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Art plastique – Richard Korblah sculpte les récits de ses voyages

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Toute une épopée dans les méandres de la société africaine, à travers sa culture, ses traditions et son folklore. C’est à cette découverte que Richard Korblah dit le « Dinosaure » convie le public.

Les deux imposantes sculptures de « Combat de coqs » réalisées exclusivement pour l’exposition « Empreintes digitales » à l'Is'Art Galerie Ampasanimalo.

Les deux imposantes sculptures de « Combat de coqs » réalisées exclusivement pour l’exposition « Empreintes digitales » à l’Is’Art Galerie Ampasanimalo.

Une illustre personnalité de l’art plastique du continent africain s’expose actuellement dans nos murs. Un ouvrier de l’art, un sculpteur et un humaniste des plus aguerris, Richard Korblah sculpte l’histoire, le vécu et la réalité qu’il perçoit à travers les voyages qu’il entreprend de part et d’autre du globe, en agrémentant le tout de pigments variés. S’inspirant des traditions de son pays natal, le Bénin, Richard Korblah se laisse ainsi aisément influencer par ses rencontres dans divers pays qu’il visite. Son séjour actuel à Madagascar ne fait donc nullement exception à cela. Du « Combat de Coqs » à la « Circoncision », ce sont autant d’us et coutumes que des hommages aux diverses traditions que l’artiste retranscrit dans ses œuvres. Plus généralement, de nombreux symboles ornent les sculptures de Richard Korblah, invitant constamment les visiteurs à réfléchir sur des thématiques sociales, culturelles et voire politiques. Dans le cadre de son passage dans la Grande île, il se revèle aisément à travers son exposition sobrement intitulée « Empreintes digitales » à l’Is’Art Galerie Ampasanimalo,  jusqu’au 8 janvier 2017.

Suivant généralement la technique du « papier mâché », les créations de Richard Korblah enchantent toujours par leurs aspects fantaisistes et transcendants.

Suivant généralement la technique du « papier mâché », les créations de Richard Korblah enchantent toujours par leurs aspects fantaisistes et transcendants.

Un voyageur

Des origines métissées, Richard Korblah dessine et peint depuis son plus jeune âge. Formé dans un premier temps aux techniques des arts décoratifs, de la calligraphie et de la sérigraphie, il est essentiellement autodidacte. Assez rapidement, il se tourne vers la sculpture, qui lui permet de donner relief et mouvement à ses œuvres. Il expose au Bénin, ainsi qu’à Miami, La Ciotat, Paris, notamment à la galerie Vallois, au Grand Palais lors de « Art Paris Art Fair », au Carreau du Temple lors de la première édition de la foire d’Art contemporain et de design d’Afrique et à la Biennale de La Havane au « Museo Orgánico Romerillo ». Un artiste des plus émérites donc, honorant le public féru d’art contemporain et d’art plastique en général de la Grande île, dans le cadre de son passage à l’Is’Art Galerie Ampasanimalo. Dix œuvres inédites y sont à découvrir. Robert Korblah a comme particularité de réaliser à chacun de ses passages dans un pays, des créations exclusives en rapport à la culture locale.

L4

Un engagé

Autodidacte, il travaille successivement la sérigraphie, la calligraphie, et les arts décoratifs.
Rapidement, Richard Korblah, RAK de son nom d’artiste, ou encore surnommé « le Dinosaure », s’essaye à la peinture et à la sculpture. Son dinosaure, réalisé en 2000 et qui lui vaut son surnom, connaît un franc succès lors de l’édition des Rencontres Boulev’art de la même année. Son travail actuel est tourné vers le peuple Peul, marginalisé au Bénin comme dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. Par une série de toiles, l’artiste a tout d’abord dépeint des « visages peuls », puis il s’est intéressé plus particulièrement à une de leur coutume. Une cérémonie à la fois ludique et initiatique dénommée « Goodja » en langue Foulani, ce terme signifiant flagellation, correspond au rite de passage des jeunes hommes parmi les adultes. « La flagellation illustre la transcendance de la douleur physique dans la quête d’un idéal. Ainsi, mes sculptures expriment majoritairement la souffrance et la joie, ainsi que la force et la brutalité de ces cérémonies », affirme Richard Korblah.

Photo 4 et Photo 5 : Des sculptures en guise de portraits féminins que le sculpteur a réalisés pour rendre hommage aux peuples du continent africain qui les ont inspirés.

Des sculptures en guise de portraits féminins que le sculpteur a réalisés pour rendre hommage aux peuples du continent africain qui les ont inspirés.

Andry Patrick Rakotondrazaka – Photos fournies – Is’Art Galerie


Etape 7 – Malaimbandy-Miandrivazo – Jean Marc Rakotonirina redonne du « punch » aux Malgaches

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On l’attendait. Jean Marc Rakotonirina gagne une belle étape à Miandrivazo. Une victoire qui ramène à trois le succès des Malgaches, contre quatre pour les Hollandais.

C’était une étape pour lui. Avec un relief plat mais relativement vallonné, les Hollandais étaient attendus pour obtenir une cinquième victoire d’étape, mais c’est un grand sprinteur malgache qui s’est illustré au final. Il se nomme Jean Marc Rakotonirina de l’équipe XXL et il a prouvé par sa prestation qu’il reste un grand nom du cyclisme malgache. Il a bouclé les 115km de course en 3h 12 mn 07s et remporté le sprint à l’arrivée devant le Hollandais Niels Hoogenboom et l’autre Malgache Joharivelo Andrianjaka. Le Congolais Mayele N’Koro Djani et le Malgache Randriamaharitra complètent le top 5.
Pour en revenir à la course, ces cinq coureurs sont partis en échappée depuis la 88è kilomètre de Miandrivazo et n’ont plus été rejoints jusqu’à l’arrivée où une foule immense les attendait.
« J’avais comme objectif de gagner au moins une étape de ce Tour international de Madagascar et voilà c’est fait. C’était dur car il le vent soufflait beaucoup. Cela reste une belle victoire qui motive tout le clan malgache. Je me prépare pour la dernière étape à courir autour du lac Anosy », explique Jean Marc Rakotonirina

Décisive
La réaction hollandaise s’est manifestée durant cette Etape 7. Bob Van Den Hengel a tenté une percée juste après les efforts de Vincent Graczyk qui est allé rattraper une avance de cent mètres sur Mazoni Rakotoarivony. Malchanceux par la suite à cause d’une crevaison, Bob Van Den Hengel a été désemparé après cette coupure en plein effort. Au final, il est tout de même arrivé dans le même temps que son compatriote Niels Van Der Pijl et le maillot jaune Vincent Graczyk qui était aussi avec Mazoni Rakotoarivony.
Au classement général, Vincent Graczyk reste toujours en jaune, suivi de Mazoni RAkotoarivony et de Niels Van Der Pijl. L’étape 8 de ce jour reliant Miandrivazo à Mandoto s’annonce plus que décisive.
« On donnera tout sur cette huitième étape. On est prêt à tout tenter pour aller chercher le maillot jaune », promet Mazoni Rakotoarivony.

Les maillots du jour

Maillot jaune Bank of Africa du vainqueur au classement au temps : Vincent Graczyk (Équipe française Airtel)
Maillot Canal Plus du vainqueur aux points : Niels Van Der Pijl (Equipe des Pay-Bas)
Maillot Eau Vive du vainqueur de l’étape: Jean Marc Rakotonirina (Équipe XXL)
Maillot Unicef du premier malgache: Jean Marc Rakotonirina (Équipe XXL)
Maillot PMU de la plus longue échappée : Joharivelo Andrianjaka (Equipe nationale malgache Canal Plus)
Maillot Caprice du meilleur jeune : Dino Mohamed Houlder (Équipe nationale malgache Bank of Africa)
Maillot l’Express de Madagascar de la plus longue remontée au classement général: Jean Marc Rakotonirina (Équipe XXL)
Maillot Airtel Madagascar du plus dynamique malgache : Randriamaharitra (Équipe nationale malgache Canal Plus)
Maillot Shell du Fair-Play: Niels Hoogenboom (Équipe des Pays Bas)
Maillot Midi Madagasikara du combiné: Vincent Graczyk (Équipe française Airtel)
Maillot Mon Savon de l’élégance : Dino Mohamed Houlder (Équipe nationale malgache Bank of Africa)
Maillot Allianz du meilleur jeune malgache : Michel Andriamitantsoa (Équipe nationale malgache Bank of Africa)
Maillot Madauto du meilleur grimpeur : Mazoni Rakotoarivony (Équipe nationale malgache Bank of Africa)
Maillot Hôtel White Palace du plus ancien: Alexandre Le Coq (Équipe française Airtel )

Classement général

1     14     GRACZYK Vincent     FRA    18:53:49
2     2     RAKOTOARIVONY Mazoni     MAD    18:55:15
3     31     VAN DER PIJL Niels     NED    18:56:52
4     35     VAN DEN HENGEL Bob     NED    18:57:33
5     21     RABEMANANJARA Tojonirina     MAD    18:58:59
6     1     HOULDER Mohamed     MAD    19:00:08
7     44     RANDRIANANTENAINA Emile     MAD    19:00:11
8     11    LECOQ Alexandre     FRA    19:02:26
9     6     RANDRIANAMBININA Roger     MAD    19:03:08
10     42     RAKOTONIRINA Hasina     MAD    19:03:37

Classement de l’étape 7

1     25     RAKOTONIRINA Jean Marc     MAD         3:12:07
2     36    HOOGENBOOM Niels     NED    NED     3:12:07
3     45     ANDRIANJAKA Joharivelo     MAD    CAN     3:12:10.
4     41     RANDRIAMAHARITRA Sanda    MAD    CAN     3:12:35
5     81     MAILLOT Bryan     REU    MRM     3:13:00
6     26     RANDRIANARIMANANA Bruno     MAD    XXL     3:13:02
7     31     VAN DER PIJL Niels     NED     NED     3:13:07
8     52     MAYELE N’Koro Djani     COD    COD     3:13:07
9     2     RAKOTOARIVONY Mazoni     MAD    BOA     3:13:07
10     33     SCHOTH Guus     NED    NED     3:13:07

 

C2Setra Ramanankoraisina – « Le groupe Star  mise sur la proximité »

Le responsable événements et sponsoring du groupe Star parle de l’engagement de cette société pour le cyclisme.

Quelles sont les raisons de cet engagement du groupe Star pour le cyclisme ?
Effectivement, le groupe Star soutient le Tour Cycliste International de Madagascar (TCIM) depuis 2012. En fait, le sport est un domaine dans lequel il s’implique beaucoup, notamment les sports les plus populaires. C’est une manière pour le groupe de se rapprocher encore plus de ses consommateurs, et de partager avec les habitants de la Grande île  toute l’aventure que cela peut représenter. Par ailleurs, le groupe Castel a toujours été un fervent soutien du tour cycliste, et ce dans plusieurs pays en Afrique. Apporter notre soutien au TCIM s’inscrit dans la continuité de ce partenariat international.

Le groupe Star est présent avec les marques Eau vive, THB, Caprice et ainsi que l’équipe XXL. Comment s’est faite l’attribution de ces marques par rapport à votre soutien ?
Cette année,  la marque Eau Vive maintient sa vocation d’être la boisson de rafraîchissement pour les participants à la course. Les vainqueurs d’étapes porteront le maillot Eau Vive. Quant à la marque THB, elle véhicule l’esprit de convivialité, et offre des moments privilégiés de partage après chaque étape tout au long de la course. Nous avons également associé la marque XXL au Tour car la boisson énergisante a depuis toujours  soutenu une équipe. La dernière venue cette année est la marque Caprice. La raison de ce nouvel engagement est d’inciter les plus jeunes à s’intéresser à ce sport, et pourquoi pas de faire naître chez eux une vocation pour le cyclisme. D’ailleurs, le meilleur jeune coureur, cette année, sera doté du maillot « Caprice ».

Quelles seront réellement vos attentes par rapport au TCIM 2016  ?
Pour le Groupe Star, les attentes sont surtout relationnelles. Nous voulons créer encore plus de proximité avec nos consommateurs, à travers les liens qui peuvent se créer lors des passages des coureurs dans les différentes villes, et également à travers les évènements annexes organisées en marge de ce tour cycliste. Il s’agit aussi de faire la promotion de la discipline, et faire que ce dernier devienne un sport qui a sa place dans le paysage sportif national. Soutenir le Tour Cycliste International de Madagascar est aussi pour le Groupe Star un moyen de soutenir la promotion de la diversité  culturelle et de faire découvrir notre pays sous différents aspects, aussi bien humains que géographiques avec les divers paysages que peuvent offrir les parcours.

Qu’en est-il du sponsoring du groupe Star dans les autres disciplines sportives  ?
Le groupe Star s’efforce d’être au plus proche des consommateurs, et d’être au plus proche de la population, c’est pourquoi il soutient activement les sports populaires. Outre le cyclisme dans le cas du TCIM, il est également présent dans le football, le rugby, l’athlétisme et la pétanque.

Textes et photos : Dina Razafimahatratra

Bemiray –« Pour que la mer ne soit plus la limite de notre rizière »

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Au nom de la realpolitik et de la stabilité, la communauté internationale en général, et les grandes puissances en particulier, tolèrent certains dictateurs. Quant aux lépreux, ils n’ont pas leur place au sein de la société, à Madagascar comme au temps de Jésus. Finalement, Bemiray traite, aujourd’hui, des sujets certes plus révoltants mais toujours passionnants et intéressants.

L’attribution du Prix Nobel de la Paix 2015 au Quartet tunisien du dialogue national cache mal l’hypocrisie des grandes puissances avec leur « démocratie » sélective.

L’attribution du Prix Nobel de la Paix 2015 au Quartet tunisien du dialogue national cache mal l’hypocrisie des grandes puissances avec leur « démocratie » sélective.

Monde – Bienvenue en démocrature !

New York, la statue de la Liberté. « Ceux qui abandonnent la liberté pour acheter une sécurité temporaire ne méritent ni la liberté, ni la sécurité ». Cette phrase de Benjamin Franklin, qui sonne comme une profession de foi, mais aussi comme un message intemporel aux peuples du monde, est inscrite sur une plaque insérée dans le socle de l’emblématique monument. Qu’en est-il resté, quand le nouveau credo des relations internationales se résume à deux mots dénués de toute éthique et de tout idéal : Realpolitik et stabilité   La Baule n’a été qu’une parenthèse dans l’image donnée d’elles-mêmes par les grandes puissances, elles sont revenues, dans leur réalisme vis-à-vis des petits pays, à cette phrase de Franklin D. Roosevelt quand il parlait du dictateur nicaraguayen Anastasio Somoza : « C’est peut-être un salopard, mais c’est notre salopard ». Manfred Weber, président du groupe du Parti populaire européen (centre droit) au Parlement européen ne dit pas autre chose : « Nous devons reconnaître que le plus important pour nous, c’est la stabilité ». C’est dans ce puits à l’ombre des bananiers que les dictatures tropicales s’abreuvent dans leur quête de longévité, persuadées de pouvoir bénéficier auprès de la Communauté internationale d’une « omerta » complice et sécurisante, sous couvert de démocratie. Car la morale passe, mais les mots restent.
Nous sommes au pays de la Reine de Saba, à la civilisation plusieurs fois millénaire. Ici, le gouvernement éthiopien réprime dans le sang et sans état d’âme les réactions survenant fréquemment dans les régions Oromo dans le Centre et l’Ouest, ou Amhara dans le Nord. Les motifs les plus fantaisistes, arrangeant les gouvernants, sont avancés alors que le problème est autrement plus profond : le pays est sous la férule d’une minorité tigréenne qui ne représente pas plus de 6% de la population éthiopienne, un schéma que l’on retrouve à l’identique dans tout régime politique minoritaire, mais qui a su se forger un appareil d’État implacable et sans partage. L’Éthiopie connait sur le papier une croissance économique loin, très loin de bénéficier à tous. Les terres arables des Oromo majoritaires, par exemple, sont systématiquement bradées pour attirer les investisseurs étrangers, souvent saoudiens et chinois. La répression menée d’une main de fer ne suscite guère de réaction dans les capitales occidentales lesquelles ont besoin de la dictature tigréenne pour « stabiliser » la région. L’Union africaine ne pipe pas mot non plus, alors que les massacres se perpètrent pratiquement sous les fenêtres de son siège d’Addis-Abeba, en plein pays Oromo.

Le Président du Tchad, Idriss Deby Itno (2è à g.), « l’intouchable ami  de la France », a participé au Sommet de la Francophonie d’Antananarivo, les 26 et 27 novembre derniers.  Created in 1970, the International Organisation of La Francophonie represents one of the biggest linguistic zones in the world. / AFP PHOTO / STEPHANE DE SAKUTIN

Le Président du Tchad, Idriss Deby Itno (2è à g.), « l’intouchable ami 
de la France », a participé au Sommet de la Francophonie d’Antananarivo, les 26 et 27 novembre derniers. 

Intouchable
Un autre pays  de vieille civilisation, mais en plein renouveau du processus liberticide sous l’œil bienveillant de la Communauté internationale et de sa realpolitik, l’Égypte.  Mohamed Morsi, des Frères Musulmans, y a été l’unique dirigeant démocratiquement élu en 5 000 ans d’histoire égyptienne. Il a été condamné à mort par un tribunal fantoche, et 40 000 prisonniers politiques croupissent  toujours derrière les barreaux. Et pourtant, en août 2013, le Secrétaire d’État John Kerry affirme sans rire que « le maréchal Abdelfattah Al-Sissi est en train de rétablir la démocratie ». L’année suivante, il légitime encore plus l’autocrate égyptien dont il salue « le rôle essentiel dans la région ». En avril 2015, le Président Obama lève le gel des livraisons d’armes lourdes à l’Egypte, suspendues depuis 2013. La realpolitik, encore et toujours. On ne s’étonnera pas de l’ironie du Chef d’Al Qaïda, Ayman Al-Zawahiri, dénonçant la naïveté des Frères Musulmans qui ont cru à la démocratie occidentale en participant aux élections…
Les exemples pourraient se multiplier presque à l’infini. Que dire de la Turquie rebaptisée Erdoganistan par un caricaturiste inspiré   Bachar El-Assad, d’abord voué aux gémonies, n’est-t-il pas désormais admis comme pouvant, ou même devant faire partie de la solution syrienne   En Afrique, Idriss Deby Itno, au pouvoir depuis 1990, exclut toute idée d’alternance, et refuse qu’on lui demande des nouvelles d’opposants disparus. Cet ancien collaborateur d’Hissène Habré aux pires heures de la tyrannie est « un intouchable ami de la France ». Et il n’est pas le seul, au nom de la stabilité et de la realpolitik.
Allant plus loin que Franklin Roosevelt couvant « son » Somoza, l’impression est que les dirigeants occidentaux sont retombés dans le piège de la Guerre Froide en étant désormais prêts à soutenir n’importe quel autocrate, confirmé ou en herbe, au nom de la sécurité et de l’ordre. Le Wall Street Journal a récemment eu cette réflexion : « Les hommes politiques occidentaux axent leur politique étrangère davantage sur les intérêts stratégiques que sur la démocratie et les Droits de l’homme ». Cela risque de s’avérer une option à courte vue, une vraie stabilité digne de ce nom ne pouvant venir de la dictature, ou s’y appuyer. La Tunisie a su rester fidèle aux idéaux de son printemps, contrairement à d’autres. Son « Quartet du dialogue national », issu de la société civile, a été récompensé en 2015 par le Prix Nobel de la Paix. Il est composé de l’Union générale tunisienne du Travail (UGTT), du Patronat tunisien (UTICA), de l’Ordre des avocats, et de la Ligue tunisienne des Droits de l’homme. Un « toko… efatra mahamasa-mahandro » en quelque sorte, qui a su démontrer l’efficacité et la force d’une société civile combative et créative. Ces ingrédients existent dans d’autres pays actuellement étouffés, tout espoir n’est pas perdu.

xLes personnes âgées sont de moins en moins respectées  au sein de la société malgache.

Les personnes âgées sont de moins en moins respectées au sein de la société malgache.

Démographie – Près de dix milliards d’habitants sur terre en 2050

Trente-quatre ans ça passe vite, c’est trois fois rien, c’est moins de temps qu’il n’en faut à un bail conclu avec des obsédés du carat aux yeux bridés pour arriver à échéance. Eh bien, d’après un rapport du Population Reference Bureau américain, le monde comptera 9,9 milliards d’habitants en 2050, contre 7,6 milliards aujourd’hui. L’évolution est encore plus rapide, et plus inquiétante, que les prévisions les plus alarmistes des experts.  L’Afrique est plus particulièrement concernée, car pour ne prendre que l’exemple du Nigeria qui est déjà le pays le plus peuplé du continent, ce géant verra sa population passer plus que du simple au double. Comment parviendra-t-elle à nourrir ses 398 millions d’habitants (contre 187 actuellement), déjà qu’avec son pétrole dont les Nigérians ont depuis longtemps désespéré de sentir l’impact sur leur marmite, c’est le pays où il y a le plus de queues devant les stations d’essence
Des bouleversements auront lieu dans la hiérarchie du (sur)peuplement : bien qu’ayant adouci sa politique de l’enfant unique, la Chine cèdera la première place à l’Inde, sur le score de 1,708 milliard contre 1,344 milliard. Les États-Unis resteront stables à la troisième place, à égalité avec le Nigeria. Une véritable révolution interne aura par contre lieu dans la composante de la population américaine: en 1967, elle comptait 84% de Blancs, 11% de Noirs, 4% d’Hispaniques, et 1% d’Asiatiques. En nette régression, la communauté blanche est passée à 67% dans la première décennie de 2000, pour se retrouver probablement à 52% dès les années 2040. Les Hispaniques seront alors 22%, les Noirs 14%, et les Asiatiques 7%. De quoi donner des nuits blanches à Donald Trump dont l’ambition est de rendre à l’Amérique sa blancheur, pardon, sa grandeur. Blanc bonnet et bonnet grand…
Avec 226 millions d’habitants, le Brésil rétrogradera à la septième place, laissant le cinquième rang  au plus grand pays musulman du monde, une Indonésie forte de ses futurs 360 millions d’habitants. Les Brésiliens trouveront devant eux le Pakistan (344 millions), lequel devra faire une croix définitive sur ses prétentions territoriales sur le Cachemire.
En attendant, et pour rester bien de notre temps, il y a des pays qui vieillissent dramatiquement bien. C’est le cas du Japon qui a atteint cette année le chiffre incroyable de 32 000 nouveaux centenaires, portant leur total à… 65 000 ! Est-ce une bénédiction ou au contraire une anomalie, quand on pense que Jeanne Calment qui fut pendant longtemps la doyenne des Français, ou les Malgaches fiers de leurs « petits enfants des genoux, de la plante du pied, ou des orteils » ne sont finalement que de respectables exceptions   Le Japon compte aujourd’hui 10,5 millions d’octogénaires, soit plus que la population totale d’un pays comme la Suède. 25% de la population sont à la retraite, ce qui explique pourquoi l’économie japonaise ralentit depuis des décennies. Mais peu importe, le 19 septembre, jour du respect envers les personnes âgées, y est scrupuleusement observé. C’est l’occasion d’offrir une traditionnelle coupelle en argent aux centenaires, une délicate attention coûtant 1,88 millions d’euros au trésor public. Au Japon aussi, « quand on aime on compte pas ».

Deux lépreux sénégalais guéris reclus dans le village de Mballing (Sénégal).

Deux lépreux sénégalais guéris reclus dans le village de Mballing (Sénégal).

Société – Anciens lépreux : quelle vie après l’enfer ? 

Manankavaly. Il fut un temps où on frissonnait à la seule évocation de ce nom, celui d’un petit hameau à l’écart de la RN2, à une poignée de kilomètres de la capitale. Là se trouve une léproserie à qui certaines églises se faisaient un devoir de rendre une visite de réconfort, au moins une fois l’an avec quelques menus cadeaux. On craignait l’endroit plus encore qu’Anjanamasina réservée aux aliénés mentaux, car le spectacle courant de malades mutilés des membres ou défigurés, quémandant l’aumône dans les rues, en véhiculait une image de damnés. Une maladie atroce, la plus déshumanisante qui soit, qui commence pourtant par de simples petites taches bénignes sur la peau, qu’on finit par oublier jusqu’à ce qu’il soit trop tard…
Quel rapport avec ce voyage de professionnels du tourisme organisé il y a quelques années de cela dans la Sava, par l’Association Go To Madagascar conduite par sa présidente Sonja Gottlebe   Une des plus belles régions de Madagascar, avec ses routes goudronnées, son poids économique au parfum de vanille, sa biodiversité, mais où on débarque un peu comme sur une île lointaine faute de liaisons terrestres correctes avec le reste du pays. Merci quand même à l’avion malgré son prix… Les Tour Opérateurs réceptifs sillonnèrent toute la région au fil d’un mémorable périple touristico-gastronomique, sans oublier un endroit sortant de l’ordinaire du tourisme, sous la conduite de  Mme Marie-Hélène Kam Hyo, une personnalité respectée d’Antalaha : « Ma Montagne », un grand terrain en pente replanté par des anciens lépreux habitant le village de « Belfort » avec toute une gamme d’arbres fruitiers allant des papayers aux caramboles en passant par les orangers et les pamplemoussiers.  L’incontournable vanille, les ananas, le cacao ont aussi leurs quartiers, sans oublier les essences précieuses bien chez elles dans la Sava. Leurs récoltes et la vente de plants fournissent aux anciens malades des revenus leur permettant d’être pratiquement  autonomes. Avant de les quitter, les « Go To » plantèrent symboliquement des bébés bois de rose qu’ils reviendront admirer dans 200 ans : il faut en effet 50 ans pour obtenir un tronc de 20cm de diamètre…

Calvaire après guérison
Quel rapport avec Mballing, tout là-bas au Sénégal, au sud de Dakar   La maladie, toujours la même, que les habitants de cette ancienne léproserie devenu un petit village ont fini par surmonter, malgré des stigmates à jamais indélébiles. Seulement, ici ils se sentent à l’écart dans leur « village de reclassement social » devenu un petit monde taillé pour eux et leurs familles. Et pourtant la vie y parait des plus normales, avec des mères préparant le petit déjeuner, et des maçons en train de construire une salle de classe. L’actuel chef de village se souvient de ses premiers jours à Mballing en 1955 : « les malades étaient agités quand on les traitait. Mon père les maitrisait quand on leur faisait des injections. Il est devenu le chef du village et se chargeait de la nourriture des malades ». Et de revenir au  temps présent : « Avec l’évolution de la médecine, la lèpre a connu un recul dans ce village, beaucoup sont guéris. Nous sommes des pêcheurs, des agriculteurs, nous faisons de l’exploitation forestière et du petit commerce avec la transformation des produits halieutiques. Nous n’allons pas attendre que tout nous tombe du ciel. Nous faisons des activités génératrices d’argent ». Comme là-bas, sur Ma Montagne…
Pour cet autre villageois, son calvaire a paradoxalement débuté avec sa guérison : « Je me suis rendu à Dakar pour mendier, car c’était le seul moyen que j’avais trouvé pour nourrir ma famille. Chaque jour les policiers nous traquaient ». Finalement ils ont été chassés de la ville, et lui est retourné à Mballing. Ce qui révolte tous les anciens, c’est en fait cette appellation de village de reclassement social. « On nous l’a collée dessus, dans la forme et dans le fond nous n’en voulons plus. Nous voulons notre indépendance, nous sommes un village comme tous les autres. Du social, il y en a partout. Qu’on nous débarrasse de cette étiquette ».

Rétro pêle-mêle

Le Révérend Jeremiah Wright, un ancien « marine » devenu pasteur en 1972, était à la tête d’une minuscule communauté protestante de la banlieue de Chicago. Trente ans lui suffirent pour en faire la congrégation noire la plus puissante des États-Unis. Ses sermons étaient généralement structurés autour de la « théologie de la libération », revendiquant une inspiration négro-africaine du christianisme. Il lui arrivait lors de prêches incendiaires d’accuser le gouvernement américain de terrorisme d’État, de préjugés racistes, de responsabilité dans la propagation du Sida, et de bien d’autres plaies encore selon son inspiration du moment. Parmi ses ouailles, un jeune homme au physique longiligne, porté par sa foi, ne se privait pas pendant la louange de lever les bras au ciel, de taper dans ses mains, de prier à haute voix, comme n’importe quel converti de nos « Fiangonana zandriny ». À la veille de donner à sa carrière une tournure résolument politique au plus haut niveau, il dut néanmoins, non pas renier ses convictions, mais s’éloigner pour de bon de ce pasteur Wright qu’on cataloguait comme étant son mentor, et mettre fin à une proximité devenue encombrante. Mais toute l’église se souvient encore du frère Barack…

Les péroraisons du Rev.  Jeremiah Wright ont failli coûter cher à Barack Obama.

Les péroraisons du Rev.
Jeremiah Wright ont failli coûter cher à Barack Obama.

Chiffres de 2006 fournis par Interpol à l’appui, la principale tare de la société sud-africaine avec le Sida reste  le niveau hors norme de la criminalité qui la gangrène : pour 100 000 habitants, il se commet en Afrique du Sud six fois plus de meurtres qu’aux États-Unis, et quarante fois plus qu’en France. Une baisse de 2% a, quand même été enregistrée par rapport Afrique à 2005, mais les braquages restent à la hausse, tout comme les attaques de convoyeurs de fonds qui ont augmenté de 74%. Le phénomène est essentiellement urbain, les villes les plus touchées étant celles de Johannesburg, du Cap, et de Durban. Les cours particuliers de comportement en cas d’attaque à la maison ou en voiture (35 braquages d’automobilistes par jour aux carrefours !) ont de ce fait un grand succès. Fuir, résister, ou laisser faire   Il est en premier lieu conseillé de garder son calme, et ne jamais regarder son agresseur dans les yeux. A  Jobourg comme à Tana, c’est une imprudence qui peut coûter la vie, car laissant penser au malfaiteur qu’il pourra être identifié plus tard. En tête des causes les plus citées de cette criminalité galopante figurent les inégalités sociales flagrantes, la déstructuration des familles due aux années d’apartheid,  et aussi les « orphelins du Sida » pour qui la peur de la mort n’existe plus.

Textes : Tom Andriamanoro
Photos : L’Express de Madagascar – AFP

Étape 9 – Critérium du Lac Anosy – Bryan Maillot triomphe, Vincent Graczyk aux anges

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Absent sur l’ensemble du Tour, les Réunionnais réagissent par l’intermédiaire de Bryan Maillot, en gagnant à Anosy. De son côté, Vincent Graczyk gagne enfin, après deux deuxièmes places en 2013 et 2014.

Une victoire mémorable. Le Réunionnais Bryan Maillot réussit un tour de force durant la neuvième et dernière étape du Tour cycliste international de Madagascar (TCIM). Prévu totaliser 45 tours, le critérium du lac Anosy a été raccourci à 30 tours. Le directeur de course, Laurent Bezault, a  arrêté la course au bout de quatre tours car la sécurité des coureurs a été menacée par l’euphorie de la population malgache que les agents de la police nationale et ceux de la gendarmerie nationale n’ont pas pu contenir. Finalement la course a pu reprendre.
Bryan Maillot a ainsi bouclé les 30 tours du lac Anosy, totalisant 60 kilomètres, en 1h 14mn 44s. Un succès phénoménal, car il a réussi à dépasser d’un tour le peloton du maillot jaune Vincent Graczyk. Ses poursuivants ont été le Hollandais Bo Van Den Hengel (2e) et son compatriote Jean François Chrislain (3e) qui se sont retrouvés avec le même temps, 1h 16mn 43s.
« Sur ce TCIM 2016, j’avais envisagé de gagner au moins une étape et cela s’est fait. Nous n’étions  que trois coureurs dans l’équipe et c’était dur. Je suis assez content d’autant que Jean Francois Chrislain qui m’a beaucoup aidé, termine troisième de l’étape », explique le vainqueur de l’étape en maillot Eau vive, Bryan Maillot.

Consécration
Au classement général, Vincent Graczyk est aux anges. Même s’il y a quelques semaines, il a perdu de très peu le Tour du Burkina Faso, il gagne enfin le TCIM. « C’est ma quatrième participation au TCIM. En 2013 et 2015, j’étais deuxième et en 2014, j’ai dû abandonner car j’étais malade. J’avais une équipe qui n’était pas forcément la plus forte, mais elle était très solidaire. Ma victoire, je la dédie aussi aux coureurs malgaches, car à certain moment, il a fallu contenir l’assaut des Hollandais. Je féliciterai spécialement Mazoni Rakotoarivony pour sa prestation. Il a le potentiel pour courir en Europe. Durant ce Tour, il n’a été ni entouré ni assez soutenu par ses coéquipiers sinon ils auraient largement gagné le TCIM », estime Vincent Graczyk.
Pour les Hollandais, l’objectif est atteint, selon le directeur sportif de l’équipe Theo Wennekes. « Pour une première expérience à Madagascar, je peux dire que je suis assez satisfait. Nous terminons troisième et quatrième au classement général, nous avons eu le classement aux points ainsi qu’au classement par équipe. Nous tenterons une nouvelle expérience sur le TCIM 2017 », rappelle-t-il.
Le rideau est ainsi tombé sur le TCIM 2016. On retiendra une belle compétitivité entre Malgaches, Hollandais, Français, Réunionnais et Congolais. Un Tour propre, techniquement bien mené en général. L’heure est au bilan pour tout le monde, y compris pour notre journal qui en présentera un dans une de ses prochaines parutions.

Bryan Maillot suit l'exemple de son compatriote Armand Henriette (quatre fois vainqueur)  en remportant le fameux tour du lac Anosy.

Bryan Maillot suit l’exemple de son compatriote Armand Henriette (quatre fois vainqueur)en remportant le fameux tour du lac Anosy.

Les maillots du jour

Maillot jaune Bank of Africa du vainqueur au classement au temps : Vincent Graczyk (Équipe française Airtel)
Maillot Canal Plus du vainqueur aux points : Niels Van Der Pijl (Équipe des Pays-Bas)
Maillot Eau Vive du vainqueur de l’étape : Bryan Maillot (Équipe de La Réunion)
Maillot Unicef du premier Malgache : Mazoni Rakotoarivony (Équipe nationale malgache Bank of Africa)
Maillot PMU de la plus longue échappée : Mazoni Rakotoarivony (Équipe nationale malgache Bank of Africa)
Maillot Caprice du meilleur jeune : Dino Mohamed Houlder (Équipe nationale malgache Bank of Africa)
Maillot l’Express de Madagascar de la plus longue remontée au classement général : Bryan Maillot (Équipe de la Réunion)
Maillot Airtel Madagascar du plus dynamique malgache : nbJean Freddy Ramanampisoa (Équipe malgache XXL)
Maillot Shell du Fair-Play : Jean Marc Rakotonirina (Équipe malgache XXL)
Maillot Midi Madagasikara du
combiné : Vincent Graczyk (Équipe française Airtel)
Maillot Mon Savon de l’élégance : Dino Mohamed Houlder (Équipe nationale malgache Bank of Africa )
Maillot Madauto du meilleur grimpeur : Mazoni Rakotoarivony (Équipe nationale malgache Bank of Africa)
Maillot Allianz du meilleur jeune malgache : Dino Mohamed Houlder (Équipe nationale malgache Bank of Africa)
Maillot Hôtel White Palace du plus ancien : Alexandre Lecoq (Équipe française Airtel )

Mazoni Rakotoarivony porte  le maillot Unicef du premier Malgache.

Mazoni Rakotoarivony porte le maillot Unicef du premier Malgache.

Etape 8 – Miandrivazo-Mandoto – Un jamais deux sans trois pour Mazoni

On attendait une réaction de sa part et il a réagi. Mazoni Rakotoarivony est vraiment le plus en forme de la sélection malgache sur cette 13e édition du Tour cycliste international de Madagascar (TCIM). Samedi, il a gagné l’étape 8 reliant Miandrivazo à Mandoto qui devait faire 115 km, mais qui a été amputée de 35 km par le directeur de course, Laurent Bezault, à cause d’un trop mauvais état de la route. Cette victoire d’étape est la troisième pour Mazoni après celle de l’étape 2 (Critérium de Fenoarivo-atsinanana) et de l’étape 3 ( Brickaville –Moramanga). Il boucle la distance en 2h 12mn 49s et punit les Hollandais Bob Van Den Hengel et Niels Van Der Pijl au sprint avec deux longueurs d’avance.
Durant l’étape 8, on a assisté à un duel d’envergure entre Mazoni Rakotoarivony et le Français Vincent Graczyk, le porteur du maillot jaune. Essayant des attaques à répétitions sur quelques séries de montées, le Malgache a juste pu prendre une dizaine de mètres avant d’être à chaque fois repris par le Français. Un marquage qui a payé, puisque le Malgache a juste pu prendre une seconde sur le Français à l’arrivée à Mandoto.
« J’ai tout donné, mais Vincent Graczyk s’est tout de suite mis dans ma roue à chaque tentative. J’avais besoin de l’aide de l’un de mes équipiers qui, au final, n’avaient pas les jambes pour attaquer le maillot jaune  Celui-ci a, au contraire, profité des efforts de son équipier Alexandre Lecoq. J’étais tout seul dans mes efforts et revenir prendre le maillot jaune dans ces conditions était trop dur. Le vélo, c’est avant tout un sport d’équipe », regrette Mazoni Rakotoarivony, le dauphin de Vincent Graczyk, qui reste le meilleur grimpeur de ce TCIM 2016.
Un grand mérite pour Mazoni Rakotoarivony, qui a non seulement animé la course avec ses efforts mais qui s’est permis le luxe de gagner l’étape avec toute sa hargne.

Textes et photos : Dina Razafimahatratra

Bilan – Le Tour 2016 mérite beaucoup plus de grandeur

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C’est un bilan assez simple soulignant les éventuelles améliorations à apporter, les points négatifs à effacer et les points positifs à conserver de ce Tour de Madagascar 2016.

Rideau sur le Tour cycliste international de Madagascar. Pour avoir suivi l’événement du 9 au 18 décembre, j’ai pu vivre des moments exceptionnels en admirant les 56 coureurs effectuer les 988 km de parcours répartis en neuf étapes. Une aventure humaine qui a réuni des coureurs venant de La Réunion, de la Hollande, de la RD Congo, de la France et bien sûr de Madagascar. La compétition a démarré à Toamasina, et après un détour à Fenoarivo-atsinanana, elle est descendue sur Brickaville, Moramanga, Antananarivo, Behenjy et Antsirabe. Ensuite, c’est le transbordement vers Morondava où chacun a pu découvrir les fameux baobabs, ces arbres à l’envers. Le Tour est revenu vers la chaleur intense de Miandrivazo puis sur  Mandoto, pour finir en beauté autour du lac Anosy.
Mes appréciations ont trois dénominations, « bon », « pas bon » et « à amélior ».

Bon
-Les heures de départ scrupuleusement respectées par le directeur de course, Laurent Bezault, ainsi que le responsable de l’arrivée, Joachim Niekema.
-L’itinéraire du Tour offre un terrain de jeu très intéressant, selon le directeur de course et consultant à l’Union cycliste internationale, Laurent Bezault.
-La retransmission des résultats s’est faite en un temps record depuis les juges à la ligne d’arrivée jusque dans nos mails.
-L’accueil du Tour et les diverses animations ont davantage attiré la population malgache des différentes villes traversées.
-Les conditions d’hébergement des coureurs étrangers et des deux équipes malgaches.
-L’engouement des sponsors Bank of Africa, Unicef, Star, Canal Plus, Allianz, Airtel, Shell, PMU, Mon savon, Hôtel White Palace, Madauto et l’ensemble de la presse à faire de l’évènement une réussite sur le plan sportif et social, car le TCIM a engagé pas moins d’une cinquantaine de personnes, nourri des familles.
-Le courage des carriéristes à chaque arrivée.
-Le volet médical est à féliciter car le personnel s’est montré très professionnel .
-La cohésion de l’équipe nationale a été bien présente. Toutefois, les cinq coéquipiers de Mazoni Rakotoarivony n’ont pas eu les jambes qu’il fallait pour l’aider a enlever le maillot jaune du dos du Français Vincent Graczyk.

Pas bon
-L’état du circuit dans la ville de Fenoarivo-atsinanana avec une piste en graviers et poussiéreuse sur l’ensemble du parcours. Une vingtaine de crevaisons ont été enregistrées.
-La réduction de l’Étape 8 reliant Miandrivazo à Mandoto de 115km à 5 kilomètres,  due au mauvais état des routes .
-La sécurité sur l’axe Brickaville-Moramanga laisse à désirer avec l’affluence des camions qui mettent en danger la vie des coureurs. Consultés sur ce point, les organisateurs vont désormais annuler les étapes dangereuses sur cet axe Est.
-La sécurité autour du lac Anosy où la course a été arrêtée après quatre tours à cause de l’incapacité des forces de l’ordre à boucler le périmètre de course.
-L’état des véhicules loués par la direction du Tour et  proposés par les sponsors Madauto, Bank of Africa ou encore la Star. Les differentes pannes de ces véhicules ont entrainé des imprévus au niveau de l’organisation générale du Tour.
– Durant tout le Tour, les coureurs de l’équipe nationale malgache Bank of Africa n’ont pas eu droit a des boissons isotoniques. On s’est limité à des bananes, de l’eau, parfois même du coca-cola et des biscuits….

A améliorer :
-La restauration mobile du Tour est en dents de scie. Ici on parle de la qualité des repas et du timing du service .
-L’hébergement des coureurs autres que les équipes nationales et étrangères. Parfois, comme à l’arrivée à Toamasina, ils n’ont pu avoir un logement qu’à 22h20. Cela s’est amélioré par la suite.
-L’encadrement technique des équipes nationales malgaches qui sont suivies par des directeurs sportifs connaissant le vélo, mais parfois débordés par l’événement.
Rendez-vous donc à Toliara pour l’édition 2017.

C2Jean Claude Relaha – « Mazoni est une fierté nationale »

Le président de la Fédération malgache de cyclisme et directeur du Tour cycliste international de Madagascar (TCIM) nous livre ses impressions sur l’événement.

Après le sacre de Dino Mohamed Houlder en 2015, l’armada malgache avec Mazoni en tête s’est contentée de la deuxième place. Comment expliquez-vous cet échec  ?
Il faut d’abord préciser que le niveau du Tour cycliste international de Madagascar a été particulièrement élevé avec la venue des coureurs hollandais. Après je peux dire qu’un grand nombre de coureurs malgaches ne comprennent pas encore et n’acceptent pas encore qu’il y ait un leader à soutenir et à protéger. L’effort à faire serait déjà sur le volet éducation de l’ensemble des coureurs malgaches pour qu’il comprennent mieux le vélo et on va s’y atteler. Je reviens sur la prestation de Mazoni Rakotoarivony qui me fascine au plus haut point. C’est un excellent coureur et il demeure une fierté nationale. Il lui fallait deux ou trois équipiers pour pouvoir gagner et ces coéquipiers, il ne les a pas eus.

Sur le plan organisationnel qu’avez-vous à dire  ?
En général, nous pouvons dire que nous avons été à la hauteur de l’événement. Nous avons fait l’effort de ramener toujours beaucoup d’adversaires et nous l’avons eu avec la présence des Hollandais et des Français ou même des Réunionnais et des Congolais. Après, il faudrait revoir le volet sécurité qui reste un domaine à toujours améliorer, car c’est la priorité des priorités. Nous avons vu aussi que l’état des routes reste un problème majeur à prendre en compte.

C3
Comment s’est préparée l’organisation du TCIM 2017  ?
Nous sommes déjà en train de monter le TCIM 2017 avec un départ prévu pour Toliara. Nous mettrons en place le parcours de telle sorte que nous puissions avoir quelques étapes de montagne qui favoriseront les coureurs malgaches. Nous tiendrons compte de l’état des routes. Nous comptons également sur l’appui et le soutien de nos fidèles sponsors et des autorités, car c’est eux qui font vraiment la pérennité de ce TCIM.

Après le TCIM 2016, comment s’annoncent les échéances internationales en 2017  ?
Effectivement, il y aura des échéances internationales intéressantes en 2017. Nous essaierons, du mieux qu’on peut, de constituer une équipe nationale plus performante car nous aurons quelques bons mois de préparation. Il y aura le Tour de la RD Congo en juin et nous prévoyons aussi d’aller à La Réunion. Par la suite, le plus important reste les championnats d’Afrique. Nous ignorons jusqu’à maintenant où ils se dérouleront, mais nous envisageons d’envoyer au moins deux coureurs. Faire plus serait très difficile pour nous.

Textes et photos : Dina Razafimahatratra

Rétrospective – L’année 2016 en cinq chapitres

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Un début d’année difficile pour le secteur télécom avec l’application du droit d’accises. Néanmoins, de nombreuses activités connaissent un début très satisfaisant.

La loi de finances 2016 établit une hausse du droit d’accises au secteur télécom qui va de 7% à 10%. Tous les services de télécommunication sont concernés par cette mesure, à savoir les communications nationale et internationale par téléphonie et réseaux mobiles, incluant Internet, trafic voix, trafic sms ou mms et transfert de données.
Ces taxes se répercutent logiquement sur le coût de la communication et la hausse du tarif est donc au rendez-vous. La facture devient plus que jamais salée pour les usagers. Cette augmentation est de l’ordre de 3% à 10% selon le plan tarifaire souscrit par l’abonné.
Avec cette nouvelle mesure, 30% de ce que les usagers paient aux opérateurs vont directement dans les caisses de l’État. Puisque à part le droit d’accises à 10%, il faut aussi compter les 20% de la taxe sur les valeurs ajoutées (TVA). Sur un abonnement  internet d’un million d’ariary, 300 000 ariary  reviennent au Trésor public.

Le call center prend son envol
Madagascar est en train de se faire un nom dans le domaine du call center. Cette année est marquée par l’arrivée de Teleperformance, un géant mondial du centre d’appels. Pour les acteurs de la filière, la présence de ces grosses pointures est un signal fort de la confiance des investisseurs à l’égard du marché malgache.
La connectivité internationale est longtemps restée problématique dans la Grande ile, mais la situation s’est nettement améliorée avec l’arrivée de plusieurs câbles sous-marins en 2009. Jusqu’à la fin 2008, Madagascar a été relié au reste du monde principalement par des liaisons satellitaires qui ont contribué à renchérir le coût de location des bandes passantes internationales. Mais le prix de gros de la capacité internationale E1 a été divisé par 25 de 2007 à 2014. Celui-ci chute de 10 994 dollars à 442 dollars. En termes de bande passante internationale, celle-ci passe de 220Mbps en 2007 à 32Gbps en 2014.
Selon les informations recueillies auprès de l’Economic development board of Madagascar (EDBM), organisme chargé de la promotion des investissements dans le pays, le nombre des entreprises créées dans le secteur du centre d’appels ou dans celui des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) ne cesse de croître. Entre 2005 et 2016, 85 centres d’appels ont choisi de s’installer dans le pays.
Les call centers sont devenus en peu de temps le nouveau filon pour des milliers de jeunes malgaches. Les offres d’emploi inondent le marché. L’un des critères d’embauche est la maîtrise des langues étrangères, notamment le français. À cela s’ajoute une bonne culture générale. Les opérateurs doivent se familiariser en peu de temps avec des jeunes qui ne sont pas Français de souche et dont la plupart n’ont jamais eu d’expérience dans ce domaine. Tout s’apprend sur le tas.

Explication des mesures de l’Etat sur l’identification de la carte SIM  lors d’une conférence de presse au siège de l’Artec en mars.

Explication des mesures de l’Etat sur l’identification de la carte SIM
lors d’une conférence de presse au siège de l’Artec en mars.

Identification de la carte Sim
Les autorités ont lancé une opération inédite. Les Malgaches et les étrangers résidant à Madagascar doivent enregistrer leur carte SIM auprès des opérateurs. L’enregistrement des renseignements sur l’utilisateur dans une base de données fait partie des obligations des opérateurs mobiles à Madagascar. Ces informations permettront à l’appareil judiciaire de mener à bien la lutte contre la cybercriminalité. Ainsi, toutes les cartes SIM attribuées à des abonnés non identifiés ont été résiliées.

Michel Degland, directeur général d’Orange Madagascar annonce l’arrivée prochaine de la technologie 4G.

Michel Degland, directeur général d’Orange Madagascar annonce l’arrivée prochaine de la technologie 4G.

Une année mouvementée pour Orange Madagascar
L’opérateur Orange Madagascar et l’Autorité de régulation des technologies de communication (Artec) se lancent dans un bras de fer sans précédent. Le litige qui a opposé l’opérateur télécom à l’Autorité concerne « le cahier de charges et l’interprétation du texte réglementaire ». Ce bras de fer a coûté le départ de Michel Barré de la direction générale d’Orange Madagascar au mois de mai. Son successeur, Jean Luc Bohé est nommé pour mener à terme le dialogue.
Les discussions ont été suspendues après le décès brutal de ce chef d’entreprise, le 27 juillet.
Michel Degland est alors  nommé au poste de directeur général d’Orange Madagascar en octobre. Sa première mission a été de signer le fameux cahier de charges, comme l’a annoncé Bruno Mettling, directeur général adjoint du groupe Orange et président directeur général d’Orange Middle East and Africa, lors de son passage à Madagascar. Après sa prise de fonction le 1er novembre, le nouveau patron de l’opérateur de téléphonie mobile a annoncé la commercialisation de la technologie 4G et d’autres produits innovants pour l’année 2017. Ce qui met fin « aux malentendus » entre l’opérateur et l’autorité de régulation.

Implantation de Telma aux Comores
La société Telma se lance dans la mise en place de sa filiale aux Comores. Le chemin est semé d’embûches. Comores Télécom a vu d’un mauvais œil l’arrivée d’un deuxième opérateur. Dix ans après le lancement de son réseau mobile à Madagascar, Telma lance ses premières offres, marquant ainsi le début officiel de son réseau mobile aux Comores, le vendredi 9 décembre. L’opérateur a obtenu sa licence globale en télécommunication en octobre 2015 de l’Autorité comorienne de régulation des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Son arrivée marque la fin du monopole de Comores  Télécom.
En Union des Comores, Telma est une société issue d’un consortium composé du Groupe Axian, Telma Mobile, Sofima et de NJJ Capital de Xavier Niels. Les partenaires de ce consortium sont aujourd’hui les acteurs majeurs des Télécoms dans l’océan Indien, avec une présence à La Réunion, Mayotte, Comores et Madagascar.

Textes  : Lova Rafidiarisoa
Photos d’archives

Bemiray –« Pour que la mer ne soit plus la limite de notre rizière »

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A la veille de la fête de la Nativité, cette édition de Tom Andriamanoro ne peut occulter cette célébration. Mais il accorde aussi une place importante aux demi-dieux de ce monde, ainsi qu’au cheval qui, sous différents aspects, joue un rôle dans la vie de l’homme.

Culte de la personnalité – Ces sans-dieu qui se croient Dieu

J’ai toujours été fasciné par Antoine de Saint-Exupéry, jeune pilote-écrivain entré en 1926 à la Société Latécoère, qui assura avant l’Aéropostale la liaison Toulouse-Dakar. Peut-être parce que, à ma bien dérisoire altitude, j’ai aussi connu cette double attirance pour les lettres et l’avion dont j’ai fini par en faire un métier. Mais surtout pour son humanisme que résumait cette phrase : « L’homme se découvre quand il se mesure avec l’obstacle. » Dieu sait si Saint-Ex en a connu des obstacles, dans la neige des Andes comme dans le sable du Sahara !
L’avion lui a fait découvrir du ciel, des vérités qui peuvent échapper aux « rampants » et qui sont encore plus vraies aujourd’hui que de son temps. Sur les routes par exemple : « Les routes, durant des siècles, nous ont trompés. Nous ressemblions à cette souveraine qui désira visiter ses sujets et connaître s’ils se réjouissaient de son règne. Ses courtisans, afin de l’abuser, dressèrent sur son chemin quelques heureux décors et payèrent des figurants pour y danser. Hors du mince fil conducteur, elle n’entrevit rien de son royaume, et ne sut point qu’au large des campagnes, ceux qui mouraient de faim la maudissaient. » C’est ainsi que sa nomenklatura leurrait le dictateur Nicolae Ceausescu, et qu’à son tour, celui-ci trompait ses visiteurs officiels, en aménageant sur leur parcours des quartiers factices dont les magasins regorgeaient de nourriture. En réalité, le peuple roumain survivait dans la misère, condamné à chercher sa pitance quotidienne, un sac en plastique à la main.  C’est le paradis prêché par beaucoup d’autres « filoha mamim-bahoaka » de toutes les époques, de tous les continents, de toutes les pointures, avec ou sans idéologie, mais qui sont au final tous sortis du même moule.
L’exemple le plus accompli se trouve en Corée du Nord, cet État-guérilla en mutation comme le qualifie Philippe Pons, lequel y a effectué pas moins de douze voyages entre 1980 et 2014.

L’envoi de missiles nucléaires nord-coréens a provoqué un tollé général dans le monde entier.

L’envoi de missiles nucléaires nord-coréens a provoquéun tollé général dans le monde entier.

Sait-on au moins qu’avant la dynastie des Kim, Pyongyang était la ville la plus chrétienne d’Asie après Manille   Et que les parents de Kim Il Sung, avant d’être transformés par les biographies officielles, étaient de fervents presbytériens   Mais le futur maréchal, arrivé en 1945 dans les fourgons de l’armée soviétique, décida de tuer Dieu et de prendre sa place. Son petit-fils Kim Jong Un, le plus jeune chef d’État au monde, intronisé « Leader suprême » en mai dernier, commanditaire de l’assassinat de son propre oncle et mentor Jang Song Thaek, est en train de le dépasser sous tous les angles possibles.
Avec son visage poupin et sa coiffure bizarre à la Hanitra du groupe Tarika, Kim Jong Un a, au premier abord, ce qu’il faut pour inspirer une certaine sympathie. Aujourd’hui, il ne trompe plus personne. Richissime, grand amateur de caviar et de cognac français, admirateur déclaré de Michael Jordan et de Jean-Claude Van Damme, il perpétue « la théocratie de Pyongyang » qui attribue aux Kim une essence quasi divine. Kim III, comme on le surnomme, fit ses études primaires et secondaires dans des établissements ultrachics de Berne en Suisse, vivant sous une fausse identité dans un grand duplex qu’il ne quittait pratiquement jamais. Il en revint sans le moindre diplôme, mais qu’à cela ne tienne, la propagande officielle  est là pour y remédier : elle le fait  naître au pied du mont sacré Paektu, ce qui est archifaux, lui fait conduire sa première voiture à 3 ans, et rédiger une thèse de stratégie militaire à 15… Il apprend à parler et à marcher comme Kim Il Sung qui reste vénéré dans ce pays clos, et passe, dit-on, par la chirurgie esthétique pour accentuer la ressemblance. Par contre, ce que personne ne conteste, c’est son intelligence. Selon Ra Jong Il qui dirigea les services secrets sud-coréens, « Kim III n’est pas un demi-dieu comme le croient ses compatriotes, mais il est extrêmement intelligent. C’est pour cela qu’il est particulièrement dangereux ».
Le peuple, pendant ce temps, n’en finit pas de dépérir et n’attend plus rien de son Leader Suprême. Depuis la grande famine des années 1990, il sait que le système ne fonctionne plus. Tout s’est effondré. Un quart seulement des Nord-Coréens peuvent survivre avec un maigre salaire. Les autres essayent de se débrouiller grâce au « jangmadang », le marché noir.
Ainsi va la vie hors du cercle des privilégiés, loin de l’artifice de certaines routes en trompe l’œil dénoncées par Saint-Exupéry, un peu partout dans les pays gouvernés par des mégalomanes, dont le problème est que le nombril leur monte trop souvent à la tête. Et qui se croient Dieu sans en avoir l’éternité.

BE3Conte de Noël – Le cordonnier

Ra-Martin est ce vieil artisan qui habite dans un minuscule local lui servant d’atelier côté rue, et de chambre à coucher derrière un simple rideau tout délavé. Depuis quelque temps, il paraît étrangement de bonne humeur, pour ne pas dire heureux. Surtout à chaque fois qu’il ouvre un gros livre qui ne le quitte plus, et où il semble se  passionner pour une histoire d’il y a deux mille ans. « Il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie… Ah ! S’ils avaient plutôt choisi de venir chez moi ! Je leur aurais fait toute la place, je suis tout seul… »
Il se souvint de la paire de petits chaussons qu’une dame portant son bébé avait laissés tomber devant son échoppe. Il n’avait pas pu les lui rendre, puisqu’elle n’était plus jamais repassée. « Voilà ce que je lui offrirai, ça le tiendra chaud. C’est la mère qui sera contente ! » Et Ra-Martin replongea dans ses rêveries. Est-ce à cause du sommeil qui commençait à alourdir ses paupières   Il entendit soudain une voix alors qu’il n’y avait personne d’autre que lui : « Martin, tu as désiré me rencontrer  Regarde dans la rue demain, du matin jusqu’au soir, et tu me verras à un moment ou à un autre. »
Était-ce un rêve   Qu’importe, se dit Ra-Martin en quittant son matelas. Je l’attendrai, je n’ai d’ailleurs pas grand-chose à faire. Tiens, voilà le balayeur de rue, il doit mourir de froid ! « Venez vous réchauffer, mon brave, vous ne refuserez pas une petite tasse de café bien chaud ! » Le balayeur entra et, entre deux remerciements, ne put s’empêcher de lui demander ce qu’il regarde dehors. « J’attends mon maître. Il peut venir d’un moment à l’autre ». Deux heures après, le regard de Ra-Martin fut attiré par une jeune femme pâle et décharnée, portant un enfant dans ses bras. Elle était malade, et son mari les avait abandonnés depuis un mois déjà. « Vous n’avez pas l’air bien du tout, ma belle. Vous mangerez bien un morceau de pain pendant que je prépare du lait pour le petit   » C’est à ce moment qu’il remarqua que le bébé avait les pieds nus, en plein hiver, et alla chercher les chaussons. « Prenez-les, je n’en ai pas besoin, je n’ai plus de famille ». Et il reprit son poste d’observation près de la fenêtre pendant que la pauvre femme et son enfant se perdaient dans la foule. Et ce fut le tour du voisin de frapper à sa porte. « Excusez-moi, mon ami. C’est férié aujourd’hui et pourtant on a oublié d’acheter du pain. Ne pourriez-vous pas nous en prêter un bout   » Ra-Martin fut au contraire très heureux de cette demande. « Mais bien sûr, cher voisin, depuis le temps qu’on se connait. Prenez donc ! »
Les heures succédaient aux heures, les trottoirs commençaient à se vider, et pourtant le maître ne paraissait toujours pas. Seuls quelques mendiants attardés lui demandèrent encore l’aumône. Et la nuit vint, il était désormais inutile de rester près de la fenêtre. « Ce n’était qu’un rêve, et pourtant je l’avais bien espéré ! » Le vieux cordonnier avait à peine fermé qu’une voix qu’il reconnut résonna dans l’atelier vide : « J’ai eu faim et tu m’as donné à manger. J’ai eu soif et tu m’as donné à boire. J’étais étranger et tu m’as recueilli. Toutes les fois que tu as fait ces choses à l’un de ces petits, tu me les as faites à moi-même. »

La blancheur de sa robe donne au cheval plus de noblesse.

La blancheur de sa robe donneau cheval plus de noblesse.

L’homme et la bête – La saga du cheval 

En cette troisième année d’une crise qui a la pudeur de ne pas dire son nom, Noël une fois de plus ne pourra rien y faire : la vie est dure, très dure, trop dure. Parmi tous ceux qui ont tiré le diable par la queue depuis janvier, beaucoup termineront une fois de plus l’année sans avoir attrapé la chance par son unique cheveu. Le plus souvent, ce tif pas facile à piéger n’est autre que le crin d’un bourrin qui officie à Auteuil, à Enghien ou à Deauville, et non à Ambatolampy ou à Bevalala. Il porte les espoirs de parieurs qui ne désespèrent pas de trouver La bonne combinaison, surtout quand est annoncée une tirelire miraculeuse à grand renfort de slogans souvent avalés de travers : Seuls ceux qui jouent gagnent, soit, mais tous ceux qui jouent ne gagnent pas, nuance !
La plus belle conquête de l’homme est, semble-t-il, plus noble, plus avenante, plus tout ce qu’on veut, lorsque sa robe (dire son pelage serait un iconoclasme) est immaculée. Il n’existe pas de cheval vert sauf sous la plume de Marcel Aymé. En blanc, il est prestigieux comme celui de Napoléon, intelligent comme celui du cowboy qui tire plus vite que son ombre, ou terrifiant comme celui du cavalier de l’Apocalypse. À moins qu’il n’inspire la pitié comme la haridelle de Don Quichotte. Les jeunes filles romantiques rêvaient de se faire enlever sur un cheval blanc, en aucun cas sur une charrette à bœuf, un âne, ou un dromadaire. Quoique dans ce dernier cas et transplanté au monde d’aujourd’hui, il leur soit conseillé de réfléchir, le prétendant pouvant alors être un cheikh fortement chéqué. Plus rare encore serait le cas du propriétaire d’une Ferrari dont l’emblème est un petit cheval noir cabré. Inutile d’espérer le décalquer sur le capot d’une deux chevaux… Mais si le noir ne va pas si mal à ce genre de bijou pomponné, bichonné, plein de chevaux (vapeurs) qui ne demandent qu’à vroomer, un whisky «black horse » serait du plus mauvais goût sinon au propre, du moins au figuré…
Les chevaux de Troie quant à eux peuvent tourner au cauchemar pour les utilisateurs d’ordinateurs. Rien à voir avec le crottin des haras, ni avec l’Odyssée d’Homère ou l’Enéide de Virgile. Un virus du genre « I love you » s’infiltre dans le matos et lui flanque l’équivalent du sida, de la peste, du choléra et du typhus réunis et portés à la puissance sept. De quoi après coup trembloter en ouvrant les e-mails, jusqu’à oublier que depuis longtemps il est de meilleur ton de parler de courriels.
Un autre type de cheval de Troie est cette fois-ci politique. Vous pensez pouvoir l’exploiter à bon escient, vous l’engagez pour un petit galop d’essai avant embauche, sans imaginer un seul instant que son objectif est d’un jour pouvoir voler plus haut que Pégase. Il a un CV bien fourni (cette fois-ci il ne s’agit plus de cheval vapeur mais plutôt de curriculum : pensez donc, il a à son compteur moult écuries avant son dernier recruteur !). Ce spécialiste des ruades, ce dispensateur de regrets éternels à envoyer brouter son foin ailleurs, tient en horreur de rester plus longtemps avec un « soavaly maty »…
Que passent l’élégance du cheval anglais, l’endurance de celui de labour, la résistance du mustang ou la sobriété du cheval arabe. À Madagascar, le cheptel n’était plus que de 800 têtes en 1987, pour tomber à 300 en 2005 contre plus de 500 000 en France. Encore heureux qu’il y ait ces dernières poches d’espoir pour la race chevaline que sont l’Association des éleveurs, les clubs hippiques, la gendarmerie, les hôtels programmant des randonnées équestres. Le père de Lemizo domicilié à Anosibe ne fait pas partie du lot, l’élevage très dispendieux exigeant des provendes spécifiques, à part les bonnes pâtures et les produits vétérinaires loin d’être donnés. L’Histoire a retenu que le premier exemplaire venu de Maurice a été offert à Radama Ier, ce souverain qualifié par les chroniqueurs de l’époque de « ray aman-drenin’ny sivilizasio », père de la civilisation. Le hasard fait bien les choses, puisque le nom malgache donné au cheval a quelque part comme une idée de cadeau : de « soavaly » à « valisoa » il n’y a jamais qu’une petite haie.

BE5

Rétro pêle-mêle

Un sacré bain de jouvence, que de redécouvrir, par le plus grand des hasards, un « tour de presse 2003 » effectué par un hebdo dont beaucoup ne se rappellent même plus l’existence. Extraits.
La piscine de Toamasina est fermée, Antananarivo est trop froid, et Toamasina en rupture de stocks : chlore, sulfate d’alumine, et autres produits d’assainissement du bassin.
Inutile d’appeler le 22 222 22 en dehors des heures de bureau. L’incommunication rappelle le dialogue d’une préposée et de celui qui réclame le 22 à Asnières. Air Madagascar, ne serait-ce qu’à cause de ce sketch de Fernand Raynaud et la similitude du chiffre d’appel, gagnerait à se « dénuméroter ».
Les autorités de tutelle de la RN2 se mobilisent contre les violences routières. Triste litanie des accidents, longue énumération des causes, accusation et défense des routiers… Les points de contrôle sont fixes. Sûr qu’à ces endroits la route est sécurisée. Une demi-douzaine soit six fois un kilomètre, cela donne six kilomètres sur les 356 du Tana-Toamasina.
Selon Clément Ravalisaona, Albert Zafy doit aussi être jugé. Il aurait à répondre de la marche sur Iavoloha, et aux accusations portées par Didier Ratsiraka à propos des grenades que les Forces Vives auraient fait exploser pour avoir leurs martyrs. L’Amiral serait alors un témoin à charge sur l’affaire du 10 août.
Selon un certain M. Bourgoin, responsable Afrique du PMU France, les courses font reculer l’analphabétisme. Les gens apprennent à lire et à écrire pour mieux parier. Des frais d’inscription et de scolarité à répétition qui, pour un très petit nombre, rapportent gros, et pour beaucoup instruisent. Mieux que rien.
Assassinat et vols à Ilakaka, plus la pression monte, et plus le prix des pierres chute. Cela fait la joie des Srilankais qui réalisent des transactions exceptionnelles.
La population découvre la retraite complémentaire. En complément de quelle retraite au juste ?  À Ambatolampy, la population ciblée par cette fleur est composée de ruraux, d’informels, d’artisans, qui ne sont pas affiliés à un organisme de couverture sociale, encore moins à une caisse de retraite.
Le Fivmpama clôture ses travaux sur l’Accord de Cotonou et met en place une plateforme de 35 membres pour concevoir et mettre en œuvre un programme de participation effective des Acteurs Non Étatiques ou… Ane. Rien que du beau monde, des bonnes âmes, et des gros bonnets.
Le Général-Pds Razakarimanana se livre à un esclandre à Analavory lors de l’inauguration du réseau électrique, pour ne pas avoir été remarqué, à première vue, comme une personnalité. Le courant ne serait-il pas passé  ?

Textes : Tom Andriamanoro
Photos : Archives de L’Express de Madagascar – Internet

Toliara – Succès du tournoi sportif de Noël

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Les rencontres sportives de la première édition de la coupe de Noël ont pris fin, dimanche après-midi au gymnase couvert de Tsienengea Toliara avec la finale de
basket-ball, ce, dans une parfaite ambiance empreinte de chaleur, d’hospitalité et de cohésion sociale, sous la présidence du ministre de la Pêche et des ressources halieutiques, Gilbert François.
C’était un public impressionnant composé de férus du ballon orange qui a pris d’assaut très tôt le gymnase, afin de suivre l’ultime rencontre.
La finale, âprement disputée entre l’équipe universitaire de Maninday et celle d’Ankatsake, a tenu ses promesses. La victoire a eu du mal à se dessiner. Car dès l’entame du jeu, l’engagement physique des joueurs, leur hargne et leur détermination ont imprimé un rythme d’enfer à la partie.
Encore à égalité à cinq minutes du terme, les partenaires de Ratianarivo (meneur de jeu des universitaires), cédèrent dans les derniers échanges, épuisés par les rotations physiques de leur adversaire, bien emmené par le jeune international Kevin Gilbert de l’équipe d’Ankatsake qui a finalement gagné le match sur le score de 89-78.
Le public a également eu droit à un méga spectacle culturel, riche en images et en émotions. Ainsi, ce beau match de basket-ball a été intercalé par un concert animé par Takasy Désiré et le chouchou du public, « Jijih », qui ont chanté leurs tubes et qui ont ravi tout le monde.
La distribution des trophées et primes aux vainqueurs des autres disciplines a clos la soirée. Ainsi, le fokontany d’Andaboly dans le tournoi de foot-ball, celui de Morafeno dans le tournoi de volley-ball, Tsimenatsy dans le tournoi de hand-ball et Ambohitsabo dans le tournoi de beach-soccer ont reçu tour à tour leurs coupes. Les finalistes quant à eux ont eu droit à un jeu de maillots.
Le sport individuel n’était pas en reste dans ce tournoi de Noël. Ainsi, les vainqueurs des combats de boxe, des luttes « ringa », et des « doranga » (courses de pirogues) ont été eux aussi récompensés. Gilbert François s’est réjoui de la bonne organisation et de la réussite de cette première édition du tournoi de Noël.
Exprimant leur désir pour l’avenir de ce tournoi de Noël, les jeunes sportifs ont souligné que leur attente est de voir cette initiative pérennisée. Et il faut que les quartiers soient dotés d’espaces pour la pratique des disciplines sportives. Le président du comité d’organisation et l’un des initiateurs de ce tournoi, le député de Toliara I Raza Tondraha, quant à lui n’a pas caché sa satisfaction.
«La population, surtout les jeunes, s’est fortement mobilisée à l’occasion de tous les matches », a-t-il affirmé.

Francis Ramanantsoa


Antsiranana – La fête de la Nativité célébrée dans le calme

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Par rapport aux évènements antérieurs, la fête de Noël s’est déroulée dans le calme à Antsiranana. Aucun incident sécuritaire majeur n’a été signalé dans les quartiers.
« À Noël, nous n’avons enregistré aucun accident de circulation ni d’acte de vandalisme. Et les actions des foroches ont été maitrisées », a affirmé le directeur interrégional de la Sécurité publique.
En fait, Noël a été célébré, avant tout, dans la ferveur par les chrétiens pratiquants, mais aussi de diverses autres manières par ceux qui ne le sont pas.
Tous les ans, Noël réserve  une vague de naissances dans le Nord, mais cette année, les médecins de service ont fait remarquer que le nombre d’accouchements, dimanche dernier, s’est avéré faible par rapport aux jours normaux.
« La majorité des accouchements se sont bien déroulés depuis la veille de Noël », a spécifié une sage femme de garde.
La ville a été calme dans la matinée du 25 décembre. La circulation sur les grandes artères a été timide. Des parents accompagnés de leurs enfants se sont rendus dans les lieux de prière pour participer aux cultes organisés en ce jour de Noël. Ce moment a été suivi d’un rassemblement autour d’un repas. D’autres, en revanche, ont connu une nuit de Noël bien mouvementée. Par groupes, les habitants se sont retrouvés pour boire et danser.
Noël est un moment de partage, alors certains habitants se sont cotisés pour acheter des bœufs à partager en communauté. C’était le cas dans le quartier d’Ambohimahatsinjo. D’autres ont organisé autre chose pour permettre aux démunis de fêter la Nativité.
Comme il est de tradition chez les Antsiranais, une partie de la population a choisi le plein air, dans l’après-midi. Ce qui explique sans doute la foule immense sur la Place de l’Indépendance et au jardin de la Place Foch devant  la mairie. Dans d’autres endroits, comme au stade et au terrain de la Star, les combats traditionnels « morengy » ont occupé d’autres  publics jusque tard dans la nuit.

Raheriniaina

Moto – Les nouvelles Duke attendues en 2017

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Deux nouveautés sont particulièrement attendues dans le milieu des deux-roues pour 2017. D’un côté, la deuxième génération des petites KTM Duke, et de l’autre, la G310R, premier roadster de moyenne cylindrée de BMW.

Le design de la nouvelle Duke est inspiré de la Superduke 1290.

Le design de la nouvelle Duke est inspiré de la Superduke 1290.

Les motos de petites ou moyennes cylindrées règnent à Antananarivo. Étroites et sinueuses, les rues de la capitale, peu de lignes droites également, sont le terrain de jeu des deux-roues de moins de 400cc. Sur ce marché, les chinoises constituent, certes, un choix abordable, mais leur fiabilité n’est pas toujours au rendez-vous. Ce marché verra l’arrivée de deux nouveaux roadsters en 2017, à savoir la nouvelle version de la KTM Duke.
KTM a lancé son opération de conquête des pays asiatiques, sud-américains et africains, au début de la décennie, avec la première lignée des Duke de petites et moyennes cylindrées. On se souvient de la sortie, en 2011, de la 125 suivie des 200 et de la surpuissante 390. Au salon EICMA de Milan (Italie), au mois de novembre dernier, le constructeur autrichien a dévoilé la nouvelle version de son petit roadster, dont le design est grandement inspiré de la Superduke 1290. Le cadre treillis tubulaire en acier est plus que jamais mis en valeur,
surtout sur la 390 où la partie avant est peinte en orange et l’arrière en blanc. La partie cycle ne subit pas de grandes modifications. Elle garde les belles jantes à bâtons de l’ancienne version avec des enveloppes de 110mm et 150mm, ainsi que la fourche inversée WP de 43 mm à l’avant et le monoshock WP à l’arrière, sans oublier le bras oscillant moulé sous
pression, signature de la firme de Mattighofen. Le tout procure encore et toujours une stabilité et une maniabilité incroyable.

L'ordinateur de bord de la Duke est toujours complet.

L’ordinateur de bord de la Duke est toujours complet.

Des cartographies-moteurs
On remarque également les nouvelles écopes de réservoir, plus agressives que jamais et en phase avec le nouveau phare. Et c’est là que se situe l’évolution la plus significative. Ce nouveau « headlight » avec des LED, est traversé au milieu par une entrée d’air refroidissant le système. Il procure au millésime 2017 un regard littéralement bestial.
En s’installant sur la selle, d’une hauteur de 830mm, le nouveau tableau de bord interpelle immédiatement. Une véritable tablette électronique. L’ordinateur de bord est toujours généreux en informations. Et aux habituels affichages, il faut désormais ajouter le choix des différentes cartographies moteurs, autre nouveauté apparue sur cette nouvelle génération.
Au niveau de la motorisation, KTM a travaillé sur son bloc afin de satisfaire la norme Euro 4. D’où l’installation d’une nouvelle sortie d’échappement sur le côté droit. Les cylindrées restent les mêmes, soit 125cc pour la Duke 125, 199cc pour la Duke 200 et 375cc pour la Duke 390. La puissance n’a pas non plus diminué malgré l’Euro 4, soit 15CV, 25CV et 44CV. Par contre, le couple a été augmenté. Toutefois, les nouvelles Duke sont plus lourdes en raison de l’ajustement pour entrer dans cette norme. À titre d’illustration, la 390 passe de 139kg à 149kg.

La face-avant  du roadster de KTM  a une allure agressive.

La face-avant
du roadster de KTM
a une allure agressive.

La Duke reste cette moto joueuse, nerveuse et tranchante dans les prises d’angle. Grâce à sa partie cycle et son moteur vif, son agilité en fait une véritable arme dans la jungle urbaine. Et hors agglomération, sa maniabilité dans les enchainements de courbe et son aisance à haut régime en font la meilleure alliée. Et pour encore plus de fun en mode supermotard, l’ABS est désactivable sur le système de freinage doté d’un étrier à quatre pistons à montage radial et d’un disque de diamètre de 320mm à l’avant, et d’un disque de 230mm à l’arrière. Les
nouvelles Duke sont attendues chez Madauto, le concessionnaire de KTM, vers la fin de
l’année 2017.

La première version toujours en vitrine

Les nouvelles Duke de petites et moyennes cylindrées débarqueront à Madagascar vers la fin de l’année prochaine, d’après les informations diffusées par Madauto, le concessionnaire de KTM. Et ce, après les sorties en Europe prévues vers le milieu de 2017. En attendant, la première version de la Duke est toujours disponible en vitrine. La Duke 200, livrée avec le kit déco blanc et orange, fait l’objet d’une promotion de Noël depuis le début du mois de décembre. Sans oublier la Duke 390 qui est dotée d’un carénage et d’un kit déco en noir et orange. En plus de l’acquisition d’une moto légère, agile et maniable, les possesseurs de Duke bénéficieront d’une initiative inédite lancée par le concessionnaire de KTM. Le projet consiste en la création d’un club de « Dukers », avec des rencontres et des sorties fréquentes, dont la première a été organisée le vendredi 23 décembre dernier, avec une randonnée Tana-Antsirabe-Tana. Ainsi que la tenue d’une « Duke Cup » sur le circuit du SRK Imerintsiatosika pour ceux qui veulent s’amuser sur une piste fermée.

Le G310R, premier roadster de petite cylindrée de BMW.

Le G310R, premier roadster de petite cylindrée de BMW.

Roadster – La BMW G310 débarquera en avril

Outre les nouvelles Duke, la BMW G310R suscite également des attentes. Elle débarquera au mois d’avril, d’après les informations recueillies auprès de Motostore. La cylindrée 313cc, c’est une valeur inédite pour la firme allemande. Mais il fallait bien proposer une machine de moyenne cylindrée pour conquérir l’Asie, l’Amérique du Sud et l’Afrique. Ce moteur se démarque par son inclinaison vers l’arrière et sa culasse tournée à 180°, ce qui contribue à abaisser le centre de gravité et à le déplacer vers l’avant. Il délivre une puissance de 34CV pour une machine pesant 158,5kg.

BMW a également développé une version trail du G310.

BMW a également développé une version trail du G310.

Au niveau du design, la G310R hérite des gènes de la S1000R, roadster de référence de la marque allemande. Son carénage sportif, son feu avant puissant, son réservoir dynamique et imposant ainsi que ses proportions typiques de roadster captivent les regards, tout comme le logo « BMW » très bien placé sur le côté. La fourche avant inversée de 41mm de couleur dorée attire également l’attention. La petite « béhème » est montée autour d’un cadre treillis tubulaire.

La BMW adopte aussi un tableau de bord rectangulaire.

La BMW adopte aussi un tableau de bord rectangulaire.

Position naturelle
Ce cadre est couplé à un bras oscillant en aluminium caractérisé par des découpes. Chez BMW, on insiste sur sa légèreté et la stabilité qu’il procure. En poursuivant au niveau de la partie cycle, on apprécie la taille des pneus, 110mm à l’avant et 150mm à l’arrière comme sur les Duke, bien larges pour assurer une bonne tenue de route. Par contre, le dessin des jantes pourrait laisser un peu perplexe.
La hauteur de selle s’éleve à 785mm et on peut aisément poser les deux pieds à terre pendant l’arrêt. Une selle courte qui souligne la silhouette de roadster à l’arrière. La position de conduite est bien confortable. Les bras tombent naturellement sur le guidon et les cale-pieds sont un peu plus placés en avant. Comme sur les Duke, le tableau de bord adopte une forme rectangulaire et pléthorique d’informations.
La géométrie et le réglage des suspensions sont réglés de manière à ce que la G310R soit agile en ville, afin de se faufiler facilement dans le trafic. De bon augure pour les futurs acquéreurs qui roulent à Antananarivo. Comme sur toutes les motos BMW produites depuis 2013, le système ABS est de série. Ce qui assure un freinage précis sans blocage de roue sur le disque avant de 300mm pincé par un étrier à quatre pistons. Aucun risque de chute en cas d’arrêt d’urgence à cause des piétons traversant n’importe où et sans crier gare dans les rues de la capitale.
Que ce soit la Duke ou la G310R, rouler sur un deux-roues d’une grande marque demeure un privilège unique. La valorisation du pilote est inestimable sur une KTM ou une BMW. Certes, il s’agit d’une option plus onéreuse par rapport aux alternatives chinoises du marché, mais l’investissement justifie largement le choix.

Le cylindre de la G310R est incliné vers l'arrière.

Le cylindre de la G310R est incliné vers l’arrière.

Une version trail

BMW a aussi développé une version trail de la G310. Celui-ci porte la dénomination de G310GS et arrivera en concession en octobre. Une digne descendante de la 1200GS, que bon nombre de motards s’accordent à qualifier de meilleur trail au monde. La G310GS reçoit la même motorisation que le roadster, avec un monocylindre incliné vers l’arrière, cubant à 313cc et délivrant 34CV. Il en est de même pour le cadre treillis tubulaire et de l’ensemble de la partie cycle. Le réservoir garde sa contenance maximale de 11 litres. Par contre, le carénage évolue avec l’arrivée d’une nouvelle face avant, caractéristique particulière des trails. À l’arrière, on remarque le support de top case, accessoire accompagnant souvent ce type de moto. Le poids passe de 158,5kg pour la G310R à 169,5kg pour la G310GS. La garde au sol et la hauteur de selle sont également plus élevées, soit 1 420mm et 835mm pour la version GS, contre 1 374mm et 785mm pour la version R.

Textes : Haja Lucas Rakotondrazaka
Photos fournies

Groupe 18.3 –« On reste sur cette idéologie qui a forgé notre renommée »

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Un véritable retour aux sources, comme si c’était hier. Le groupe 18.3 revient pour égayer les oreilles des férus de rap malgache, s’étant refait une jeunesse cette année.

Peut-on revenir sur l’historique du groupe  ?
Tout a débuté en 1998 quand les membres de l’un des tout premiers clans de rappeurs hip hop « K’vamdona » décidèrent d’aller chacun de leurs côtés. De là, Slam Jah et moi-même, Tongue Nat, avons alors fait le choix de fonder notre propre groupe, 18,2. On a tout de suite sorti notre premier morceau qui s’intitulait « Adala be roa », très bien accueilli par les amateurs de rap de l’époque. De fil en aiguille, nous avions continué notre petit bonhomme de chemin et nous avions rencontré ce cher Davy. À partir de là naquit le 18,3 tel que le connaissait le public. Un an après, on a sorti le morceau « Minday fihogo » qui a trouvé un écho favorable auprès du grand public et a forgé notre notoriété à travers ses paroles taquines. On a pu faire notre première tournée en compagnie de Samoela. Ce morceau a été alors le fer de lance de notre premier album, s’ensuivit un projet de second album. Mais entre-temps, on a eu chacun de notre côté nos propres priorités et cela ne s’est pas concrétisé. En 2006, on a relancé le groupe avec le rappeur Kayah en collaboration avec la maison de production Do Sol, par le biais de l’album « Zamahany ». On y retrouve, entre autres, le morceau « Number One ». Depuis, le groupe a été mis en stand-by, jusqu’à aujourd’hui.

Comment s’est réalisé ce grand retour de 18,3   ?
Le groupe a toujours été là si on peut s’exprimer ainsi, évoluant au gré des années. Ceci étant, ce retour au-devant de la scène du groupe a été longuement discuté entre nous, notamment avec Tongue Nat et Slam Jah alors même qu’ils peaufinaient chacun de leur côté leurs albums solos. Tongue Nat a sorti « Harena an-kibon’i Tongue » en 2013, de même que Slam Jah a édité « Midecl’Art aho sao dia perte ». Par ailleurs, l’idée de sortir un nouvel album pour notre groupe nous travaillait constamment, et c’est ainsi qu’on a décidé de se relancer pleinement dans l’aventure. Davy en personne a fait le choix d’entreprendre une tout autre carrière et il nous a alors donné sa bénédiction pour aller de l’avant.

L2

                                                               « Concernant les thématiques
                                                                                que l’on aborde,
                                                                        on garde l’esprit ouvert »

Le groupe se découvre sous un nouveau jour, quelles sont les nouveautés ?  L’essence même du groupe 18,3 demeure le même, on reste sur cette même idéologie qui a forgé notre renommée, toujours aussi taquin, malicieux, critique sociale et un peu fou dans nos textes. La grande nouveauté réside sans doute dans le fait qu’on a plus apporté une touche musicale dans nos nouveaux morceaux. Notamment du Soul et du r’n’b avec la voix de notre nouvelle recrue, La N Bherindr, qui égaye chacun de nos compositions actuelles. On peaufine un tout nouvel album et des projets des plus enchanteurs pour nos fans, entre autres pour l’année 2017. On a récemment lancé notre tout premier single « Maizina », qui illustre parfaitement cette nouvelle couleur qu’on arbore. S’ensuivra un concert à travers lequel on convie nos fans de toujours et les férus de rap du pays.

Racontez-nous les retrouvailles entre vous trois…
Tongue Nat et Slam Jah se côtoient et se rencontrent souvent en amont de ce retour du groupe 18,3, cette année. La N Bherindr est un chanteur qui a toujours été familier avec le groupe depuis toujours, notamment depuis le clan Bogota. Nos retrouvailles ont été très marquantes, car dès nos premiers échanges on a convenu ensemble cette nouvelle couleur qu’on arborera et qui nous démarque comme toujours des autres. On a tout de suite été très enthousiastes, et nous trois, on se complète pleinement.

L3

Quelques mots à propos de « Adala vibes »…
C’est un qualificatif qui illustre tout simplement notre identité musicale, c’est en quelque sorte notre signature. Pour l’instant, notre prochain album n’a pas encore de titre, cependant on promet au public qu’il retrouvera à coup sûr cette identité du groupe à laquelle il tient particulièrement. Pour information, on y retrouvera même quelques reprises des morceaux qui ont fait notre renommée, de même que de nouvelles compositions. On reste les mêmes, toujours aussi fous dans nos textes, avec une musicalité plus contemporaine et représentative de notre époque. Concernant les thématiques que l’on aborde, on garde l’esprit ouvert, comme d’habitude. Le clip du single « Maizina » est prévu sortir courant de ce mois de janvier.

Texte : Andry Patrick Rakotondrazaka
Photos Fireflies

Bemiray –« Pour que la mer ne soit plus la limite de notre rizière »

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Avant les Gottlieb, Francis Turbo, Dadavy et autre Gaby Ratsito, Big et Rajao, il y a eu Odeam Rakoto. C’était un illustre comédien doublé d’un talent raffiné d’humoriste. Par ailleurs, Tom Andriamanoro évoque quelques clichés marquants, « Le choc des photos » !

Art et société – Odeam Rakoto, un grand comique oublié 

Le propos n’est point de faire injure à tous les talents actuels qui ont choisi le « faire rire » pour métier. Il est plutôt de regretter que dans un pays  où, dit-on, une personne n’est jamais tout à fait morte tant que les vivants se souviennent, l’oubli semble en fait être la règle. Un fil conducteur à remonter le temps partirait pourtant des Gottlieb, Francis Turbo, Rajao et autres Fou Hehy pour conduire aux Dadavy (pas tout à fait retiré des affaires), Big Olivier Ratsimbazafy (cad-oubé comme « cadavré » et « oublié »), Gabhy Ratsito (cad-oubé), Mamy Nanahary (cad-oubé), Etienne Ramboatiana alias Bouboul (cad-oubé), et aboutir à Odeam Rakoto, notre Source du rire public avec un grand « S ». Lui aussi cad-oubé, sauf par ses propres enfants qui perpétuèrent et entretinrent la flamme pendant un certain temps.
«Iza ary aho raha fantatrao   Odeam Rakoto nampiana vao». L’artiste avait cette façon singulière de se présenter, son vrai nom pour l’état civil étant Rakotovao. Mais comme tous ceux qui se sont faits eux-mêmes sans rien devoir aux autres, sa personne a fini par s’effacer derrière son personnage qui fut sa première création. Originaire du village d’Ambohidahara où la Reine Ranavalona III avait l’habitude de choisir ses artistes, notamment ses joueurs de flûte, cet autodidacte se nourrissait aussi bien des grands poètes malgaches que de Shakespeare ou Molière qui fut son modèle, l’amenant même à composer une adaptation malgache des Fourberies de Scapin. C’est dire qu’Odeam Rakoto n’était pas un simple amuseur public, mais un véritable homme de culture, une antithèse de cet autre grand autodidacte sombre et ténébreux qu’était Rabearivelo, puisque lui a, au contraire ,choisi le bon côté de la vie, cristallisé par le rire.
De son temps, le showbiz n’existait pas encore, ni dans la forme ni dans le fond. Les spectacles n’avaient pas cette finalité lucrative qu’on leur connaît aujourd’hui, et qui se traduit en millions d’ariary par baisser de rideau. Sur scène comme dans la vie quotidienne, l’artiste était une composante à part entière de la société à laquelle il apportait cette part de brique qu’était son talent. À travers les sketches d’Odeam Rakoto, c’est le Malgache lui-même qui se voyait comme dans un miroir déformant, et choisissait d’en rire aux éclats. L’artiste avait un langage bien à lui pour faire passer le message : un langage qui pouvait être vestimentaire, comme cette tenue mi-masculine (veste et pantalon) d’un côté, mi-féminine (chemisier et robe) de l’autre. Il lui suffisait de se tourner du côté qu’il voulait pour… habiller ses textes et en faire de vrais dialogues !

Odeam Rakoto (3è g.) était présent à l’inauguration du Centre culturel  Albert Camus (l’actuel IFM), en 1964.

Odeam Rakoto (3è g.) était présent à l’inauguration du Centre culturel
Albert Camus (l’actuel IFM), en 1964.

« Lalao e, lalao a … »
Odeam Rakoto était aussi un brillant auteur-compositeur-interprète qui a marqué son époque. Il chantait les choses de la vie comme les très craintes sorcières d’Ambohitrarahaba (Ny mpamosavin’ Ambohitrarahaba, nomeko ny daka ka dangy terý ), les ivrognes (Eee Rainilita, zà koa mahavita, fa ny voloko ngita), sans oublier Antananarivo (Haody r’Iarivo, haody r’Iarivo f’ indro fa tonga), mais deux de ses titres sont réellement restés à la postérité sans que beaucoup en connaissent l’auteur: un hymne à l’école avec « Rankizy malagasy » ( Mianara taratasy, vonjeo ny lakilasy) , et surtout son « Lalao e, lalao a », composé spécialement pour l’équipe malgache de rugby des années 50, en partance pour une tournée en France. Une équipe restée invaincue dans tous ses matches, au point que la consigne tomba, claire et sans équivoque, du côté français : le dernier match prévu à Paris doit être gagné coûte que coûte, et par tous les moyens. Ce ne fut alors plus du rugby, mais une véritable chasse aux Malgaches dont la moitié jouait pieds nus. Un des meilleurs éléments, le trois-quarts aile Mbahiny, reçut une terrible torpille en plein estomac, et rendit l’âme pendant son transfert à l’hôpital. De retour au pays, la chanson-fétiche résonna tristement durant la veillée funèbre. « Lalao e, lalao a … »

En hommage à l’artiste éminent, la poste  a émis une timbre  à son effigie, en 1996.

En hommage à l’artiste éminent, la poste
a émis une timbre
à son effigie, en 1996.

À la mort d’Odeam Rakoto en 1973, ses enfants réalisèrent à la lettre sa dernière volonté : que l’on joue du tambour sur sa tombe ! Puis ils créèrent l’Odeam Circus qui, quatre ans après, devint les Landy Vola Fotsy. Une troupe théâtrale capable de donner 120 représentations par an dans tout Madagascar, et dont la pièce préférée s’intitulait « Anakao ». Cette œuvre, coécrite par leur père et le nationaliste Monja Jaona, racontait l’histoire dérangeante d’un administrateur des colonies qui avait fait un enfant à une fille du village.  Une troupe ouverte sur le monde, programmant aussi bien « l’Opéra de quat’sous » de Brecht (devenu Opera Katisoa en malgache) que « Le Roi et l’Oiseau » de Prévert. Doly l’aîné m’a une fois joué le jeu de la vérité avec cette confidence: « Je vais à la pêche, je suis un grand fainéant, je lis, et n’aime pas avoir des urgences ». Il m’a surtout appris que chaque fois qu’il passe devant le tombeau familial à l’entrée du village, il n’oublie jamais de klaxonner. Un vrai fils de son père.

Photos : Archives personnelles de Norbert Razafindrakoto

Madagascar recèle diverses pierres fines et pierres précieuses.

Madagascar recèle diverses pierres fines et pierres précieuses.

Ressources minières – Nous sommes riches, pauvre de nous !

Il n’y a pas d’autre mot, l’année qui s’achève a été aussi noire que charbon pour nos masses paysannes, spoliées par une politique minière particulièrement opaque et répressive.  Raison de plus pour parler autrement des promesses de notre sous-sol, le temps que la période des cadeaux redonne la place au gris du quotidien.
Vous avez dit l’or    Vert, jaune, rouge, il appartient au bijoutier de trouver la composition idoine à partir de l’or pur 24 carats pour en arriver à 18. Bague coquette et rieuse, ou collier serrant amoureusement un cou, l’or est un messager qui exprime les valeurs les plus nobles. Autrefois, les bijoutiers malgaches venaient surtout de Manandriana. C’est une filière où on est dans le métier de père en fils, ce qui permet à chacun de veiller sur ses arcanes. « L’art » des travailleurs de l‘or doit sa qualité à la convergence du savoir-faire local et des apports novateurs extérieurs, principalement indiens, avec leurs techniques toujours plus audacieuses. Cela a été le cas du filigrané, très complexe puisqu’on y tire l’or fil par fil. La corporation des bijoutiers est consciente de la nécessité de s’ouvrir au monde par le biais de la participation à des salons spécialisés comme celui de Bangkok ou de Beijing, qui sont une véritable leçon d’humilité.
Vous avez dit les pierres   On en distingue généralement trois catégories : celle des pierres ornementales (certains utilisent le terme plutôt dévalorisant d’« industrielles ») comme le jaspe ou le labradorite ; les pierres fines (une appellation à préférer là aussi à « semi-précieuses »), parmi lesquelles l’améthyste, la citrine, ou l’aigue-marine ; les pierres précieuses enfin, qui signent les rêves les plus fous. Saphir, rubis, émeraude, ajoutons-y le diamant car s’il n’est pas dit qu’il y en a à Madagascar, il n’est pas dit non plus qu’il n’y en a pas.
Il y a une cinquantaine d’années, le principal souci du lapidaire était le poids. Ce critère a depuis cédé le pas à la couleur et à la brillance, une petite pierre scintillante étant autrement plus attractive qu’une autre plus grosse mais terne. Le cheminement est long depuis le morceau de brut qu’on aura analysé pour en connaître les propriétés physiques, jusqu’à l’obtention d’une taille qui mettra en valeur les qualités recherchées. Le but en fait est que la lumière « circule » dans la pierre. Selon qu’il s’agisse de la lumière du soleil, d’une lumière incandescente ou d’une fluorescente, on aura des nuances différentes. Un professionnel averti achètera, dit-on, ses pierres à la lumière naturelle, entre 10h et 15h de l’après-midi. Avis aux incultes qui n’ont que l’impatience de leur affairisme! L’ordinateur permet aujourd’hui de concevoir des schémas de coupe très précis et de faire des simulations de brillance. Car les conditions pour obtenir un beau produit fini se conjuguent selon cette immuable trilogie : un bon brut, un bon schéma de coupe, et un bon lapidaire. Il n’y en a point d’autre.

La photo du cadavre du petit Aylan rejeté par les flots a ému le monde entier.

La photo du cadavre du petit Aylan rejeté par les flots a ému le monde entier.

Témoignages – Le devoir de mémoire par l’image

Où donc est-elle la magie de la photographie, sinon dans ce que Pierrot Men, à ses débuts, disait d’elle, à savoir le plus court chemin d’un homme à un autre, et un raccourci fabuleux permettant de saisir une réalité qui ne se renouvellera pas   Il arrive aux nuages de dessiner dans le ciel des arabesques qui, malheureusement, finissent par se défaire. La photographie a cette faculté de figer le fugace dans le durable, n’osons pas parler d’éternité. Surtout quand elle l’enveloppe dans une charge émotionnelle appelée à le fixer mieux encore dans les mémoires qu’elle interpelle.
Les semaines sont devenues des mois, les mois des années, et trois photos continuent à faire vivre ce qui, à l’instant du clic, n’était qu’un fait divers. La première est celle du petit Aylan,  mort en atteignant les rives européennes, rejeté par les flots sur la grève, le visage dans le sable. Dans cet interminable feuilleton des candidats à l’émigration au péril de leur vie, il y eut d’autres Aylan. Comme cette petite fille d’à peine un an, simple tache claire sur les cailloux. Les gardes-côtes n’ont pu faire mieux que de la mettre dans un sac à dos  pour l’emmener à la morgue déjà pleine à craquer. Le chauffeur conduisait lentement, et eut cette explication à laquelle aucun de ses compagnons ne s’attendait : « Il y a trop de bosses sur la route. J’ai l’impression qu’elle va avoir mal, derrière ». Un photoreporter de guerre, pourtant habitué à voir des cadavres en Syrie comme en Libye, finit par éclater en pleurs : « Là c’est pas pareil, on est dans un pays en paix. C’est pas normal de voir des bébés morts sur une plage ». Selon l’Organisation internationale pour les migrations, 330 enfants sont morts sur les seules côtes grecques de novembre 2015 à mars 2016. Ces autres parents finirent par identifier le corps de leur fille unique. Numéro de protocole 197, corps n° 39. Ils l’ont enterré et ont continué leur route sans retour. Elle s’appelait Shahid Ahmad.

Bouillonnement
Deuxième photo qui ne jaunira pas, celle d’une jeune femme seule, complètement seule, devant un escadron de policiers ressemblant à des cosmonautes dans leur équipement et sur le point de l’arrêter. Les pieds bien plantés sur l’asphalte, étrangement calme, elle manifestait dans sa désarmante immobilité contre les violences faites aux citoyens noirs. C’était le 9 juillet 2016 à Baton Rouge, aux États-Unis. La police n’a pas osé faire usage de brutalité. La femme n’a d’ailleurs rien dit, et n’a pas résisté. Derrière cette scène qui n’a duré que quelques minutes, mais a fait le tour du monde, se cache le drame d’une société américaine à deux doigts de devenir folle et remettant à jour cette exclamation de l’historien Arthur Schlesinger : « Mais qui sommes-nous donc, nous, les Américains   Aujourd’hui nous sommes les gens les plus effrayants de cette planète ». Car certains Noirs ont aussi choisi de répondre à la violence par la violence, comme ces snipers qui visèrent douze policiers et en tuèrent cinq. Leonard Pitts, journaliste du Miami Herald, a trouvé le diagnostic approprié : « Il y a un mal rampant dans notre pays, une putréfaction de l’âme, une corruption de l’esprit. Vous pouvez toujours le nier, moi, je sais que je ne le peux pas. Quelque chose ne va pas chez nous. Et je n’ai pas honte de vous dire que j’ai peur pour mon pays ».

Les forces de l’ordre ont réprimé avec violence la manifestation paysanne  de Soamahamanina.

Les forces de l’ordre ont réprimé avec violence la manifestation paysanne
de Soamahamanina.

Et si ce constat concernait aussi, exactement dans les mêmes termes, Madagascar et les Malgaches   L’interrogation m’est venue à l’esprit, apportée par « ma » troisième et dernière photo : celle d’une pauvre paysanne déjà âgée de Soamahamanina, le visage tuméfié, s’appuyant au bras d’Augustin Andriamananoro. On nous a appris autrefois qu’à Madagascar on respectait les ancêtres, les aînés, les femmes, les enfants, et les rizières. Qu’en est-il resté   Oh, une énième fois on arguera que les politiciens étaient derrière, le refrain est défraichi, éculé. Pense-t-on que s’il n’y avait pas Mandela, les Noirs sud-africains auraient continué sagement à emprunter les couloirs pour « Coloured », s’écartant de ceux « for White only »   Que non, les meneurs ou ceux censés l’être ne sont en fait que les catalyseurs d’un bouillonnement déjà bien réel. Antoine de Saint-Exupéry – encore lui !- le disait d’une manière on ne peut plus claire : « Je me moque bien de connaître s’ils étaient sincères ou non, logiques ou non, les grands mots des politiciens. S’ils ont pris sur toi comme peuvent germer les semences, c’est qu’ils répondaient à tes besoins. Tu es seul juge. Ce sont les terres qui savent reconnaître le blé ».

Rétro pêle-mêle

BE7Année 2003. Philippe Bourgeois, directeur général de Total Madagascar, introduit pour la première fois dans le pays le Super sans plomb 95. La filiale du Groupe Total Elf Fina se pose du coup en leader sur le marché local pour la qualité de ses produits et de ses services. Son budget qui était de 33 milliards en 2001, et de 24 milliards en 2002 à cause de la crise, grimpe à 44 milliards. Une attention particulière est affectée à la formation, au contrôle régulier des stations, et à l’analyse périodique des produits en laboratoire. Le Super sans plomb 95 est réputé contribuer à la lutte antipollution, thème central du Sommet de la terre d’août 2002 à Johannesburg.

Le nickel de Madagascar intéresse de plus en plus les investisseurs étrangers. Après la compagnie américaine Phelps Dodge Corp. associée à la canadienne Dynatec pour Ambatovy, une autre compagnie canadienne, la Diamond Fields International Ltd semble jeter  son dévolu sur les réserves de Valozoro dans la province de Fianarantsoa. Elle est autorisée à évaluer pendant une période de 3 à 5 mois le volume des gisements de cette région, avant d’éventuellement obtenir son permis d’exploitation. On estime néanmoins que le nickel de  Valozoro serait d’assez faible teneur, ce qui n’irait pas sans inconvénient pour son exportation à l’état brut. Mais peut-être n’est-il qu’un prétexte, la Diamond Fields ayant aussi dans son viseur  le … diamant quelque part dans le grand Sud.

Telma lève le voile sur ses nouveaux hommes forts, dont beaucoup sont des transfuges du repreneur Distacom. David White remplace Mamiharilala Rasolojaona à la présidence du Conseil tandis que José Yvon Raserijaona, ancien DG de la BFV, ancien ministre des Finances, entre par la grande porte pour le poste de Secrétaire général. Bruno Andriantavison conserve la direction générale mais avec des prérogatives moindres, malgré la charge des relations avec les instances internationales et la recherche de partenariat. Adel Si Bouekaz, une nouvelle recrue, piochera sur la réorganisation de la Société, tandis que l’audit, le Business Plan, la coordination technique, et l’ingénierie échoient au directeur général adjoint Bernard Lemoine.

Textes : Tom Andriamanoro
Photos : L’Express de Madagascar – AFP

Collection – La philatélie et la numismatique fascinent les jeunes

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Deux types d’art bien distincts, mais néanmoins complémentaires. L’art de collectionner les timbres et celui d’étudier la monnaie sont à découvrir, actuellement au Tahala Rarihasina à Analakely. 

«Un travail de passion avant tout ! » C’est souvent ainsi que s’exposent au public les précieuses collections des quelques philatélistes et numismates qui croiseront votre chemin. C’est tout un devoir de mémoire également qu’il convient au public, à chaque occasion, de découvrir, car aussi bien la vieille monnaie que les timbres représentent des bribes et des vestiges de l’histoire nationale.
Si cette passion est, depuis longtemps, parfaitement ancrée dans la culture occidentale, elle apparaît dans la Grande île sous la colonisation. À l’instar de ses nombreux pairs d’Outremer, Julie Rasolonjatovo expose, au Tahala Rarihasina à Analakely actuellement, une collection bien étoffée de timbres d’antan et de monnaies anciennes. De quoi susciter  la curiosité de jeunes visiteurs qui se joignent à elle. Entre découvertes, échanges et acquisition également pour les heureux chanceux qui perpétueront la collection et la passion de Julie Rasolonjatovo, ce sont divers pans de l’histoire malgache qe l’on y voit.

Une collection d'enveloppes timbrées inédites et d'époque, également ornées de diverses personnalités littéraires de Madagascar.

Une collection d’enveloppes timbrées inédites et d’époque, également ornées de diverses personnalités littéraires de Madagascar.

La philatélie

Jusqu’au début du XXe siècle, la collection de plis, d’enveloppes, d’empreintes postales et de timbres-poste à partir de 1843, se nomme couramment la « timbrologie ». Le terme
« philatélie » est attribué à Gustave Herpin dans la revue Le Collectionneur de timbres-poste en novembre 1864, créé à partir des mots « philos » signifiant ami et « ateleia » signifiant « l’exemption de taxe ». En Grèce, on utilise « telos » ou taxe, « timbromanie » ayant été depuis jugé péjoratif. Depuis, l’appellation « philatélie » a donc été préférée à celle de
« timbrologie » en raison de sa meilleure adaptation, du fait de ses racines grecques et pour un emploi international.

Les timbres les plus prisés du public à l'époque, laissent la part belle  aux illustrations de la faune et de la flore endémiques de la Grande île.  Des pièces qui sont désormais bien rares.

Les timbres les plus prisés du public à l’époque, laissent la part belleaux illustrations de la faune et de la flore endémiques de la Grande île.
Des pièces qui sont désormais bien rares.

Une collection diversifiée

Riche et fascinant, ce domaine regorge plusieurs catégories et des spécialisations bien distinctes les unes des autres. Notamment, les timbres-poste neufs, les timbres-poste oblitérés, les timbres-poste sur pli ou enveloppe, les timbres-taxes de poste aérienne, pour journaux, préoblitérés, ou encore les timbres pour colis postaux. Julie Rasolonjatovo, pour sa part, se plaît à garnir constamment sa collection d’autres éléments, depuis les années 60 jusqu’à aujourd’hui. À savoir, des enveloppes postales entières ornées d’illustrations. Des timbres-monnaies, des carnets ou feuilles de timbres, des bords de feuilles ou encore des timbres accolés à une publicité et tant d’autres. Le tout par thème, par pays, par époque ou selon des domaines bien particuliers comme la philatélie fiscale et de la « préphilatélie » pour les documents postaux avant l’apparition du timbre postal.

Les premières monnaies qui ont été utilisées à Madagascar, la collection  de Julie Rasolonjatovo est garnie principalement de versions en papier.

Les premières monnaies qui ont été utilisées à Madagascar, la collection
de Julie Rasolonjatovo est garnie principalement de versions en papier.

La numismatique

La numismatique du latin « numisma » ou pièce de monnaie a pour objet l’étude des monnaies et médailles. Considérée comme une science auxiliaire à l’histoire et à son étude, elle est particulièrement utile dans les recherches appropriées à ce domaine, mais aussi en archéologie en particulier. Hormis sa finalité scientifique, la numismatique est une aide précieuse pour les collectionneurs numismates. La collection de monnaies a, en effet, été pratiquée depuis l’Antiquité, mais pour la majorité des collectionneurs, l’intérêt historique au sens strict est secondaire. Les collections sont entreprises à des fins et intérêts artistiques, techniques ou culturels, voire au titre de simple loisir. C’est notamment le cas de Julie Rasolonjatovo qui préfère collectionner les monnaies anciennes pour les faire découvrir aux nouvelles générations.

Bemiray –« Pour que la mer ne soit plus la limite de notre rizière »

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Entre l’histoire de l’Imerina à travers ses collines, sacrées ou  non, les cartes d’eaux de restaurants de Los Angeles, des réflexions sur l’Univers…, Tom Andriamanoro emmène ses lecteurs dans des découvertes.

Racines – Collines de l’Imerina

Elle nous attendait, nous a-t-elle avoué, c’est pourquoi elle a bien soigné ses tresses. Comment a-t-elle pu savoir   La femme, qui ne paraît pas ses 75 ans, dit se nourrir exclusivement de tomates et de poissons séchés. Épouse de catéchiste, elle est aussi par ce syncrétisme dont le Malgache a le secret, la vestale du « doany » d’Andriamaheri­tsialainolontany, le Seigneur-puissant-à-qui-on-ne-peut-pas-prendre-ses-terres, au sommet de la colline d’Amboatany. C’est là qu’elle dialogue avec les ancêtres pour ensuite transmettre des recettes de santé, de fertilité, et d’abondance à ses visiteurs…
Le temps a passé, est-elle encore là-haut aujourd’hui   Ce matin-là, notre inspiration nous avait menés dans l’Avaradrano, mais en laissant Ambohimanga aux touristes. Bifurcation vers Lazaina, un village tout fier de l’architecture tout en hauteur de ses vieilles maisons nobles, et qui possède les plus beaux « tamboho », ces enceintes en terre battue qui défient l’usure du temps. Là est aussi la tombe de Ranivo. S’agit-t-il de celle qui devait être exécutée en 1849 avec un groupe de chrétiens   La jeune fille de 16 ans était si belle que le bourreau n’eut pas le courage de la mettre à mort, se contentant de la gifler. Un des villages suivants est Iavoambony où, dans les temps anciens, on fabriquait du savon noir avec du suif et du « iaro », une plante dont la combustion donne une sorte de sel utilisé  pour atténuer le piquant du tabac à chiquer. Au loin, se profilent déjà le chaînon du Mangabe et l’élévation la plus à l’Ouest : la colline d’Amboatany avec, à ses pieds, le hameau de Morarano.
Amboatany devait être d’une certaine importance, puisqu’elle est dotée, à son sommet, de deux portes et de trois rangées de fossés. Plus on monte par une bonne route en terre que l’on peut déserter  à tout moment pour une multitude de chemins de chèvre, et plus la campagne de l’Imerina qui s’étend à perte de vue révèle une impressionnante majesté. Même l’aéroport d’Ivato que l’on domine parfaitement à partir de ce belvédère semble s’être dépouillé de ses atours technologiques pour revenir à son élément premier. Désignant le site à partir des hauteurs, Andrianampoinimerina se serait écrié : « Tena iva ato », c’est vraiment très bas par-là ! Dans d’autres directions, le regard scrute le Palais de la Reine qu’on croyait pourtant avoir semé loin derrière, ou la Colline sacrée d’Imerimandroso. Les sportifs pousseront la promenade en contrebas jusqu’à l’église anglicane d’Ambatoharanana, un bijou architectural en pierre de taille construit en 1882. Il arrive que des parapentistes de passage choisissent ces lieux chargés d’histoire pour s’adonner à leur passion, en planant au-dessus du damier des rizières, vertes ou or selon les saisons.

Le Rova d’Ilafy figure parmi les Douze collines sacrées   de l’Imerina.

Le Rova d’Ilafy figure parmi les Douze collines sacrées de l’Imerina.

Des collines sacrées au nombre varié
Changement complet de cap après l’Avaradrano. Quand on parle des collines de l’Imerina, on pense à celles dites « sacrées » dont le nombre varie selon les sources et les circonstances historiques. D’autres ont pourtant tenu une place non moins importante dans l’Histoire de la royauté. C’est le cas d’Ambohitrombihavana, au PK13 de la RN2. C’est là qu’Andrianamboninolona, fils d’Andriamananontany, trouva refuge après les démêlés de son père avec son oncle Andriamanelo, là-bas du côté d’Ambohitrandriananahary. Cette colline familièrement appelée Ambohitromby a sorti une myriade de grands noms pour ne citer que Joseph Andrianaivoravelona, un des premiers pasteurs du Palais, ou encore, dans notre Histoire contemporaine, les frères Roland et Blaise Rabetafika, ce dernier qui fut récemment honoré par un Centre d’études diplomatiques de la place. Mais peut-être parce qu’on y trouve plus de tombes que de maisons, elle n’est plus que très rarement fréquentée par les « taranaka » ou descendants, dont beaucoup n’y viennent que pour enterrer un des leurs. La nature et la vie ayant horreur du vide, les paysans des petits hameaux en contrebas se sont décidés à monter à la conquête de la forteresse « andriana ». Un culte ordinaire du dimanche matin à Ambohitromby est, de nos jours, un rassemblement on ne peut plus humble de braves paysans aux mains calleuses et d’enfants aux pieds nus. À défaut d’assiduité en matière de présence, les natifs « zanaka ampielezana » n’oublient  heureusement pas d’ouvrir le portefeuille pour les grands travaux de la paroisse. Les réalisations, admirablement gérées et obtenues par une femme-pasteur fauchée par la mort en pleine fleur de l’âge en témoignent. Seul point sombre, une de ces antennes  géantes qui, à tort ou à raison, font polémique quant à leurs effets sur la santé avait été installée sur le clocher, surplombant de quelques mètres seulement la « trano vadim-piangonana »…
En bas de la montée, au bord de la Nationale, une stèle ne payant pas de mine rappelle étrangement un corps enveloppé dans son linceul. Cas unique dans l’Histoire de l’Imerina, Andrianamboninolona avait exigé qu’après avoir « tourné le dos » il soit enterré debout.

Martin Riese est devenu un sommelier en eaux.

Martin Riese est devenu un sommelier en eaux.

Insolite – Profession, sommelier d’eau

« Eau! Tu n’as ni goût, ni couleur, ni arôme, on ne peut pas te définir, on te goûte, sans te connaître. Tu n’es pas nécessaire à la vie, tu es la vie. Tu nous pénètres d’un plaisir qui ne s’explique point par les sens. Par ta grâce, s’ouvrent en nous toutes les sources taries de notre cœur. Tu es la plus grande richesse qui soit au monde, et tu es aussi la plus délicate, toi si pure au ventre de la terre. Tu n’acceptes point de mélange, tu ne supportes point d’altération, tu es une ombrageuse divinité… »
Il est des choix de vie qui ont une drôle de naissance. Ainsi celui de Martin Riese, du temps où il était gérant d’un restaurant berlinois, quand un client lui posa cette question imprévisible : « Vous proposez une carte de vins très variée, pourquoi n’offrez-vous qu’une seule sorte d’eau   » Il est aujourd’hui sommelier d’eau à Los Angeles, une ville où tous les extrêmes sont envisageables à condition d’en valoir la peine. D’ailleurs ses parents lui ont raconté que, petit, il avait toujours soif, et qu’à quatre ans, il aimait collectionner des échantillons d’eau du robinet. Après l’anecdote berlinoise, tout s’est enchaîné très vite : 2008, Martin Riese écrit un livre sur… l’eau. 2010, l’association des eaux minérales allemandes lui décerne un certificat officiel de sommelier d’eau. 2011, il débarque à Los Angeles avec un visa O-1, celui accordé uniquement aux « personnes dotées de compétences extraordinaires ». Aujourd’hui, quatre grands restaurants de la ville proposent sa carte d’eaux de source et d’eaux minérales haut de gamme. Martin Riese donne des cours de dégustation, et roule en Porsche…

À Los Angeles, il existe quatre restaurants où l’on trouve  des cartes d’eaux.

À Los Angeles, il existe quatre restaurants où l’on trouvedes cartes d’eaux.

D’abord incrédule, un journaliste de Santa Barbara a voulu en avoir le cœur net, et s’est vu proposer par l’expert quatre eaux en bouteille, versées ensuite dans des verres à pied. Les différences sont réelles : la première a le goût auquel on s’attend généralement quand on commande de l’eau. La seconde est une eau danoise qui semble pétillante sans l’être : on la cherchera en vain dans les rayons des grandes surfaces, elle ne se rencontre qu’en restaurant. La troisième est une eau gazeuse espagnole au goût assez proche de l’aspirine, mais en plus rafraichissant. La quatrième enfin est une eau pétillante slovène qui, selon Riese, a la plus haute teneur en magnésium au monde. Il la surnomme d’ailleurs le « Red Bull de la nature ». Tout simplement étonnant : ces boissons aussi différentes les unes des autres sont toutes… de l’eau.
Quand l’eau du robinet, à la transparence parfois suspecte, devient une denrée de plus en plus rare et chère, il est permis de se demander si la différence entre des eaux en bouteille va plus loin que leur habillage commercial. Le mot de la faim pour assoiffés à Martin Riese : « Je donne de la valeur à quelque chose qui n’en a pas pour les gens, sans pour autant vouloir en faire un produit de superluxe. Quand il n’y aura plus d’eau, vous pourrez toujours essayer de boire de l’essence ».

Le grand télescope de Guizhou.

Le grand télescope de Guizhou.

univers – Sommes-nous vraiment seuls ?

Les scientifiques s’accordent au moins sur un point : la question de la possibilité de vie extraterrestre est trop sérieuse pour qu’on continue à la traiter sous la forme de films de fiction et de bandes dessinées. Exit donc les petits hommes verts et les humanoïdes à tête de « tarondro » avec pleins d’écailles sur le nez ! Le problème en fait est que l’homme se représente les autres civilisations et planètes selon des schémas qui restent trop humains, malgré toutes les extrapolations artistiques, mais aussi techniques qu’il y apporte.  Exactement le cas de l’image que vous renvoie un miroir déformant et qui reste la vôtre ! Même certains signaux envoyés dans l’espace comme autant de bouteilles à la mer n’échappent pas à cette tare. Trop humains ! Au XVIIe déjà, l’écrivain français Savinien de Cyrano de Bergerac (rien à voir avec l’autre) imaginait un paysage lunaire peuplé de géants mi-hommes mi-animaux mais débattant de philosophie très terrienne. Notre imagination est lamentablement restée au même point.
Les chercheurs qui travaillent loin du sensationnalisme poursuivent heureusement leur travail de fourmi. Le télescope spatial Kepler, lancé en 2009 par la Nasa, a, par exemple, permis de cataloguer 3 443 planètes en orbite autour d’étoiles autres que notre Soleil. En mai 2016, il en a été découvert 1 284 parmi lesquelles une petite minorité se situerait dans une zone pouvant être habitable, c’est-à-dire à une distance par rapport à leur étoile permettant la présence d’eau liquide et de vie. Quant au plus grand radiotélescope du monde, il n’est ni américain, ni russe, ni d’un consortium européen, mais chinois. Installé dans une cuvette naturelle de la province de Guizhou, d’un diamètre de 500m, il a nécessité cinq ans de travaux et un budget de 160 millions d’euros.

Le 4 janvier dernier, un centre de recherche au Nord du Chili  photographie Orion et la poussière de molécules qui l’entourent.

Le 4 janvier dernier, un centre de recherche au Nord du Chili photographie Orion et la poussière de molécules qui l’entourent.

Malgré tous ces équipements à l’affût du cosmos, malgré toutes les intelligences mobilisées, il semblerait qu’aucun signal incitant à l’optimisme ne  nous soit encore parvenu. Selon des chercheurs de l’Université Cornell aux États-Unis, « l’humanité n’a guère de chance d’entrer en contact avec des civilisations de même niveau avant 1 500 ans environ. De plus, il n’y a apparemment pas de civilisation extraterrestre à moins de 40 années-lumière de la Terre ». De quoi doucher bien des enthousiasmes…
Le biophysicien Axel Kowald de l’Université de Newcastle explique que l’exploration de l’univers au-delà du système solaire est une œuvre de colonisation ne pouvant se concevoir qu’à l’aide de sondes autoreproductibles. C’est là un principe emprunté à la biologie selon lequel, de génération en génération, il y a malheureusement un phénomène de dépérissement qui, appliqué aux sondes, se caractérisera par une accumulation d’erreurs et une perte progressive de fonctionnalité. À partir d’un certain seuil critique, les sondes disparaitront d’elles-mêmes, signant l’arrêt du processus de colonisation. Sommes-nous condamnés à ne rien pouvoir découvrir  ?
D’après les astronomes Lisa Kaltenegger et Ramsès Ramirez, il importe de ne pas se tromper de direction dans les observations. Pour trouver des traces de vie extraterrestre, il faut s’intéresser plus aux étoiles mourantes en train de se consumer, qu’aux jeunes. En se référant aux délais constatés sur la Terre, la plupart des scientifiques s’accordent sur le fait qu’il a fallu près d’un milliard d’années pour que la vie y apparaisse, les estimations les plus extrêmes n’allant pas en-deçà d’un demi-milliard d’années après la naissance de la Terre. Au lieu de s’interroger sur le nombre de civilisations existant actuellement, il faudrait se demander quelle est la probabilité que la nôtre soit la seule jamais parue. Et les astronomes de conclure : « À moins que la probabilité pour l’évolution d’une civilisation sur une autre planète dans une zone habitable soit inférieure à 1 sur 10 milliards de milliers de milliards, nous ne sommes pas les premiers. »
À des années-lumière de ces calculs savants, ce croyant préfère, quant à lui, se demander pourquoi Jésus a choisi de ne travailler que trois petites années sur terre, avant de
« remonter au ciel ». Y avait-il d’autres chantiers, d’autres urgences « ailleurs »  ? Pour lui, la réponse ne peut être que oui.

BE7Rétro pêle-mêle

Année 2004. Le président de la République reçoit séparément les représentants des trois communautés karana : les Khojas des Ylias Akbaraly, Hiridjee, Cassam Chenai, Ballou, très costume-cravate à l’occidental, les Bohras arborant barbe fournie et tenue blanche traditionnelle des Souzar Boukha, Asgaraly, Goulam Raza Ali, et les Ismaéliens agakhanistes des Rajabali, Ismail, et autres Karim Nandjee. Ne manquaient plus – était-ce un oubli involontaire   – que les Hindous, leaders dans le domaine de la bijouterie. Les réunions étaient-elles exclusivement économiques au vu du poids des Karana en la matière, et des ouvertures en cours vers l’ile Maurice et l’Afrique de l’Est où ils retrouveront des décideurs partageant leurs origines ?  Ou, à en juger par la langue de bois adoptée à la sortie par tous les participants, la politique y était-elle plus qu’un « Special guest »   L’approche séparée du Président était en tout cas des plus naïves, et il est à parier qu’une réunion entre les trois communautés n’a pas tardé, avec, pour seul ordre du jour, cette question : « Que vous a-t-il dit   » On est Karana ou on ne l’est pas…
Cyril Juge, consul de Monaco à Madagascar et PDG des Grands Magasins de Madagascar, s’est fait rare depuis qu’il a vendu Champion au sud-africain Shoprite. Ne voilà-t-il pas qu’il réapparait au meilleur moment possible, avec la victoire des Monégasques sur les galactiques du Real dans la Ligue des Champions, sachant que c’est une compétition très suivie par les Malgaches ! Ce zanatany qui maitrise bien la culture du pays a, à l’occasion de son  retour médiatique, remis des dons au Comité national de secours, et apporté une contribution de 35 millions Fmg pour la construction d’un barrage à Ambalaretra près d’Ambatosoratra.
Un séminaire économique sur Madagascar est prévu à Paris le 11 mai 2004 sous l’égide d’UBI France. Parmi les participants retenus par l’ambassade, on retrouve les noms de Guy Besnardeau, PDG de Réfrigépêche et des Pêcheries de Morondava, un chiraquien de la première heure, Jean-Claude Berger, DG de Colas et président du syndicat BTP de Madagascar, Vincent Desobry, directeur de l’agence de tourisme Océane Aventure et représentant de Corsair, et des banquiers dont Jean-Pierre Ducroquet de la BFV, et Dominique Tissier de la BNI. De quoi requinquer des acteurs économiques gagnés par une certaine morosité.

Textes : Tom Andriamanoro
Photos : Archives de L’Express de Madagascar – AFP

Ambatondrazaka – Des mesures prises contre l’insécurité

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Les attaques à main armée restent un problème d’actualité majeur, et ce depuis
l’arrivée en masse des soi-disant exploitants de pierres précieuses, le saphir en particulier. Dans une ville comme Ambatondrazaka, répartie en neuf fokontany seulement, plus d’un s’étonnent beaucoup que l’insécurité règne plus que jamais même si les forces de l’ordre ne cessent de patrouiller de jour comme de nuit jusqu’au fin fond des quartiers.
Ce qui amène certains marchands et commerçants à fermer boutique quelques heures avant que la nuit ne tombe. Pour d’autres, il n’était pas question de fermer les portes à la première difficulté, mais au fil du temps et face à la situation devenue de plus en plus menaçante, ils n’ont pu que suivre à la lettre les précautions prises par leurs homologues. L’on note que des magasins de gros et certains établissements financiers sont gardés par des hommes en treillis ou en uniforme, même pendant la journée. En fait, les habitants du chef-lieu de la région Alaotra-Mangoro n’ont pas encore l’habitude de voir de tels déploiements d’agents de sécurité.

H.F. A.


Alaotra Mangoro – Le Plan Sectoriel de l’Éducation débattu

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Mercredi dernier à Ambatondrazaka, la direction régionale de l’Éducation nationale vient de terminer la mise au point finale de son programme de communication sur le Plan Sectoriel de l’Éducation, connu sous le sigle de « PSE ». Celui-ci est, actuellement, au centre des débats de toutes les classes sociales et de toutes les catégories professionnelles.
Ce PSE, comme ceux des vingt-et-une autres DREN réparties dans tout Madagascar, est remis au ministère de tutelle et attend sa (ou plutôt leur) validation après la « remise » au point final au niveau du ministère de l’Éducation nationale. Pour que des responsables formés par des spécialistes en la matière puissent à répondre à des milliers de questions venues de toutes parts mais surtout faire connaître tous les avantages, les points cruciaux et les principaux défis du PSE. De fait, l’objectif consiste à assurer une éducation fondamentale élargie, de qualité et équitable pour tous.
Pour rappel, la consultation régionale comportait  cinq commissions outre celle dénommée commission technique. Elle s’est focalisée, entre autres, sur l’« accès à l’école et rétention », « la qualité de l’enseignement » et « gestion et gouvernance » dans le monde de l’éducation.

Hery Fils Andrianandraina

Antsiranana – Bilan satisfaisant pour la Star

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Le groupe Star en fête. Il a récompensé ses employés méritants par des distinctions honorifiques et des cadeaux.

La fête continue au sein de la grande famille du  groupe Star en ce début d’année. En effet, il n’a pas oublié de récompenser ses membres du personnel issus de ses exploitations d’Antsiranana, de Nosy Be, de Sambava, d’Ambilobe et d’Antsohihy. De fait, le groupe a organisé, samedi  dernier, une cérémonie de remise de distinctions honorifiques et de médailles destinées à remercier ses collaborateurs, en reconnaissance de leurs mérites personnels ou professionnels constatés dans leurs actes.
Sous l’égide du président directeur adjoint du groupe Star, Emmanuel De Tailly, la cérémonie a été également honorée par le directeur général du Travail et des lois sociales, Hyacinthe Hermann Tandra.

Le traditionnel Afindrafindrao a ouvert le bal.

Le traditionnel Afindrafindrao a ouvert le bal.

La cérémonie a aussi vu  la présence des autorités locales conduites par Malaza Ramanamahafahay, secrétaire général de la région Diana. Georges Diny, membre de la Chancellerie, a présidé la remise des médailles.
Comme il est de tradition et surtout comme cette cérémonie a marqué la fin du mandat de ce PDG adjoint à Madagascar, il a profité de l’occasion pour mentionner quelques chiffres résumant le bilan de la société et annoncer les perspectives de cette année nouvelle. Citons, entre autres, un investissement majeur de 130 milliards d’ariary dans tout Madagascar dont dix milliards seront destinés à la construction d’une deuxième usine de production dans le Nord. Ce qui fera le complexe du groupe à Antsiranana une grande usine à Madagascar.
En outre, Emmanuel De Tailly a cité l’augmentation d’effectif moyen du personnel qui est passé à 1 820 en 2016 s’il était de 1 786 en 2015, le développement des compétences par l’octroi des plus de 28 500 heures de formation dispensées, auxquelles ont bénéficié 1 593 collaborateurs, la productivité de 1 590 hl par personne  en 2015 contre 1 820 en 2016, etc. Sans oublier les organisations des manifestations sportives et culturelles pour renforcer la cohésion entre les employés  et pour donner vie à l’appartenance  au  groupe Star.

Des danses chorégraphiques ont égayé la cérémonie de remise de médailles.

Des danses chorégraphiques ont égayé la cérémonie de remise de médailles.

Remerciements
Lors de son discours, Emmanuel De Tailly a aussi mis un accent particulier sur la pérennité du groupe Star. En passant, il a loué la fidélité et la loyauté des gens qui le composent et qui font sa longévité. C’est  pourquoi, il a tenu à remercier l’ensemble du personnel pour le temps qu’ils ont consacré au groupe de manière à le rendre leader dans son secteur et exemplaire à Madagascar et dans l’océan Indien.
S’adressant aux récipiendaires, il les a assurés que tous les résultats obtenus sont les fruits du dévouement, de la fidélité, de l’intégrité et du professionnalisme des employés.
« Tout cela, c’est grâce à vous, car vous êtes des exemples et  des sources d’inspiration », a-t-il ajouté.
Certes, ce fut un grand moment de fierté pour les récipiendaires, leurs familles et le groupe tout entier, mais en tout cas, c’est la réussite de la Star qui a rassemblé la grande famille de la
brasserie à l’Hôtel de la Poste dans la capitale du Nord.
Ainsi, en guise de récompense pour leurs années de service, 32 employés ont été décorés lors de cette cérémonie dont trois ont été élevés au grade de chevalier de l’Ordre national, sept ont été faits chevaliers de l’ordre de mérite, et un officier de l’Ordre de mérite. Vint-et-une
autres personnes ont reçu des médailles du travail respectivement en argent et en bronze. Outre les certificats, le comité directeur leur a remis des cadeaux.
Un repas convivial et un bal ont clôturé la fête. La bière a coulé à flots, tout le monde a eu chaud. Mais tout compte fait, tout s’est bien terminé, dans la liesse.

Les récipendaires de médailles, tout heureux.

Les récipendaires de médailles, tout heureux.

Fournisseur d’emplois

Le secrétaire général de la Diana a mentionné l’importance socio-économique de l’existence de l’usine dans la région, comme sa contribution dans la réduction du chômage, de l’insécurité, etc.
« L’union fait la force et l’amitié réciproque développe la concorde. Une chose est sûre : c’est uniquement par la culture d’excellence que nous pourrions emporter la bataille de la pauvreté. L’un des objectifs de la région Diana, comme celui du gouvernement, est de
promouvoir la productivité en entreprises aux fins du développement humain » a-t-il conclu.

Textes et photos : Raheriniaina

Football – Les stars qui enflammeront la Coupe d’Afrique des Nations 2017

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Fraîchement élu Ballon d’Or africain, Riyad Mahrez est très attendu avec la sélection de l’Algérie à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2017.  Le Gabon compte sur Aubameyang pour le mener jusqu’au titre, tandis que le Sénégal espère avoir un Sadio Mané en grande forme.

On dit souvent que les grands joueurs ne ratent jamais les grands moments pour briller. Chaque tournoi important apporte son lot de footballeurs érigés au rang de superstars de par leurs performances. Cette année, ils sont trois à attirer les feux des projecteurs sur eux, pour la Coupe d’Afrique des Nations 2017, qui débute ce samedi au Gabon. Il s’agit de Riyad Mahrez, Pierre-Émerick Aubameyang et Sadio Mané.

Riyad Mahrez, Ballon d'Or africain 2016, est le pilier de la ligne d’attaqaue des Fennecs.

Riyad Mahrez, Ballon d’Or africain 2016, est le pilier de la ligne d’attaqaue des Fennecs.

Riyad Mahrez a récemment obtenu le titre de Ballon d’Or africain. L’Algérien est ainsi récompensé de sa saison historique en club. Avec Leicester City, il a, en effet, remporté la Premier League anglaise, réputée comme étant le plus beau championnat en Europe avec ses chocs spectaculaires entre grosses écuries, chaque weekend. C’est d’ailleurs lors de l’un de ces matches palpitants que Mahrez a écrit une des plus belles pages de sa carrière. Face à Manchester City, le 6 février 2016, il provoque tout d’abord une faute et délivre une passe décisive sur le coup franc qui s’ensuit, pour l’ouverture du score, en première mi-temps. En seconde période, il élimine un premier vis-à-vis d’un petit « sombrero », avant un superbe enchaînement passements de jambes et crochet du gauche pour désorienter le dernier défenseur. Seul face au gardien, le gaucher algérien envoie une frappe en pleine lucarne du pied droit pour entériner la victoire de Leicester City. Ce fut un des moments-clés de la saison mémorable de Leicester City et de son attaquant algérien.
Élevé au rang de star mondiale aujourd’hui, Mahrez aura la responsabilité d’être le fer de lance de la ligne d’attaque des Fennecs.

Pierre-Émerick Aubameyang portera tous les espoirs du peuple gabonais.

Pierre-Émerick Aubameyang portera tous les espoirs du peuple gabonais.

Il en sera de même pour Pierre-Émerick Aubameyang. De plus, ce dernier évoluera à domicile avec le Gabon. Tout le peuple gabonais compte sur son avant-centre, pour mener sa sélection jusqu’au sacre. Et on sait qu’un footballeur de cette trempe peut faire la différence à lui tout seul. D’ailleurs, c’est ce qu’il démontre à chaque match avec son club, le Borussia Dortmund, en championnat d’Allemagne. Pour preuve, Aubameyang en est à seize buts inscrits depuis le début de la saison 2016-2017, en quinze matches joués.

L’Algérie (maillots blancs) et le Cameroun participent à la phase finale de la CAN 2017 au Gabon.

L’Algérie (maillots blancs) et le Cameroun participent à la phase finale de la CAN 2017 au Gabon.

Accélérations dévastatrices
Arrivé à Bundesliga en 2013, le Gabonais a, depuis, gravi les échelons rapidement. Il est devenu un véritable joueur de classe mondiale, à l’instar des Samuel Eto’o ou Didier Drogba, autres attaquants africains qui ont brillé avant lui. À ce propos justement, le peuple gabonais doit également redouter qu’Aubameyang ne subisse le même destin tragique que Drogba. En effet, l’avant-centre ivoirien avait tout remporté en club, avec Chelsea, notamment la Ligue des Champions de l’UEFA et le championnat d’Angleterre. Cependant, il n’a jamais réussi à gagner la CAN avec son équipe nationale. Ça n’enlève rien au fait qu’il soit un immense joueur. Mais il faut l’avouer, ça fait tout de même un peu tache.
La semaine dernière, Mahrez a remporté le Ballon d’Or devant Aubameyang. À la troisième marche du podium se trouvait, le Sénégalais Sadio Mané. Mahrez se démarque par sa silhouette longiligne et sa conduite de balle du gauche, Aubameyang par sa puissance physique et sa vitesse de pointe. Quant à Mané, c’est le genre de joueur un peu plus petit par la taille mais grand par le talent. Avec ses dribbles virevoltants et ses accélérations dévastatrices, il martyrise les défenses de Premier League, dès sa première saison avec Liverpool. Plus souvent en mode percussion qu’en mode finition, il en est tout de même à neuf réalisations pour dix-neuf rencontres jouées, sans oublier quatre passes décisives. Comme quoi, il peut très bien réaliser un raid et balancer la dernière passe, mais il peut également être à la réception de celle-ci pour marquer.
Il y a une quinzaine d’années, le Sénégal a connu une période glorieuse avec la génération Diouf, Fadiga et autre Camara. À l’époque, les Lions de la Teranga avaient atteint les quarts de finale du Mondial 2002, au Japon et en Corée du Sud. Aujourd’hui, Mané représente le présent et l’avenir de cette formation sénégalaise.

La Côte d’Ivoire, tenante du titre, peut compter sur Serge Wilfried Kanon (à g.) et Wilfried Bony, malgré l’absence  de Yaya Touré et de Gervinho.

La Côte d’Ivoire, tenante du titre, peut compter sur Serge Wilfried Kanon (à g.) et Wilfried Bony, malgré l’absence
de Yaya Touré et de Gervinho.

La Côte d’Ivoire compte plusieurs absents

En 2015, la Côte d’Ivoire avait été sacrée. L’image de Yaya Touré soulevant le trophée de la CAN reste l’un des moments forts de cette édition, disputée en Guinée équatoriale. En septembre de l’année dernière, le cadet des frères Touré avait annoncé sa retraite internationale. Orpheline de son capitaine et milieu de terrain emblématique, quadruple Ballon d’Or africain, la Côte d’Ivoire ne pourra pas non plus compter sur Gervinho. L’ailier, qui évolue en Chine, est blessé et ne fait pas partie des vingt-trois joueurs convoqués. Pour défendre son titre, la Côte d’Ivoire s’appuiera sur les Aurier, Bony, Gradel et autre Bailly. D’un point de vue financier, l’État ivoirien a mis le paquet pour ce faire. Il y a quelques jours, le ministre des Sports et des loisirs avait annoncé un budget de 3,9 milliards de francs CFA, soit environ 6 millions d’euros, pour l’équipe nationale.

Le stade d’Oyem a été inauguré lundi dernier.

Le stade d’Oyem a été inauguré lundi dernier.

Inauguration des stades d’Oyem et de Port-Gentil

Deux stades viennent d’être inaugurés, cette semaine. Il s’agit des enceintes d’Oyem et de Port-Gentil, qui accueilleront des matches de la CAN 2017. Le président gabonais en personne, Ali Bongo, s’est déplacé à l’occasion. À côté, les stades de Libreville et de Franceville seront également sollicités durant le tournoi. Le match d’ouverture de la compétition est fixé pour ce samedi 14 janvier à 19h (heure malgache), au stade de l’Amitié à Libreville. Il opposera le Gabon, le pays hôte, à la Guinée Bissau, pour le compte du groupe A.

La mascotte  de la CAN 2017,  la panthère Samba, aux couleurs  de l’équipe nationale  du Gabon.

Samba, la panthère noire

La mascotte de cette CAN 2017 se nomme Samba. Il s’agit d’une panthère noire, habillée d’un maillot jaune et d’un short bleu, les couleurs de la sélection gabonaise. Il se démarque également par ses griffes bien visibles. Il avait été dévoilé en mars 2016 à Franceville, dans le sud du Gabon, en présence du président de la FIFA. « Symbole même de la puissance et de la grâce, elle accompagnera en toute fraternité les joueurs et le public sur les pelouses de l’exploit, des actuelles éliminatoires jusqu’à la phase finale », avait-on affirmé à son sujet.

Hamada Nampiandraza officiera pour la quatrième fois à la Coupe d’Afrique  des Nations.

Hamada Nampiandraza représente Madagascar

Jusqu’à aujourd’hui, Madagascar n’a jamais réussi à se qualifier pour la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations. Toutefois, la Grande île peut compter sur Hamada Nampiandraza pour la représenter lors du plus grand événement du football continental. Pour la quatrième fois, l’arbitre international malgache officiera à la CAN, après 2012, 2013 et 2015. En 2015, il avait été retenu, pour la première fois pour la phase à élimination directe. Preuve de la confiance grandissante que lui accorde la Confédération Africaine de Football (CAF). Lors d’une interview accordée à notre quotidien, il y a quelques jours, il avait évoqué sa situation : « Je remercie avant tout Dieu pour cette nouvelle désignation. Il faut constamment fournir des efforts, lors des rencontres interclubs et des éliminatoires des différentes compétitions internationales, pour conserver la confiance de la Confédération. De plus, la CAF a réduit les effectifs, cette fois-ci (Ndlr : 17 centraux et 24 assistants). On n’aura donc pas droit à l’erreur… La pression augmente quand il s’agit de matches à élimination directe, avec des équipes de très haut niveau. L’arbitrage en devient plus difficile. Il faut aborder toutes les rencontres comme des finales… Comme je l’ai dit, la CAF et la FIFA évaluent les arbitres lors des matches interclubs et des éliminatoires de la CAN ou du Mondial. Il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers, mais toujours continuer à fournir des efforts. Je réserve un moment à part pour écouter les critiques, pour me remettre en question afin de progresser. »

Sadio Mané animera l'attaque des Lions de la Teranga.

Sadio Mané animera l’attaque des Lions de la Teranga.

Le programme (heures malgaches)

Samedi 14 janvier
Gabon – Guinée Bissau à 19h (groupe A)
Burkina Faso – Cameroun à 22h (groupe A)
Dimanche 15 janvier
Algérie – Zimbabwe à 19h (groupe B)
Tunisie – Sénégal à 22h (groupe B)
Lundi 16 janvier
Côte d’Ivoire – Togo à 19h (groupe C)
RD Congo – Maroc à 22h (groupe C)
Mardi 17 janvier
Ghana – Ouganda à 19h (groupe D)
Mali – Égypte à 22h (groupe D)
Mercredi 18 janvier
Gabon – Burkina Faso à 19h (groupe A)
Cameroun – Guinée Bissau à 22h (groupe A)
Jeudi 19 janvier
Algérie – Tunisie à 19h (groupe B)
Sénégal – Zimbabwe à 22h (groupe B)
Vendredi 20 janvier
Côte d’Ivoire – RD Congo à 19h (groupe C)
Maroc – Togo à 22h (groupe C)
Samedi 21 janvier
Ghana – Mali à 19h (groupe D)
Égypte – Ouganda à 22h (groupe D)
Dimanche 22 janvier
Cameroun – Gabon à 22h (groupe A)
Guinée Bissau – Burkina Faso à 22h (groupe A)
Lundi 23 janvier
Zimbabwe – Tunisie à 22h (groupe B)
Sénégal – Algérie à 22h (groupe B)
Mardi 24 janvier
Togo – RD Congo à 22h (groupe C)
Maroc – Côte d’Ivoire à 22h (groupe C)
Mercredi 25 janvier
Égypte – Ghana à 22h (groupe D)
Ouganda – Mali à 22h (groupe D)
Samedi 28 janvier
Quart de finale à 19h : 1er groupe A – 2è groupe B (Q1)
Quart de finale à 22h : 1er groupe B – 2è groupe A (Q3)
Dimanche 29 janvier
Quart de finale à 19h : 1er groupe D – 2è groupe C (Q2)
Quart de finale à 22h : 1er groupe C – 2è groupe D (Q4)
Mercredi 1er février
Demi-finale à 22h : Vainqueur Q1 – Vainqueur Q2 (D1)
Jeudi 2 février
Demi-finale à 22h : Vainqueur Q3 – Vainqueur Q4 (D2)
Samedi 4 février
Match pour la 3e place à 22h : Perdant D1 – Perdant D2
Dimanche 5 février
Finale à 22h : Vainqueur D1 – Vainqueur D2

Haja Lucas Rakotondrazaka – Photos : AFP

Jean Pierre Domenichini –« La communauté d’Ambohimalaza a su se faire une place dans l’Imerina »

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Cet anthropologue et historien émérite est réputé pour ses recherches en anthropologie et histoire culturelles, ainsi que sociales. Face aux récentes actualités, il évoque l’histoire d’Ambohimalaza.

Racontez-nous l’histoire de cette colline d’Ambohimalaza…
L’histoire de ce lieu se rattache grandement à celle du roi Andriantompoko­indrindra qui y a vécu très longtemps. Il a su y instaurer plusieurs traditions qui, au fil des siècles, ont forgé la renommée même de cette colline d’Ambohimalaza. Il a su faire, en sorte, sous son règne qu’Ambohimalaza s’affirme comme étant un haut-lieu des Andriana d’Imerina, en la consacrant en tant que leur fief. Devenant ainsi cette colline réputée aussi bien pour ses valeurs que le fameux prestige de ses habitants, Ambohimalaza est depuis Andriantompoko­indrindra un théâtre des faits historiques de l’Imerina. Avant sa mort, le roi se fit préparer ce tombeau surmonté d’une petite maisonnette semblable aux cases habitées, laquelle sera la première « tranomasina » ou « tranomanara » des Hauts-plateaux, devenant le symbole même d’Ambohimalaza, par la suite. Au fil des ans, les traditions y afférentes s’y sont perpétuées grâce aux descendants du roi, qui, dans leur majorité, ont su imposer leur prestance du côté d’Ambohi­malazabe. Ces descendants se sont tous affirmés comme étant de véritables Andriana.

L’origine des « Tranomanara » est donc Ambohimalaza  ?
Ces cases sacrées sont surtout rattachées à nos origines austronésiennes. C’est pourquoi l’on retrouve ces mêmes cases sacrées un peu partout dans la Grande île, notamment chez les peuples Antandroy et Mahafaly, jusqu’à aujourd’hui. À l’instar de ces tombeaux ornés de Aloalo dans le Sud de Madagascar, les « Tranomanara » des Hauts-plateaux, dont celle d’Ambohimalaza construite par Andriantompokoindrindra fut la première, sont telles des palais posthumes visant principalement à honorer la mémoire d’un roi défunt. Elles doivent être constamment bien entretenues et toujours conservées sous leur aspect originel. Les « Tranomanara » constituent une fidèle représentation des anciennes cases malgaches, de conception très simple et de dimensions modestes. À côté de cette tombe se trouvent celles de la mère, des épouses et des fils du roi « masina ». Pour Ambohimalaza en particulier, l’édification d’une « Tranomanara » sur le tombeau est depuis cette époque réservée aux descendants d’Andriantompokoindrindra et de son frère Andrianjaka.

Les Andriana ont-ils un rôle particulier à Ambohimalaza  ?
À vrai dire, les traditions locales se réfèrent toutes aux rôles des Andriana et des « Raiamandreny » d’Ambohimalaza. Ces anciens, ou « Raiamandreny », ont pour rôle principal de veiller sur les Andriana. Ces derniers qui sont les héritiers d’Andriantompokoindrindra ont, quant à eux, su se faire une place d’honneur dans la cour du roi, entre autres, en tant que conseillers et autres. Étrangement, par la suite, cet aspect de la hiérarchie et des descendants andriana d’Ambohimalaza perdure jusqu’à aujourd’hui. De mémoire, je prendrais comme exemple l’ancienne ministre Brigitte Rasamoelina qui illustra, sans doute, ce prestige attribué aux valeurs des anciens d’Ambohimalaza.

I1

Pourquoi les descendants d’Ambohimalaza sont-ils justement réputés comme particuliers ?
C’est sans doute, comme je vous l’ai dit, en rapport à ces normes de respect et de tradition imposées par les anciens dans cette localité. Notamment les fameux « Lova tsy mifindra », par rapport au fait que les héritages et les richesses locaux restent chez leurs descendants uniquement et nul autre en dehors de la communauté d’Ambohimalaza. Ou encore le fait qu’ils ne se marient qu’entre eux également. Eh bien, disons que ce sont là des faits plus ou moins erronés. Quand Andriantompokoindrindra « a tourné le dos », ses fils se sont partagé son royaume, et les descendants de son aîné ont pu acquérir plus de terres. Ces descendants d’Andriantompokoindrindra se sont dispersés, par la suite, dans les périphéries d’Ambohimalaza, voire au-delà. Certains se sont établis à Ambohidrakotra, à Ambohijozoro, à Ankadivory ou encore à Ambohitrimanjaka et Andramasina. Tout cela pour dire que la communauté d’Ambohimalaza a su se faire une place partout ailleurs au sein de l’Imerina. Les habitants de ces localités sont ainsi tous des descendants d’Ambohimalaza, enrichissant la descendance du roi Andriantompokoindrindra.

« Pour la préservation des lieux, l’hypothèse de leur resacralisation est, d’ores et déjà, envisagée »

Quid de cette tradition du « Lova tsy mifindra »  ?
C’est ce qui surprend particulièrement vis-à-vis de ces traditions qui régissent la communauté d’Ambohimalaza. Car jusqu’à aujourd’hui, il existe encore ceux qui tiennent à cette tradition du « Lova tsy mifindra ». Pour dire que cette culture selon laquelle les héritiers d’Andriantompokoindrindra ne doivent pas se mélanger aux autres. On affirmait, par exemple, à l’époque qu’ils ne devaient pas se marier avec ceux du Sud, parce que ces derniers étaient ignares ou encore que ceux du Nord étaient fragiles de santé, donc à éviter. Depuis, les descendants d’Ambohimalaza, à l’instar de ceux d’Andrianampoinimerina, ne devaient épouser que des Andriana de la même lignée qu’eux. Pour dire donc que selon cette tradition, nos filles coûtent cher. En fait, les mentalités ont plus ou moins changées depuis, car les originaires d’Ambohimalaza se sont éparpillés dans les Hauts-plateaux et ont ainsi su se mélanger aux autres. Même si quelques coutumes persistent vigoureusement au sein de cette communauté, comme par exemple le fait que les gendres ne sont pas enterrés dans les tombeaux familiaux.

Que signifient ces actes de profanation de ces lieux sacrés, selon vous  ?
Franchement, je ne le sais pas. Ce que je peux vous dire c’est que nombreux sont ceux qui sont contre ces traditions et ces rites qui animent souvent les lieux comme les « Tranomanara » d’Ambohimalazabe. Pas uniquement sur les Hauts-plateaux, mais même au-delà, notamment à cause de cette expansion de l’évangélisation à Madagascar. Pour la préservation de ces lieux, l’hypothèse de leur resacralisation est, d’ores et déjà, envisagée, c’est le moins que les anciens peuvent initier, face à des autorités impuissantes par rapport à ce genre d’incident. Pour ma part, ce sont juste des actes de profanation comme vous l’affirmiez.

Photos : Andry Patrick Rakotondrazaka et fournie

Bemiray –« Pour que la mer ne soit plus la limite de notre rizière »

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Bemiray de ce jour colle avec l’actualité : la CAN 2017 et l’investiture de Donald Trump dans moins d’une semaine. Les footeux seront scotchés devant le petit écran pendant trois semaines, tandis que les Américains inaugureront une nouvelle ère, en principe anti-establishment. Enfin, une île peut changer de visage selon son statut : Sainte-Marie et Nosy Lava !

Investiture de Donald Trump – Apocalypse now aux États-Unis ? 

Toute chose a une fin, et c’est Chicago, la ville où tout a commencé pour lui, que le Président-chanteur a choisi pour prononcer son discours d’adieu. On ne m’en voudra pas de garder de Barack Obama cette image de proximité d’un homme qui fut le plus puissant du monde, certes, mais qui était aussi un artiste et ne s’en cachait pas : il fallait l’entendre chanter What ‘d I say de Ray Charles ou Amazing grace en public, un vrai professionnel de la soul ! Vivement un duo avec Aretha Franklin… Il n’y a qu’à Madagascar qu’on dit de telle personnalité publique, qui a pourtant également réussi ailleurs, qu’elle « n’est qu’un ceci ou qu’un cela » mais passons, long is still the road, friends !
Une nouvelle ère commence donc le 20 janvier, vendredi prochain, date de l’investiture du 45e Président, après que l’Amérique ait plus dit non à Hillary Clinton que oui à Donald Trump. Un véritable cataclysme. Pour le Washington Post, le nouveau Président devra faire face à une série de défis dès le premier jour. Car dans le monde, la démocratie libérale est en déclin, et aux États-Unis même, Obama laisse une économie en bonne santé certes, mais confrontée à de multiples problèmes allant d’une croissance faible à des inégalités persistantes. S’il faut se fier à son slogan, Trump agira le plus rapidement possible dans le sens d’un retour aux intérêts nationaux, ce qu’il a d’ailleurs déjà fait avant même d’être intronisé, devant les projets mexicains de Ford et de Toyota. Pour The New Yorker, il contrôle, du moins théoriquement, le Sénat, la Chambre des Représentants, et la Cour Suprême. Valideront-ils toutes ses décisions   Rien n’est moins sûr. The New York Times avoue perdre ses repères : le pays est en territoire inconnu, un lieu sans aucune indication ni orientation, avec un Président qui n’a absolument aucune expérience du secteur public, et qui entretient des liens étroits avec un dictateur étranger puissant et ennemi de l’Amérique. Le site Vzgliad proche du Kremlin confirme, d’ailleurs, sans le dire ouvertement cette complicité, quand il parle de véritable miracle. Trump, dit-il, a vaincu envers et contre tous, contre l’establishment, contre un système bâti pour exclure les marginaux, et même contre son propre parti.

Jared Kushner, le mari de la fille de Donald Trump,  Ivanka (à g.), sera le principal conseiller à la Maison Blanche.

Jared Kushner, le mari de la fille de Donald Trump,Ivanka (à g.), sera le principal conseiller à la Maison Blanche.

Extrémisme
Pour The Guardian, l’Amérique est tombée dans l’abîme, et du mépris du changement climatique à la renaissance du nationalisme, les raisons d’avoir peur sont légion. Une bouffée de lucidité vient du Golfe où, selon Okaz, il était tout à fait prévisible que Trump gagne, puisque toute l’humanité est gagnée par l’extrémisme. Si la démocratie existait dans les pays arabes, même Daech aurait ses chances dans l’épreuve des urnes. Pour le quotidien d’Arlington Politico, malgré tout, il ne faut pas se laisser aller au pessimisme, puisque l’Amérique a les freins et les contrepoids nécessaires pour éviter les abus de pouvoir. Si Trump tentait de repousser les limites de son autorité, le système est là pour restreindre ses initiatives. Mais, reconnaît-il, on n’a jamais vu un candidat dédaignant à ce point les valeurs constitutionnelles. Et avant même l’investiture, Politico de (déjà) penser, au cas où, à la solution extrême : la destitution du Président pour sauver la démocratie, une procédure compliquée qui requiert une majorité simple à la Chambre des Représentants, et une majorité des deux-tiers au Sénat. Pas évident.
Retour à The New Yorker qui se lance dans l’anticipation en révélant l’existence d’un « First day project », une sorte de feuille de route à mettre en branle dès le lendemain de l’investiture. Pour le journal, la priorité des priorités de Trump sera d’effacer la présidence d’Obama en signant un maximum de décrets présidentiels destinés à détricoter l’œuvre de son prédécesseur. Mais tous les changements qu’il souhaiterait ne pourront pas se faire d’un claquement de doigts, d’autant plus qu’Obama a quand même pris toutes les précautions possibles pour protéger au mieux son legs, notamment sur le plan environnemental. La sagesse emprunte les colonnes du Washington Post,  pour qui il faut espérer que Donald Trump puisse être meilleur que ce que l’on pense de lui, et qu’il comprenne que la destinée d’une nation ne peut pas tourner autour d’une seule personne, la sienne. Une vérité universelle à méditer partout, et par tous …

Le Ballon d’Or africain 2016, Riyad Mahrez, est l’une des vedettes de la CAN 2017 qui débute ce soir.

Le Ballon d’Or africain 2016, Riyad Mahrez, est l’une des vedettes de la CAN 2017
qui débute ce soir.

Football – Ballon rond et vibrations africaines

Ce jour s’ouvre à Libreville la grand-messe du football africain qui tiendra en haleine tous les footeux de l’Île, malgré l’habituelle absence de Madagascar qui n’étonne plus personne. On est tellement loin du niveau, à voir la carte de visite des trois derniers prétendants au Ballon d’Or africain 2016, qui seront tous présents au Gabon, et s’y livreront un match dans le match : le Sénégalais Sadio Mané est le meneur de jeu attitré de Liverpool, le Gabonais Pierre-Émerick Aubameyang le cannonier du Borussia Dortmund, et le lauréat, l’Algérien Riyad Mahrez, la pièce maîtresse du champion d’Angleterre Leicester. Prière ne plus « se faire 500 francs au lit »…
En attendant le premier coup de sifflet, un petit cours d’histoire ne fera de mal à personne.  C’est en 1956 que trois pays à savoir l’Éthiopie, l’Égypte, et le Soudan  parviennent à mettre sur place la Confédération Africaine de Football avec son siège au Caire.  L’Afrique n’avait encore qu’une seule et unique place aux phases finales des Coupes du Monde de 1970 et de 1974, une anomalie que les instances mondiales se firent un plaisir de reconduire en 1978. Il fallut attendre le Mundial 1982 en Espagne pour que le quota  soit porté à deux équipes. Mais quelles équipes, et quelle gifle pour les « Grands » ! Le Cameroun ne connut aucune défaite pendant le premier tour, et ne fut arrêté aux portes du tour suivant qu’au décompte des points. L’Algérie, pour sa part, terrassa l’Allemagne en phase éliminatoire, et ne fut écarté qu’au prix d’une honteuse machination entre Aryens, pardon, entre Allemands et Autrichiens, au terme d’un simulacre de football dont les acteurs ne furent même pas sanctionnés.
Gabon 2017 sera-t-il l’année de l’Algérie   Difficile mais pas impossible. Si le Cameroun, la Côte d’Ivoire, ou le Nigeria occupent une place particulièrement stable dans le « Top » des préférences africaines, on peut s’étonner de celle en demi-teinte d’une Algérie qui figure pourtant parmi les plus grands pourvoyeurs de talents. Le Ballon d’Or africain Riyad Mahrez a, parallèlement et excusez du peu, réussi la performance d’également figurer dans le Top10 de « l’autre » Ballon d’Or plus prestigieux car mondial. Son trophée a déjà été brandi avant lui par ses compatriotes Lakhdar Belloumi en 1981, et Rabah Madjer en 1987. Quelles que puissent être les nationalités « taratasy » comme on dit en malgache, on n’oubliera pas non plus que Zinedine Zidane est un Algérien de souche, et qu’après la carrière de joueur d’exception qu’on lui a connue, il est en train de caracoler en tant qu’entraîneur en tête du championnat d’Espagne. Et que dire de Karim Benzema, le vilain petit « Benzie » qui gagne 700 000 euros par mois, mais ne parait pas si heureux que ça de devoir jouer à l’équilibriste entre ses conditions de Beur et de Céfrans   À l’extrême droite française, on a remarqué qu’il ne chantait jamais La Marseillaise avant les matches internationaux : une raison nécessaire et suffisante pour se réjouir de ses démêlées judiciaires et de sa mise à l’écart pouvant être définitive des Bleus. Mais ce fils d’un émigré kabyle, devenu le presque-égal de Messi et de Ronaldo, continue sans tapage un autre volet de sa vie : avec sa fondation Partage 9, Benzema agit discrètement hors des terrains en faveur des enfants défavorisés ou gravement malades, ce qui lui a valu le surnom de bad boy au cœur d’or.

Le bagne de Nosy Lava, fermé en 2010, possède une belle plage.

Le bagne de Nosy Lava, fermé en 2010, possède une belle plage.

Histoires d’îles – Le bagne, de Sainte-Marie à Nosy Lava

Nosy Lava, l’île maudite. Un nom qui, transposé en d’autres temps et lieux, aurait amené les femmes à se signer pendant les longues soirées d’hiver. Mais Nosy Lava n’est pas née avec une fée Carabosse auprès de son berceau, elle est aussi belle que ses sœurs de cette côte Nord-Ouest. Elle était même un petit paradis du bout du monde, quand l’enfer des bagnards s’appelait encore… Sainte-Marie après la promulgation, à cet effet, de deux lois par Gallieni, en 1902. Les déportés, condamnés à des peines d’emprisonnement ou de travaux forcés de plus de cinq ans, venaient pratiquement de toutes les ethnies de la Grande terre, mais il y figurait également quelques étrangers dont des Européens, des Réunionnais, des Yéménites, des Indiens, et des Chinois.

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Les Gadralava comme on les appelait étaient enfermés dans le vieux Fort de la Compagnie des Indes sur la colline d’Ambodifotatra. Des cellules exigües avec des murs épais en blocs de pierre superposés. Ils étaient affectés à tous les travaux d’intérêt public, depuis l’entretien des pelouses jusqu’aux digues d’accès à l’îlot Madame en passant par les routes, l’empierrement des quais de mouillage, le terrain d’aviation. Ils bénéficiaient quand même d’une certaine liberté de circulation, certains exerçant  des activités annexes de tailleur, de tisserand, de sculpteur, ou de bijoutier artisanal. Les morts étaient enterrés  pêle-mêle dans le caveau communal de Belle-vue surnommé « cimetière des Gadralava » par la population. Lors des évènements de 1947, l’île accueillit plus de 2 000 prisonniers politiques. Il fallut attendre 1957 pour que les autorités se rendent compte que Sainte-Marie, amarrée à une côte riche en potentialités, méritait une bien meilleure destinée. Les prisonniers furent transférés ailleurs pendant que Sainte-Marie se préparait à sa nouvelle vocation d’Ile-Jardin. Cet ailleurs s’appelait Nosy Lava.

Avant d’être une belle destination touristique,  Sainte-Marie était une île aux bagnards.

Avant d’être une belle destinationtouristique,Sainte-Marie était une île aux bagnards.

Mai 72
Nosy Lava se prêtait manifestement mieux que Sainte-Marie à l’implantation d’un bagne. Loin de la luxuriance de la Côte Est, l’austérité de la région lui faisant face sur la Grande terre garantissait l’impression d’exil, la solitude, l’oubli … À l’embouchure de la Loza, Analalava perdit, d’ailleurs, son rang au profit d’Antsohihy dans les années 60. Au large à huit miles nautiques, l’île-pénitencier compte trois ou quatre villages en plus de l’ancienne maison de force. Des bagnards ne sachant plus où aller sont restés, et survivent grâce à l’exploitation de quelques arpents de terre. Parmi les « personnalités » que Nosy Lava a hébergées sans pouvoir les retenir, on citera surtout les frères Bob et Carter, des internationaux de la balle au panier reconvertis dans le grand banditisme. Mais la réputation de Nosy Lava est indissociable de la révolte des étudiants de Mai 72, quand le pouvoir PSD à l’agonie décida de jouer sa dernière carte en y déportant les meneurs du mouvement, dont le charismatique Willy Olàlà, ainsi que des étudiants raflés de nuit à l’Université d’Ankatso. Oiô, voasambotr’izahay ! Des adultes les y rejoignirent, question pour le régime de faire croire que les jeunes étaient manipulés. Parmi eux, les docteurs Rasamoely Lala et Manan’Ignace Rakotomalala, l’éducateur Odon Rafenoarisoa, le père Rémi Ralibera.
En 2016, un navigateur solitaire du nom de Roland Viléla fit escale à Nosy Lava qu’il savait être un bagne fermé seulement en 2010. Il s’y lia d’amitié avec un « ancien » du nom d’Albert qui y passa trente ans de sa vie. Et Albert parla, parla… Des conditions de vie qui ont empiré sous la Deuxième République. Des gardiens qui avaient pratiquement droit de vie et de mort sur les détenus. D’un tortionnaire psychopathe rattrapé par sa conscience, et qui sombra dans la folie. Roland Viléla devint malgré lui comme le dépositaire de ses mémoires qu’il consigna dans un livre paru récemment chez Plon, sous le titre « La sentinelle de fer ». Il n’oubliera jamais que la première chose qu’Albert lui demanda lors de leur rencontre, c’était un journal. N’importe lequel.

Rétro pêle-mêle

Premier semestre 2009, rassurer d’abord les Saint Thomas. Pour se rendre compte de l’environnement calme régnant dans le pays, neuf tour-opérateurs sud-africains et quatre européens visitent Nosy Be. Leur voyage coïncide avec l’ouverture de deux lignes reliant l’Île aux Parfums à Johannesburg et Paris. Durant la même période, huit journalistes de différents titres comme Le Républicain Lorrain, Univers des voyages, ou Nice Matin sillonnent le Nord dans le but de rassurer les émetteurs et visiteurs particuliers. Impression générale, rien à signaler.
Le 5e Forum économique des îles de l’océan Indien est prévu du 6 au 9 octobre 2009 à Mayotte. Organisé sous l’égide des Chambres de Commerce et d’Industrie, il a pour but de raffermir les liens économiques inter-îles. La région du Boeny qui bénéficie de bonnes liaisons aériennes avec Mayotte figure en première ligne du côté malgache.

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Antsirabe s’affirme comme un haut-lieu de l’artisanat. Des circuits effectués comme il se doit en pousse-pousse permettent de découvrir une fabrique artisanale de bonbons gasy qui ne se consomment plus qu’en campagne, des ateliers de tissage de soie, de taillerie de pierres, ou de confection d’objets en corne de zébu. Il vient de s’y ajouter, en ce dernier trimestre, la trouvaille d’un atelier qui porte le nom bien approprié d’« Objet R’Art » : des sculptures réalisées sur des racines de mimosa, il fallait y penser…
Octobre 2009 voit l’organisation  des premières « Journées de l’Itasy », fruits d’une étroite collaboration entre cette région malgache et celle d’Aquitaine. Cette coopération décentralisée fournit un appui institutionnel tout en renforçant les secteurs de l’agriculture, de l’artisanat, et du tourisme. Il est à souligner que la majorité de la population locale vit d’activités agricoles très variées comme les fruits et légumes, et même le café dont la variété « Arabica Elita » de Soavinandriana est réputée être parmi les meilleures, et a obtenu la classification super high ground.

Textes : Tom Andriamanoro
Photos : Archives de L’Express de Madagascar – AFP

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