Six districts attendent la mise en valeur de leurs richesses naturelles. Beaucoup d’infrastructures restent à mettre en place pour faire profiter aux visiteurs la 43e aire protégée gérée par Madagascar National Parks.
Fandriana, Marolambo, Antanifotsy, Ambositra, Nosy Varika et Ifanadiana. L’inauguration du nouveau parc dans ces districts réveille les habitants plongés dans la somnolence de l’isolement depuis longtemps. Ils ont été appelés à cogérer le site avec Madagascar National Parks (MNP). Selon le communiqué de l’association, 59 500 ha de forêts ont fait l’objet d’un transfert de gestion, avec la communauté de base et 154 500 ha sont gérés comme des aires protégées.
Trois cent soixante organisations paysannes ont bénéficié d’un appui pour le développement des filières potentielles comme le riz, le café, le miel, la vannerie et le haricot. Quatre associations des usagers de l’eau dans les secteurs Nord et Ouest bénéficient des infrastructures agricoles afin d’aménager des vallées en rizières pour réduire la pression sur la forêt par le biais de la culture sur brûlis. Mais les 1 600 000 euros alloués par l’Union Européenne et les 400 000 euros de l’AIM pour mettre sur pied le projet, ne toucheront pas que les paysans.

L’équipe de Madagascar National Parks est prête à relever le défi pour protéger et valoriser le parc de Marolambo
Un centre de recherches pour les jeunes qui souhaitent étudier la nature et la culture, sera également ouvert. Les habitants de Fandriana qui est le principal accès pour visiter le parc, espèrent de leur côté, des retombées économiques et sociales. « La ville manque de dynamisme. Vous n’y trouverez aucun taxi-ville ni tireur de pousse pour se déplacer. La taille de la ville est assez petite, mais les visiteurs ont besoin d’un moyen de transport », présente Tsirinantenaina Randriatiana, commerçante à Fandriana.
Afin de trouver un taxi-moto pour visiter les périphéries de la ville, il faut ainsi rejoindre le stationnement de taxi-brousse. Le prix dépend du trajet. Mais pour visiter Ambodivoara, capitale de la fabrication du rhum artisanal, il faut dépenser une centaine de milliers d’ariary sur un trajet chaotique d’une soixantaine de kilomètres. Aucune auberge pour servir d’étape, n’existe sur le trajet. Il faut négocier avec les villageois pour trouver un refuge et de la nourriture. Dans le district de Fandriana, les infrastructures d’accueil manquent également. Les quelques hôtels de la ville sont pris d’assaut lors des rares évènements que l’on y organise.
Néanmoins, les difficultés du trajet sont compensées par la beauté du paysage et les richesses naturelles que renferme le Parc de Marolambo. Celui-ci abrite une dizaine d’espèces de lémuriens, vingt-neuf de micromammifères, trente-cinq de reptiles, quarante-et-une d’amphibiens et soixante-dix espèces d’oiseaux. De même, 89% de la flore y est également endémique. « Ce parc se distingue par sa richesse en micromammifères et ses chutes d’eau qui atteignent une centaine de mètres de dénivellation », précise Juliette Raharivololona, directeur du site.
Le site se situe en amont de la Nosivolo, rivière qui constitue le septième site d’importance internationale, selon le communiqué du Secrétariat Ramsar de la Convention relative aux zones humides d’importance internationale. « Quasi naturelle, Nosivolo possède la concentration la plus élevée de poissons endémiques d’eau douce de Madagascar et, par-dessus tout, elle abrite 19 espèces de poissons endémiques dont l’Oxylapia polli qui est en danger critique d’extinction », indique le même communiqué.
Mais l’ouverture du Parc de Marolambo n’est pas pour demain. « Il faudra trouver des partenaires pour identifier les richesses naturelles qui intéressent les touristes », conclutJuliette Raharivololona.
Guy Suzon Ramangason – Directeur général de Madagascar National Parks – « La cogestion du parc de Marolambo constitue un modèle »
Il nous a fallu négocier pendant sept ans pour mettre en place le parc de Marolambo. Tous les habitants des vingt-deux communes ont été consultés. Ce sont eux-mêmes qui ont ainsi délimité les portions de terrains qu’ils souhaitent mettre en valeur et protéger. La cogestion du nouveau parc constitue ainsi un modèle pour Madagascar National Parks. Nous espérons que le parc deviendra un levier de développement pour les six districts environnants.
Juliette Raharivololona – Directrice du parc de Marolambo – « L’exploitation minière illégale est un véritable casse-tête »
Le Parc national de Marolambo n’abrite pas qu’une faune et une flore uniques au monde. Il est également riche en sous-sol. Cette richesse minière menace pourtant la biodiversité. L’extraction aurifère au cœur de la forêt se multiplie ces dernières années. Nous avons invité les mineurs à quitter les lieux, mais ils font de la résistance. Les carrières de corindon, au Nord, et de zircon, au Sud, amplifient la pression subie par la forêt. Nous avons dû appeler les forces de l’ordre pour les déloger. Mais des résistants reviennent toujours pour continuer l’extraction minière. La culture sur brûlis connait néanmoins une baisse grâce à des activités alternatives. L’exploitation minière illégale est un véritable casse-tête pour l’instant. Mais nous espérons que l’appui des communautés locales pourra réduire cette pression. Ce sont notamment les habitants des autres districts qui persistent à rester dans la forêt.
Benoît Lahimarina – De l’Association Loharano et ancien député de Marolambo – « Le nouveau parc doit réduire la pauvreté des habitants »
Isolé entre le district de Mahanoro, Fandriana et Antanifotsy, le district de Marolambo a peu bénéficié des fruits de la croissance tant annoncée. Nous espérons ainsi que la mise en place de ce parc permettra, tout d’abord, de désenclaver la moitié sud du district de Marolambo. Ce désenclavement favorisera les échanges commerciaux entre Marolambo et Fandriana et avec le reste du pays. Notre district a beaucoup de potentialité, comme le riz et les fruits. Nous souhaitons également que la création de ce parc améliore la santé et l’éducation des villageois. Le nouveau parc doit ainsi réduire la pauvreté des habitants.
Photos : Vonjy Radasimalala/Fournie