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Récupération – Le polystyrène peut devenir biodégradable

Rares sont les choses aussi omniprésentes et invisibles que les objets faits à partir de styromousse. Connu aussi sous les noms Unicel, ou polystyrène expansé (PSE), c’est un matériau peu coûteux, ultra léger qui sert à fabriquer les tasses de café, les assiettes et les plateaux jetables, ainsi que les emballages de protection des appareils fragiles.
Ses qualités sont, cependant, obscurcies par son processus de biodégradation qui prend des décennies et même des siècles. Il est de plus consommé en de telles quantités que les méthodes actuelles pour le recycler semblent désespérément en retard. Marissa Cuevas Flores, une jeune ingénieure de l’Université de Berlin, a décidé de faire « quelque chose » pour éliminer ces déchets.
Après un long travail, elle crée Kitcel, un produit miracle qui désintègre complètement la styromousse à des prix commercialement compétitifs. Il s’agit d’un vernis biodégradable, économique, qui ne nuit pas l’environnement et qui dégage une odeur agréable.
Un litre de la variété la plus chère du vernis, le « Custom made » coûte 170 pesos (moins de douze dollars). Marissa n’a pas révélé son coût de fabrication, mais a noté que les solvants naturels qu’elle utilise dans ses processus « sont beaucoup plus chers que les solvants de vernis classiques ».
À ce jour, elle peut produire environ 60 litres de peinture par jour. Mais avec un nouveau « réacteur » chimique qu’elle a pu acheter grâce à un financement participatif (crowdfunding) obtenu à travers la plateforme Fondeadora, elle espère atteindre une production de 250 litres de vernis toutes les trois heures.
« L’idée est lumineuse », a déclaré Fanny Villiers, la directrice de « Fondeadora » qui a rapporté à Marissa près de 80 000 pesos (presque cinq mille Euros) pour son projet « Réacteur Kitcel / Reutilizadora ».
Et la matière première ne manque pas. Pour la seule année 2013, les Mexicains ont consommé près de 619,685 tonnes de polystyrène. Ce matériau est si léger et malléable qu’un seul kilogramme atteint un volume démentiel. Trente verres en styromousse, une fois traités, représentent un litre de vernis. Les possibilités sont si grandes que Marissa a commencé à penser à d’autres produits tels que de la colle, des peintures organiques, du papier et des stratifiés tissu à base de styromousse.

Sept couleurs
« Le laboratoire est toute ma vie », déclare-t-elle. Mais le terrain auquel elle s’attaque est très vaste, car sur les 13,500 millions de morceaux de polystyrène qui sont utilisés chaque année au Mexique, seuls 2 % sont recyclés alors que la styromousse représente près de 15 % des déchets. L’ironie de cette situation, « c’est n’est que de l’air… 95% d’air », dit Marissa.
Jusqu’à présent, les seuls processus pour réutiliser la styromousse consistent à la broyer pour la transformer en d’autres produits tels que des granulés qui peuvent être moulés pour d’autres usages, ou être réutilisés dans les systèmes d’isolation thermique des bâtiments.
Mais la quantité de déchets de styromousse augmente chaque jour. Selon l’Institut national d’écologie (INECC), « le Mexique produit 102,895 tonnes de déchets solides par jour, de sorte que le nombre de PSE est estimée à 1,698 tonnes par jour et 619,685 tonnes par an. »
Marissa raconte qu’elle à eu l’idée d’inventer Kitcel après la lecture d’une étude académique sur un projet de recherche commerciale pour recycler la styromousse. « C’est à ce moment-là que je me suis rendue compte que je pouvais faire quelque chose et que ma maîtrise pouvait attendre. »
La jeune femme a alors commencé à faire des expérimentations sur le toit de sa maison. Aujourd’hui, sa peinture biodégradable pour intérieurs existe en sept couleurs, aux arômes de sapin, de citron ou d’orange, et commence à être vendue dans certains marchés populaires de Mexico. Encore labélisée « fait maison », Marissa se souvient qu’« Au début, le vernis a été vendu en pots de confiture. »
Les ventes sont encore modestes, mais la diffusion progressive de son invention ainsi que la nécessité croissante d’éliminer ces déchets se combinent pour permettre à Marissa de résoudre ce réel problème.

José Carreño Figueras (Excelsior – Mexique)


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