Superprofits des pétroliers ou État trop gourmand ? D’âpres négociations sont actuellement en train de se dérouler entre les deux parties pour déterminer un nouveau mode de calcul du prix des carburants. C’est l’occasion pour le consommateur de se faire une idée exacte de ce qu’il paie à la pompe.
Un million de mètres cubes par an. Tel est le volume de la consommation de carburants des Malgaches, indique l’Office malgache des hydrocarbures (OMH). Chaque mois, en concertation avec les pétroliers, cet organisme et l’État fixent le prix maxima à la pompe. Celui-ci est principalement déterminé par le cours du dollar par rapport à l’ariary et le cours du prix du brut sur le marché mondial. L’importation du pétrole est faite environ deux mois à l’avance. C’est dans ce contexte que s’effectue le calcul du prix des carburants.
La bonne nouvelle pour février pour les consommateurs est qu’il n’y a pas eu de hausse de prix à la pompe du carburant au premier de ce mois. De même, en janvier, aucun mouvement à la hausse n’a été enregistré. Pourtant, notent les observateurs, toutes les conditions ont été quasi-réunies pour que les prix à la pompe repartent sur une courbe ascendante. Il n’est un secret pour personne que d’âpres négociations sont actuellement en train de se faire entre l’État et les pétroliers.

Les prix à la pompe n’ont pas varié en janvier et au 1er février.
L’histoire récente nous a déjà démontré le rôle étatique prépondérant dans la régulation des prix des carburants, leurs fluctuations constituant une véritable poudrière. Ainsi durant la Transition, l’État avait lui-même fixé les prix à la pompe et les avait subventionnés pour éviter l’explosion sociale. En 2015, il a mis en place ce que l’on appelle le lissage des prix pour arriver à un objectif final de zéro subvention.
Il s’agissait, en d’autres termes, d’harmoniser les prix de façon à ce que la différence entre le prix réel et le prix appliqué à la pompe joue le rôle de compensateur sans que l’État ait à intervenir de manière effective sur les prix. Les hausses ou les baisses réelles des prix sont ainsi reportées de façon à éviter une trop grande fluctuation.
Lissage
Selon leur structure observée en décembre 2017, « les prix de référence équivalent à 48% des prix affichés à la pompe. Les coûts de transport et de stockage représentent 11%, les impôts et taxes 27% et les coûts de distribution 16% de ces prix réels appliqués. Un ajustement de -2% a donc été fait, suivant l’intervention de l’État dans le cadre du lissage des prix contre les fluctuations. À noter que l’État a déjà opté pour la suppression des subventions de carburant, depuis 2015, en appliquant la vérité des prix. Cependant, des mesures de mitigation ont été adoptées afin d’éviter les variations brusques des prix à la pompe. Si l’on se réfère à la structure actuelle des prix de carburant, la part des pétroliers par litre de carburant revient dans les 376 ariary pour le transport et le stockage, et 522 ariary pour la distribution ».
Les prix sont actuellement en sursis. Le temps que l’État et les pétroliets trouvent un terrain d’entente, le consommateur pourra donc souffler. Les plus grosses craintes résident en ce moment dans le fait que l’État devra un jour ou l’autre rattraper son manque à gagner.
Les bénéficiaires
Sept cents ariary par litre par an, en moyenne, cinq cent vingt-deux ariary au mois de décembre dernier, telle est la marge bénéficiaire dégagée et dont bénéficient les quatre pétroliers présents à Madagascar. De cette marge précisent-ils, cependant, sont prélevés les investissements mais aussi les frais de fonctionnement. C’est à ce niveau que se situe, à l’heure actuelle, le point d’achoppement entre l’État et les pétroliers.
Parmi les bénéficiaires, mention particulière est faite sur Galana et Logistique pétrolière. Ce sont ces deux compagnies qui bénéficient des marges prélevées sur les frais de stockage et le frais de transport ou frais de passage. L’État, quant à lui, récolte les taxes et les redevances.

Les citernes de la Logistique pétrolière d’Alarobia.
Rondro Ramamonjisoa