Une journée chez Mecamotors, un centre automobile sis à Ivato, à la découverte du quotidien d’un chef d’atelier. Ses relations entre les clients et ses subordonnées sont tout autant importantes.
La mission d’un chef d’atelier se divise en plusieurs parties. Il doit accueillir et renseigner les clients, puis réceptionner leurs voitures. Il établit les devis des réparations de celles-ci. Par ailleurs, il suit et contrôle le travail des mécaniciens. Il passe les commandes des pièces détachées à installer. Et à la fin il recontacte le client, une fois l’entretien du véhicule terminé.
Le chef d’atelier doit possèder de l’aisance relationnelle à toute épreuve. Accueillir les clients et les renseigner, tout comme obtenir une facture pro format auprès d’un fournisseur afin d’établir un devis, tout cela implique des aptitudes en communication. À côté, un bon sens de l’organisation s’impose aussi, vu que le chef d’atelier établit les emplois du temps de chaque technicien. Et ce, en fonction de la charge de l’atelier et de la disponibilité de chacun d’entre eux. Un emploi du temps mal dressé peut impacter négativement la productivité et engendrer des retards dans la livraison des véhicules réparés. Et de fil en aiguille, ne pas satisfaire le client. Imaginez si vous deviez récupérer votre voiture le mercredi après-midi et que le chef d’atelier vous demande un délai supplémentaire, et vous prie de revenir le lendemain ou le surlendemain. Vous serez très certainement mécontent, surtout si vous avez un besoin urgent de la voiture.

Le chef d’atelier Macer Mohamed (à dr.) suit de près le travail des techniciens.
Établir des devis
Huit heures du matin à Ivato, la journée débute pour Macer Mohamed, le chef d’atelier du centre automobile Mecamotors.
« Tout commence par la lecture de mes mails, notamment la révision des mails de la veille. Je reçois les premiers clients arrivant au centre. Accessoirement, j’attribue également les tâches de chaque technicien à l’atelier », décrit-il.
En tant que premier responsable, c’est au chef d’atelier d’accueillir la clientèle. L’accueil joue un rôle très important dans la relation avec le client, mais aussi pour bien cerner la panne sur la machine de celui-ci. En tant que chef, il se doit également de diriger ses subordonnées et d’établir un emploi du temps précis pour ces derniers.
« Au niveau des mails, il faut notamment relancer les fournisseurs pour des demandes de cotation, concernant les pièces détachées. Je passe également une partie de ma journée devant l’ordinateur pour établir les devis destinée à la clientèle », poursuit Macer Mohamed.
Logiquement, entretien et réparation correspondent à un ou des remplacements de pièces détachées, d’où la collaboration avec d’autres fournisseurs.

Macer Mohamed n’hésite pas à se salir les mains pour aider ses techniciens.
Problème hiérarchique
« Une fois ces tâches bouclées, je quitte mon bureau pour suivre et contrôler le travail des techniciens, habituellement vers 10 h. Aujourd’hui, ils s’occupent d’une Mercedes, où il faut vérifier les silent blocks et changer les plaquettes. À l’atelier, on travaille en équipe. Cela me permet de les évaluer également. Si jamais ils font des erreurs, je peux les remettre dans le droit chemin immédiatement, sans risquer d’endommager la voiture », rajoute-t-il.
Chaque chef a ses propres méthodes. Certains peuvent laisser faire les techniciens et effectuer un contrôle à la fin. D’un côté, c’est une marque de confiance, mais cela pourrait engendrer des soucis dans la mesure où le mécanicien peut effectuer une fausse manœuvre. D’autres préfèrent évoluer sur le terrain en compagnie de leurs subordonnées, comme c’est le cas chez Mecamotors donc. Cela permet de garder un certain contact humain entre employés d’un même centre. Mais toute méthode présente un inconvénient.
« Cela peut devenir dangereux par moment, car le technicien peut croire que l’on se trouve sur un même piédestal. Ce qui nuit à la relation. Afin d’éviter tout problème d’ordre hiérarchique, il faut toujours faire preuve d’autorité, tout en gardant un respect mutuel », prévient Macer Mohamed.

Sans pont de levage, pas de réparations effectuées correctement et dans les normes.
Essai de vérification
Entre midi et 14 h, c’est la pause-déjeuner, bien évidemment. Mais il peut arriver que le travail s’effectue de manière continue. Tout dépend du nombre de clients. Au cours d’une journée chargée, il n’y a pas de véritable pause.
À 14 h, au moment de reprendre le boulot, il faut récupérer des pièces détachées auprès d’un fournisseur en ville, pour une Toyota Rav 4. Le chef d’atelier envoie un technicien à moto, pour ce faire. En attendant, il retrouve son bureau et l’écran de son ordinateur.
« C’est un éternel recommencement. On envoie les mails nécessaires. On reçoit également les clients », souligne-t-il.
À 15 h 30, les nouvelles pièces détachées arrivent à l’atelier. Leur installation sur la Toyota débute. Une fois la voiture en état de marche, le chef d’atelier effectue un essai, afin de vérifier que les montages ont été effectués correctement. S’ensuit le lavage, une étape indispensable. À 17 h vient le moment de restituer le véhicule au client, ce qui a conclu également notre journée en compagnie de Macer Mohamed.

Accueillir les clients nécessite une aisance relationnelle certaine.
L’expérience tient une place prépondérante
Quel genre de formation faut-il suivre pour faire carrière dans le milieu de l’entretien automobile et devenir un jour chef d’atelier L’obtention de plusieurs diplômes conditionne tout, évidemment, comme dans n’importe quel domaine. Citons, entre autres, un certificat d’aptitude professionnelle, un brevet d’études professionnel ou encore un bac professionnel en maintenance des véhicules automobiles. Voilà pour le volet études. Mais celui de l’expérience tient également une place prépondérante. La plupart des mécanos ont débuté à bricoler dès leur plus jeune âge. Apprendre sur le tas, tout en suivant en parallèle une formation estudiantine, constitue le meilleur cursus.
« J’ai commencé à bricoler à onze ans avec mon père. Je garde toujours dans ma mémoire cette image de nous deux en m’occupant de notre voiture », se rappelle Macer Mohamed, chef d’atelier chez Mecamotors.
Une autre aptitude indispensable pour le chef d’atelier se situe également au niveau de la capacité d’écoute. En effet, un client peut arriver à l’atelier dans un état de panique, en raison d’une panne. L’accueillir dans les meilleures conditions et bien l’écouter facilitent l’échange. Ce qui permet de rassurer le client et de bien cerner le problème sur la machine.
Couverture d’Ivato et ses alentours
Le samedi 12 mars a été inauguré le nouveau centre automobile dénommé Mecamotors, sis à Ivato. Son objectif consiste surtout à couvrir cette partie nord-occidentale de la capitale, en d’autres termes Ivato, Talatamaty, Ambohidratrimo, ou encore Ambohibao.
« Plus besoin de se déplacer au centre-ville pour entretenir son véhicule. Nous proposons un service de proximité pour cela », souligne notamment Landry Tsao, un responsable chez Mecamotors.
Ce centre automobile s’occupe aussi de la revente de voitures, en l’occurrence des Renault et des Nissan, et de motos, dont des KTM et des Honda, ou encore des « side-by-side vehicles », ou SSV Arctic Cat. L’atelier occupe une superficie de 740 m2. Outre les conseils aux clients, les réparations, les entretiens habituels, le centre se spécialise également dans la réparation des turbocompresseurs ainsi que des pare-brises.
Divers outils indispensables
Se lancer dans le milieu de la maintenance automobile requiert des investissements conséquents. Un hangar constitue la meilleure option pour installer son atelier. À l’extérieur, une aire de parking pour les clients est, bien sûr, indispensable, pour éviter qu’ils ne se garent sur la chaussée ou le trottoir. Un certain nombre d’outillages est indispensable pour mener à bien le travail et fournir un service de qualité, afin de la clientèle soit satisfaite et fidelisée.
« Pour le moment, nous avons des jeux de clés complets de chez KS Tools (Ndlr : un fournisseur renommé à Antananarivo). Sans oublier les crics et les dérouleurs. Deux ponts de levage sont destinés aux voitures et deux autres plateaux de levage sont dédiés aux motos », énumère Landry Tsao, responsable chez Mecamotors.
En ce qui concerne les ressources humaines, le chef d’atelier établit un emploi du temps et attribue les tâches à effectuer. Celles-ci sont exécutées par plusieurs techniciens. Outre l’achat de pièces détachées à l’extérieur, « un centre automobile doit également s’approvisionner en lubrifiants et produits d’entretien ; pour ce faire, nous collaborons avec Total et Liqui Moly », poursuit Landry Tsao.
Textes et photos : Haja Lucas Rakotondrazaka