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Channel: Magazine – L'Express de Madagascar
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Bemiray –« Pour que la mer ne soit plus la limite de notre rizière »

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Tom Andriamanoro consacre sa livraison de ce jour  au mois d’avril. Plus exactement, à certains mois de certaines années où certains jours sont marqués par quelques évènements.

23 avril 2017 – La France en marche…

Un jour d’avril refondateur. Ce jour-là, les deux grandes tendances traditionnelles de la politique française, que l’on croyait inamovibles, quittent la scène par l’escalier de service: la gauche, la droite.  Une tournure prévisible, somme toute.
Tout aussi prévisible, la France aura dans une semaine un jeune homme de 39 ans pour président, au détriment d’une « dame blonde qui fait peur à tout le monde », dixit Mamane. Il y a un an déjà, le chroniqueur Christophe Barbier présentait le jeune homme comme
« une tornade qui soulève les idées reçues et les fracasse en les jetant dans le débat public. Sa liberté de parole, son inventivité législative et son réformisme pragmatique ont ringardisé le vieux logiciel des partis ». Il est aujourd’hui submergé par un raz-de-marée hétéroclite de
ralliements dont beaucoup doivent l’indisposer plus qu’autre chose. Quant à la dame blonde, il y a également un an de cela, elle prenait en main sa propre « com » en l’étrennant par un reportage sur sa visite au Salon de l’Agriculture confié à un producteur, dont le compte twitter révélait un tropisme prorusse et une certaine bienveillance vis-à-vis de Bachar el-Assad. Elle aussi poursuit sa marche, de coups de gueule en coups d’éclats, sans oublier les coups fourrés…
Ceci dit, requiem pour les ambitions d’un « français insoumis », lequel y croyait de plus en plus au fil de la campagne, et a été à un demi-doigt de créer la surprise, tant tout s’est joué dans un mouchoir de poche. Bête noire de la dame blonde qu’il ne se prive pas de remettre à sa place à chaque débat — « fichez-nous la paix Madame, nous ne sommes pas obligés de subir vos foucades ! » —, celui que certains qualifient de « meilleur orateur politique de France » a réussi à mobiliser un électorat de gauche en crise avec ses propres valeurs, et que l’on croyait fini. Cette gauche-là n’est pas celle en train de faire ses malles, c’est une gauche autre et authentique, redevenue conquérante devant les urnes. Même les jeunes commençaient à se reconnaître dans son langage, malgré l’écart des générations. On lui reproche parfois un manque d’humanisme, lui qui n’a jamais été chaud pour un trop grand laxisme aux frontières. Mais on sait que ce n’est pas par xénophobie primaire, et on le lui passe : « Inonder la France d’immigrés illégaux, c’est permettre aux grosses sociétés, aux agents immobiliers et aux restaurants à la mode d’utiliser une main d’œuvre bon marché au noir. ».Un de ses points faibles est peut-être son incapacité à se créer une image porteuse, comme disent les héritiers de Séguéla. Mais cet homme, plutôt bourru de nature, sait qu’il lui est impossible d’être autre chose que… nature, quitte à se brouiller parfois avec les journalistes à qui il reproche vertement leur asservissement aux puissances de l’argent.

Tête de mule
Mais que dire du mari de celle par qui Waterloo est arrivé ! Perdant irrémédiablement en l’espace de quelques mois un statut d’hyper-favori, on saluera son battant même si cela tournait jour après jour à un entêtement coupable. Son « cette défaite est la mienne » est un mea culpa qui vient trop tard, et ne le dédouane pas plus que le pilote « qui a pris la responsabilité de décoller » malgré une météo impossible. Tous morts, aucun survivant… Le scandale dans lequel la tête de mule républicaine s’est empêtrée a néanmoins permis de remettre sous les feux de la rampe les pratiques de beaucoup d’élus français : assistants fictifs, notes de frais bidon, conflits d’intérêts, ces représentants du peuple sont passés maîtres dans l’art de se confectionner leurs propres mallettes. Ils savent  que la commission de vérification des comptes ne se réunit qu’une fois par an, avec une assiduité de ses membres proche du nul. Le record des emplois familiaux, par exemple, est détenu par un député qui, en 2014, employait sa femme, son fils, et sa fille. Un autre a comme proches collaborateurs rémunérés sur l’argent public, ses deux fils, tandis qu’un troisième, d’un tout autre bord politique, ne s’est pas gêné pour financer vacances, voyages en train, et accessoires de piscine avec son indemnité représentative de frais de mandat (IRFM). Une élue, provocatrice, utilise cette indemnité « pour s’acheter des robes », et une collègue « pour faire ses courses de fin de semaine au supermarché ». En plus de leurs salaires, les 925 parlementaires français reçoivent tous les mois 6.000 euros destinés à couvrir les frais liés à leur fonction, mais en général députés et sénateurs en font ce qu’ils veulent. Difficile néanmoins de ne pas tirer son chapeau devant la pertinence des arguments de cet honorable chef d’Institution : la vérité, dit-il, n’est pas que j’emploie ma femme, mais que j’ai épousé ma collaboratrice. Qu’y répondre   Ainsi va la France…

Une pochette de disque sur le Trio Ny Antsaly, tiré du site de Patrice Mussard.

Une pochette de disque sur le Trio Ny Antsaly,
tiré du site de Patrice Mussard.

3 avril 1964 – La fête au Palais    

Un jour d’avril très british. La Salle du Trône du Palais de la Reine se prépare à un grand évènement : la remise au musée d’un tableau d’Henry Room, représentant l’audience accordée en 1837 par la Reine Adélaïde à une mission diplomatique malgache. Aux petits soins pour la réussite de cette cérémonie historique, se trouvent l’ambassadeur Pierre Razafy-Andriamihaingo et son épouse, le conservateur du Rova Jeanne Ramboatsimarofy, ainsi que le représentant de la London Missionary Society, M. Gilbey, lui aussi en couple. Le président Philibert Tsiranana, qui a toujours rechigné à venir en ces hauts-lieux de la monarchie merina, est accompagné de sa très discrète épouse, de son ministre des Affaires étrangères, Albert Sylla, et d’une importante suite de personnalités civiles et militaires. Le corps diplomatique est fortement représenté avec, entre autres, les ambassadeurs de France et du Royaume-Uni.
Après le rituel protocolaire effectué dans la grande cour devant les tombeaux royaux, la cérémonie prend une connotation plus intime dans la Salle du Trône, avec un accueil assuré à la valiha et à la guitare « fitendry gasy » par le trio Ny Antsaly, monté en 1958 par un mélomane et mécène du nom de… Pierre Razafy-Andriamihaingo. Conscient de la nécessité de faire connaître le génie malgache aussi bien au pays qu’à l’étranger, il est parvenu à professionnaliser un ensemble devenu emblématique de l’île, composé des frères Rémi et Sylvestre Randafison, et de Bernard Razafindrakoto. En Italie, lors du Festival International de Venise de 1961, Ny Antsaly arrache des larmes d’émotion à une assistance frappée par la nostalgie de nos chants. Il est vrai qu’il n’est, en ce temps-là, pas encore question de kilalaka ou de tsapiky, encore moins de prouesses giratoires de l’arrière-train… La même année, il obtient le second  prix d’un Festival international de musique folklorique tenu en Angleterre.
Ry tanindrazanay malala et God save the Queen — pas tout à fait étranger à ces lieux chargés d’histoire malgacho-britannique — sont  interprétés  aux instruments traditionnels juste avant que le Président ne dévoile le tableau sous les applaudissements. Dans son discours, Philibert Tsiranana n’oublie pas de préciser que le Malgache d’aujourd’hui est l’héritier du Malgache d’hier, question très certainement de balayer toute velléité « suprématiste » dans certains esprits. Une tea party, digne de la meilleure tradition anglaise, termine une cérémonie qui, entre autres mérites, a celui de cimenter davantage la conscience nationale du jeune État. Quant au tableau, il sera par la suite transféré au Palais d’Argent Tranovola avant, dit-on, de se retrouver sur les murs du ministère des Affaires étrangères.

Une jeune fille dirige un ensemble de flute pour animer le service religieux dans un temple kimbanguiste en République démocratique du Congo.

Une jeune fille dirige un ensemble de flute pour animer le service religieux dans un temple kimbanguiste en République démocratique du Congo.

6 avril 1921 – Simon Kimbangu, prophète et chaman

Un jour d’avril révolutionnaire. Que sait-on de cette figure historique africaine, à moins de faire partie des ouailles du révérend « Satrobory », Ndremanampy Andrianarijaona de son vrai nom, chef de l’Église kimbanguiste de Madagascar   Sûrement pas grand-chose, et pourtant l’homme mérite une place parmi les précurseurs du concept de la négritude et des mouvements de libération nationale.
En ces lendemains de première Guerre Mondiale, les idées circulent fort et vite dans la capitale du Congo belge, où tout et rien sont prétexte à échanges. Certains parlent de fébrilité, de nervosité, et même de « fermentation prérévolutionnaire ». C’est dans ce contexte qu’un jeune homme catéchisé dans le giron des missions baptistes, va faire parler de lui. Simon Kimbangu, c’est son nom, est né en 1889 à Nkamba, dans le Bas-Congo. Intelligent, cultivé, il suit un itinéraire assez proche de celui de Jean-Joseph Rabearivelo, allant de frustrations en déceptions. Son souhait de devenir prêtre bute sur un obstacle infranchissable à l’époque : sa condition de noir et de colonisé. Il survit dans la capitale et décide un beau jour de rentrer dans son village, saturé, révolté. Son éducation religieuse le nourrit de « paroles de feu » comme celles du prophète Amos : « Je déteste vos pèlerinages, je ne veux plus les voir, dit le Seigneur. Je ne peux plus sentir vos cérémonies religieuses, je n’éprouve aucun plaisir à vos offrandes de grains. Je ne regarde même pas les veaux gras que vous m’offrez en sacrifice de communion. Cessez de brailler vos cantiques à mes oreilles, je ne veux plus entendre le son de vos harpes. Laissez plutôt libre cours au droit. Que la justice puisse couler comme un flot intarissable » (Amos 5 : 21-24).  L’Esprit, dit-il, souffle sur lui et, ce 6 avril 1921,  il proclame l’avènement imminent des temps nouveaux, des temps de justice, des temps d’égalité, s’inscrivant dans la plus pure tradition du prophétisme. Pour les kimbanguistes, Papa Simon comme l’appelle Satrobory est à la fois un « ngunza » (prophète) et un « ntumwa » (envoyé de Dieu).
Mais il n’est pas que cela. Opérant des guérisons miraculeuses, il est aussi chaman, en ce sens qu’il peut prendre en charge le corps des autres, traverser les espaces pour endosser leurs souffrances et les aider à revivre. Cette conjugaison chamano-prophétique creuse encore plus dans l’enseignement de Simon Kimbangu le fossé entre l’Occident et les autres mondes, entre ceux que l’on dit « sauvages » et ceux qui se disent « civilisés ». Mais une de ses phrases-chocs annonce un renversement des rapports hiérarchiques : « Les Noirs deviendront Blancs, et les Blancs deviendront Noirs. » Pour l’Église kimbanguiste, Babylone c’est l’Occident, avec pour preuves la prétendue libéralisation de ses mœurs, ses idéologies athées, ses sociétés ésotériques comme la Rose-Croix ou la franc-maçonnerie. « La Bête, c’est l’homme blanc car au fil du temps, il a retourné son intelligence contre Dieu qui l’a pourtant béni et lui a tout donné. »
Il n’en faut pas plus pour qu’après  cette véritable bombe du 6 avril 1921, le pouvoir colonial procède à l’arrestation d’un illuminé jugé plus que dangereux. Certains milieux ecclésiastiques réclament son exécution. Condamné à une peine de servitude pénale à perpétuité, il est interné à la prison d’Elisabethville où il sera reclus jusqu’à sa mort en 1951.  Ces trente ans derrière les barreaux font de sa détention politique la plus longue de toute l’Afrique subsaharienne, plus encore que celle de Nelson Mandela ! On ne le savait peut-être pas… Mais son message a le temps de se répandre dans tout le Congo belge d’abord, en Afrique de l’Ouest ensuite,  effectuant même des percées sur les autres continents.
Certaines dates peuvent être considérées comme majeures pour le kimbanguisme. En 1958, l’Église prend le nom de « Église de Jésus-Christ sur terre par le prophète Simon Kimbangu». L’année suivante, elle est reconnue par les autorités coloniales. En 1969, elle est admise au Conseil Œcuménique des Églises, moyennant quelques concessions, comme celle de ne plus considérer Simon Kimbangu comme une incarnation du Saint-Esprit. En 1971, elle devient l’une des trois Églises officielles du Zaïre. On estime à 37 000 le nombre des victimes de persécutions et de déportations entre 1921, année de l’arrestation du prophète, et 1958. Pour immortaliser ce chiffre, les chrétiens kimbanguistes ont érigé un temple de 37 000 places assises à Nkamba, la « nouvelle Jérusalem ». Il a été inauguré le 6 avril 1981.

BE4Rétro pêle-mêle

Nous sommes en  août 2004, et la première édition du Festival de la baleine organisé par le Groupement des opérateurs touristiques de Maroantsetra et Masoala  fait l’évènement dans la Baie d’Antongil. Une exposition sur fond de chants de baleines captés par hydrophone permet à la population et aux visiteurs de se familiariser avec les cétacés, en plus des causeries et des projections de courts métrages également programmés.
Madagascar est classé premier pays en Afrique en matière de médecine traditionnelle devant le Burkina Faso. On y compte plus de 5 000 tradipraticiens répartis dans une dizaine d’associations. Le ministère de la Santé malgache a inclus dans son organigramme une Direction chargée de la pharmacopée et de la médecine traditionnelles.
Manakara confirme sa place dans le marché de l’apiculture avec la Pépinière de la Mania créée en 1988. Utilisant du matériel aux normes européennes, elle possède un rucher de production et un autre de sélection et de fécondation. La Pépinière produit trois variétés : le miel de litchi au grain très fin, le miel de niaouli riche en saccharose et dextrines, et le miel d’eucalyptus apprécié pour sa teneur en oligo-éléments.
Le différend persiste entre les deux sanctuaires de l’ancien royaume du Boina, celui du Nord et celui du Sud, concernant la garde des reliques sacrées des rois Andriamandisoarivo, Andrianamboniarivo, Andriandahifotsy, et Andriamisara. La possession de ces objets enfermés dans des coffrets plaqués de motifs en or et argent filigrané confère à leur détenteur le prestige et l’autorité nécessaires pour s’imposer comme dépositaire  du pouvoir royal de la dynastie des Maroseranana.

Textes : Tom Andriamanoro
Photos : Internet – AFP 


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