Un acteur au parcours artistique des plus généreux, allant de la télé au grand écran pour s’épanouir pleinement sur les planches. On l’appelle « Le comédien de tous les rôles ».
Parlez-nous de votre passion pour la comédie…
Je dirais que j’ai commencé assez tard dans le monde de la comédie, en tant qu’acteur. Quoi qu’on puisse imaginer, j’ai quand même eu un parcours assez atypique depuis mes débuts en 2003. Ayant suivi des études qui, à première vue, ne me destinaient pas du tout à être au-devant de la scène ou de la caméra, j’ai eu comme un déclic à un moment quand j’ai tout simplement compris que je me devais de vivre des vies bien au-delà de la mienne, en fait. J’ai, entre autres, suivi une formation au sein du Conservatoire de Rouen, par la suite, et j’ai entrepris une carrière théâtrale où je me suis tout aussi bien appliqué à jouer Racine,Corneille, Molière, Shakespeare et tant d’autres encore. Ceci étant, j’ai d’abord appris les coulisses de la mise en scène, ce qui m’a ensuite aidé pour une carrière à la télé. Depuis, je me suis aussi plu à assumer et à concevoir mes propres projets artistiques. Et voilà où j’en suis actuellement, adaptant ce roman de Maylis de Kerangal, « Réparer les vivants ». Avec cette pièce, c’est ma toute première fois sur scène, et j’en suis assez content.
Qu’est-ce qui vous ravit le plus à travers vos rencontres avec le public ?
J’aime la découverte, et la tournée que j’entreprends actuellement me permet d’en savoir toujours un peu plus sur le pays que je visite ainsi que sa culture; et ainsi d’en découvrir aussi sur les arts de la scène qui s’y jouent. Le dépaysement me plaît tout aussi bien que les rencontres que je fais avec les artistes que j’y croise. Partout où l’on va, j’estime que les échanges restent les plus efficaces pour pérenniser un art. J’ai ainsi proposé des stages à La Réunion, par exemple, où j’ai rencontré les jeunes.
Qui sont vos cibles ?
Je n’ai pas de cible précise non plus. C’est la première fois que je choisis d’être à l’initiative d’un projet, car pendant quinze ans j’ai été principalement acteur pour d’autres metteurs en scène et pour des publics bien précis. Alors qu’ici, fort de mes précédentes expériences en tant que comédien, je me lance un défi, en toute liberté certes, mais un défi quand même qui me permettra de jouer autant dans des théâtres publics que privés. En faisant plus de théâtre contemporain, j’élargis en même temps la gamme de public qui peut apprécier cet art. Un public qui apprécie les pièces classiques, comme du Molière ou du Shakespeare peut tout aussi bien se délecter d’une pièce de théâtre contemporain. Le théâtre évoluant constamment et se modernisant à la fois, on peut très bien jouer du Molière en jeans et en T-shirt que le public l’apprécierait toujours autant. Ainsi, mon public est différent à chaque fois, et cette diversité m’enchante le plus. D’ailleurs avec cette technique précise avec laquelle j’ai adapté « Réparer les vivants », c’est-à-dire la technique du « Seul en scène », je découvre que n’ayant pas de partenaire sur les planches, mon seul partenaire reste le public lui-même.
Parlez-nous en un peu plus de cette adaptation…
Je l’ai adapté avec cette technique du « Seul en scène» comme je l’ai dit. Pour ce faire, je me réfère à cette tradition de conteurs, à laquelle je rajoute une représentation théâtrale. C’est déjà très fréquent sur les scènes européennes. Le détail le plus important étant uniquement qu’il faudrait un texte fort avec un style particulier, invitant constamment le public à travailler son imaginaire. Ça rend le spectateur très actif, car par la suite, il apprécie de faire également partie intégrante de la pièce. De ce fait, dans le théâtre, il faut toujours accorder de la place à l’imagination pour les spectateurs aussi. Pour le roman de Maylis de Kerangal, « Réparer les vivants », c’était très important. Le livre se prête très bien à cette technique du « Seul en scène », car ses personnages sont tous aussi accessibles que passionnants à interpréter, créant sans cesse ce dialogue avec le public. Par exemple, on a cette scène de surf au début qui, d’entrée, plonge le public dans le décor et dans l’ambiance de l’histoire. On y parle d’une thématique des plus dramatiques, puisqu’on y évoque surtout les enjeux d’une transplantation, cet équilibre entre la vie et la mort. À travers cette dramaturgie, le public s’identifie plus facilement aux personnages et je fais en sorte qu’il fasse partie intégrante de la pièce.
Un mot sur ce théâtre contemporain en vogue outre-mer…
Si l’on se réfère aux festivals d’art à l’international, comme celui d’Avignon, par exemple, le théâtre contemporain y est sans doute déjà ancré dans la culture en générale. Après, j’estime que le théâtre contemporain, par rapport à la culture des îles et de Madagascar, dépend des artistes et des auteurs en soi. Comme je l’ai dit, le théâtre se modernise, mieux encore s’adapte à son temps. D’autant plus que l’auteur parle de la société d’aujourd’hui, qu’il relate d’une manière contemporaine une histoire classique, allant de la politique aux religions et aux traditions en tous genres. Après, tout dépend de la manière dont on égaye les pièces, car celles contemporaines nécessitent aussi quelques artifices qui font leur particularité.
Quel genre d’artifices, par exemple ?
Moi, par exemple, je travaille avec des choses simples, dont des projections, des bruitages et d’autres encore. Je n’ai pas de recettes à donner donc, mais ce que je peux en dire c’est qu’il est tout aussi bien facile à apprivoiser et à adapter pour les artisans de la scène malgache. Moi-même, j’espère découvrir, un jour, les prouesses des acteurs et comédiens du théâtre malgache.