Danse-I’trôtra
À ses débuts, « I’trôtra » était une initiative entreprise pour maintenir à flot le mouvement artistique qu’est la danse. À présent, le festival est devenu l’une des plus importantes vitrines culturelles du pays.
Une initiative payante. Gaby Saranouffi a appris que le festival de danse « Karajia » allait s’arrêter, et que par la même occasion, beaucoup de danseurs et chorégraphes seraient privés de moyen pour exploiter et exprimer réellement leurs talents. Elle entreprit alors l’initiative « I’trôtra » qui n’était encore qu’un atelier chorégraphique et musical.
Dans un premier temps, son bébé devait juste être une plateforme de rencontres et d’échanges entre artistes locaux et internationaux. En trois ans d’existence, comme tout enfant grandissant, « I’trôtra » est devenu ce festival international de danse contemporaine que nous chérissons tous. Forte de la reconnaissance dont elle jouit (chorégraphe officielle des Jeux des îles de 2007, artiste de l’année 2007, entre autres), Gaby estime que la promotion de la danse peut apporter plus qu’une simple forme d’identité culturelle.
Des débuts modestes avec les ateliers à Antsirabe, le festival de danse est ensuite passé par les régions. Mahajanga, en 2010, et cette année à antsiranana, « I’Trôtra » vise, à présent, la zone océanindien. En effet, un projet d’élargissement est en gestation avec un «I’Trôtra océan Indien » en plus du projet de création d’un lieu de formation, d’archives et d’un laboratoire de recherches destiné à être utilisé par tous les acteurs de la danse à Madagascar.
« C’est surtout vers les partenaires étrangers que nous nous tournons, afin d’assurer le bon fonctionnement du festival. On en arrive à se demander pourquoi les entités de promotion culturelle étrangères s’intéressent plus à nos activités que les organismes nationaux », déplore la fondatrice d’« I’Trotra », en rajoutant « Malgré tout, les efforts que nous avons fournis pendant cette décennie, commencent à porter leurs fruits avec cette proposition de l’île Maurice pour l’organisation du festival chez eux ».
Musique – Angaredona
La musique comme remède à la crise identitaire endurée par la plupart des Malgaches. La valiha serait l’instrument adéquat.
Après plusieurs éditions de « La semaine de la Valiha », Rajery initia le festival « Angaredona » afin de sauvegarder la diversité et la richesse du patrimoine musical malgache. « Sauvegarder » est le mot juste, car il estime qu’une grande majorité de Malgaches est en train de perdre au fil du temps leur identité culturelle. Depuis douze ans, malgré les difficultés, le festival a toujours appris de ses erreurs et a gardé le meilleur de lui-même. Ces difficultés se résument en moyen, mais aussi et surtout en mentalité. En effet, s’il souligne le terme « sauvegarder », c’est surtout parce que le valihiste a remarqué que beaucoup d’entre les Malgaches oublient. Ils oublient la valeur de leur langue, la valeur de leur musique.
Afin de remédier à ce mal qui ronge depuis longtemps, les objectifs du festival restent toujours les mêmes. Autrement dit, lancer des nouveaux talents, être une opportunité d’échanges et de promotion des valeurs malgaches, et rassembler le public autour des valeurs esthétiques et morales malgaches.
« On ne peut pas être parfait sur tous les points. Depuis la première jusqu’à cette douzième édition, nous agissons toujours dans l’optique d’atteindre les objectifs du festival tout en tirant les leçons de chaque édition. Si Angaredona est toujours présent sur la scène culturelle, c’est surtout grâce à la contribution du public. C’est ce public qui est notre principal partenaire. Viennent ensuite les entités étrangères. C’est pour cette raison qu’on conjugue nos efforts pour l’éducation de ce public et pour l’aider à prendre conscience de l’importance de la culture malgache », explique Rajery.

Grâce à son instrument, Rajery a réussi à faire
de son festival, un fer de lance de la promotion culturelle.
À la recherche d’une symbiose
Depuis la nuit des temps, danse et musique ont présenté de multiples points de rencontre communs. Ces similarités ont varié selon les époques. Ces deux arts sont le plus souvent l’expression de la pensée et de la culture au sein d’une société. C’est un fait, la danse ne pourrait pas être ce qu’elle est sans le cadre rythmique. Tandis que la musique ne marquerait pas tant les esprits sans l’illustration du mouvement chorégraphique, C’est pour cette raison que, malgré une indépendance affichée de ces deux mouvements artistiques, les deux sont toujours en recherche d’une symbiose parfaite. Cette intimité entre la danse et la musique instrumentale, se situe dans le temps (le rythme) et l’espace (mouvement du corps). D’où les nombreuses collaborations entre compositeurs et chorégraphes.
Depuis plus d’une décennie, cette symbiose de la danse et de la musique s’est vue représenter par les icônes culturelles que sont « Angaredona » et « I’Trotra ». En l’espace de quelques années, ces deux entités, différentes mais complémentaires, n’ont cessé de rehausser l’identité culturelle malgache, chacun à leur façon. Pourtant, les deux projets rencontrent d’importantes difficultés quant à la réalisation de leurs objectifs.
En effet, la culture est un facteur de développement à part entière, et ne doit pas être considérée comme l’enfant pauvre, par rapport à d’autres domaines comme la finance ou la justice. Une problématique qui reste en suspens dans la politique du gouvernement.
Textes: Harilalaina Rakotobe – Photos fournies