Un réseau de transport fiable dans un pays constitue un élément déterminant pour son développement social et économique. Pour le cas de Madagascar, le réseau routier national est de faible densité, bien qu’il soit étendu, et demeure dans un état précaire.
La route joue un rôle important dans l’essor socio-économique d’un pays. Optimisant la mobilité, les échanges commerciaux, l’accès à l’emploi et aux services sociaux de base, entre autres, la majorité des activités économiques en dépendent, notamment, le tourisme et le commerce. Conscients de cette situation, les grandes puissances européennes, les États-Unis, les pays émergents comme l’Afrique du Sud, l’île Maurice, ont mis un accent particulier sur leurs réseaux routiers. C’est d’ailleurs l’une des raisons expliquant leur essor phénoménal. En ce sens, trois axes principaux sont à considérer. D’abord, les routes internationales qui permettent le développement des échanges commerciaux, et la réduction des coûts de transport. Dans un second temps, les réseaux urbains représentant une importance capitale dans la réduction du coût de la vie, la diminution des accidents de la route, ainsi que la fluidité des activités économiques. Enfin, les routes rurales favorisent le désenclavement des zones de production, améliorent l’écoulement des marchandises vers les villes, réduisant ainsi les coûts de transport et facilitant l’accessibilité aux marchés des produits agricoles.
Éternel défi. La majeure partie du réseau routier du pays affiche un état de dégradation avancée. En 2014, les statistiques officielles montrent que seulement 10% des routes tracées sont praticables, 28% sont dans un état moyen, et 64% restent quasi inutilisables. Sensibles aux catastrophes naturelles, les routes et les ouvrages d’art accusent des dégâts importants. Des villages, parfois des régions, sont alors régulièrement enclavés.
Étant ramifié et non maillé, toute coupure du réseau national entraîne, nécessairement, l’enclavement de toute la partie en aval. S’y ajoutent les délabrements découlant de la crise et bien évidemment de l’appauvrissement de la population. D’un autre côté, l’augmentation du trafic, et l’insuffisance de réhabilitation fragilisent également les infrastructures routières. En raison de l’accroissement du nombre de véhicules et la pratique généralisée des surcharges, les budgets destinés à l’entretien routier augmentent, alors que les ressources nationales qui y sont allouées demeurent insuffisantes. Un responsable au sein du ministère des Travaux publics, joint au téléphone, affirme que « le coût de construction d’un kilomètre de route bitumée est de 2,5 millions d’ariary environ ».

Le mauvais état de la route est souvent la cause de l’enclavement de certaines régions pendant la saisondes pluies.
Source d’inflation
À chaque fois, la population subit les conséquences. Un mauvais réseau routier ou un manque de routes a un effet néfaste sur les activités économiques et les conditions de vie des populations. Aussi, un réseau routier mal entretenu, entraîne-t-il une augmentation du coût de transport, lequel conduit à son tour à l’augmentation des prix des produits alimentaires. Celle-ci est source d’inflation, avec pour conséquence, la diminution du pouvoir d’achat des populations. Il est donc certain qu’investir dans les routes pourrait avoir un impact positif sur les conditions de vie des populations que ne le ferait une augmentation des salaires. D’après une étude de la Banque mondiale, le coût de transport dans les pays en voie de développement est environ le triple de celui des pays développés qui disposent d’un réseau routier important et bien entretenu.
Blocage
L’insuffisance d’entretien des infrastructures de transport terrestre est aussi un facteur de dégradation des routes. Il impacte largement le développement économique. En effet, il constitue un blocage de croissance pour les entreprises. Un rapport de la Banque mondiale stipule que le coût excessif du transport terrestre pénalise les opérateurs. L’arrêt des investissements durant la crise, n’a pas permis à l’État de disposer de budget suffisant pour l’entretien des routes.
Risques d’accident
Recrudescence des accidents. Le mauvais état des routes figure parmi les principaux facteurs d’accidents mortels à Madagascar. D’un autre côté, il ne se passe pas un jour sans que l’on entende parler d’attaques perpétrées sur les routes nationales et même sur celles de la Capitale.
« À cause des infrastructures pourries du réseau national, nous sommes obligés de rouler bien en-dessous de la vitesse moyenne recommandée. Or, les malfaiteurs en profitent pour nous bloquer et piller les voyageurs », dénonce un transporteur.
Le rôle de l’État et les normes
80% des dégâts des inondations de cette année sont réparés et les travaux pour les 20% restants sont en cours, a annoncé un responsable du ministère des Travaux publics, hier. Pour faire face à la prochaine saison des pluies, le département ministériel a reçu un pont modulaire de 40 mètres, facile à transporter, ainsi que d’autres ponts de 120 mètres au total. Par ailleurs, sur les routes nationales, des mesures strictes ont été prises, afin d’éviter la dégradation rapide des infrastructures, en été. D’après un représentant du ministère, les usagers ne doivent pas utiliser des véhicules dépassant le poids autorisé.
Selon le rapport d’activités du Fonds d’entretien routier (FER), 280 km de routes sont détruites chaque année, et il n’existe plus que 30 000 km praticables sur les 50 000 km de routes existantes à Madagascar. En outre, selon les normes en termes d’infrastructures, la durée de viabilité d’une route, après réhabilitation, est de dix à vingt ans. Mais, cette situation réduit cette durée à sept ans. Par conséquent, le budget alloué aux constructions routières reste insuffisant, ce malgré la redevance d’environ 7% sur le prix du litre de carburant, perçue par le FER en vue de l’entretien routier.
Textes : Sandra Miora Hafalianavalona et Soa-Mihanta Andriamanantena
Photos : Mamy Maël – Vero Andrianarisoa – Archives