C’est un bilan assez simple soulignant les éventuelles améliorations à apporter, les points négatifs à effacer et les points positifs à conserver de ce Tour de Madagascar 2016.
Rideau sur le Tour cycliste international de Madagascar. Pour avoir suivi l’événement du 9 au 18 décembre, j’ai pu vivre des moments exceptionnels en admirant les 56 coureurs effectuer les 988 km de parcours répartis en neuf étapes. Une aventure humaine qui a réuni des coureurs venant de La Réunion, de la Hollande, de la RD Congo, de la France et bien sûr de Madagascar. La compétition a démarré à Toamasina, et après un détour à Fenoarivo-atsinanana, elle est descendue sur Brickaville, Moramanga, Antananarivo, Behenjy et Antsirabe. Ensuite, c’est le transbordement vers Morondava où chacun a pu découvrir les fameux baobabs, ces arbres à l’envers. Le Tour est revenu vers la chaleur intense de Miandrivazo puis sur Mandoto, pour finir en beauté autour du lac Anosy.
Mes appréciations ont trois dénominations, « bon », « pas bon » et « à amélior ».
Bon
-Les heures de départ scrupuleusement respectées par le directeur de course, Laurent Bezault, ainsi que le responsable de l’arrivée, Joachim Niekema.
-L’itinéraire du Tour offre un terrain de jeu très intéressant, selon le directeur de course et consultant à l’Union cycliste internationale, Laurent Bezault.
-La retransmission des résultats s’est faite en un temps record depuis les juges à la ligne d’arrivée jusque dans nos mails.
-L’accueil du Tour et les diverses animations ont davantage attiré la population malgache des différentes villes traversées.
-Les conditions d’hébergement des coureurs étrangers et des deux équipes malgaches.
-L’engouement des sponsors Bank of Africa, Unicef, Star, Canal Plus, Allianz, Airtel, Shell, PMU, Mon savon, Hôtel White Palace, Madauto et l’ensemble de la presse à faire de l’évènement une réussite sur le plan sportif et social, car le TCIM a engagé pas moins d’une cinquantaine de personnes, nourri des familles.
-Le courage des carriéristes à chaque arrivée.
-Le volet médical est à féliciter car le personnel s’est montré très professionnel .
-La cohésion de l’équipe nationale a été bien présente. Toutefois, les cinq coéquipiers de Mazoni Rakotoarivony n’ont pas eu les jambes qu’il fallait pour l’aider a enlever le maillot jaune du dos du Français Vincent Graczyk.
Pas bon
-L’état du circuit dans la ville de Fenoarivo-atsinanana avec une piste en graviers et poussiéreuse sur l’ensemble du parcours. Une vingtaine de crevaisons ont été enregistrées.
-La réduction de l’Étape 8 reliant Miandrivazo à Mandoto de 115km à 5 kilomètres, due au mauvais état des routes .
-La sécurité sur l’axe Brickaville-Moramanga laisse à désirer avec l’affluence des camions qui mettent en danger la vie des coureurs. Consultés sur ce point, les organisateurs vont désormais annuler les étapes dangereuses sur cet axe Est.
-La sécurité autour du lac Anosy où la course a été arrêtée après quatre tours à cause de l’incapacité des forces de l’ordre à boucler le périmètre de course.
-L’état des véhicules loués par la direction du Tour et proposés par les sponsors Madauto, Bank of Africa ou encore la Star. Les differentes pannes de ces véhicules ont entrainé des imprévus au niveau de l’organisation générale du Tour.
– Durant tout le Tour, les coureurs de l’équipe nationale malgache Bank of Africa n’ont pas eu droit a des boissons isotoniques. On s’est limité à des bananes, de l’eau, parfois même du coca-cola et des biscuits….
A améliorer :
-La restauration mobile du Tour est en dents de scie. Ici on parle de la qualité des repas et du timing du service .
-L’hébergement des coureurs autres que les équipes nationales et étrangères. Parfois, comme à l’arrivée à Toamasina, ils n’ont pu avoir un logement qu’à 22h20. Cela s’est amélioré par la suite.
-L’encadrement technique des équipes nationales malgaches qui sont suivies par des directeurs sportifs connaissant le vélo, mais parfois débordés par l’événement.
Rendez-vous donc à Toliara pour l’édition 2017.
Jean Claude Relaha – « Mazoni est une fierté nationale »
Le président de la Fédération malgache de cyclisme et directeur du Tour cycliste international de Madagascar (TCIM) nous livre ses impressions sur l’événement.
Après le sacre de Dino Mohamed Houlder en 2015, l’armada malgache avec Mazoni en tête s’est contentée de la deuxième place. Comment expliquez-vous cet échec ?
Il faut d’abord préciser que le niveau du Tour cycliste international de Madagascar a été particulièrement élevé avec la venue des coureurs hollandais. Après je peux dire qu’un grand nombre de coureurs malgaches ne comprennent pas encore et n’acceptent pas encore qu’il y ait un leader à soutenir et à protéger. L’effort à faire serait déjà sur le volet éducation de l’ensemble des coureurs malgaches pour qu’il comprennent mieux le vélo et on va s’y atteler. Je reviens sur la prestation de Mazoni Rakotoarivony qui me fascine au plus haut point. C’est un excellent coureur et il demeure une fierté nationale. Il lui fallait deux ou trois équipiers pour pouvoir gagner et ces coéquipiers, il ne les a pas eus.
Sur le plan organisationnel qu’avez-vous à dire ?
En général, nous pouvons dire que nous avons été à la hauteur de l’événement. Nous avons fait l’effort de ramener toujours beaucoup d’adversaires et nous l’avons eu avec la présence des Hollandais et des Français ou même des Réunionnais et des Congolais. Après, il faudrait revoir le volet sécurité qui reste un domaine à toujours améliorer, car c’est la priorité des priorités. Nous avons vu aussi que l’état des routes reste un problème majeur à prendre en compte.
Comment s’est préparée l’organisation du TCIM 2017 ?
Nous sommes déjà en train de monter le TCIM 2017 avec un départ prévu pour Toliara. Nous mettrons en place le parcours de telle sorte que nous puissions avoir quelques étapes de montagne qui favoriseront les coureurs malgaches. Nous tiendrons compte de l’état des routes. Nous comptons également sur l’appui et le soutien de nos fidèles sponsors et des autorités, car c’est eux qui font vraiment la pérennité de ce TCIM.
Après le TCIM 2016, comment s’annoncent les échéances internationales en 2017 ?
Effectivement, il y aura des échéances internationales intéressantes en 2017. Nous essaierons, du mieux qu’on peut, de constituer une équipe nationale plus performante car nous aurons quelques bons mois de préparation. Il y aura le Tour de la RD Congo en juin et nous prévoyons aussi d’aller à La Réunion. Par la suite, le plus important reste les championnats d’Afrique. Nous ignorons jusqu’à maintenant où ils se dérouleront, mais nous envisageons d’envoyer au moins deux coureurs. Faire plus serait très difficile pour nous.
Textes et photos : Dina Razafimahatratra