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Bemiray –« Pour que la mer ne soit plus la limite de notre rizière »

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 En collant avec l’actualité, la 21è édition de la Conférence des parties (COP21), Tom Andriamanoro s’insurge contre certaines hypocrisies, surtout de la part des grands pays et de leurs dirigeants, par rapport au réchauffement climatique. Le passage de Koffi Annan à la tête des Nations unies est aussi évoqué.

Réchauffement climatique – Planète en péril !

Si la chaleur des grands-messes de retrouvailles entre Grands qui nous gouvernent pouvait faire baisser d’autant celle du climat, alors elles vaudraient réellement la peine d’être tenues. Malheureusement les populations, pourtant les premières concernées, manquent cruellement d’information et de repères, et continuent à être des artisans de leur propre destruction. Quant aux États eux -mêmes, beaucoup sont passés maîtres dans l’art de contourner des résolutions prises dans une euphorie souvent de façade. Sait-on pourquoi le poids moyen du zébu malgache a chuté de presque de moitié par rapport à ce qu’il était il y a vingt ans   L’exemple a beau rester au niveau du plancher des vaches, il n’est pas muet pour autant. Sir Nicholas Stern, ancien économiste de la Banque mondiale, a été le premier à prédire que le coût du réchauffement climatique pourrait atteindre 5 500 milliards d’euros, dépassant celui des deux guerres mondiales, et rendant inhabitable une grande partie de la planète…
En janvier 2007 déjà, un groupe d’experts issus de 113 pays réunis à Paris, a estimé à plus de 90% la probabilité d’une responsabilité de l’homme dans le réchauffement climatique par l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre. Cette certitude n’a jamais atteint pareil niveau. Ils prévoyaient entre autres, si rien n’était entrepris pour la contrer, une hausse des températures de 1,1 à 6,4°C sur l’ensemble du siècle. Quant à l’élévation du niveau des océans pour la même période, leur estimation se situe entre 18 et 60 cm, une majoration de 10 cm devant être prise en compte en cas d’aggravation de la fonte des glaces polaires. Leur rapport attribue également le renforcement de la puissance des ouragans et tempêtes tropicales au réchauffement climatique, avec une probabilité avoisinant les 50%. Dans la foulée et sous l’impulsion de Jacques Chirac, une quarantaine de pays se sont retrouvés, toujours à Paris, dans le cadre d’une « Conférence pour une gouvernance écologique mondiale », préconisant l’adoption d’une « Déclaration universelle des droits et devoirs environnementaux ». Le projet s’est heurté à la mauvaise volonté manifeste de certains pays émergents ne raisonnant qu’en termes de retard à rattraper, et des Etats-Unis enfermés dans leur mythe libéral. Aujourd’hui encore, malgré les bonnes dispositions du président Obama, les républicains ont clairement laissé entendre qu’en cas de victoire aux prochaines présidentielles, ils rejetteront toute résolution jugée contraignante de la Cop 21.
L’Indonésie est entrée en 2007 dans le livre des tristes records, en devenant le champion du monde de la déforestation, et le troisième plus grand émetteur de carbone après la Chine et les Etats-Unis. Il y a une trentaine d’années, l’île indonésienne de Bornéo était encore recouverte d’une épaisse forêt fournissant à profusion bois, gibier, plantes médicinales. Depuis, les bulldozers sont passés, ne laissant plus qu’étendues broussailleuses, champs de manioc, et plantations de caoutchoutiers. La vie en symbiose avec la forêt a été supplantée par d’autres valeurs véhiculées par les radios portables et les mobylettes. Le Brésil, autre pays émergent, est à la même enseigne en tant que quatrième plus grand émetteur de gaz à effet de serre du monde. 75% de ses émissions viennent des feux de forêt effectués dans l’Amazonie. Une fois de plus, les routes ont trahi leur réputation de vecteurs de développement, en amenant dans leur sillage des prédateurs qui ont noms compagnies forestières, minières, ou agricoles.

« Payez-moi… »
D’autres pays comme la R.D. Congo ont, par contre, demandé, sans rire et soi-disant dans l’intérêt de la planète, d’être dédommagés pour certaines activités économiques qu’ils ont accepté d’abandonner. « Payez-moi ou je laisse détruire mes forêts », en quelque sorte. Tout est prétexte pour soutirer des aides financières de la part d’un Nord qui, bien au fait des détournements, s’en laisse de moins en moins conter : « C’est oublier que l’assistance bilatérale ou multilatérale suit un cheminement complexe qui, schématiquement, peut se décrire comme un transfert de l’argent des pauvres des pays riches vers les riches des pays pauvres » ( Le Monde diplomatique, novembre 1981).
On comprendra que les fameux crédits « carbone » soient devenus la promesse de business du siècle. Pour Madagascar, on pourra citer le programme particulièrement ambitieux de protection de la forêt de Makira dans le Nord-Est, géré conjointement par Conservation International mandaté par le gouvernement malgache, et Wildlife Conservation Society. Une convention a ainsi été signée en 2005 avec …Mitsubishi lequel, en s’impliquant dans ce projet de conservation, compense ses émissions de gaz industriel, et satisfait du même coup aux exigences du Protocole de Kyoto, signé en décembre 1997 et entré en vigueur en février 2005.
Mais la transparence fait cruellement défaut : où en est-on actuellement, et avec quels résultats pour le pays   G.O.K (God only knows !) Pour la petite histoire, les Etats-Unis, qui émettent à eux seuls 30 à 35% du total de gaz à effet de serre anthropiques, ont décidé en 2001 de ne pas ratifier le Protocole. Contrairement à une idée très répandue enfin, les avions ne sont pas les plus grands pollueurs que l’on croit. Air France, par exemple, a une direction en charge de la qualité, de l’environnement, et du développement durable. La compagnie française s’est engagée, en 2008, en faveur de la lutte contre la déforestation à Madagascar. Cet engagement représente la contribution la plus élevée jamais versée par le secteur privé en faveur d’une action de conservation. La réalisation sur terrain a été confiée à WWF sur une surface totale de 500 000ha, représentant un potentiel de stockage de 60 à 70 millions de tonnes de carbone. Quant aux résultats, re-G.O.K …

Les principaux gaz à effet de serre

-le gaz à effet de serre le plus connu est le gaz carbonique, ou dioxyde de carbone (CO2), qui provient essentiellement de la combustion des énergies fossiles et de la déforestation.
-Le méthane (CH4) est essentiellement produit par l’élevage des ruminants, les décharges d’ordures ménagères, les exploitations pétrolières et gazières.
-Les halocarbures HFC ( hydrofluorocarbones) et PFC ( hydrocarbures perfluorés) sont les gaz réfrigérants utilisés dans les systèmes de climatisation et la production de froid, et les gaz propulseurs des aérosols.
-Le protoxyde d’azote, ou azote nitreux (N2O), provient de l’utilisation des engrais azotés et de certains procédés chimiques.
-L’hexafluorure de soufre (SF6) est utilisé notamment dans les transformateurs électriques.

La production et l’utilisation de l’éthanol se trouvent à un stade avancé à Madagascar.

Énergie verte – Les biocarburants de la discorde

Selon les prévisions, la population mondiale à nourrir se situerait aux environs de 9 milliards en 2050. C’est pourquoi la FAO n’a jamais fait mystère de son inquiétude concernant l’utilisation des terres et de l’eau, en proie à une concurrence grandissante entre cultures vivrières et cultures énergétiques. Elle est relayée par une partie non négligeable de l’opinion publique de nombreux pays, laquelle est d’avis que les productions agricoles devraient être prioritaires.
Dans le domaine de l’automobile, l’idée d’un biocarburant moins polluant que son équivalent fossile a été remise en question par une série de tests sur bancs. L’intérêt écologique du bio ne vaut, en fait, réellement que si l’on prend en compte la totalité de la chaîne de production, cultures comprises. Dans ce cas seulement, les émissions de CO2 sont jugées inférieures de 35% à celle d’un carburant classique. En dehors du CO2, les biocarburants n’ont pas grand-chose de révolutionnaire. Leur exploitation sous-entend même un prix parfois lourd à payer, telle que la déforestation ou d’autres choix pénalisant l’agriculture.
Concernant l’éthanol, l’exploitation à grande échelle, et aux fins exclusivement énergétiques de la canne à sucre, du colza, ou encore du palmier, risque de créer des problèmes environnementaux plus qu’elle n’en résout. Leur monoculture industrielle ne milite pas en faveur d’un environnement sain, car exigeant l’utilisation de produits comme les pesticides et autres intrants chimiques pas toujours favorables aux sols, aux nappes phréatiques, et à l’environnement en général. A Madagascar, la solution médiane représentée par le « toaka gasy » revient périodiquement sur le tapis. Selon le Centre national de recherche technologique et industrielle, ce tord-boyaux prohibé peut être considéré comme un biocarburant, avec un taux d’éthanol oscillant entre 50 et 70%. Il pourrait donc servir, au moins, à la cuisson des aliments à la place du charbon de bois, avec néanmoins le risque bien réel de transformer les cuisines en bars clandestins, et les dérapages vers une criminalité déjà plus qu’inquiétante …
Le jatropha serait donc l’énergie verte par excellence. Le rapport d’un seul hectare peut se chiffrer en plusieurs millions d’ariary pour nos paysans selon qu’ils soient dans le Sud-Est ou le moyen Sud. Autre avantage et non des moindres, le jatropha peut pousser à l’état sauvage, comme c’est le cas dans des pays comme Madagascar ou l’Inde, et même sur des terres arides ou désertiques. Il n’est donc pas à priori une menace pour les terres cultivées ou cultivables. Une chose est sûre : pour quelque raison que ce soit, il n’est pas sans danger de changer de cap et revenir aux cultures vivrières sur un sol préalablement utilisé pour l’industriel. Aux Etats-Unis, il a une fois été détecté du riz contenant des doses, infimes certes, mais réelles, d’arsenic. Il avait été planté sur d’anciens champs de coton exploités à grande échelle…

Tom Andriamanoro

 

 


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