Des opérateurs malgaches investissent actuellement dans deux projets à câbles optiques sous-marins. Au vu des calendriers, leur construction démarrera cette année.
Le secteur télécommunication ne cesse d’évoluer. En matière d’infrastructure, deux projets de câbles optiques sous-marins rôdent sur les côtes malgaches. Les opérateurs du pays participent activement, comme Telma ou encore Orange, dans les investissements de ces projets. C’est le cas, par exemple, du projet MElting poT Indianoceanic Submarine System (Metiss), ou encore du câble Fly Lion 3.
Six opérateurs du secteur des télécommunications à Madagascar, à Maurice et à La Réunion ont signé un accord en décembre dernier pour la construction et la gestion du câble Metiss. Le consortium est composé des opérateurs Telma, CEB FiberNet, Emtel, Canal+ Telecom, SFR et ZEOP. Cette infrastructure numérique vient répondre au besoin de connectivité de la région, besoin qui se fera d’autant plus sentir que les câbles actuels approchent de leur fin de vie. Elle reliera ainsi les pays de l’océan Indien à l’Afrique du Sud.
« Le projet Metiss est inédit par son ampleur et l’implication directe d’opérateurs qui dépassent la logique concurrentielle. Il est également ambitieux mais réaliste. Et tout le monde y gagnera, en premier lieu les consommateurs et le secteur privé qui ont des attentes légitimes pour ce qui est de l’accès, des coûts et du débit de l’internet », a déclaré Patrick Pisal Hamida, administrateur directeur général de Telma et non moins président du consortium Metiss, à l’issue de la signature de l’accord entre les six opérateurs à Maurice en décembre.
Pour Madagascar, un point d’atterrissement est prévu à Tolagnaro. Ce qui permettra à la Grande île de bénéficier d’une nouvelle sortie internationale, évitant ainsi le chaos si des incidents surviennent sur les infrastructures existantes. L’année dernière, l’endommagement du câble optique sous-marin au large de Toliara avait entraîné de grosses perturbations de l’internet à Madagascar. Voilà donc une autre option permettant de bénéficier d’une connectivité en permanence.
Car, ce projet qui bénéficie de l’accompagnement de la Commission de l’océan Indien, permettra aux pays de la région d’avoir une connexion internet à très haut débit. Le câble, long de 3 000 kilomètres, est doté d’un débit de 24 000 gigabits par seconde, soit mille fois la vitesse de connexion disponible à Madagascar. La construction de ce câble, particulièrement importante pour le développement numérique dans la Grande île, coûte la bagatelle de 40 millions d’euros. Le chantier débutera dès ce mois-ci pour que Metiss soit opérationnel au premier semestre 2019.

Fly Lion 3 sera connecté au câble EASSy.
Sauvegarde des données
« Le câble Metiss modifiera profondément le paysage numérique régional et permettra la démocratisation de l’accès au très haut débit, au bénéfice des populations et des acteurs économiques. En cela, il constitue un véritable outil de développement économique et social qui, du reste, suscite l’intérêt des partenaires au développement », soutient, pour sa part, Madi Hama, secrétaire général de la Commission de l’océan Indien, quant à l’impact de ce projet sur le développement économique de la région.
Par ailleurs, du côté du Canal de Mozambique, un autre projet vient de refaire surface. Il s’agit du câble Fly Lion 3. Attendu depuis quelques années, le projet tient encore la route. Au mois de juillet 2017, la société Orange avait annoncé dans un communiqué la signature d’un accord pour la construction du câble sous-marin très haut débit entre Mayotte et la Grande Comore, qui interconnectera deux réseaux de câbles de l’océan Indien. Le projet initial prévoyait un raccordement vers Madagascar avec un point d’atterrissement à Mahajanga. Mais selon des indiscrétions, « des négociations sont en cours entre les opérateurs ».
Ce réseau sera concrètement une antenne des câbles existants, Lion et Lion2, qui relient déjà Maurice, La Réunion, Madagascar, Mayotte et le Kenya. Fly Lion 3 sera doté d’une capacité de quatre térabits par seconde, et il sera connecté au câble EASSy. D’après le document de l’opérateur français, un consortium composé de Comores Câbles, d’Orange et de la Société réunionnaise du radiotéléphone du groupe Altice, prévoit la mise en service en 2018 de ce réseau à fibre optique long d’environ 400 km.
« Fly Lion 3 renforce ainsi le réseau des opérateurs dans l’archipel des Comores et apporte capacité et sécurisation sur chacun des territoires concernés, ainsi qu’une connectivité accrue vers le reste du monde grâce aux destinations offertes par les autres câbles », a commenté l’opérateur français.
Le projet Fly Lion 3 ne date pas d’aujourd’hui. D’après un document de la Banque mondiale, qui avait annoncé le financement de ce projet, le réseau était prévu pour une mise en service pour mi-2015 pour relier la Grande Comore, Mahajanga et Mayotte. Les opérateurs de la région ont montré leurs intérêts pour ce projet, comme Orange, Emtel Ltd, Telma, Comores Telecom, ou la Société réunionnaise de radiotéléphone.
« Le point d’atterrissement à Mahajanga sera co-localisé par Telma et Orange », a indiqué ce document.
La concrétisation de ce schéma de raccordement permettrait à Madagascar de bénéficier d’une nouvelle sortie internationale. Les internautes malgaches ne voulaient plus revivre la mésaventure du début de l’année dernière. L’endommagement du câble optique sous-marin au large de Toliara, le 25 janvier 2017, avait entraîné une grande perturbation de l’internet à Madagascar. Fly Lion 3 pourrait être une solution de backup (sauvegarde de données).
Les problèmes de connexion de secours résolus
L’effectivité de ces deux projets de câbles optiques sous-marins pourrait résoudre en grande partie les problèmes de connexion de secours pour la Grande île. En tout, Madagascar disposerait de quatre sorties internationales avec des points d’atterrissement, à savoir Toliara, Tolagnaro, Toamasina et Mahajanga. Il ne reste plus qu’à optimiser la capacité de ces câbles pour supporter les besoins des internautes et des entreprises malgaches qui, au fil des ans, ont eu une grande dépendance à l’internet.
Texte et Photos : Lova Rafidiarisoa