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Festivités – Noël moins fêté à Antsiranana

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La fête de la Nativité n’a pas tellement la cote à Antsiranana, où la religion musulmane est plus suivie. D’autant plus que les gens se réservent pour la Saint-Sylvestre et le réveillon de fin d’année pour faire la bombe.

Comme chaque année, le mois de décembre est synonyme de fêtes, mais dans la capitale du Nord, Noël est timidement marqué par rapport à la Saint-Sylvestre et le Nouvel An. En fait, l’ambiance n’était guère à la fête, du moins jusqu’à hier. Les habitants vaquent à leurs activités comme si de rien n’était.
Les préparatifs y afférents ont été ainsi  timides et sobres dans beaucoup de domaines. À l’exception des écoles qui ont fêté la Nativité dans la tradition et la coutume plus ou moins chrétiennes.
Quelques hypothèses sont avancées pour expliquer la situation. Les uns argumentent sur la question religieuse car la ville d’Antsiranana est apparemment dominée par la religion musulmane, tandis que les autres raisonnent sur les habitudes de la population. Depuis des lustres, seules la fête du Nouvel An et la fête nationale du 26 juin attirent et motivent le plus les « Antankarana ». En fait pour eux, ce sont les plus grandes fêtes de l’année et ils osent  dépenser beaucoup d’argent pendant  ces jours festifs.
Mais, comme il s’agit d’une fête familiale, une frange de cette population, même les musulmans, marquent la fête de Nativité à leur manière. Pour ces derniers, Noël est un jour de repos, une journée d’ambiance et de plaisir, la fête des enfants avec le père Noël, ainsi qu’une occasion de faire la fête dans les bars et les restaurants de la ville et  de partager avec les proches des moments festifs et gourmands par des repas conviviaux, des brochettes-parties, par des distributions et dégustations de biscuits et de chocolat.

Les enfants adorent particulièrement  le moment de distribution de cadeaux de la part  du père Noël

Les enfants adorent particulièrement le moment de distribution de cadeaux de la part du père Noël

Nativity play
Cette année, la plupart des écoles privées de d’Antsiranana ont fêté Noël au cours des deux dernières semaines du mois de décembre. Cas similaire pour les entreprises, les ONG, les associations ou autres. Comme ailleurs, ils ont donné satisfactions aux enfants des personnels et des membres respectifs en leur distribuant des jouets et des cadeaux.
Dans de nombreuses écoles publiques et privées, surtout au niveau du primaire, la « Nativity play », mise en scène théâtrale de la naissance du Christ, reste un événement important du calendrier scolaire. Comme chaque année, la plupart des écoles organisent des prestations ludiques pour marquer l’évènement. Même les enfants des Indo-pakistanais, censés être de religion musulmane, n’hésitent  pas à participer aux festivités proposées.
Pour les Églises chrétiennes, certes, la doctrine et la théologie diffèrent, mais la formule reste la même. L’origine religieuse de la fête n’est pas oubliée. Depuis presque un mois, elles ont préparé les enfants à monter des spectacles de chants, de danses et de récitations lors de la journée du 25 décembre. En outre, elles sont unanimes sur la formule « Arbre de Noël », la veillée de prière et la messe de minuit pour le 24 décembre, tout en invitant toutes les communautés chrétiennes à prier en faveur de la vie naissante.

De timides préparatifs

Les préparatifs sont timides dans beaucoup de foyers antsiranais pour cause de faible pouvoir d’achat. Ainsi, peu nombreux ont participé à l’illumination de leurs habitations. Plusieurs parents témoignent avoir instruit leurs enfants sur la médiocrité de la situation financière actuelle de leurs familles. D’autres, par contre, ont serré la ceinture pour célébrer solennellement les fêtes.
Interrogés à ce sujet, une quadragénaire, mère de sept enfants, affirme être trop préoccupée à subvenir aux besoins quotidiens de la famille pour se plonger dans des préparatifs coûteux.
« Nous ne pouvons pas dépenser plus que nous gagnons. Les enfants comprennent la réalité et ils attendent des jours meilleurs pour fêter les fêtes de fin d’année comme il se doit », confie-t-elle.
Une autre frange de la population d’Antsiranana se dit prête, cependant, pour les festivités. Mais au prix d’énormes sacrifices selon les témoignages recueillis.
« Noël, la Saint-Sylvestre et le Nouvel An, constituent des occasions qui ne se présentent qu’une seule fois tous les ans, et les enfants se réjouissent toujours pour faire la fête avec leurs amis et leurs parents. Nous avons déjà acheté des habits neufs, des jeux ainsi que du riz et des vivres frais pour eux. Auparavant, on a essayé de se serrer la ceinture pour leur offrir une belle fête de Noël », explique Saida, une mère de trois enfants rencontrée dans un shop de la rue Colbert.

Comme d’autres grandes villes, Antsiranana a instauré un bazar de Noël pour les fêtes de fin d’année.

Comme d’autres grandes villes, Antsiranana a instauré un bazar de Noël pour les fêtes de fin d’année.

Fête de fin d’année – Les marchés se préparent

D’une manière générale, le côté commercial des fêtes de fin d’année a pris le dessus. Les marchands ambulants avec diverses marchandises ont  sillonné les artères de la ville d’Antsiranana. Les trottoirs sont  envahis par des petits commerçants informels. D’un seul coup d’œil, les vitrines des boutiques des bords de rue ou au marché sont décorées sur différents thèmes. En outre, un grand magasin de jouets et d’articles pour enfants vient d’ouvrir ses portes.
Au Bazarikely, malgré la flambée des prix, la vente de volailles est dominante. Suite à la consommation de sardinelles toxiques qui a tout dernièrement tué huit personnes, la population évitent autant que possible de consommer du poisson. Aussi, les poissonniers sont ils obligés de brader leurs marchandises.
Pour sa part, la commune urbaine d’Antsiranana a pris l’initiative de transformer le jardin  historique de la Place Foch en marché de Noël. Des stands y sont installés. Une initiative non appréciée par des parents qui sont habitués, chaque année, de se promener dans ce jardin avec leurs enfants pendant l’après-midi de Noël. Mais selon les responsables municipaux, participer au marché de Noël constitue un moyen de dynamiser, voire redynamiser le commerce de proximité, un savoir-faire, un service.
De fait, l’on a quand même constaté que l’ambiance n’est pas la même dans la capitale du Nord. Un grand engouement est observé dans quelques rues et quartiers du centre-ville. Les agences de transfert d’argent sont remplies de personnes qui viennent, pour la plupart, toucher l’argent envoyé par les membres de leurs familles vivant à l’étranger. Selon un employé d’une agence de transfert de fonds, cette situation est effectivement observée à la période des fêtes de fin d’année. Devant  les distributeurs automatiques des banques, de longues files d’attente sont visibles depuis quelques jours.
Sur la rue Colbert surnommée la Rue des riches, les magasins sont investis par des parents accompagnés de leurs enfants pour faire des emplettes de Noël. Ils ont sillonné les magasins et les boutiques en quête, notamment, d’habits, de jouets ou d’autres produits.

Le réveillon risque d’être perturbé par la pluie.  

Le réveillon risque d’être perturbé par la pluie.

Par contre, d’autres endroits de la ville d’Antsiranana, comme la rue Justin Bezara, ou le Point-six, sont fréquentés. De nombreux commerçants de la place se plaignent des maigres recettes qu’ils ont réalisées cette année par rapport à celles des années antérieures. Un vendeur d’articles de décoration et de jouets affirme que ces produits s’écoulent d’habitude facilement en cette période. Ce qui n’était pas le cas, cette année.
« Nous vendons toujours des jouets. Mais en cette fin d’année, la vente est morose. Dès que les gens prennent connaissance des prix, ils disent qu’ils n’ont pas assez d’argent et ils sortent vite du magasin. Je ne veux plus refaire le stock, de peur qu’après la fête de Noël, je reste avec des invendus sur les bras », a-t-il expliqué.

Les à-côtés

Côté sécurité, les forces de l’ordre ont déjà commencé la patrouille de routine depuis quelques jours. Les riverains ont constaté la présence effective d’éléments mixtes dans quelques quartiers de la ville d’Antsiranana.
Comme Noël est aussi un moment de partage, la région Diana a pris l’initiative de venir en aide aux détenus. En effet, le chef de région Eddie Tongazara a fait un déplacement à la Maison Centrale d’Antsiranana pour leur apporter des produits alimentaires, du riz et de la viande de bœuf.

Textes et photos : Raheriniaina

 


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