Le village de Saint-Augustin était en fête ce weekend pour célébrer le Fitampoha des Tetembola. Une occasion pour la dynastie de démontrer leur respect de la tradition ancestrale.
Trois jours de festivités où rite et liesse se sont mêlés. Le bain des reliques royales ou Fitampoha des descendants des rois Tetembola s’est déroulé en plein centre de la commune de Saint-Augustin Anantsono, dans le district de Toliara II. La cérémonie s’est tenue du 22 au 24 avril, en présence du Jean Jacques Rabenirina, ministre de la Culture, de la promotion de l’artisanat et de la sauvegarde du patrimoine, et de Gilbert François, ministre des Ressources halieutiques et de la pêche.
Les Tuléarois se sont déplacés en masse depuis jeudi pour y assister. Les descendants des rois Tetembola, le peuple du Sud-ouest, célèbrent tous les dix ans le Fitampoha qui consiste aussi à manifester leur attachement à leurs traditions et surtout à leur roi. La dernière en date a été célébrée en 2004 à Saint-Augustin. Prévu se tenir en 2014 mais compte tenu de certaines contraintes, il n’a pu se réaliser que cette année. Comme de coutume, elle a été marquée, outre le bain des reliques royales, par des chants, des danses folkloriques et des sacrifices de zébus.
Le premier jour du Fitampoha, le vendredi, les reliques quittent leur sanctuaire (le Zomba), pour être installées pour deux jours, dehors sous une table spéciale mais toujours dans l’enceinte du Zomba. Elles seront exposées et veillées durant deux jours.
Le lendemain, samedi, la fête bat son plein, ponctuée par le bal du « valabe » qui dure jusqu’au petit matin, avant le départ vers l’embouchure de l’Onilahy. La cérémonie va augmenter en intensité.
Le dimanche matin, vers 7 heures, c’est la procession : cinq porteurs sacrés (mpibaby), coiffés et ceints d’étoffe rouge, sont chargés de transporter et de baigner les reliques royales vers l’embouchure de l’Onilahy et du Canal de Mozambique, sous les salves, au son des « hazolahy »(tambours) et des « Antsiva » (conques marines) qui rythment les « Jihe » ou danses.
Après le bain, les reliques sont exposées pour être séchées avant d’être ramenées vers le zomba.
Selon le général Camille Vital, de la descendance des Tetembola, le royaume s’était institué à la fin du XVIe siècle dans l’Ouest malgache, à la faveur de grandes migrations venues du Sud-est, plus précisément de Farafangana. À la suite de mésententes familiales entre les jeunes princes, les enfants du premier lit avait demandé la bénédiction et leur part d’héritage à leur père car ils comptaient quitter leur terre natale. Ils avaient abouti à Saint-Augustin, suivant les conseils de leur père qui leur avait suggéré de ne s’installer qu’au bord des embouchures. Ces migrants, qui formeront la dynastie Tetembola, se sont alliés par le mariage avec les populations locales, Hobala Tsimadrira, Belamby, Tsianiria, Tsitampihy et Revino.
Le prochain Fitampoha aura toujours lieuà Saint-Augustin, en 2026.
Francis Ramanantsoa