Bien qu’elles soient un élément essentiel au développement, les activités topographiques restent méconnues pour la grande majorité de la population. Les Malgaches rechignent à y faire appel.
Dans l’ombre. « Les gens ignorent parfois le rôle de la topographie, Alors, ils ne consultent les responsables au sein du service de la topographie que lorsque des problèmes surgissent, comme les conflits concernant la répartition de terrains. La méconnaissance de la topographie crée des litiges fonciers », constate un technicien de la direction générale des services topographiques.
Pourtant, depuis la préparation des dossiers domaniaux jusqu’à l’obtention des titres, tout doit passer sous l’œil vigilant d’un spécialiste de la topographie. De fait, les missions des services topographiques sont nombreuses. On peut citer l’exécution et le contrôle des travaux techniques d’immatriculation de la propriété foncière et du cadastre, en application de la législation en vigueur, la délimitation des parcelles et des domaines publics, ainsi que les circonscriptions administratives ; le rétablissement des limites de propriété, les travaux topographiques divers, l’établissement des cartes touristiques et thématiques, la prise de vues aériennes et l’établissement des plans topographiques à grande échelle. Les services topographiques entreprennent aussi des études et des recherches dans les domaines de leur spécialité, ainsi que dans les domaines annexes ou connexes. Ils effectuent les travaux de lotissement au sol et en copropriété, assurent la production, l’entretien et la diffusion de l’information foncière. Cette dernière mission est étroitement liée aux services des Domaines.
Réticence
Un secteur qui ne suscite pas l’intérêt du public. Parmi les principaux blocages liés aux services de la topographie, le tarif pratiqué se trouve en tête de liste.
« Les frais relatifs aux diverses procédures nécessitant les compétences d’un topographe sont conséquents », affirme Tovo Rakotonirina, un technicien du service d’appui aux plans locaux d’occupation foncière de la direction des services topographiques.
S’y ajoute la méfiance des clients en ce qui concerne les résultats délivrés par ce secteur spécialisé.
« Personnellement, je pense que les données fournies par le service topo ne sont pas très fiables », souligne Haingo, un visiteur du Salon de la topographie qui s’est tenu sur le parvis de l’Hôtel de ville d’Analakely du 26 au 28 août derniers.
Ce scepticisme semble découler de la vétusté du matériel utilisé.
« Les équipements mis à la disposition des topographes datent parfois d’une centaine d’années. Le service topo a besoin d’innovations, d’appareils modernes », déplore un responsable au sein de la direction des services topographiques du ministère d’État en charge des Projets présidentiels, de l’aménagement du territoire et de l’équipement.
Un problème que le ministre de tutelle n’a pas omis de mettre en lumière lors de la cérémonie d’ouverture du Salon de la topographie.
« La topographie nécessite des outils de pointe », a-t-il affirmé.
Ce sont autant de raisons qui amène les gens à se détourner de ce service public.
Corrélation avec les Domaines
La topographie et le service des domaines vont de paire. Avant que les acteurs de la topographie puissent opérer, les dossiers d’acquisition d’un terrain doivent passer par le service des Domaines.
Dans une procédure de mutation, toute la paperasse est déposée auprès de bureau sis à Anosy. Vous recevez alors un récépissé sur lequel le numéro de dépôt de votre dossier figure. À partir de ce moment, il suffit de passer autant de fois possible pour suivre l’évolution du dossier.
« Le client dispose de six mois pour la vérification de son dossier auprès du service des domaines. Au-delà de ce délai, les dossiers sont classés », déclare Tovo Rakotonirina.
Ce n’est à partir de là que le dossier est transmis au service topographique communément appelé « Topo » pour le bornage et l’établissement de votre nouveau plan. Il s’ensuit le rendez-vous avec les géomètres du service topo qui procèderont au bornage du terrain.
Un moteur de développement
La topographie est toujours en amont de tout projet technique de développement de grande envergure.
« Tout grand projet tel qu’Ambatovy débute nécessairement par des activités topographiques », affirme Jean Francis Rakotoanosy, président de l’Ordre des géomètres experts de Madagascar, lors de la première journée du salon de la topographie, à l’Hôtel de ville d’Analakely.
En outre, pour un pays regorgeant d’une immensité de ressources comme la Grande île, la topographie est une technique incontournable pour une meilleure exploitation de ces richesses.
« La fonction topographique, c’est ce qu’on peut voir à vol d’oiseau, à savoir les routes, les lacs, les rivières, les infrastructures, les bâtiments. Plus précisément, tout ce qui sert à nous localiser et à localiser les ressources, et avoir une petite idée de ce qu’on peut faire avec ces ressources-là, comment les transporter ou y accéder», souligne Hanta Andria, ingénieur environnementaliste.
Textes: Sandra Miora Hafalianavalona et Soa-mihanta Andriamanantena
Photos: Mamy Mael – AFP