Les habitants de Nagasaki, une ville japonaise, veulent la paix à travers le monde. Soixante-et onze ans après le lancement de la bombe atomique américaine qui l’a pulvérisée, la douleur se fait encore ressentir. La visite des lieux de commémoration de cette atrocité humaine en témoigne.
Plus jamais ça. Cette phrase est de mise à Nagasaki. Les habitants de cette ville, martyre de la Seconde guerre mondiale, ne veulent plus revivre cette triste histoire du bombardement américain. Il y a 71 ans de cela, le 9 août 1945, l’engin de mort, la bombe atomique au plutonium « Fat Man » fut larguée par un B-29 Bockscar piloté par Charles Sweeney à 11 h 2 mn, sur le mont d’Urakami.
Une équipe de journalistes africains s’est rendue dans cette ville paisible de l’île de Kyushu au Japon. Après deux heures de vol, au départ de l’aéroport de Haneda à Tokyo, ils étaient bien arrivés à Omura, le principal aéroport de la préfecture de Nagasaki, bâti en grande partie sur la mer. Après un trajet de près d’une heure en bus, entre collines boisées et tunnels, sur une vaste et belle route bien entretenue, les journalistes débarquent enfin à Nagasaki-shi, ou la ville de Nagasaki.

La vie paisible dans les rues de Nagasaki
Une certaine palpitation traverse le corps. Comment ces habitants ont-ils vécu ces tristes histoires de l’humanité, la cicatrice de cette atrocité américaine à l’encontre des Japonais. Que diront les « hibakushas » ou ces survivants de ce bombardement de cet évènement Des histoires qui font fondre en larmes.
Mais finalement, c’est l’avertissement de sécurité lancé par les encadreurs qui a rendu tout le monde nerveux.
« Ne paniquez pas si vous ressentez des secousses sismiques. La première chose que vous devez connaître, en arrivant à l’hôtel est l’issue de secours. Quand il sera nécessaire d’évacuer, le personnel vous informera », ont conseillé les encadreurs.
Une seconde d’éternité
Dans le bus, c’est le silence total. Personnes ne s’imagine ce que leur réserve cette nuit-là.
Les tramways, les bus font leurs trajets pour ramener les retardataires dans leurs foyers. Les derniers visiteurs de Dejima quittent peu à peu cette minuscule île artificielle réservée aux Hollandais durant la période d’isolement. Les noctambules effectuent encore un petit tour dans les « pachinkos », les karaokés dans les quartiers chauds de la ville. On a du mal à imaginer que la ville a été rasée en grande partie par cette « bombe cruelle ». Plus de 74 000 personnes ont trouvé la mort ce jour-là.

Une statue géante érigée sur le Peace Park.
« Plus jamais ça », disent les habitants de Nagasaki. Le Nagasaki Atomic Bomb Museum, ou le musée de la bombe atomique de Nagasaki, construit à côté du Peace Park, sur le mont Urakami, retrace les dernières secondes de vie des habitants de cette ville. Une seconde d’éternité pour les
« hibakushas ». Dans ce musée, la vidéo du bombardement passe en boucle. « Pourquoi les Américains ont –ils fait cela », s’interroge un visiteur rencontré sur le lieu, sans avoir obtenu une réponse bien précise. Le musée conserve les archives de documents sur les bombardements atomiques, les maladies issues de la radioactivité.
Le témoignage d’un jeune ouvrier de Mitshubishi Ohashi Arsenal, l’un des survivants de cette cruauté reste immortalisé au Peace Park.
« L’explosion a eu lieu juste au moment où je me déplaçais temporairement de mon lieu de travail habituel de l’immeuble voisin, dans le magasin de réparation comme mon patron m’a indiqué. Heureusement, un grand pilier m’a protégé mais l’explosion d’une bombe a emporté mon corps à quatorze mètres d’où je me trouvais. Le patron qui m’a ordonné de changer mon site d’emploi a été retrouvé mort instantanément », peut-on lire sur un écriteau près d’une fontaine érigé sur Peace park.
Un monde sans nucléaire
La tradition veut que les visiteurs de ce parc de la paix arrosent d’eau les bouquets de fleurs à la mémoire des victimes de cette bombe qui ont succombé par manque d’eau.
Au centre de ce parc, une immense statue, un bras pointé vers le ciel et l’autre tendu à l’horizontal symbolise ce désir de paix des Japonais. Non loin de là, une colonne en marbre marque l’épicentre de l’explosion de la bombe.
Les Japonais n’ont pas oublié les deux dates de bombardements américains à Hiroshima et à Nagasaki et ne cessent de réclamer « un monde sans nucléaire».

Le reste du clocher de la cathédrale d’Urakami victime de la bombe atomique.
« Il y a 71 ans, la mort est tombée du ciel », avait déclaré le Président américain Barack Obama en visitant la ville
de Hiroshima, le 27 mai dernier. « Ce jour-là, le monde a changé pour toujours », cette bombe a « démontré que l’humanité avait les moyens de se détruire elle-même », avait prononcé l’homme le plus puissant au monde devant le mémorial aux victimes de la bombe atomique larguée par les États-Unis à Hiroshima le 6 août 1945 à 8 h 15.
Soixante-onze ans après, Nagasaki reprend son rythme. La cathédrale Sainte-Marie d’Urakami devient un lieu de visite incontournable dans cette ville. Elle était ravagée par le bombardement américain ce jour-là. Les habitants de Nagasaki et du Japon ne souhaitent que la paix dans le monde.
Textes : Lova Rafidiarisoa
Photos : Lova Rafidiarisoa et Satoshi Uemura