prochain. Nous vendons de l’éthanol seulement aux clients ayant acheté ces plaques pour qu’il n’y ait pas de coupure d’approvisionnement », précise Rivo Rakotondrasanjy.
Actuellement, le prix d’éthanol sur le marché est d’environ 3 000 ariary. Pour la société Obio Hamy, la production tourne autour de 120 litres par jour.

Selon Rivo Rakotondrasanjy, Obio Hamy a opté pour le manioc pour produire de l’éthanol.

Vulgarisation des foyers améliorés

90% des foyers malgaches utilisent le charbon de bois comme énergie domestique. Pour réduire son utilisation, l’Association pour le développement de l’énergie solaire (ADES) fabrique des foyers améliorés. Ces produits réduisent de moitié la consommation de charbon de bois. D’où de l’économie pour leurs utilisateurs. Un foyer amélioré réduit l’émission de gaz carbonique de 2 à 4 tonnes par an et protège 0,309 ha de forêt, soit l’équivalent de 3,120 kilos de bois. Un foyer amélioré coûte environ 15 000 ariary.
« Notre objectif est de protéger l’environnement. Cette année, nous envisageons de vendre 30 000 foyers améliorés dans les huit points de vente ouverts un peu partout à Madagascar », a expliqué Marguerite Razafindramora, responsable au sein de l’ADES.
Selon ses explications, l’offre n’arrive pas à satisfaire la demande. L’année prochaine, l’ADES compte augmenter la production à 40 000 foyers améliorés.

 

Fenohasina Andriamalala, de Funhol, mise sur l’éthanol produit à partir de la canne à sucre.

Fenohasina Andriamalala, de Funhol, mise sur l’éthanol produit à partir de la canne à sucre.

Valorisation des recherches

Les recherches à Madagascar ne sont pas encore valorisées. C’est ce qu’affirme Solofo Hery Rakotoniaina, chercheur à l’École supérieur polytechnique d’Antananarivo (ESPA). La plupart des produits des recherches restent théoriques ou des prototypes, faute de moyens financiers et matériels, entre autres. Il est possible d’effectuer de nombreuses recherches dans le domaine des énergies renouvelables, mais cette possibilité s’avère limitée du fait que le niveau des recherches internationales se trouve à un stade élevé. Ainsi, « nous collaborons avec des laboratoires à l’étranger pour qu’il y ait plus d’échanges. Le partenariat professionnel permet d’avancer les recherches par l’utilisation d’équipements de pointe », précise Solofo Hery Rakotoniaina.
L’ESPA collabore, actuellement, avec des entreprises locales et étrangères dans ces recherches sur les énergies renouvelables.

Tendry Rakotondranaivo

Application – Optimiser la gestion de documents avec M-Files

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M-Files offre de grandes possibilités d’optimisation du classement et de la gestion des documents. En s’appuyant sur le concept de métadonnées, l’application séduit par son approche simple et intuitive permettant de stocker et de retrouver instantanément les documents à l’aide de mots clés.

Comment gérer au quotidien les documents   C’est un casse-tête pour les chefs d’entreprises, décideurs, comptables, responsable des ressources humaines. Surtout qu’il y a des milliers de documents à gérer : les contrats, les factures, les dossiers de projets, les courriers électroniques, etc. Et voilà que les applications du système de gestion de contenus d’entreprise, Enterprise content management pour les anglicistes, ont intégré la vie des entreprises. Parmi ces applications figurent M-Files. Mardi, DR Tech a présenté cette application avec son partenaire EIS Mauritius. « M-Files, est un logiciel de gestion documentaire révolutionnaire, puissant et flexible selon les besoins propres à chaque structure. M-Files est bien positionné sur le marché de la gestion de contenus d’entreprise », explique Rajesh Khulputeea de DR Tech.
Selon l’encyclopédie libre, « un ECM vise à gérer l’ensemble des contenus d’une organisation. Il s’agit de prendre en compte, sous forme électronique, les informations qui ne sont pas structurées, comme les documents électroniques, par opposition à celles déjà structurées dans les bases de données. La gestion de contenus vise à couvrir l’ensemble du cycle de vie de l’information non structurée : sa collecte ou capture, son organisation, son utilisation, sa publication et sa disposition, son archivage à des fins de gestion de la preuve ».
La petite démonstration de M-Files a permis d’avoir un aperçu de l’application et ses fonctionnalités comme la gestion des documents, l’archivage électronique, la gestion des tâches collaboratives, la gestion de conformité, la gestion workflow, la signature électronique ainsi que le reporting.
«  M-Files est simple car il est totalement intégré à l’explorateur de fichiers de Windows, et parce que son usage au quotidien ne requiert pas une longue et fastidieuse formation. Le logiciel M-Files est facilement adopté par les utilisateurs, et apporte ainsi à l’organisation des gains immédiats et un retour sur investissement rapide », explique un technicien.
En faisant un petit tour sur le site de la société, la présentation du produit explique les avantages de l’application. « Votre entreprise s’appuie sur un accès rapide à un contenu actualisé pour permettre une prise de décision plus rapide et judicieuse et pour garder une longueur d’avance sur la concurrence. Des documents aux images, vidéos, fichiers audio en passant par tout le reste, M-Files supprime le désordre de vos contenus en vous fournissant une solution conviviale qui permet à vos employés de localiser rapidement le contenu précis qu’ils recherchent », peut-on lire sur le site officiel de M-Files. La démonstration confirme déjà cette avancée. «Avec les tonnes de papiers qu’on a actuellement, voilà une solution qui va nous faciliter la vie», disait un ingénieur en informatique lors de la présentation de ce logiciel.

La démonstration a permis d’avoir un aperçu du logiciel.

Partage de documents simplifié
L’application est très efficace. À quel endroit ce fichier a-t-il été sauvegardé   Qui l’a modifié en dernier   Des questions qui se posent souvent en recherchant un document. M-Files a cassé cette barrière.  « Lorsque vous recherchez un document, M-Files ne vous demande pas où il est classé, mais de quoi il s’agit. Ce qui permet aux utilisateurs de se concentrer sur leur métier », soutient le premier responsable de DR Tech. Chaque document M-Files contient des informations métadonnées qui facilitent la recherche.
Le partage des documents dans M-Files est aussi simple qu’un clic droit sur la souris. « Que vous souhaitiez envoyer un document à quelqu’un ou collaborer avec des collègues, M-Files organise et rationalise tous vos documents », explique un spécialiste.
« M-Files est ouvert car il peut être connecté dynamiquement à d’autres bases de données ou applications de gestion. Par exemple, dès qu’une affaire ou un compte client est créé dans le CRM ou l’ERP, des documents peuvent être immédiatement produits et y être associés dans M-Files. Ceci permet aux entreprises de disposer d’un système documentaire intégré complètement et dynamiquement au système d’information, sans constituer un silo supplémentaire », analyse le site ged.fr.

 


Pension – La réforme du système de retraite des fonctionnaires en marche

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Les fonctionnaires retraités auront une nouvelle carte à partir de lundi. Ce renouvellement permet d’effectuer un recensement des agents de l’Etat à la retraite. Préalable à l’engagement de la réforme du système.

Un premier pas. Le renouvellement des cartes de pensionnés est l’une des premières actions mises en œuvre par le ministère des Finances et du budget, dans le cadre de la réforme du système de retraite des agents de l’Etat. A partir de lundi, les fonctionnaires retraités des cinquante-deux perceptions concernées par la première vague de renouvellement auront donc droit à une nouvelle carte pour pouvoir toucher leur pension de retraite.
« Nous avons avancé de quelques jours la date de paiement pour éviter les problèmes qui peuvent se produire en raison du renouvellement de la carte de paiement de pension », a expliqué Herivelo Andriamanga, payeur général d’Antananarivo lors d’une conférence de presse dans les locaux du ministère des Finances et du budget, hier. Ainsi, au lieu de percevoir leur pension à partir du 18 de ce mois, les retraités peuvent déjà passer à la caisse dès le 16.
Afin de faciliter les démarches, des agents seront placés au niveau de chaque perception pour guider les pensionnés dans les différentes procédures d’obtention de la nouvelle carte. Ceux-ci, par ailleurs sont invités à venir chercher leur pension munis d’une photo d’identité, ainsi que d’une pièce d’identité et de leur ancienne carte.
Avec ces nouvelles cartes, la Direction générale de la gestion financière du personnel de l’Etat vise surtout à recenser les fonctionnaires retraités. « Le recensement est la première démarche à faire à partir du moment où on envisage de se lancer dans une réforme », précise Jackson Mora, directeur de la solde. Outre la vérification du nombre réel des retraités devant jouir de leur pension, la réforme, explique le directeur de la solde, « consiste essentiellement à instaurer un équilibre entre les recettes et les dépenses ». Car « les cotisations des fonctionnaires ne couvrent plus les pensions de retraite », poursuit-il.
Alors que la cotisation des fonctionnaires est de 20% de sa solde de base, 4% pour l’agent et 16% pour l’employeur, la pension peut parfois atteindre 90% du dernier salaire de base perçu par le fonctionnaire. « La cotisation payée par un agent sur cinq ans peut lui être ensuite reversée sous forme de pension en seulement une année », précise Andry Rakotondravelo, directeur de la gestion des effectifs des agents de l’État.

 

La Trésorerie principale à Antaninarenina s’occupe des flux d’argent au sein des services étatiques.

Déséquilibre
Outre le faible montant de la cotisation par rapport au montant final de la pension, l’amélioration de l’espérance de vie, ayant comme conséquence une plus longue période de jouissance de la pension  de retraite est avancée comme cause possible du déséquilibre. Mais « le déficit des caisses de retraite s’explique surtout par un recrutement massif des agents de l’Etat opéré dans les années 75-80, suivi en 1990, par un gel de recrutement », indique encore Andry Rakotondravelo.
« Cette situation a conduit à la réduction du nombre des cotisants », précise un communique de la Direction générale de la gestion financière du personnel de l’État.

 

Les bureaux de perception d’arrondissement s’occupent aussi du paiement des pensions.

Recours à des subventions

Pour combler le déficit de la Caisse de retraite civile et militaire (CRCM), l’État a dû recourir à des subventions. Celles-ci ne cessent pourtant d’augmenter. De 97 milliards d’ariary en 2013, elles s’élèvent cette année à 250 milliards d’ariary. Plusieurs pistes sont possibles pour réduire ce déséquilibre, mais aucune décision n’a encore été officiellement prise par les autorités. Parmi les possibilités, le report de l’âge de la retraite, l’augmentation du taux et des montants de la cotisation, ou encore la baisse de la pension sont des pistes pouvant être évoquées. Mais « cette situation n’est pas unique à Madagascar, c’est la même partout dans le monde », informe Jackson Mora, le directeur de la solde. De nombreux pays ont dû faire des réformes de la retraite pour mettre fin au déséquilibre entre les cotisations et les pensions.

Il faut conserver les bulletins de solde, utiles comme pièces justificatives lors du calcul de la pension de retraite.

Changement obligatoire

Pour percevoir leur pension, les retraités des cinquante-deux perceptions concernées doivent absolument se munir de leur nouvelle carte. « Le changement de cartes sera effectué avant même que les retraités touchent leur pension. Après vérification et contrôle par les agents de la DGGFPE, ceux qui ont pu rassembler les pièces réclamées obtiendront tout de suite leur nouvelle carte pré-imprimée », indique un communiqué du DGGFPE. Sans cette nouvelle carte, le retraité ne pourra pas percevoir sa pension. Et s’il ne récupère pas sa nouvelle carte pré-imprimée, il sera rayé de la liste des bénéficiaires de la pension de retraite. Les anciennes cartes ne seront plus non plus valables ni pour perception des pensions ni pour la prise en charge médicale.

Sandra Miora Hafalianavalona – Bodo Voahangy

Épargne en nature – Une tontine de riz pour les Bangladaises

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Arjina Khatun était trop pauvre pour aller à l’école. Elle s’est mariée à treize ans à peine et treize mois après son mariage, son mari a divorcé parce que sa famille ne parvenait pas à payer sa dot. Mais cela ne l’a pas empêchée d’aller de l’avant, bien au contraire. Elle a changé du tout au tout sa vie, et celle de nombreuses femmes de la circonscription de Taraganj, dans le district de Rangpur, dans le Nord du Bangladesh.
Sa détermination et son courage ont permis de mettre fin au mariage des enfants et à l’oppression des femmes dans la région. Et sa clairvoyance a aidé les villageoises à sortir de la pauvreté.
Aujourd’hui, le village prospère : des vaches, des veaux et des chèvres se promènent de-ci de-là dans les champs et les cours. Les vieilles huttes délabrées au toit de chaume ont disparu. La plupart des maisons sont protégées par un robuste toit de tôle ondulée qui scintille au soleil. Beaucoup sont même construites avec des briques. Toutes sont équipées de toilettes, d’une installation d’eau potable et d’électricité. Les étangs pullulent de poissons et les jardins regorgent de légumes.
Ici, tout le monde s’accorde pour dire que c’est grâce à Arjina Khatun, aujourd’hui âgée de 47 ans, que le village doit son nouveau visage. Pour Mahbubul Islam, instituteur : « C’est grâce au travail d’Arjina si les filles du village sont informées en matière de santé et d’éducation. Et si maintenant, elles sont respectées et bien traitées dans la maison de leur belle-famille. »
Chez elle, Arjina Khatun participe à une réunion des membres de son association. Quand je lui pose des questions sur sa vie, dans ses yeux brillent des larmes qui ne coulent pas.
« Je n’ai jamais eu la chance d’aller à l’école. Mon père était un travailleur journalier. Quand ma mère est morte en 1989, on m’a mariée. Jamais je ne pourrai oublier à quel point mon mari m’a torturée. Comme nous ne pouvions pas payer la dot de 9 000 takas (une centaine d’euros), il m’a cassé le bras droit. Il m’a laissée sans manger pendant deux journées entières et ensuite il a divorcé », se souvient-elle.
Une fois libérée de la prison qu’était la maison de son époux, elle est retournée vivre chez son père. Mais celui-ci est mort peu après et Arjina Khatun s’est retrouvée dans une terrible situation. Elle a travaillé chez des membres du village pour se faire un peu d’argent. Grâce à ces travaux physiques éreintants, et en économisant durement, elle a fini par mettre suffisamment d’argent de côté pour acheter deux chèvres et neuf poules. Les poules ont pondu, les chèvres ont mis bas. Et un rêve est né chez Arjina.
Un jour, elle a invité d’autres filles dans sa maison, des Bangladaises qui vivaient dans la misère et la souffrance. Elle leur a dit : « À partir de maintenant, vous mettrez chaque jour une poignée de riz de côté avant de préparer le repas ».
Ces femmes ont ainsi décidé de constituer ensemble une cagnotte de riz, poignée par poignée, puis de la vendre pour faire quelque chose de grand.

Arjina Khatun en compagnie de quelques membres du Groupe.

Fin de l’oppression
Plus tard, en 2002, Arjina Khatun a créé une association regroupant quarante femmes, le Groupe des femmes au travail de Panchayetpara. Chaque jour, elles ajoutaient quarante poignées de riz à leur tontine. En fin de semaine, elles organisaient un tirage au sort et remettaient le stock de riz à l’une d’entre elles pour qu’elle s’achète des canards et des poules. Ainsi, chaque semaine, une nouvelle femme recevait la cagnotte de riz de toute une semaine et, au bout de quarante semaines, tout le village fourmillait de canards et de poules. Une source de revenus appréciable pour ces femmes et leurs familles.
Ensuite, les membres de l’association ont commencé à économiser deux takas par jour, soit un peu plus de deux centimes d’euro. À la fin de chaque semaine, elles avaient une cagnotte de 560 takas – 6 euros. Elles organisaient de nouveau un tirage au sort et la gagnante de la semaine pouvait s’acheter une chèvre. Outre les canards et les poules qu’elles possédaient, petit à petit, toutes ont pu s’acheter des chèvres. Et la pauvreté a commencé à reculer.
Le 10 février 2006, le grand quotidien bangladais Prothom Alo a publié un portrait d’Arjina Khatun. Après avoir lu l’article, l’ONG CARE l’a contactée. L’organisation a décidé de former les femmes du village à l’exploitation de potagers ainsi qu’à la culture de champignons en intérieur. Ensuite, à la suite de l’intervention de l’ONG Brac, est née Pallisamaj, une association de 300 membres, dirigée par Arjina Khatun.
Pendant ce temps, le Groupe de femmes au travail a prospéré, lui aussi. Il compte, maintenant, 170 membres. Celles-ci mettent, chaque semaine, vingt takas de côté et partagent leur cagnotte tous les trois ans. À ce jour, elles ont pu acheter 21 vaches. Et elles ont 500 000 takas dans leur tontine – pas moins de 6 000 euros.
Avec l’aide de ces deux associations, Arjina a également poursuivi sa lutte contre le mariage des filles enfants, le système de dot, les divorces abusifs et l’oppression des femmes. Vingt-et-un mariages d’enfants ont été empêchés et 37 filles pauvres ont bénéficié d’aides pour se marier. Des crayons, stylos, livres et autres fournitures scolaires ont été donnés à 61 élèves dans le besoin. Enfin, le groupe sanguin de chaque membre du village a été enregistré pour pouvoir donner du sang à n’importe quel villageois, en cas de nécessité.
Aujourd’hui, Arjina possède huit chèvres, quatre vaches et toute une petite troupe de canards et de poules. Elle a acheté beaucoup de terres. Elle se dote d’un puits tubulaire et des toilettes. Sa maison en briques de deux pièces est coiffée d’un toit en tôle. Dans sa cour, elle a planté des arbres fruitiers qui lui donnent des mangues, des pommes de Jacques et des papayes.
Asma Khatun, une mère au foyer membre de l’association, s’est mariée à quinze ans. Elle travaillait comme femme de ménage dans des maisons alentour et devait supporter tout ce que faisait son mari. Aujourd’hui, ce même homme possède un commerce de riz monté avec ses fonds à elle. Ils ont deux enfants. Asma Khatun a décidé de ne pas en avoir plus – et son mari soutient son choix.
Anisur Rahman, président du conseil de Taraganj, ne cache pas son admiration.
« Nous sommes fiers d’Arjina. Elle donne un exemple éclatant dans de multiples réunions et forums », jubile-t-il.
Aux yeux d’Arjina Khatun, « c’est d’abord aux femmes de prendre des initiatives pour aider les femmes en difficulté ».
Elle rêve d’un jour où les villageoises travailleront d’égal à égal avec les hommes du village, dans la dignité et le respect.

Des femmes d’un village ont pu acheter des champs de culture grâce au système de tontine.

Rahidul Miah (Prothom Alo, Bangladesh)

Développement – Des banques pour les pauvres et les paysans

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Nul besoin d’investir des milliards pour sortir les paysans des pays en développement de la pauvreté. La banque des vaches au Vietnam, et la tontine de riz au Bangladesh ont permis à de nombreuses familles d’améliorer leur quotidien.

Si Phan Van Be et son épouse Mai ont réussi à se hisser hors de la pauvreté, c’est d’abord grâce à la « banque du canard », puis à la « banque de la vache ». Pendant plusieurs années, leur ferme, dans un village de la province de Ben Tre, dans le Sud du Vietnam, a fourmillé de poules et de canards barbotant dans les rizières. Mais en février 2014, Be, 51 ans, et Mai, 46 ans, ont fait un énorme investissement: ils ont acheté une vache pour la somme de 20 millions de dongs, soit quelque 800 euros. La vache est à présent pleine de quatre mois et, si elle vêle de nombreux veaux, la vente des animaux pourrait leur rapporter une jolie somme d’argent.
Quand je lui ai demandé comment il a fait pour acheter cette génisse, Phan Van Be me répond: « Mayu nous a aidés. » Mayu Ino, une Japonaise de 40 ans, dirige l’organisation à but non lucratif Seed to Table, qui soutient les villages agricoles du Vietnam. Depuis 2014, elle gère une « banque de la vache » qui propose des prêts allant jusqu’à 20 millions de dongs (800 euros) à des fermiers qui veulent acheter un animal. Quand des veaux naissent, l’un d’eux sert à rembourser le prêt et les autres restent la propriété du fermier.
Mais la banque de la vache ne prête pas à tout le monde. Les candidats doivent d’abord obtenir un emprunt auprès de la « banque du canard », fondée par Mayu Ino en 2011. Ceux qui remboursent régulièrement leurs emprunts ont ensuite le droit d’en contracter un auprès de la banque de la vache.
La banque du canard, elle, prête jusqu’à 500 000 dongs, soit une vingtaine d’euros, pour l’achat de 25 canetons. L’emprunteur les élève pendant deux à trois mois et, s’ils sont en bonne santé, en les vendant tous, il peut espérer gagner entre 35 à 45 euros, déduction faite du remboursement de l’emprunt et de la nourriture.
S’il répète l’opération tous les mois, un fermier peut ainsi s’assurer une source de revenus stable. Par exemple, Be et Mai ont acheté chaque mois 25 nouveaux canetons et ils ont investi leurs bénéfices dans un potager. En 2013, ils sont même parvenus à acquérir une rizière d’un demi-hectare.
« En travaillant dur, nous pouvons échapper à la pauvreté », commente Phan Van Be.

Mayu Ino visite un village du Nord du Vietnam afin de prodiguer des conseils sur les méthodes de culture et d’élevage biologiques.

Agriculture biologique
Mayu Ino explique que Be et Mai sont les « pionniers » de leur village. À l’heure actuelle, 569 familles sont passées par la banque du canard, et 32 d’entre elles sont clientes de la banque de la vache.
Les fonds d’origine proviennent d’une subvention d’un million de yens (7 350 euros) accordée par une entreprise privée.
« Même avec ce genre de somme, il est possible de mettre en place des mesures de lutte contre la pauvreté. Tout dépend de la façon dont l’argent est utilisé », témoigne-t-elle.
Mais le bilan n’est pas toujours positif. Certains canetons ont mal grandi par manque de nourriture. D’autres sont morts en l’absence de mesures de prévention adéquates contre les maladies. Mayu Ino fait, chaque mois, le voyage depuis Hanoï, où se trouve le siège de l’organisation, jusque dans la province de Ben Tre pour conseiller ses clients sur l’alimentation et l’élevage des canards, ou encore sur la comptabilité et la réduction des déchets.
Pendant la guerre du Vietnam, de 1960 à 1975, l’armée américaine a épandu de l’agent orange sur le Sud de l’actuel Vietnam. Ce défoliant, qui a détruit forêts et cultures, fait partie des causes de la pauvreté actuelle dans la région. La dioxine qu’il contient est également à l’origine de problèmes de santé. Des malformations de naissance, comme des encéphalopathies et des atrophies des membres, sont apparues non seulement chez les populations en contact avec le défoliant, mais aussi chez celles qui consomment des poissons et des légumes provenant de zones contaminées.
La fille de Doan Thi Thanh, aujourd’hui âgée de 32 ans, est clouée au lit depuis sa naissance : elle souffre d’hydrocéphalie. Thanh et son épouse prennent soin d’elle tout en continuant à s’occuper de leur ferme, mais avec l’âge, ils ont de plus en plus de mal à s’en sortir. Eux aussi ont contracté un emprunt auprès de la banque du canard. Malheureusement, ils n’ont pas été en mesure d’élever correctement les canetons.
En 2014, grâce à un don du Japon, Mayu Ino a fourni au couple un bassin équipé d’un système de drainage qui permet à leur fille de prendre un bain en restant allongée et qui peut également être utilisé comme toilettes.
« Les familles pauvres ont des problèmes très différents. Les aides doivent être adaptées aux difficultés spécifiques de chacune d’elles », commente Mayu Ino.
Passionnée par l’Asie, Mayu Ino a fait des études au Vietnam, ce qui l’a amené à s’intéresser à l’agriculture et à la pauvreté. Après avoir travaillé au service vietnamien d’une grande organisation internationale à but non lucratif, elle a fondé sa propre association en 2009.
Elle partage, aujourd’hui, son bureau d’Hanoï avec trois Vietnamiens. Outre ses voyages dans le Sud, elle s’est également rendue dans le Nord du pays pour conseiller les fermiers pauvres en matière d’agriculture biologique. Elle parle, à présent, si bien vietnamien que certains villageois pensent que c’est une locale.
« Tout en protégeant l’environnement dans ces villages qui vivent de l’agriculture, je veux enrichir la vie de ces personnes, rire, parfois me mettre en colère, parfois pleurer avec elles », révèle-t-elle.

Manabu Sasaki (Asahi Shimbun – Japon)

Rétro pêle-mêle

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. Sainte Marie l’a-t-elle échappé belle ?  En 2002, le patronat français opérant à Madagascar y organise des journées dites de réflexion. C’est, pour l’ambassadrice  de France, l’occasion d’embellir l’idylle entre la reine Betty et le caporal La Bigorne. Le directeur régional d’Air France discourt sur  le désenclavement de l’île, approuvé par les grands opérateurs touristiques, tous français. Des militaires réunionnais sont réquisitionnés pour ravaler les bâtiments officiels, pourtant malgaches jusqu’à preuve du contraire. Le général Dubourg, commandant des Forces françaises de la zone Sud de l’océan Indien,  supervise superbement le tout, sous l’œil ravi d’un certain Jacques Sylla, fier de sa part de sang français. Et du fait qu’il a été reçu à Paris par plus de dignitaires français que tous les présidents malgaches réunis. Sainte-Marie, dit-on, a été française bien avant la Savoie…
. Le journal catholique Lakroa célèbre en ces premiers jours de 2003, ses 75 ans. Ce jeune septuagénaire a surmonté bien des épreuves qui ont eu raison de beaucoup de ses confrères, dont son vis-à-vis protestant Fanasina. Sa longévité s’explique au moins par deux raisons : le fait d’avoir pour bailleur la hiérarchie catholique, et celui de disposer d’une bonne imprimerie sur les hauteurs d’Ambozontany à Fianarantsoa. Lakroa aborde sans complaisance les préoccupations de toutes les strates de la société malgache. Ses colonnes ont toujours été un clignotant qui s’est  avéré fatal à ceux qui, pour reprendre une expression biblique, ont des yeux mais ne voient point.
. 2004, la télévision nationale essaie de remplacer Questions pour un Champion par une pâle imitation locale baptisée Anina. Un fiasco total, nos nationalistes obtus de la petite lucarne ayant  oublié que cette production diffusée mondialement n’est pas « que » des questions, mais la conjonction de toute une logistique multidisciplinaire lourde, doublée d’une enveloppe budgétaire à donner le tournis, dont Julien Lepers n’est que la partie émergée. La pauvre  Anina a vite fait de quitter le plateau, suivie plus tard, sur le même chemin des coulisses, par bien d’autres tentatives de plagiat qui ont toutes tourné court.
. Tsiafahy comme si vous y étiez, en 2004:la maison de force a la réputation d’un bastion d’où on ne s’évade pas. Les locaux, bâtis en béton et entourés d’une haute muraille, sont à près de 10m au dessous du niveau du sol. Un chemin de ronde en pierres massives en fait le tour, permettant aux gardes d’observer tous les faits et gestes des détenus. Ces derniers, d’ailleurs, n’ont pas moins de quatre à cinq portes en fer entre eux et la liberté. Le moindre bout de ferraille est interdit d’entrée. Les cuillers apportées de l’extérieur sont en aluminium et leur manche cassée, pour des raisons bien évidentes de sécurité. Des durs ont quand même réussi à se faire la belle à l’occasion d’un office organisé par l’aumônerie catholique des prisons…

Tom Andriamanoro

Antananarivo – Le message de la brique

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La chronique de Tom Andriamanoro laisse transparaître de la mélancolie. Mélancolie de la brique et de la beauté des constructions anciennes, royales ou du simple peuple. Mélancolie des voyages en train en pleine forêt de l’Est, Antananarivo-Toamasina et Fianarantsoa-Manakara. 

Il est certaines découvertes, même celles fatalement sujettes à polémique, qui vous font voir de toutes les couleurs. C’est le cas de celle défendue  par un grand  physicien et chimiste,  affirmant justement que les couleurs n’existent pas en elles-mêmes,mais qu’elles sont des créations de nos organes réceptifs. Quel rapport avec notre sujet du jour qui tourne autour d’une ville tiraillée plus souvent qu’à son tour entre authenticité et artifice ?
Ce chroniqueur avait un jour touché du doigt une vérité cachée, quand il affirma dans un livre consacré à la vie culturelle de la capitale: « Antananarivo est moins un produit qu’une expérience, moins un cliché qu’une  émotion. Chaque pavé, chaque brique a son message, et ce qu’on apprend est souvent plus important que ce qu’on voit.»
Mais pourquoi donc devant un même sujet, des étrangers savent-ils mieux lire entre les lignes que les Malgaches eux-mêmes, et atteindre cette émotion   Pourquoi leur récepteur parvient-t-il à repérer des couleurs affectives auxquelles celui des Tananariviens de souche paraît insensible  Serait-ce parce que les Malgaches sont trop pris par le côté utilitaire de leur quotidien, au risque de ne plus se soucier des risques de dépérissement courus par leur cadre de vie
Un investisseur hôtelier diplômé d’Histoire de l’art a un jour avoué: « Je n’ai jamais rencontré une ville comme Tana dont l’architecture a autant été façonnée par son Histoire. » Son hôtel est une véritable perle aménagée dans une maison ancienne, « a thing of beauty » comme aimait à le dire ce poète anglais, où le wifi et les équipements ultramodernes des salles d’eaux coexistent en toute harmonie avec les meubles d’époque et les portraits des reines. Et nous, et nous, et nous   Cet autre restaurant où les chats ne sont pas gris mais plutôt bleus, peut-être en application de la théorie des couleurs créées, possède une petite galerie d’objets authentiques, affiches, et autres photos anciennes de Madagascar, que l’on découvre avec curiosité avant de passer à table. Et nous, et nous, et nous  ?

Des rootless
Il nous reste peut-être ces blocs anonymes de béton surnommés « espaces » où l’on danse le madison lors des mariages du samedi après s’être égosillé sur le « Mifankatiava ihany ». Ou ces constructions d’un goût parfois douteux qui collent littéralement au Palais de la Reine, alors qu’un périmètre minimal de préservation aurait dû être décrété autour de ce patrimoine. Ou encore cette Colline autrefois Sacrée qui n’en finit pas d’être défigurée par les villas se disant modernes, sortant de ses flancs tels des champignons sûrement vénéneux.
Elle aurait préservé son âme si les propriétaires avaient su capter le fameux message et  construire suivant une architecture du terroir, ou s’en rapprochant. C’est pourtant tout à fait possible, comme sur les bords de ce plan d’eau, où a été aménagé un lotissement de belles demeures à la malgache avec leurs toits en pente, vestige de la cosmogonie des anciens, leurs briques, leurs vérandas. Grâce à un promoteur étranger, comme d’habitude.
Serions-nous devenus des « gasy tsisy fototra » que traduirait bien l’anglais « rootless », au point de laisser aux autres le soin, et le bénéfice, de valoriser notre propre personnalité  La volonté de développement ne doit pas se tromper d’itinéraire, aussi vrai qu’il ne peut y avoir d’arbre sans racine, et qu’avant toute vie caulinaire il y a d’abord celle racinaire.
Ainsi va la ville des mille errements où l’art scénique nouveau a élu domicile dans les centres culturels étrangers, pendant qu’à la Tranompokonolona d’Isotry, les « Tropy » malgaches livrent un combat d’arrière-garde devant un petit public d’irréductibles.
Difficile d’espérer mieux quand, sur le site historique du premier Théâtre tananarivien à Ambatovinaky, où l’on accourait à diverses époques pour apprécier des pièces comme Ny hazon’i Tritriva, Ny tantaran’i Astie zazavavy babo, ou Imaitsoanala, a été construit un WC public. Les tickets d’accès y coûtent 50 ou 100 ariary selon les besoins…

Le tiebou diene, fait de légumes et de poissons, est présenté dans une cuvette..

Arrêts sur image – Au pays de la Teranga

Par la grâce du dieu football et jusqu’au match retour prévu à Dakar, le 18 novembre, Madagascar vit à l’heure sénégalaise. Une occasion pour retenir quelques images de ce pays à la fois proche et lointain, au gré des méandres de l’Histoire. Là-bas, les « fatapera » sont appelés « fourneaux malgaches » (prononcer malgasse), et les « anamalaho » sont des « brèdes mafane ». Quant à cet hôtelier de Yoff, il avait l’habitude d’accueillir sa clientèle malgache en fredonnant « Ity hirako ity » de Thiera Bruno…
La Teranga, mot désignant l’hospitalité sénégalaise, est la vertu cardinale de ce peuple, un peu à la manière de notre Fihavanana. Tout ceux qui y ont séjourné vous le diront, ce n’est pas un vain mot.
Tous les présidents qui se sont succédé, ont su se forger une image forte, sauf peut-être l’actuel qui est encore en train d’asseoir la sienne. Du haut de son impressionnante stature, Abdou Diouf a prolongé, sans état d’âme, le néocolonialisme avec, d’une part, le maintien de la base française de Ouakam et, d’autre part, l’omnipuissance d’un indéracinable ministre d’État français du nom de Jean Colin, véritable président-bis. Abdoulaye Wade, lui, était très théâtral dans ses apparitions publiques avec ses bras à l’horizontale lui donnant l’aspect d’un oiseau de proie prêt à l’envol, prêt pour le Sopi (Changement).
Le Sénégal est certes un pays de football, entretenu par les compétitions inter-quartiers appelées Navetane, mais le véritable sport national est la lutte traditionnelle: entrée tonitruante des lutteurs bardés de gris-gris, danse guerrière en chorégraphie avec les accompagnateurs. Une longue séance de préparation mystique pour un combat pouvant se boucler en quelques minutes… Porté par le roulement crescendo des djembé, le public est au bord de l’hystérie.
Côté religion, on y pratique un Islam très tolérant marqué par la présence de plusieurs confréries, dont les Mourides, les Tidjianes, et les Layènes. Beaucoup de familles étant multiconfessionnelles,il n’est pas rare que des musulmans se joignent aux chrétiens pour le carême, et des chrétiens aux musulmans pour le ramadan.
Les Sénégalais cuisinent très gras, trois plats faisant leur réputation : le poulet yassa, le mafé (viande et pâte d’arachide) et surtout le tiebou diene (légumes et poisson), le tout présenté dans une cuvette où tout le monde se sert avec les doigts, en faisant de petites boulettes avec le riz. Succulent !
Gorée est une petite île historique au large de Dakar. C’est de là que partaient les cargaisons d’esclaves pour un voyage sans retour. J’y avais fait la connaissance de Robert, un ancien marin au long cours « cabo » (cap verdien), qui faisait semblant de connaître Madagascar et  les filles malgaches. Je faisais semblant de le croire…
Une pensée pour Mme Diop, une originaire d’Antsiranana qui a suivi ici son mari sénégalais. Elle disait souvent: « Quand je reviendrai au pays, je marcherai pieds nus de l’aéroport jusqu’à la maison, pour sentir la terre malgache, jusqu’au sang s’il le faut. » Son vœu n’a pas été exaucé, Mme Diop repose pour l’éternité au pays de la Teranga.

Quand le premier train de la ligne Fianarantsoa-Manakara arrive à la gare de Tolongoina, la population et les enfants sont là pour saluer les autorités.

Infrastructures – Ces Trains à Grande Vibration

On a demandé un jour, à ce directeur général d’une compagnie aérienne européenne ce qu’il pensait de l’apport du transport aérien au développement d’un pays. La sincérité de sa réponse a surpris et désarçonné son interlocuteur. « Vous savez, il faut relativiser.  Pour relier deux points, aussi éloignés et difficiles d’accès soient-ils, il suffit à l’avion de disposer de deux pistes et le tour est joué. Mais entre ces extrêmes, il risque de ne pas y avoir de développement du tout! » Une vérité qui rappelle l’électrification de l’Holiday Inn de Nosy Be dans les années 70 : le branchement a bien été fait entre Hellville au sud et Andilana, site de l’hôtel, au nord, mais sur son tracé, les villages continuaient à s’éclairer à la bougie. Pendant longtemps, Air Madagascar s’est enorgueilli d’avoir le réseau intérieur le plus dense du monde (un peu moins, en fait, que celui d’Avianca au Chili) : la publicité mise à part, cela n’a pas apporté les avantages que le pays aurait pu attendre d’un réseau routier ou ferroviaire bien tracé …
4h 30 du matin, devant la gare d’Antananarivo. C’était du temps où la gare était encore une gare, et non une galerie commerciale haut de gamme, doublée d’une excellente table où il fait bon être invité, et vu. Le départ n’est programmé que dans deux heures, mais déjà la file des valises et des soubiques s’allonge à vue d’œil en serpentant sur le vaste parking. Une véritable expédition se prépare, puisqu’on n’atteindra Toamasina qu’à la nuit tombée, après avoir humé à pleins poumons le premier air marin à la sortie du pont d’Ambila-Lemaitso. Les gares se suivent et se ressemblent, telles des dominos. Un peu en surnombre peut-être, mais c’est cela aussi les contraintes du désenclavement, le vrai. Beignets pimentés d’Ambatolaona, écrevisses du Mangoro, arrêt-repas à Périnet, l’actuel Andasibe, où les gargotiers s’arrachent les passagers, ravis de pouvoir se dégourdir les jambes avant d’attaquer pour de bon la forêt de l’Est. Junck, Roger, Mouneyres, Ambalaoraka, Anivorano, Brickaville… les habitués connaissent par cœur les arrêts et leurs spécificités, presque toujours en termes d’en-cas permettant de tuer le temps, des « longoza » aux bananes séchées en passant par les letchis en saison. A l’engorgement des trains de voyageurs, d’autres partants préfèrent la tranquillité des trains de marchandises qui roulent surtout la nuit, et acceptent les passagers pas trop pressés. On étale sans problème son matelas à même le sol, et c’est parti pour un voyage sous les étoiles, comme dans les chansons. Qu’en est-il resté  De mornes convois de wagons-citernes ravitaillant la capitale en carburant et, selon la demande, des trains charters pour touristes, rebaptisés Translémurie Express. Sans oublier la Micheline antédiluvienne, dont les derniers exemplaires encore opérationnels ne se rencontrent plus qu’à Madagascar.
Dans ce qu’on appelle un peu pompeusement le réseau Sud, le Fianarantsoa-Manakara fait vivre toute une région tout en étant lui-même chroniquement à deux doigts de rendre l’âme. Dans les années 90 notamment, il n’a dû sa survie qu’à un vaste élan de solidarité, notamment en Suisse, avec à sa tête un vétéran de l’humanitaire, Frank West: « Pour répondre à la première urgence, il s’attaque à un tronçon pentu de 20km devenu très dangereux. À ce titre, il cherche 40 000 traverses de bois ou de métal, ainsi que des voies. Le Bam et le Martigny-Châtelard ont offert chacun 600m de rails. Les chemins de fer du Jura et le Furka-Oberalp ont cédé respectivement 2 et 5km. La direction de l’Yverdon-Sainte Croix a aussi offert des traverses. Quant au Nyon-Saint Cergue-Morez, il a proposé quatre wagons de marchandises décorés par l’artiste peintre genevois Vincent Pasquier. »
Les connaisseurs recommandent d’effectuer le trajet plutôt dans le sens Manakara-Fianarantsoa afin de mieux vivre la découverte de la falaise. La sortie des marais d’Ambila marque le passage du pays des Antemoro à celui des Tanala en pleine forêt tropicale. Les « arbres du voyageur » et leur légendaire réserve d’eau envahissent la végétation. Précaution superflue de la nature, dans une région où tombent près de 3 000mm de pluie par an… A Tolongoina commence la partie la plus spectaculaire du trajet, durant laquelle la ligne doit racheter plus de 600m de dénivellation sur à peine 20km. C’est encore plus raide que dans la Cordillère des Andes. L’impression d’être en avion est presque parfaite. Au PK48, la Mandriampotsy déroule un spectacle rare avec, au dessus de la voie, une cascade d’une vingtaine de mètres et, sous le pont, une autre chute d’égale importance…  Après les champs de thé de Sahambavy, les derniers kilomètres sont avalés par le vieux train requinqué et pressé de se remettre de ses émotions à Fianarantsoa. Là est le bout de ligne d’un ouvrage d’à peine 170km dont la construction a été un modèle d’exercice de style pour ses concepteurs, et un goulag pour tous les travailleurs forcés qui y ont laissé leur vie.

Textes : Tom Andriamanoro – Photos: Archives

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