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Ketakandriana Rafitoson : « Cette culture malgache à double tranchant…»

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À travers le programme Woman and Youth’s league for Democracy de l’association Liberty 32, Ketakandriana Rafitoson a lancé des formations pour familiariser les citoyens à une résistance civile non-violente dans l’Analamanga, le Vakinankaratra et le Menabe.

En quoi consiste le projet LIANA, et qu’est-ce qui vous a motivé à le mettre en place ?
Le projet LIANA, ou Learning Initiative Aiming at Nonviolent Actions, est une démarche qui vise à vulgariser le concept de résistance civile non-violente auprès de toutes les couches de la société civile malgache. Le défi est de réveiller et de stimuler la conscience citoyenne en lui disant qu’il ne faut pas rester silencieux devant l’injustice, qu’il ne faut pas se laisser faire et qu’il y a obligation de réagir, mais de façon non-violente. L’idée nous est venue à l’occasion d’un appel international à projets, lancé par l’International Center on Nonviolent Conflicts (ICNC), à travers son programme LIN (Local Learning Initiatives Network). Notre projet, qui consiste à produire un manuel et un film sur la résistance civile non-violente, puis de les diffuser dans  trois régions pilotes, Analamanga, Vakinankaratra et Menabe, a été sélectionné et a débuté au mois de novembre 2016.

Qu’est-ce que la résistance civile  ? Comment la traduit-on en malgache ?  
Pour le Professeur Gene Sharp, spécialiste de la question, « L’action non-violente est une technique grâce à laquelle ceux qui rejettent la passivité et la soumission, et qui considèrent que la lutte est essentielle, peuvent livrer leur combat sans recourir à la violence. L’action non-violente ne cherche pas à éviter ou à ignorer les conflits. C’est une façon de répondre à la question de savoir comment mener une action politique efficace, et de savoir en particulier comment utiliser ses
pouvoirs avec efficacité. » En malgache, la résistance civile non-violente pourrait se traduire par « Tsy fanekena lembenana », ou bien « Hetsik’olompirenena tsy misy herisetra ».

La résistance civile est-elle un élément visible dans la culture malgache  La culture malgache peut elle être un berceau pour ce concept  ?
Oui et non. Oui, parce que par le passé, il apparaît que les Malgaches ont résisté de façon non-violente à leurs oppresseurs et que le pays compte des figures, comme Ralaimongo, qui en avaient fait leur cheval de bataille. Non parce qu’actuellement, à l’exception de rares cas comme celui de Soamahamanina, les citoyens semblent endormis, anesthésiés, et n’ont plus cette volonté de résister
l’injustice, quelle qu’elle soit. La culture malgache est à double tranchant. Elle peut être un excellent vecteur de résistance civile car elle recommande l’action collective et l’unité comme le dit le proverbe « Ny akanga maro tsy vakin’amboa », tout comme elle peut inciter à la passivité, car « Izay mangina volamena ». L’enjeu est de savoir comment l’utiliser à de bonnes fins.

Quels impacts escomptez-vous à l’issue de ces formations  ?
Nous voulons créer, dans chaque région, un réseau de citoyens responsables, convaincus de l’utilité de la résistance civile non-violente pour améliorer leur quotidien. Ces réseaux seraient idéalement autonomes et capables de se mobiliser et de s’organiser sur la base des conseils et outils qui leur ont été fournis durant les formations. Le projet aura réussi si les citoyens concernés arrivent à surmonter leur peur et à programmer des actions non-violentes en rapport avec les problèmes auxquels ils font face dans leur contexte local, sans besoin de stimulation extérieure. Un grand défi qui requiert de la patience.

Mialisoa Randriamampianina


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