Rapatriées à Madagascar, les tortues saisies à Roissy France n’ont pas encore regagné leur destination finale. Le village de Mangily-Ifaty s’insurge contre cette situation.
Dix-huit jours après leur rapatriement à Madagascar, les cent-cinquante et une tortues, des Astrochelys radiata juvéniles, qui ont été saisies par la douane française, à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle le 14 décembre 2014, ne sont pas toujours arrivées à leur destination finale, plus précisément au Village des tortues, la Station d’observation et de sauvegarde des tortues « SOS-Tortues » à Ifaty-Mangily, au nord de Toliara. Elles ont failli partir pour l’Asie via Paris d’une manière illégale.
Ces reptiles ont été mis dans trois caisses en bois soigneusement adaptés et ont été acheminés par un vol régulier Marseille-Paris-Antananarivon, le 26 août dernier. Il a été normalement prévu de les transférer à Toliara par le vol d’Air Madagascar du vendredi 28 août. Ensuite, ces tortues devaient être accueillies dans ledit village et placées dans une nurserie-quarantaine afin de bien les réadapter à leur milieu naturel.
Mais contre toute attente, elles sont toujours dans la capitale et leur chance de regagner la station d’observation de Mangily Ifaty est mince, face aux agissements de certains responsables qui ont finalement remis ces tortues à une ONG américaine dénommée « Saha » sise à Antananarivo. Une mesure administrative qui prend une allure de détournement dénoncé par le président de l’Association pour la sauvegarde de l’environnement (ASE), le Pr Daniel Ramampiherika. Cette entité gère avec la SOPTOM (France) le village de tortues de Mangily et a déjà recueilli plus de cinq cents tortues saisies, depuis 2008.
Vie sauvage
« Nous sommes très étonnés de l’attitude du directeur général du ministère de l’Environnement qui a décidé d’octroyer ces tortues à Saha, alors que le permis d’importation de ces reptiles protégés délivré par le CITES est au nom du SOS tortues de Mangily qui est également le lieu de destination», a précisé le professeur.
Et d’ajouter que sans les papiers administratifs au nom de sa station d’observation, ces tortues ne seraient pas parvenues à Madagascar, aujourd’hui. Alors que le ministère de l’Environnement prétexte que l’importateur de ces tortues reste inconnu. L’autre argument avancé par le ministère, ajoute toujours le scientifique, est la mise en quarantaine à Antananarivo de ces animaux avant de les restituer aux ONG intéressées. Une décision que ne partage pas le Pr Ramampiherika qui précise que, depuis 2008, le village de tortues de Mangily accueille des tortues saisies à l’intérieur ou à l’extérieur de Madagascar, la dernière en date étant les quatre cents tortures saisies en Malaisie. En outre, le village dispose d’une clinique pour les tortues, laquelle veille à la prévention de maladies et évite que certains animaux malades ne contaminent les autres.
« Il abrite plus de 2 000 bêtes. Elles sont soignées et débarrassées des éventuels parasites (qu’elles auraient pu attraper au cours du trafic), et elles sont réacclimatées à la vie sauvage dans de grands enclos avant d’être remises en liberté », conclut-il.
Francis Ramanantsoa