Avec les 205 CV délivrés par son bicylindre, la Panigale 1299 est l’une des supersportives les plus puissantes au monde. Son pilotage s’avère exigeant et nécessite une concentration à tout instant.
Dans l’univers des superbikes, la Ducati Panigale fait figure d’une vraie bête, au sommet de la hiérarchie. N’en déplaise aux amateurs de japonaises. À l’occasion de la « Rencontre des Motards », à Havoana Land Ambohimalaza, samedi, nous avons eu le plaisir de rouler sur la seule Panigale 1299 recensée à Madagascar. Son propriétaire, Rivo Aina Randrianarivony, un biker chevronné, nous a gratifiés d’une plaisante balade sur la RN2, avant de grimper sur la montée vers Imerikasinina. Une brève sortie, mais suffisante pour nous rendre compte du potentiel démoniaque de l’italienne.
De prime abord, elle est plus fine, par rapport aux super sportives équipées de moteurs quatre cylindres en ligne. En effet, on retrouve ici un bicylindre en L calé à 90°, desmodromique. Il cube exactement 1285 cm3 et développe une puissance maximale ahurissante de 205 CV à 10 500 tr/min. À ne pas mettre entre les mains de n’importe qui, car le pilotage de la Panigale est extrêmement exigeant. « Si on se balade tranquillement, la prise en main est accessible. Par contre, si on commence à attaquer et à mettre un peu plus d’angle, c’est vrai que c’est exigeant. Il faut découvrir ses limites et les franchir peu à peu, afin de progresser dans son pilotage. Sinon, on stagne », confie Rivo.

Comme toutes les italiennes, elle est très réussie au niveau esthétique.
Montées en tours expéditives
Une telle puissance dans la poignée de gaz implique une concentration maximale. Et ce, sachant que le comportement du bicylindre est totalement différent d’un traditionnel quatre cylindres. À chaque sortie de courbe, la moto vous propulse en avant tel un boulet de canon. Le couple est tellement important (14,7 mKg à 8 750 tr/min), que l’italienne grimpe très rapidement dans les tours. Les changements de rapports, bénéficiant d’un shifter, doivent suivre ces montées en tours expéditives. Ce qui requiert un pilotage extrêmement pointu, pour éviter le rupteur à chaque fois. Un caractère bien trempé qui fait le charme du bicylindre Superquadro.
Bien évidemment, étant une machine de dernière génération, la Panigale 1299 est bourrée d’aides au pilotage, aussi précises les unes que les autres. Histoire d’assurer un maximum de sécurité, mais aussi de mieux gérer la bête. En mode « race » où toutes les aides sont désactivées, sur la montée d’Imerikasinina, elle est tellement puissante que l’avant avait tendance à se lever à chaque coup de gaz, en première comme en deuxième. C’est là qu’on se rend compte de toute l’importance de l’anti-wheeling DWC. Le contrôle de traction DTC relié à une centrale inertielle permet également de mieux gérer les accélérations. Outre le DWC et le DTC, l’anti blocage des freins ABS 9.1 MP et le réglage de frein moteur EBC tiennent également des rôles prépondérants.

Le mono-bras laisse paraître une superbe jante à bâtons sur la droite.
Cadre ultraléger
Bien évidemment, un tel moteur doit être monté sur une partie-cycle digne de ce nom. Et Ducati n’a pas fait les choses à moitié, avec notamment un cadre ultraléger en aluminium, qui fait également office de boîte à air. Le mono-bras oscillant arrière est également en alu, comme les belles jantes à bâtons. Il est monté avec un mono-amortisseur latéral. Si ce système peut engendrer une certaine appréhension, il n’en est rien. Au contraire, il en découle un équilibre à toute épreuve. La firme de Bologne a certainement réalisé des études approfondies avant de choisir ces deux éléments. La fourche inversée de 50 mm contribue également à la stabilité de la Panigale et procure une précision chirurgicale au train avant. Tandis que le pneu de 200/55-17 inspire vraiment confiance à l’arrière.
La partie-cycle a été conçue de manière à alléger la moto au maximum. Résultat, elle ne pèse que 190 kg en ordre de marche. Et avec 205 chevaux dans le ventre, le rapport poids/puissance est tout simplement phénoménal.

Rivo a été séduit par la gueule de la Panigale.
Rivo Aina Randrianarivony – « Avoir autant de couple, c’est un vrai régal »
. D’où vous est venue l’idée d’acquérir une Panigale ?
Je l’ai achetée en août 2017. Je suis passionné de deux-roues depuis toujours. À un moment, j’ai fait une pause. Mais cette passion s’est réveillée quand j’ai vu toutes les motos rassemblées au salon Bikers Show, en avril de l’an passé. J’ai choisi la Panigale pour sa gueule et son design, qui m’ont grandement séduit. Cette moto est réputée nerveuse et difficile à dompter, mais j’étais excité quant à l’idée de tenter l’aventure. D’un autre côté, les Ducati sont toujours très bien cotées et ne souffrent pas de dévalorisation malgré les années.
. Comment s’est passée la prise en main ?
Quand j’ai roulé pour la première fois à son guidon, c’était en mode « race », pleine puissance sans aucune aide au pilotage, et j’ai fait quelques erreurs. Je me suis demandé si je n’avais pas fait une erreur d’acquérir une moto aussi indomptable, avec l’avant qui partait toujours en wheeling. Ce n’est que par la suite que j’ai fait quelques réglages, afin de trouver mes marques.
. Qu’est-ce que ça fait d’avoir autant de puissance et de couple entre les mains ?
Par rapport à mes anciennes motos, le couple est incroyable. À chaque sortie de virage, la moto en veut toujours plus et l’arrière se dérobe un peu. Au fur et à mesure qu’on roule, on apprend à doser les accélérations. Mais une fois qu’on est habitué, la moto se révèle accessible et c’est un vrai régal d’avoir autant de puissance et de couple.
Commande desmodromique, un système à part
L’appellation desmodromique découle de deux termes grecs, en l’occurrence « desmos » qui signifie lien, et « dromos » qui évoque la course d’un élément du moteur. Dans un moteur classique, le culbuteur exerce une force pour comprimer le ressort de soupape, à chaque ouverture. Ce ressort se décomprime par la suite, à la fermeture. Avec une commande desmodromique, l’on retrouve deux culbuteurs, un pour l’ouverture et un autre pour la fermeture. Ainsi, le rappel de la soupape est contrôlé de façon positive. Il n’y a plus de danger que celle-ci reste enfoncée trop longtemps, ce qui engendrerait l’affolement. Sur ce genre de moteur, les frottements entre les pièces sont accrus. Ainsi, il est impératif d’opter pour une lubrification de haute qualité.
Trois modes de conduite
Il est possible de choisir entre trois modes de conduite sur la Panigale 1299. Sur le mode « Rain », les chevaux sont contenus, la prudence étant de mise sur goudron mouillé. C’est avec le mode « Sport » que l’italienne délivre un peu plus de jus et gratifie de son couple incroyable. Le tout géré par les nombreuses aides au pilotage cependant, comme le système anti-wheeling DWC, entre autres. Ces aides disparaissent du tableau sur le mode « Race ». Le pilote est le seul maître à bord. Un mode réservé uniquement aux pilotes expérimentés, capable de dompter la bête.

Le mono-bras et le mono-amortisseur latéral procurent un meilleur équilibre.
Un regard perçant et agressif
Au niveau design, la Panigale 1299 se distingue par sa face avant particulièrement réussie. Une grande majorité des motards s’accorde à dire que c’est la sportive avec « la plus belle gueule ». Avec les optiques, en haut, et les entrées d’air, en bas, l’ensemble forme une certaine symétrie. Cette magnifique signature se retrouve sur tous les modèles de Panigale. Elle constitue leur principale caractéristique graphique et leur procure un regard aussi perçant qu’agressif.

Le choix des modes de conduite se fait sur l’écran de bord TFT.
Panigale désigne un quartier de Bologne
Auparavant, les motos de Ducati étaient dénommées selon leurs cylindrées, de la 851 jusqu’à la 1198. L’année 2011 marque un tournant pour la firme italienne, avec la sortie de la première Panigale 1199. Elle est équipée d’un nouveau moteur Superquadro bicylindre, délivrant 195 CV. La 1299 s’inscrit comme une évolution de celle-ci. L’appellation Panigale fait référence à un quartier de Bologne, Borgo Panigale, où est implanté le siège de Ducati. Un quartier rendu célèbre par les machines « rouges » produites par l’usine. En constante progression, la dernière version a été présentée lors du salon EICMA de Milan, en novembre 2017. Ce dernier millésime se démarque cette fois-ci par un moteur V4, développant 214 CV.
FICHE TECHNIQUE DE LA PANIGALE 1299 :
Moteur | Bicylindre en L calé à 90°, 4 temps |
Refroidissement | Liquide |
Alimentation | Injection électronique |
Arbre à cames | DOHC desmodromique |
Cylindrée | 1285 cm3 |
Puissance max | 205 cv à 10.500 tr/min |
Couple max | 14,7 mKg à 8750 tr/min |
Suspension avant | Fourche téléhydraulique 50 mm |
Suspension arrière | Mono-amortisseur latéral |
Frein avant | Double disque 330 mm, étriers radiaux à 4 pistons |
Frein arrière | Simple disque 245 mm, étrier à 2 pistons |
Roue avant | 120/70-17 |
Roue arrière | 200/55-17 |
Cadre | Monocoque en aluminium |
Réservoir | 17 litres |
Hauteur de selle | 830 mm |
Poids en ordre de marche | 190 kg |
Textes et photos : Haja Lucas Rakotondrazaka