Les jeunes Malgaches sont peu nombreux à entrer dans le monde des affaires. Il semble qu’il leur manque la vision entrepreneuriale.
Créer sa propre entreprise ressemble à un parcours du combattant, surtout pour les jeunes. Selon les statistiques, un jeune sur cent mille seulement est capable de créer une entreprise.
« Notre économie n’arrive plus à absorber les 300 000 à 400 000 jeunes qui débarquent sur le marché de travail chaque année. La création d’une entreprise paraît une solution efficace pour développer notre pays », affirme Christian Rajaosafara, président directeur de SIGMA.
Face à la situation économique morose, la création d’entreprise est très difficile, étant donné les risques que peuvent courir les jeunes entrepreneurs.
« Le principal frein à l’entrepreneuriat chez les jeunes à Madagascar est toujours le manque de financement », déclare Niriana Arivony Elsa, un responsable de Young african leaders initiative (YALI).
Le taux d’intérêt élevé des emprunts bancaires décourage les jeunes à se lancer dans l’entrepreneuriat.
« Évidemment, les jeunes ont des projets mais ils n’osent pas se lancer dans le monde de l’entrepreneuriat à cause du contexte économique actuel », explique Herilalaina Ravelomanana, chef cuisinier, gagnant du Trophée JCI Creative young entrepreneur award (CYEA) Madagascar.
Cette situation les pousse alors à chercher du travail dans les entreprises pour ne pas courir des risques. En plus, le système éducatif malgache n’intègre pas l’entrepreneuriat dans le programme scolaire.
« Les jeunes n’envisagent pas de devenir entrepreneur quand ils quittent les bancs de l’école », précise Christian Rajaosafara.
« Selon notre étude auprès des jeunes sortants de l’université, ceux-ci ont toujours tendance à travailler dans une entreprise ou être fonctionnaires. C’est pourquoi nous allons les inculquer l’esprit d’entrepreneuriat », affirme Tsiresy Rafidison.
Vision
Malgré la situation économique morose, il existe toujours des opportunités à la création d’une entreprise. D’abord, il faut partir d’un rêve, d’une vision et des idées. Celles-ci doivent approcher la réalité.
« J’ai toujours rêvé de créer une entreprise industrielle. Maintenant, ce rêve est devenu réalité », déclare Christian Rajaosafara.
La personnalité de l’entrepreneur constitue également une qualité pour le succès d’une entreprise.
« L’entrepreneur doit avoir un leadership clair sur la gestion des employés, et il doit toujours être à l’écoute des clients », précise-t-il.
La société malgache ne met pas en valeur l’esprit entrepreneurial. En fait, notre culture empêche le développement d’un tel esprit entrepreneurial.
« Il faut inculquer dans l’éducation l’esprit d’entreprise pour que les jeunes sachent prendre l’initiative. Il faut aussi que l’État mette en œuvre une politique fiable de l’éducation en tenant compte de l’entrepreneuriat », explique Andry Ramaroson, responsable au sein de la société Schneider Electric.
Madagascar a besoin d’une révolution culturelle pour que l’économie se développe. Cela peut se réaliser par une solidarité économique qui peut être une fusion entre les entreprises de même activité.
« Il nous faut une révolution culturelle comme la solidarité économique pour affronter le marché non seulement national mais aussi international », conclut Christian Rajaosafara.
Entreprendre au féminin
La création d’une entreprise n’est pas réservée seulement à l’homme. Face à la mondialisation, de nombreuses femmes occupent des places importantes dans le monde des affaires. Pourtant à Madagascar, le nombre de femmes qui dirigent les entreprises sont rares.
« Le problème se situe au niveau culturel et économique. La société malgache est conservatrice, elle n’accepte pas les femmes comme leader. Au niveau économique, les femmes ont de l’initiative mais elles ne savent pas de quoi on développe l’entreprise », explique Mireille Ratsimbazafy, un formatrice de Build your business.
En fait, les femmes souhaitent une aide de la part de l’Etat.
« Il faut que l’Etat nous aide financièrement pour développer nos entreprises, surtout les petites et moyennes (PME) qui existent depuis une dizaine d’années », ajoute Olivia Rakotonarivo Rakotoarisoa, membre d’Entreprendre au féminin de l’océan Indien (EFOI).
Échange d’expériences
La Maison de l’entrepreneuriat (MDE) est un lieu qui réunit tous les porteurs de projets mais aussi les entreprises qui peuvent les financer. C’est la porte qui s’ouvre vers la facilitation de l’entrepreneuriat.
« Il faut que les porteurs de projets prennent leurs responsabilités pour que leur projet soit un succès », affirme José Raserijaona, un responsable de la MDE.
Les adhérents bénéficient du coaching de la part de la MDE et ils peuvent échanger leurs expériences avec les différents partenaires de MDE.
« C’est un lieu où le porteur de projet rencontre différents partenaires. Il peut tisser des liens avec eux », mentionne José Raserijaona.