Une ode à la culture, à l’art, à la créativité, au respect des traditions ainsi qu’aux us et coutumes malgaches. Dago Festival a ainsi rallié le public à une cause propre.

Lors de la conférence sur les impacts du matraquage par rapport au secteur artistique, (de g. à dr.) Rajery, le poète Vanga, le chanteur Rolf, le bloggeur Andry et X-Tah ont fait entendre leur voix.
Une initiative inédite qui a le mérite d’avoir réussi à fédérer à sa cause chanteurs, peintres, danseurs, poètes, photographes, vidéastes, musiciens, journalistes, producteurs ou même simples spectateurs. Le tout porté essentiellement par la générosité de chacun. Le collectif « Dago Team’Zara » composé de ces divers acteurs culturels a enflammé le public féru d’art de la ville des Mille et de ses environs, du 14 au 25 septembre. C’est toute une aventure illustrée par l’édition zéro de son « Dago Festival ». Les prémices de ce qui sera bientôt un événement d’envergure, dont l’essence est de redorer l’image de la culture malgache à sa juste valeur.
« Dago Festival » a le mérite d’avoir vu le jour, avec les seuls moyens du bord de ses artisans, mais aussi et surtout la passion et l’amour dont les festivaliers et les membres du collectif ont fait preuve. « Dans un contexte socioculturel où la mondialisation, l’ignorance et par-dessus tout le matraquage règnent, la culture à Madagascar se perd. » C’est donc à travers ce constat que l’évènement a convié le public à se joindre au « Dago Team’Zara » pour remettre les pendules à l’heure, comme on dit.

Le week-end dernier, Dago Festival a égayé l’Is’Art Galerie à Ampasanimalo et le jardin d’Antaninarenina avec, à l’affiche, des groupes de renom. À l’image des groupes Moajia (ci-contre) à Antaninarenina et No Mady à Ampasanimalo.
Généreux et fier
Emmené par une jeunesse culturelle et artistique persévérante et aguerrie, Dago Festival a ainsi rallié le public à une cause propre qui mérite d’être mise en valeur à l’heure actuelle. Cette cause consiste à porter fièrement l’étendard de la créativité, du talent et de la culture malgache.
Diverses manifestations culturelles ont enchanté la capitale, car une bonne vingtaine de groupes et d’artistes locaux y ont pris part, de l’Université d’Antananarivo à l’Is’Art Galerie, en passant par le jardin d’Antaninarenina grâce à l’Ortana, et à Kantsa du côté d’Ambohitrombihavana. Aider les artistes à optimiser leur créativité en leur permettant de se produire sur des plateformes de diffusions plus accessibles au public, discuter sur l’importance de la mise en valeur des plus méritants, ce sont là quelques-uns des objectifs que ce « jeune » festival promeut avec fierté.

Les membres du collectif Dago Team’Zara affichent leur solidarité et leur fraternité pour une cause commune, la promotion de la culture malgache.
Engagé et fraternel
Tanjona Rabearivony, membre du Dago Team’Zara n’hésite pas à l’affirmer : « Nous avons fédéré le maximum de personnalités autour de notre projet, car nous comptons apporter un grand changement dans le milieu. Notamment en revoyant les structures sur lesquelles repose la scène culturelle malgache qui fait face à plusieurs difficultés. » Avec des actions axées essentiellement sur l’art et la culture, Dago Festival partage et défend ainsi les valeurs humaines propres à tous les artistes, pour que ceux-ci puissent jouir de sa créativité comme il se doit et qu’en retour, ils s’épanouissent à travers son processus de création. « Nous sommes fiers de contribuer à ce projet, car c’est là une initiative que nous saluons et accueillons à bras ouverts. Il revitalisera certainement la scène culturelle par sa générosité et l’engouement qu’il suscite auprès de chacun d’entre nous », affirme Tahiana Rakotoarivony de l’Is’Art Galerie. « Mettant en avant la solidarité de chacun d’entre nous, Dago Festival est une aubaine pour tous les artistes de la Grande ile et nous en sommes très fiers », souligne Tahiry Ratsimba dit X-Tah de l’association Oe Kop.
« Non au matraquage! »
C’est sans doute là le point fort du Dago Festival. La conférence qui s’est tenue à l’hôtel Carlton à Anosy, dans l’après-midi du 22 septembre, s’est illustrée par un coup de pied dans la fourmilière. Entre indignation, tristesse, incompréhension et colère, le sujet du matraquage audiovisuel y a été longuement discuté. C’est autour de la thématique « Les impacts du matraquage par rapport au secteur artistique malgache et par rapport à la société » que musiciens, auteurs et producteurs se sont réunis pour discuter du sujet. Après de longues heures de concertation et d’échanges, tous se sont accordés sur un point :
« Un vol, une forme accentuée de corruption, voire un outrage à l’art et la culture en général, c’est ainsi que se décrit le matraquage. » C’est l’un des fléaux que Dago Team’Zara entend éliminer. Le fait est que le constat établi par tous les participants de la conférence est que la culture musicale reste apparemment imposée exclusivement par les médias et les grandes institutions. « Finis les droits de diffusion coûteux, négligeant les plus méritants qui ne peuvent pas se les payer pour faire passer leurs créations dans les médias. De même, les échanges de services ne sont, en aucun cas, bénéfiques aux artistes. Il serait préférable que les médias travaillent côte à côte avec nous les artistes, pour qu’une sélection se fasse et que les plus talentueux soient valorisés », scande Germain Randrianarisoa dit Rajery. Un retour aux sources, un formatage du système pour le bien-être de l’art et de la culture malgache, c’est là les solutions prônées par le Dago Team’Zara.
Andry Patrick Rakotondrazaka
Photos Fournies