Faisant partie de la société civile turque, le mouvement Hizmet prône la tolérance et la compassion, des valeurs universelles, à travers l’éducation. Plus de 1 000 écoles de ce mouvement qui se veut au service des autres sont éparpillées dans plus de 160 pays du monde.
Certaines jeunes filles sont voilées. D’autres viennent à l’école en pantalon. Il y a aussi celles qui, sur leur front, ont cette petite marque rouge qui symbolisent leur religion. Blanches, noires ou jaunes, les élèves du Star College de Cape Town Afrique du Sud jouent ensemble dans la cour de l’établissement, et partagent les mêmes bancs en toute fraternité. Dans les écoles du mouvement Hizmet, qu’elles se trouvent en Afrique du Sud, à Madagascar (le collège La Lumière) ou ailleurs, compréhension et tolérance sont les maîtres-mots.
« L’éducation n’est pas seulement un endroit où l’on apprend la science. On y acquiert aussi des valeurs, le sens du respect », confie le directeur du Star College de Cape Town.
Le mouvement Hizmet, né en Turquie, qui entend se mettre au service des autres et de l’humanité, fait de l’éducation sa priorité. Pour Fethullah Gülen, fondateur de ce mouvement, « le manque de bonne éducation entrave la justice, la reconnaissance des droits de l’Homme, et des attitudes d’acceptation et de tolérance vis-à-vis des autres » sur son site Internet. « Notre objectif est d’avoir de nouvelles générations bien éduquées », poursuit encore le directeur du Star College de Cape Town.
Pour le mouvement Hizmet, l’éducation « vise à permettre aux gens de penser par eux-mêmes et d’être des agents du changement au nom des valeurs positives de justice, de droits de l’Homme et de tolérance ».
« Si vous souhaitez garder le contrôle dans le monde, contentez-vous de tenir le peuple loin de la connaissance. Les gens ne peuvent échapper à une telle tyrannie que par l’éducation. La voie vers la justice sociale est pavée d’une éducation adéquate et universelle. Car seul cela donnera aux gens la compréhension et la tolérance suffisantes pour respecter le droit des autres », soutient d’ailleurs le fondateur du mouvement.

Les programmes nationaux et internationaux, ainsi que tout règlement en vigueur dans le pays dans lequel elles se trouvent sont appliqués dans les écoles comme Star College de Cape Town.
Laïques
Les actions du mouvement Hizmet ne se limitent pas à la Turquie. Sur les quelque 2 000 écoles fondées par l’organisation, seule la moitié se trouve en Turquie, son berceau. Toutes les autres sont éparpillées à travers les 160 pays où le mouvement est présent.
« Outre l’éducation, nous promouvons aussi les échanges et les dialogues interculturels », confie Hasan Uçar, responsable du centre culturel Ravinala, la branche à Madagascar des centres de promotion du dialogue interculturel. « Lorsqu’on connaît les autres, on devient amis avec eux », ajoute-t-il.
Les échanges et les dialogues se font directement au niveau des écoles où les enfants de différentes cultures, de différentes confessions et de divers horizons, mais vivant dans une même ville, se côtoient et partagent leur quotidien. Bien que la Turquie, berceau du mouvement, soit à plus de 90% musulmane, « les écoles Hizmet sont laïques, et les valeurs qui y sont enseignées sont les valeurs universelles, telles que la tolérance et la compassion », souligne Hasan Uçar.
Les programmes enseignés dans les écoles Hizmet sont calqués sur ceux du pays d’accueil. Les élèves ont juste en plus l’enseignement de la langue et de la culture turques, ainsi que diverses activités parascolaires, tout en apprenant l’histoire, la langue et la culture de leur pays.
« Le mouvement n’impose pas de programmes éducatifs aux écoles, aux universités et aux centres d’études que ses acteurs financent et gèrent. Les institutions appliquent les programmes nationaux et internationaux, ainsi que tout règlement en vigueur dans le pays dans lequel elles se trouvent », précise le site Internet du mouvement. Et le directeur du Star College de Cape Town de préciser que l’établissement qu’il dirige fait régulièrement l’objet d’inspection par les services de l’Éducation de Cape Town.
Échange et diversité
Outre les écoles, le mouvement Hizmet intervient dans quatre autres branches, lui permettant de promouvoir les échanges et les dialogues culturels. Les médias, les centres culturels, l’économie et le commerce, ainsi que les aides humanitaires, sont les autres aspects des activités de l’organisation. Les centres culturels organisent régulièrement des conférences et des séances de partages et d’échanges sur une diversité de thèmes promouvant la paix et la tolérance. Outre la couverture des actualités dans les différents pays et régions du monde où elle a des correspondants, l’agence de presse Cihan, se fait aussi un devoir de promouvoir les échanges entre les divers médias du monde. A son initiative et dans le cadre de son programme d’échanges culturels, l’agence Cihan a récemment invité des journalistes malgaches en Afrique du Sud pour y visiter des organes de presse sud-africains, et échanger avec ces derniers leurs expériences.
Bodo Voahangy