Une histoire d’amour exclusive comme tant d’autres pour la musique, notamment le rock’n’roll. C’est ce qui réunit Raphl à son groupe Doc Holliday, une histoire que sa femme Myrlyd’s fait revivre.
«On disait de lui qu’il a toujours été de nature timide, parlant d’une voix douce, le regard rempli d’émotion. » C’est ainsi que Myriam Lydia Ravaoarinoro dit Myrlyd’s décrit son illustre mari. Un rockeur calme et discret, d’une modestie sans égal. C’est cela Raphael Mamimbohangy que ses pairs connaissent tous sous son nom de scène, « Raphl », du mythique groupe Doc Holliday. L’homme aurait eu 60 ans, le 10 mars.
Revenons en compagnie de sa femme sur l’épopée musicale et électrique de ce grand nom du rock malgache. Formé à Toliara dans les années 70, le groupe est connu à l’époque, sous l’appellation R.A.F pour « Royal Air Force ». Un modeste nom pour un groupe de rock’n’roll malgache qui se plait beaucoup à ses débuts, à interpréter dans les bals populaires ces légendaires groupes de rock des 70’s qu’il adule. « R.A.F » n’est pas sans rappeler l’acronyme de Raphael Mamimbohangy lui-même, que ses frères d’armes rockeurs surnomment Rafa ou le surnom qui lui collera à jamais « Raphl ».

La joyeuse bande de rockeurs qui constituent Royal Air Force (RAF),
futur Doc Holliday, à ses débuts, avec Raphl (2e à gauche).
Des légendes
« La musique de Raphl et de Doc Holliday, c’est d’abord du blues et du rock, mais ils jouaient aussi tous les genres musicaux. Et il faut signaler un fait remarquable qui est d’associer parfois musique traditionnelle malgache et rock dans leur compositions », confie Myrlyd’s. « Comme les propres compositions de Raphl pour le groupe, telles que Fiaran-dalamby, Mamy Blues, Remaky », ajoute-t-elle. Le morceau Tsaiky Tsara illustre parfaitement cette conjugaison mélodieuse qu’il reflète avec son mélange musical. Au fil des ans, les fans le remarquent, Doc Holliday s’affirme comme étant le Rolling Stones local avec Dead’s comme Mick Jagger et Raphl en tant que Keith Richards.

Le groupe Doc Holliday, à son état brut, composé de Solofo Rabenja au chant, Raphael Mamimbohangy à la guitare et au chant, Danielson Rabeharivelo à la guitare basse, Michel Rahabarisoa à la guitare basse également et René Raonison à la batterie.
Des hippies convaincus
À la fin des années 70, la période Woodstock et le charisme de ses mythiques artistes et musiciens font écho à travers le monde, jusque dans la Grande ile. « Dans leur jeunesse, Dead’s, une grande figure du groupe, et Raphael s’affirmaient comme des hippies convaincus. Portés par ce vent de liberté et cette culture qui les animaient, ils décidèrent de fonder Doc Holliday. Dead’s était un excellent nageur et appartenait même à l’équipe nationale, tandis que Raphael, quant à lui, éprouvait constamment cette attirance pour la guitare », se souvient Myriam Lydia Ravaoarinoro. Avec l’arrivée d’autres camarades, le groupe prend définitivement son envol, Nicolas à la basse, Mike à l’harmonica, Emile à la guitare, et Nanker à la batterie. Ils interprètent du Jimmy Hendrix, du Led Zapplin, du Deep Purple, et bien d’autres.
Un modèle du genre
Myrlyd’s raconte. « C’est à partir de 1976, après qu’ils ont obtenu leur baccalauréat, que les membres du groupe avaient migré à Antananarivo pour poursuivre leurs études à l’Université. Le rock les passionnait tous, de Toliara à Antananarivo. Ils le chantaient pour leur propre plaisir et pour se faire un peu d’argent de poche. » Débarquant dans la ville des Mille, l’inspiration et la créativité commencent à les animer, R.A.F devient ainsi définitivement Doc Holliday. Un groupe qui marquera les amateurs du genre durant plusieurs décennies, notamment avec leurs morceaux comme Malahelo aho, Tena tia tokoa, ou encore Tsaiky tsara. Ils s’affirment comme l’un des piliers du rock malgache, notamment avec ses débuts dans les festivals musicaux d’antan comme Rock ihany no ady eo ou encore le « Festival d’Antsonjombe ». « Le public n’avait aucun mal à suivre, puisqu’à cette époque, les ondes radio diffusaient souvent des airs rock’n’roll qui, grâce à eux, berceront plus tard toute une génération de rockeurs », conclut Myrlyd’s.

Raphael Mamimbohangy et Myriam Lydia Ravaoarinoro, ainsi que leur fils illustrent une famille de rockeurs passionnés.
Rockeur et poétique
Aux côtés de sa femme, Myriam Lydia Ravaoarinoro, Raphael Mamimbohangy dit Raphl de son vivant s’est beaucoup plu à écrire. Pas uniquement les paroles de ses chansons, mais aussi des poèmes. « C’est là quelque chose qui nous tenait à cœur depuis toujours. Et comme on dit, l’écrit reste. Ainsi, il nous importait beaucoup de faire en sorte que nos émotions soient constamment retranscrites », s’émeut Myrlyd’s. Unis pour toujours et à jamais grâce au rock, Raphl et Myrlyd’s se vouent ainsi un amour intemporel l’un à l’autre.
Extrait du poème « Quelques notes de blues » par Myrlyd’s à la mémoire de Raphl.
« Quelques notes de blues, pour le regretté Raphl.
Que nous n’avions pu comme des losers, sur son épitaphe
Lui, la guitare héros, avec ses ol’solo
Il entonne le rock et nous met sous le choc
Du rock’n’roll pur, à la fois tendre et dur… »