Le secteur Énergie est l’un des secteurs les plus problématiques du pays. Alors qu’il devrait être l’un des piliers de son développement.

L’électrification rurale sera basée en partiesur les mini-réseaux alimentés
par une production d’électricité hydraulique.
Le gouvernement avait adopté en 2015 une Nouvelle Politique de l’Énergie (NPE) censée « répondre aux défis d’urgence économique, sociale et environnementale du pays » sur la période 2015-2030. Le Groupe Réflexion Énergie (GRE) avait été consulté dans l’élaboration de ce document-cadre qui concerne trois sous-secteurs (Électricité, Biomasse et Hydrocarbures), et avait fourni plusieurs recommandations dont certaines transparaissent dans le texte final.
Le GRE procède actuellement à un premier bilan de l’application de la NPE. Dans l’attente des résultats de cette étude, il propose aujourd’hui au public de découvrir les grandes lignes de cette politique.
La stratégie de mise en œuvre de la nouvelle politique fixe des défis au niveau des trois sous-secteurs que sont la biomasse (production et utilisation), l’électricité, et les hydrocarbures, selon les principes suivants:
1. La valorisation du capital naturel et la préservation de l’environnement notamment à travers l’appui à la gestion durable de la filière bois-énergie;
2. L’accès à l’Énergie durable pour tous grâce au développement d’un plan d’électrification des communautés rurales, périurbaines et urbaines, ainsi que le recours et combinaisons de différentes technologies et systèmes d’énergies renouvelables selon le principe du moindre coût;
3. L’assurance d’une sécurité et indépendance énergétique du pays à travers la diversification du mix énergétique et la réduction des importations d’hydrocarbures, ainsi qu’une exploitation des ressources énergétiques locales notamment celles d’origine renouvelable ;
4. L’adaptation et le renforcement du cadre réglementaire et institutionnel et de l’environnement des affaires pour atteindre la vision de la NPE en assurant une coordination efficace entre les différentes entités impliquées, notamment les ministères associés à la dynamisation du secteur de l’énergie, ainsi que les partenaires publics et privés.
5. Le financement pérenne des besoins énergétiques au moyen de mécanismes financiers portés par les utilisateurs, le secteur privé et les partenaires publics, ainsi qu’une rationalisation du budget public consacré au secteur.
Les objectifs quantitatifs indicatifs, que les parties prenantes du secteur ont été définis lors des consultations pour l’élaboration de la NPE, sont les suivants :
• Un taux d’accès à une source d’éclairage moderne (c’est-à-dire par une connexion électrique, un panneau solaire, ou une lampe solaire) de 70%, contre 15% au moyen de 2 500 MW installés supplémentaires par rapport à 2015;
• Un taux de pénétration des foyers de cuisson améliorés (c’est-à-dire les foyers améliorés au bois de chauffe ou au charbon de bois, au GPL, à éthanol, à briquettes, ou autres alternatives au charbon et au bois) de 71%, contre moins de 4% aujourd’hui, l’application de techniques de transformation performantes (100% du bois certifié d’origine durable est transformé par des meules de carbonisation avec un rendement supérieur à 20%), et un programme de reboisement à vocation énergétique.
• Un taux de pénétration d’équipements d’efficacité énergétique pour les utilisations thermiques commerciales et industrielles de 60%, alors que ces équipements sont largement absents de Madagascar aujourd’hui.

Le charbon vert et le foyer économique permettent
de préserver les forêts.
Moyens de mise en œuvre
Entre autres mesures, un cadre réglementaire général des énergies renouvelables sera mis en place et mettra l’accent sur : la diversification des ressources ; la production, le transport, le stockage et la distribution ; les procédures de passation de marché, les institutions responsables de leur gestion et la tarification ; le démantèlement des installations et la gestion des déchets ; les instruments et moyens de promotion, tels que l’appui à la recherche, l’utilisation de systèmes hybrides et la mise à disposition du secteur d’instruments financiers adaptés.
Le gain économique s’élèvera à 265 millions de dollars par an en 2030 (autre que le bénéfice sanitaire difficile à quantifier), dont 232 millions de dollars provenant de mesures électriques et 33 millions de dollars de mesures thermiques.
L’électrification rurale sera pour une partie basée sur les mini-réseaux alimentés par une production d’électricité hydraulique, solaire et biomasse ainsi que d’autres ressources renouvelables, et sera mise en œuvre et gérée par des opérateurs sélectionnés par procédure d’appels d’offre. La participation des communautés locales sera encouragée.
L’objectif est de passer de 4,7% de la population rurale ayant accès à l’électricité en 2015 à une part huit fois supérieure voire plus à l’horizon 2030.
Il est nécessaire de créer un cadre législatif et réglementaire pour la promotion des énergies renouvelables, couvrant tant la production à grande échelle (à travers des mécanismes tels que les obligations d’achat, ou les appels d’offres) que la production décentralisée (vente de l’excédent au réseau, tarifs de rachats) et l’autoproduction.
Un cadre des subventions sera établi. Ces subventions seront octroyées de façon responsable, efficace pour maximiser l’effet des montants prévus, transparente et non-discriminatoires.
L’atteinte des cibles d’accès à l’électricité nécessitera un investissement de 12 milliards de dollars (incluant l’efficacité énergétique du réseau et hors coût d’assistance technique de préparation).Les besoins en financement pour le programme bois-énergie pour la cuisson s’élèveront à environ 160 millions de dollars en plus des coûts du reboisement (106 millions de dollars), de l’investissement en carbonisation améliorée (43 millions de dollars), et de l’assistance technique.
Pour le ministère en charge de l’Énergie et les organismes rattachés, il est estimé que de nouveaux postes seront créés pour la période 2015-2017 pour assurer la mise en œuvre de la politique dans les premières années. Un cadre de mise en œuvre de la NPE sera créé, notamment grâce au renforcement des capacités humaines et techniques des institutions, la création de procédures spécifiques pour les décisions et le suivi, et l’identification des besoins d’assistance technique.
Les objectifs posés par la NPE sont ambitieux et prometteurs, mais seront-ils atteints un jour ?
Page réalisée en collaboration avec le GRE.
L’intégrité de la NPE est consultable à l’adresse suivante :
http://www.ore.mg/Publication/Rapports/NouvellePolitiqueDel’Energie.pdf
Contact : leonie.ranarison@giz.de
Facebook : https://www.facebook.com/Groupe-de-Réflexion-sur-lEnergie-GRE
Photos : Archives de l’Express de Madagascar