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D’Analamanga à Antananarivo – Une ville d’accueil, de découvertes et d’échanges

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Comme toute métropole, Antananarivo est riche d’une histoire qui se plaît à être contée à toutes les générations. Des siècles d’histoire pour la ville des Mille

Une ville qui semble s’être figée dans le temps, tout aussi bien réputée pour son folklore que la cacophonie ambiante qui l’anime. Antananarivo ou la ville des Mille intrigue autant qu’elle passionne, s’affirmant comme l’une des grandes métropoles de l’Afrique sub-saharienne également. Capitale de la Grande ile, elle a traversé différentes périodes, et des évènements majestueux mais aussi tragiques, … dont témoignent les divers patrimoines historiques et architecturaux qui égayent ses quartiers, mais surtout sa haute ville, la vieille cité.
De ses belles maisons en briques à ces maisons traditionnelles dites « Trano gasy », héritage de la période coloniale et métisses de style victorien, des hautes bâtisses à toit à pente forte aux belles demeures d’antan, délaissées pour la majorité, l’architecture de la ville illustre la splendeur de ce qu’a dû être Antananarivo
autrefois. La capitale du pays du « Moramora » reste en constante évolution bien qu’elle soit toujours en ébullition et resplendissante de  vivacité à travers ses habitants.

Jean Pierre Domenichini, anthropologue et historien.

Jean Pierre Domenichini, anthropologue et historien.

« Dix siècles d’histoire »

Anthropologue et historien émérite, Jean Pierre Domenichini se plaît toujours à narrer les fondements même d’Antananarivo, qui est également chère à son cœur. Jean Pierre Domenichini a déjà exposé quelques bribes de cette histoire de la ville des Mille dans le cadre d’une grande exposition à l’Institut français de Madagascar en mars 2013. Sobrement intitulé « Tranche de ville, tranche de vie, tranche d’histoire », l’exposition a mis en avant des textes, des images, des études scientifiques tout en ralliant artistes, chercheurs et férus d’histoire. Véritable encyclopédie de l’histoire de l’Imerina, l’anthropologue a ainsi tenu à partager dix siècles de l’histoire de la ville des Mille. Dix siècles de divergences, mais aussi dix siècles de « Fihavanana » dans le cœur de ce qui fut encore alors Analamanga. « Bien avant d’être celle qu’on connait actuellement, la capitale était l’antre même de l’histoire de Madagascar. Là où la monarchie malgache régnait et là où l’essence même de l’histoire du pays a vu le jour », confie Jean Pierre Domenichini.

Sous la colonisation, le lac Anosy était doté d’un petit port.

Sous la colonisation, le lac Anosy était doté d’un petit port.

« De la forêt bleutée à la ville des Mille »

En Imerina, les premiers habitats perchés et entourés d’un fossé datent des IXe et Xe siècles comme Ambohimanana près d’Andramasina. Ils se multiplièrent au XIIIe siècle avec l’intensification des activités agricoles. Avec le Betsimitatatra à ses pieds, Analamanga, comme l’appellent les traditionalistes, qui devint ensuite Antananarivo, fut une cité princière importante à l’époque des rois Vazimba. C’était l’époque de l’Ankova et du Manjakahova, le temps des princes et seigneurs « Hova ». « Analamanga était encore, en grande partie, couverte d’une forêt, ses princes avaient leur  palais au sommet le plus haut du chaînon rocheux, à Ambohimitsingina. Pour protéger cette cité, des fossés et des portes avaient complété les escarpements naturels », raconte Jean Pierre Domenichini. Au XVIe siècle, les princes créèrent l’Imerina en unifiant les terres de petites principautés  antérieures. La petite Imerina d’Andriamanelo d’Alasora, où il planta les fameux « Amontana et aviavy, les nouveaux ficus emblématiques des Andriana, devint l’Imerina de Ralambo  d’Ambohidrabiby. Andrianjaka, fils de Ralambo, fit reconnaître ses droits sur Anjalamanga et  en fit Antananarivo qu’il surnomma à ses débuts la ville du peuple. »

Les différentes entrées de la vieille cité sont faites de pierres, à l’exemple  de la vieille porte  de pierre couverte d'Ambavahadimitafo.

Les différentes entrées de la vieille cité sont faites de pierres, à l’exemple de la vieille porte de pierre couverte d’Ambavahadimitafo.

La naissance de la capitale

Fin XVIIe siècle, la population ayant augmenté, Andriamasinavalona créa un nouveau lac sacré ou « Dobon’Andriana » à Ambodinandohalo, fit d’Andohalo la place des discours et proclamations en y installant une nouvelle « Vatomasina » pour les consécrations royales, et la nomma Antananarivondahy. Vers le début XIXe siècle, la ville est devenue la capitale du Royaume de Madagascar et  s’étendit dans les quartiers d’Ambohipotsy, de Faravohitra, d’Ambatonakanga et d’Isoraka. « Radama Ier la nomma ainsi officiellement Antananarivo et y fit creuser le lac d’Anosy tout en créant à Mahamasina, la place des revues militaires et des consécrations royales.  Ranavalona Ire, pour sa part, fit construire en bois le lapa de Manjakamiadana. S’ensuivirent les règnes de Rasoherina et de Ranavalona II, durant lesquelles la ville commença à prendre sa physionomie moderne », souligne Jean Pierre Domenichini. Sous Rasoherina, furent construits les temples mémoriaux des  persécutions, sous Ranavalona II, la cathédrale catholique d’Ambodinandohalo et la  cathédrale anglicane d’Ambohimanoro. C’est en 1868 que Ranavalona II autorisa la construction de maisons en briques et,  pour Antananarivo, rendit même obligatoire que toutes les maisons aient une couverture en tuiles d’argile dans le septennat qui suivait.

Textes : Jean Pierre Domenichini – Andry Patrick Rakotondrazaka
Photos : ANTA – Fournie


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