Avec la conclusion du programme de Facilité élargie de crédit (FEC) avec le Fonds monétaire international (FMI), le gouvernement ne cache pas son optimisme et affiche de grandes ambitions pour 2017. Il prévoit une hausse de 78% du financement externe des PIP.

Marshall Mills(à g.), chef de mission du FMI prévient que la mise en œuvre de l’accord conclu entre Madagascar et le Fonds sera évaluée en mars.
De grandes ambitions pour 2017. Sûr de gagner la confiance des bailleurs de fonds, et de se voir ainsi doté le maximum d’aides, le gouvernement prévoit une hausse particulièrement importante du financement externe du Programme d’investissement public (PIP) en 2017.
Dans un document remis à la société civile lors de l’un des ateliers consultatifs, dans le cadre de l’élaboration de la loi de finances 2017, le gouvernement table sur une augmentation de plus de 930 milliards d’ariary des aides extérieures affectées au PIP, soit une hausse de 78,4%. De 1 189 milliards d’ariary selon la loi de finances rectificative de 2016, les prévisions de financement externe du PIP pour 2017 sont de 2 121 milliards d’ariary.
À première vue, les prévisions du gouvernement ne paraissent pas aussi irréalistes qu’elles n’en ont l’air. Avec la conclusion en juillet de l’accord sur la Facilité élargie de crédit (FEC) avec le Fonds monétaire international (FMI), et la tenue en décembre de la conférence des bailleurs et des investisseurs, 2017 devrait enfin être l’année des décaissements et des déblocages des aides promises par les partenaires techniques et financiers depuis 2014.
Il en est, par exemple, ainsi de la première tranche des aides au développement octroyées par l’Union européenne dans le cadre du 11è Fonds européen du développement (FED). Jusqu’ici, sur les 518 millions d’euros prévus sur cinq ans, l’Europe n’a encore débloqué qu’environ 100 millions d’euros, dont une grande partie a été accordée sous forme d’aide budgétaire. D’autres bailleurs n’ont pas non plus encore débloqué certaines aides qui avaient été prévues pour 2016, et les autorités espèrent que ces appuis seront effectifs en 2017 pour financer leurs programmes d’investissement public.

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« Reliquats »
En 2016, selon un document publié par le secrétariat technique permanent pour la coordination de l’aide (STPCA), les autorités avaient tablé sur plus de 560 millions de dollars (environ 1 792 milliards d’ariary) de financement externe, mais jusqu’ici, elles n’ont réussi à faire décaisser qu’un peu plus de 175 millions de dollars (environ 560 milliards d’ariary). Elles misent donc sur les « reliquats » d’environ 385 millions de dollars (environ 1 232 milliards d’ariary) pour étoffer le budget 2017 et financer ainsi les PIP.
Les choses ne s’annoncent pourtant pas aussi faciles, et rien n’assure que les fonds qui n’ont pas été débloqués en 2016 le soient en 2017. Le gouvernement doit encore convaincre les partenaires techniques et financiers lors de la conférence des bailleurs qui se tiendra à Paris en décembre. Il doit notamment présenter une liste de ses projets avec des détails et des échéanciers clairs qui sauront convaincre les bailleurs de fonds. Et si le test de décembre 2016 est réussi, il doit encore s’assurer que l’évaluation de la mise en œuvre du programme FEC qui sera faite par le FMI en mars soit satisfaisante.
Des mauvais points dans la mise en œuvre des réformes convenues avec le FMI risquent de faire reculer les autres bailleurs. Le non-respect de certains principes démocratiques pourrait également réduire les fonds octroyés par certains bailleurs. En 2015, l’Union européenne n’a octroyé que 11,5 millions d’euros sur les 13 millions d’euros de reliquat d’aides budgétaires pour deux petits points que les autorités n’ont pas remplis.

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En hausse, en baisse
Dans ses prévisions à inscrire dans le budget de 2017, le ministère des Finances prévoit une augmentation des dépenses de 13,5% par rapport à 2016. Ces dépenses concerneront particulièrement les biens et les services, car pour 2017, les transferts et les subventions devront plutôt connaitre une baisse.
Ainsi, les dépenses affectées aux biens et services connaîtront une hausse de 35,5%. Outre la prise en compte de l’inflation, les sommes supplémentaires serviront, entre autres, à promouvoir une administration de proximité et à préparer les élections. Elles seront également affectées aux institutions responsables des secteurs sociaux.
Les transferts et les subventions, pour leur part, connaîtront une baisse de 9,9% dans la mesure où les subventions aux pétroliers et aux transporteurs seront arrêtées tandis que les subventions octroyées à la Jirama seront réduites de 50 milliards d’ariary. De 300 milliards d’ariary en 2016, celles-ci ne devraient plus être que de 250 milliards d’ariary pour 2017.
Une croissance de 4,5%
Lors des premières discussions dans le cadre de l’élaboration de la loi de finances de 2017, le gouvernement table sur une croissance de 4,5% en 2017, contre 4,1% dans la loi de finances rectificative de 2016. Le taux d’inflation en glissement annuel est prévu être contenu à 7,1%, comme ce fut le cas en 2016. Le taux de pression fiscal est prévu s’élever à 11% contre 10,8% dans les prévisions pour 2016. En termes de recettes, le ministère des finances escompte une augmentation de 13,5% des recettes fiscales, et une hausse de 13,7% des recettes douanières.
Textes : Lova Rabary-Rakotondravony
Photos d’archives de l’Express de Madagascar