La France et l’Allemagne constituent les locomotives de l’Union européenne, mais cela ne s’est pas fait sans mal, si l’on considère que Français et Allemands étaient comme chien et chat, il y a 70 ans. Plus près de l’actualité, Bemiray ne peut qu’évoquer le Lider Maximo. Volet environnement, la construction de routes, surtout à la va-vite, en remblayant des rizières, est condamnable.
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Angela Merkel et François Hollande ont plus que raffermiles relations franco-allemandes développéespar le général De Gaulle (à g.) et Konrad Adenauer (à dr.).
Francophobie – Germania et Marianne, ou les relations Allemagne-France
Que parmi les politiciens revendiquant la restitution des Îles Éparses, certains aient de temps à autre une virulence incontrôlée dans le langage, c’est un fait. Mais que des intellectuels censés être objectifs se mettent à dénoncer l’existence d’une soi-disant francophobie grandissante chez les Malgaches, à l’opposé de l’entente parfaite unissant une France et une Allemagne pourtant ennemies jurées dans le passé, voilà qui dénote, soit une prise de position tendancieuse, soit une méconnaissance totale de l’Histoire. Que ces élites prennent donc le temps, si elles le peuvent, de visiter toutes les strates de la société malgaches, de discuter avec les gens, d’observer les comportements, et elles seront acculées à une évidence : ce genre de rejet pathologique des « autres », quels qu’ils soient, n’existe pas chez les Malgaches, au point qu’on est parfois tenté de les taxer d’être « trop bons, trop c… »
Le fait de ne pas être xénophobe n’exclut néanmoins pas d’avoir des réactions légitimes face à certaines frustrations et injustices : c’est le cas de l’accaparement des terres ancestrales par les « nouveaux » Chinois surgis de nulle part avec la complicité du gouvernement malgache lui-même, ou du long silence français au sujet des évènements de 1947. En 2008 pourtant, l’ambassadeur français en Algérie s’était prononcé en ces termes sur les massacres commis dans l’Est algérien en 1945, qui firent 20 000 morts : « Aussi durs que soient les faits, la France n’entend plus les occulter. Le temps de la dénégation est terminé ». Cinq mois auparavant Nicolas Sarkozy avait amorcé le mouvement à Constantine, en déclarant que « les fautes et les crimes du passé sont impardonnables ». Deux poids deux mesures Pour Madagascar en tous cas, le silence français n’a été partiellement rompu qu’en 2016, plus précisément avec la déclaration de François Hollande lors de son passage-éclair.
Les livres d’histoire gagneraient à être dépoussiérés de temps à autre : on y redécouvrira que les Allemands et leurs vainqueurs, dont la France, ne se sont pas embrassés dès la fin de la guerre. Il y eut par exemple le Tribunal de Nuremberg devant lequel passèrent les hauts responsables du IIIè Reich qui ont pu être arrêtés. L’impitoyable traque des autres se poursuivit jusqu’en Amérique latine, pour ne citer que celle d’Adolf Eichmann arrêté et exfiltré d’Argentine par les Israéliens. La chasse aux collabos n’eut pas de cesse dans les villes européennes, et celles françaises, dont Paris, ne firent pas exception. Les vainqueurs se disputèrent les ingénieurs allemands dont on connaissait la valeur, et on sait par exemple que Von Braun devint le père de l’armement atomique américain. Et surtout les mêmes vainqueurs, dont la France, ayant une peur bleue du « génie allemand », ils décidèrent de diviser le pays en deux, ce qui n’empêcha pas la partie occidentale de se relever plus rapidement que les autres. Comme le disait l’écrivain Ernst Von Salomon, « après la guerre notre peuple a été honni et maltraité comme aucun autre peuple au monde ne l’a été et ne l’eut permis. Et comment ont réagi les Allemands Par le travail ». Alors de grâce, évitons de faire des raccourcis déformants dans le cours de l’Histoire !
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Les manifestations pour la souveraineté sur les Îles Éparses tendraient à faire accroire à la francophobie au sein de la population malgache.
Peuples complémentaires
Celle de la France et de l’Allemagne d’une part, celle de la France et de son ancienne colonie Madagascar de l’autre, n’ont aucun point de ressemblance qui eut permis de prendre l’une en référence pour juger
l’autre. Du fond de son exil à Sainte-Hélène, Napoléon faisait déjà une étonnante prédiction : « l’Europe sera républicaine ou cosaque ». Par « républicaine » il entendait un ensemble ressemblant (déjà !) à l’actuelle Union européenne pour faire face à tout éventuel bloc oriental se constituant autour de la Russie. Quant à André Gide, il écrivait dans son journal : « J’ai toujours cru et dit que nos deux peuples (le peuple français et le peuple allemand) étaient beaucoup moins opposés que complémentaires, et la faiblesse du traité de Versailles est de ne l’avoir pas déjà compris ». Et le journaliste allemand Walter Knittel des années 50 d’abonder dans le même sens : « L’idée est là. Peuples complémentaires, écrit Gide. Et pourquoi non Qui pourra dire lequel de ces deux peuples est supérieur à l’autre Tous les deux nous les retrouvons à la base de notre civilisation dans ce que cette civilisation a de meilleur ».
Pour l’Allemagne de l’après-guerre, un cheminement vers ce qui est devenu au fil du temps le fameux couple franco-allemand était la seule alternative qui valait la peine d’être retenue. Les Allemands n’aimaient pas les Russes, c’est un fait. Aux Américains ils reprochaient de ne rien comprendre à une Europe qu’ils imaginaient sous des formes totalement désuètes. Quant aux Britanniques, ils étaient en fait très peu Européens, et quelque 60 ans plus tard, un certain Brexit allait le confirmer. Le maréchal Foch affirmait déjà en son temps : « Qui tient le Rhin tient l’Europe ». La France et l’Allemagne, qui en sont toutes les deux riveraines, tiennent aujourd’hui l’Europe. Leur couple n’a absolument rien d’exemplaire qui puisse être appliqué au cas d’une ancienne colonie lambda, là-bas au bout du monde …
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Fidel Castro était capable de tenir un discoursde plus de cinq heures (derrière l’effigie de Che Guevara).
Fidel Castro, la patrie ou la mort !
Vanité, tout n’est que vanité. La vie, disait Shakespeare, est une scène de théâtre où l’on monte et que l’on quitte après avoir joué son rôle. Une fois mort, le plus grand d’entre les plus grands tient dans une urne cinéraire de quelques centimètres de côté, et rien n’y changera plus rien, qu’on le mette ou non dans un mausolée.
En 2006 déjà, le Sommet du Mercosur et ses discours-fleuves avait fini d’user le Lider Maximo, dont les rares bulletins de santé tenaient en haleine même ceux qui le haïssaient, comme les exilés de Floride. Le temps était alors venu pour lui de troquer sa tenue légendaire, du même modèle que celle qu’il portait en1959 en entrant triomphalement à La Havane après avoir défait l’armée du dictateur Batista, contre un survêtement d’octogénaire. Quant à la passation à la tête du mouvement anti-impérialiste, elle s’effectua non pas avec son frère Raoul qui héritait des affaires nationales, mais avec son fils spirituel, le vénézuélien Hugo Chavez. Par un de ces coups dont le sort a le secret, il survécut pendant quelques années à ce dernier, lequel fut emporté par un cancer qu’il soigna jusqu’au bout à Cuba. Car s’il y a deux domaines dans lesquels la maîtrise cubaine sous l’impulsion de Fidel Castro n’a jamais été contestée, ce sont ceux de l’éducation et de la santé. Le taux de mortalité infantile y est le plus bas d’Amérique latine. La gratuité des services médicaux est inscrite dans la Constitution, et Cuba se permet même d’exporter ses médecins dans de grands pays comme le Brésil.
Parmi les évènements ayant marqué le demi-siècle de pouvoir absolu exercé par le Lider Maximo, on citera surtout la tentative de débarquement raté d’exilés entraînés et payés par la CIA en 1959 dans la Baie des Cochons ; la crise des missiles soviétiques installés à seulement 140 km des côtes américaines, durant laquelle le monde frôla une Troisième guerre mondiale ; la mise en place en cette même année 1962 par le président Kennedy de l’embargo commercial le plus long et le plus absurde de l’histoire moderne contre un petit pays. L’Afrique pour sa part n’oubliera pas l’engagement cubain en Angola, au nom de l’internationalisme prolétarien, dans une guerre civile d’après l’indépendance qui fit plus d’un million de morts. Et surtout on dansera pendant longtemps encore, dans les discothèques comme dans les « coladera » improvisées, au rythme de la salsa, le rythme afro-cubain par excellence qui régna en maître absolu jusqu’au milieu des années 70 à Dakar comme à Abidjan, à Bamako comme à Kinshasa. Pendant des décennies, deux titres n’en finissaient pas de caracoler en tête des exportations cubaines : Che Guevara, et Guantanamera…
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Les manifestants de Notre-Dame-des-Landes s’insurgent contre
la destruction de la forêt pour construire un aéroport.
Développement – Tous atteints de bétonite aigüe !
Quelque part en France dans le département de la Loire Atlantique, un combat est en train de se perdre : celui mené par les défenseurs de la nature contre le projet de nouvel aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes. Le décor Des bocages dessinant le paysage à perte de vue sur plus de 1 600 ha. Dans cette Zone d’aménagement différé (ZAD) devenue Zone à défendre dans le langage des « anti-projets », tout est appelé à disparaître : la faune, la flore, les sources… Et pourtant, soupire un naturaliste, « c’est ici une des dernières zones où vous pouvez encore prendre votre verre, et boire directement ». Et de montrer du doigt un axe imaginaire mais qui ne l’est peut-être plus pour longtemps : « Par là, ce sera la piste sud de leur aéroport ».
Faut-il encore croire aux pompeuses résolutions et recommandations prises lors de « Sommets » comme celui sur lequel les rideaux viennent de tomber dans la capitale malgache Il est permis d’en douter puisque, avec une inquiétante simultanéité, la Justice française a validé le projet Notre-Dame-des-Landes très exactement pendant que se déroulait la COP 22 de Marrakech. Et pourtant le compte peut très vite se faire : la vraie facture du futur nouveau hub se chiffrera par l’émission de trois millions de tonnes de CO2 d’ici 2060. « C’est une sorte de schizophrénie, ajoute cette militante. La France donne des leçons qu’elle est la première à ne pas appliquer ». Et un autre de pester contre ce qu’il appelle non sans raison « les Grands projets inutiles ! »
Quittons cette affaire somme toute franco-française de pays développé pour un autre décor où la bétonite a des relents d’arnaque sous couvert de coopération internationale et d’amitié indéfectible entre les peuples. On est en République démocratique du Congo où tout, absolument tout, est à faire en matière de liaisons routières intervilles. C’est là une bénédiction pour la Chine qui s’est fait des grands travaux de prestige son cheval de bataille sur le Continent noir : le sous-sol congolais dans lequel elle est invitée à se servir en retour n’est-il d’ailleurs pas qualifié de véritable scandale géologique, plus encore que celui de Madagascar Tout remonte aux années 90, quand le pays de Hu Jin Tao définissait les grandes lignes de sa coopération avec l’Afrique : non-ingérence dans les affaires intérieures, sécurisation sur le long terme des approvisionnements de la Chine en matières premières, débouchés pour les produits manufacturés chinois, sans oublier, sur le plan politique, l’isolement de Taïwan tout en gardant un œil vigilant sur le Japon. La qualité du service rendu en contrepartie est une autre histoire, qui ne satisfait généralement que les gouvernements en mal de « zava-bita» et une oligarchie locale accumulant revenus et patrimoines avec une avidité et une rapidité stupéfiantes…
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Les manifestations pour la souveraineté sur les Îles Éparses tendraient à faire accroire à la francophobie au sein de la population malgache.
« Chinoiseries »
Qu’on en juge : le boulevard du 30-juin, long de six kilomètres, est l’artère la plus importante de Kinshasa. Les travaux, confiés il y a six ans à une entreprise chinoise en échange, comme d’habitude, de gisements miniers, sont de piètre qualité et n’ont même pas bénéficié d’études préalables faites dans les normes. L’opacité la plus totale a régné autour de l’octroi du marché. Certains feux de signalisation marchent un peu, d’autres pas du tout. En un mot comme en cent, le boulevard « Made by China », toujours pas terminé, est le cauchemar des automobilistes kinois. En RD Congo comme à Madagascar dont la population est majoritairement rurale, la question qui se pose est la suivante : quel développement économique y a-t-il pour un pays de construire des axes routiers si le prix à payer est de transformer les champs des paysans producteurs en un paysage de cratères et de termitières à jamais stériles ? Le Vietnam offre pourtant l’exemple d’un extraordinaire décollage économique dû à l’agriculture. Au bord de la famine au milieu des années 80, il est devenu une référence agricole, soufflant au Brésil la place de premier exportateur mondial de café robusta, et vendant même du thé à l’Inde. Le développement de l’économie rurale reste la clé de la lutte contre la pauvreté dans ce pays où la composante paysanne représente 70% de la population totale. N’est-ce pas ce qui conviendrait le mieux à Madagascar, où on envoie au contraire la troupe contre les paysans et paysannes défendant leur terre ?
Si cela peut consoler toutes leurs victimes, disons que les chinoiseries n’ont pas de frontières. C’est chez nous par exemple qu’on a inauguré, avec force pointes d’ironie à l’endroit des détracteurs, une route chinoise faite à la va-vite pour ensuite la fermer pour au moins un an. De vous à moi, Votre Excellence, ce n’est pas TSARA du tout, et ne mérite guère de…SAOTRA.
Rétro pêle-mêle
Zaranaina, un « Monsieur Sida » snobé par les autorités de son propre pays, cumulait ce titre avec celui de « Monsieur Cancer ». Grâce à ses acquis dans ses recherches sur le premier, il aurait en effet obtenu les meilleurs résultats dans le traitement du second. Que n’était-il donc sujet de sa Gracieuse Majesté plutôt que tout simplement Malgache ! Au moment même où treize scientifiques britanniques condamnaient publiquement les médecines parallèles, le Prince Charles en personne les défendait bec et ongles devant l’OMS à Genève. L’héritier de la Couronne prenait ouvertement le contre-pied de ces scientifiques pour qui l’efficacité de cette thérapie n’a jamais été démontrée, « contrairement à son inutilité ». Le débat n’est toujours pas clos, car comme tonnait ce tradipraticien malgache, les hôpitaux ont bien leurs morgues, non ?
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Manto Tshabalala-Msimang, ministre sud-africain de la Santé de 1999 à 2008, était surnommée Docteur Betterave.
Un ministre qu’on appelait Docteur Betterave ! En ces premières années de la décennie 2000, les ONG sud-africains avaient plus qu’une canine contre leur première responsable de la santé publique. Pour vaincre le Sida dans un pays où la prévalence atteint le taux de 20%, la ministre préconisait en effet un régime alimentaire à base de cette petite racine rouge. L’Association Treatment Action Campaign réclama sa tête, mais ni l’ANC, ni Thabo Mbeki ne semblaient pressés de renvoyer la dame à ses passions potagères. Il est vrai qu’elle bénéficiait du soutien de la très puissante confrérie des guérisseurs traditionnels, lesquels ajoutaient aux vertus de la betterave celles de l’ail, de l’oignon frais, et de l’huile d’olive.
La médecine traditionnelle indienne est reconnue depuis 1989 par les autorités médicales mauriciennes au même titre que l’homéopathie ou la médecine chinoise. Les malades l’approchent généralement en dernier recours notamment en matière de diabète, d’hypertension, de maladies de la peau, ou de difficultés respiratoires. La démarche des soins passe par trois étapes : le repérage des trois grandes énergies dans le corps, la détermination de la condition psychosomatique du malade, et le traitement accompagné de massages. La médecine indienne reconnaît néanmoins qu’elle n’a pas des solutions pour toutes les maladies, question pour ses pratiquants de ne pas passer pour des marchands d’illusion.
Textes : Tom Andriamanoro
Photos : AFP – Internet